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Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, est l’invité du face-à-face d’Apolline de Malherbe ce lundi 20 janvier

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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sûr RMC et BFM TV. Bonjour Jean-Noël Barraud.
00:08Bonjour Apolline de Malherbe.
00:09Merci de répondre à mes questions ce matin. Vous êtes le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
00:13Très nombreuses questions sur l'international évidemment aujourd'hui.
00:17Jean-Noël Barraud, je suis évidemment ravie que vous soyez à mon micro, mais je me demande un peu ce que vous faites là. Vous n'êtes pas à Washington.
00:22Vous savez, il n'est pas d'usage que les chefs de gouvernement, que les chefs d'État ou que les ministres participent à l'investiture,
00:28mais la France sera évidemment représentée parce que l'amitié entre la France et les États-Unis a plus de deux siècles et qu'elle a vocation à perdurer.
00:35Représentée par qui du coup ?
00:36Sans doute par notre ambassadeur.
00:37Sans doute ? Il y a un doute encore ?
00:39Non, c'est l'ambassadeur qui traditionnellement le fait. Il n'y a pas de changement.
00:42Non, parce qu'on a vu évidemment qu'il y avait par exemple Georgia Melanie qui est quand même chef de gouvernement qui y était.
00:48Vous auriez aimé idéalement quand même qu'il y ait une invitation plus officielle.
00:52Donald Trump qui a invité Sarah Knafo, Eric Zemmour ou Marion Maréchal mais qui n'a invité aucun des membres du gouvernement ou même le président.
01:00Non, le président élu n'a pas formalisé des invitations. Ce sont des parlementaires et le parti républicain qui ont adressé à certains de leurs amis ou de leurs alliés des invitations.
01:12C'est pourquoi vous trouverez sur place quelques représentants européens.
01:16Je les appelle évidemment à défendre à l'occasion de leur visite la souveraineté européenne.
01:22À être plus solidaires de l'Europe que des États-Unis.
01:26C'est toute la question évidemment qui se pose ce matin.
01:28Vous avez eu cette phrase, vous avez déclaré si nos intérêts sont atteints, nous réagirons.
01:33Est-ce que ça veut dire que même si vous avez prononcé le mot d'amitié, vous êtes quand même dans une sorte d'attente vigilante aujourd'hui ?
01:41Quel est l'état d'esprit de la France face à l'arrivée de Donald Trump, face au retour de Donald Trump ?
01:45Vous savez, la relation entre la France et les États-Unis, entre l'Europe et les États-Unis est très particulière.
01:52Elle est très étroite, elle est très riche sur le plan commercial, sur le plan de la défense, sur le plan diplomatique.
01:58Et donc nous avons tout intérêt à continuer à cultiver les liens avec ce grand pays.
02:03Ceci étant dit, le monde a changé, on le voit partout, c'est le retour de la loi du plus fort.
02:08Et dans ce monde-là, l'Europe doit s'affirmer, elle doit défendre ses intérêts partout et tout le temps.
02:13Sur la question de la loi du plus fort, du rapport de force, est-ce que sincèrement on fait le poids ?
02:18Bien sûr, l'Europe est une puissance qui parfois s'ignore, mais qui doit aujourd'hui se révéler.
02:23C'est le premier marché économique du monde, c'est une puissance militaire, culturelle, géographique également.
02:29Aujourd'hui, elle doit se saisir de tous les attributs de sa puissance, non pas pour aller agresser les autres, mais simplement pour défendre ses intérêts.
02:36On est dans une logique défensive aujourd'hui ? On doit être dans une logique défensive ?
02:39Non, on est dans une logique d'affirmation de ce que sont nos intérêts, de ce que sont nos valeurs, de ce qu'est notre modèle.
02:45Mais dans cette époque où revient la loi du plus fort, pour être entendue, pour que ces valeurs soient défendues, pour que ces intérêts soient défendus, il faut être fort.
02:53Jean-Noël Barraud, il faut être fort, vous n'arrêtez pas de prononcer ce mot de force.
02:58Est-ce qu'on n'est pas déjà avec un temps de retard ?
03:01Quand on voit par exemple la Corée du Sud qui, avant même l'intronisation de Donald Trump, a décidé d'octroyer 240 milliards d'euros, une enveloppe de 240 milliards d'euros, pour aider ses entreprises dans leurs exportations.
03:14Le Canada a annoncé la mise en place sans doute d'une taxe Trump pour justement compenser, aider les entreprises face aux tarifs douaniers.
03:22Donald Trump qui a annoncé que dans les 24 heures, il allait prendre par décret l'augmentation des tarifs douaniers, il y en aura sans doute aussi vis-à-vis de nous les Européens.
03:30Est-ce qu'on ne s'est pas trompé de timing ?
03:33Ça fait un moment qu'on se prépare à ce monde nouveau qui advient. En France par exemple, on a doublé le budget de nos armées.
03:41Au niveau européen, on a pris depuis le premier mandat de Donald Trump entre 2016 et 2020, des mesures nouvelles pour pouvoir nous défendre, y compris sur le plan commercial.
03:51Vous vous souvenez qu'il y a quelques mois, nous avons décidé d'appliquer des droits de douane sur les véhicules électriques chinois,
03:56parce que nous considérions que la concurrence n'était pas équitable, que les subventions données par les Chinois étaient trop généreuses.
04:02Et donc, ces instruments ont commencé à se mettre en place, et le cap est clair.
04:06Il a été donné par le Président de la République dans son discours de la Sorbonne.
04:09Ça tient en deux mots, autonomie stratégique.
04:12Le cap est clair, passons aux actes, accélérons sur cet agenda parce qu'on ne peut plus attendre.
04:17Quand vous dites accélérons sur cet agenda, ça veut dire que vous pourriez, comme la Corée du Sud, demander au niveau européen, j'imagine,
04:23d'aider davantage les entreprises européennes, d'aider davantage l'industrie européenne ?
04:28Oui, puisque nous avons dit très clairement que nous voulions un doublement de la capacité d'investissement, un doublement du budget européen.
04:35Ce doublement du budget doit nous permettre de faire face à l'augmentation de nos dépenses en matière de défense et d'armement.
04:42Il doit nous permettre aussi d'investir dans des secteurs clés, soit ceux dont la crise de la Covid a démontré à tout le monde que nous étions extrêmement dépendants,
04:51soit ceux pour lesquels des dépendances nouvelles pourraient être créées à l'avenir.
04:56L'intelligence artificielle, le quantique, les nouvelles énergies.
04:59Pour catalyser l'investissement en Europe, il nous faut des financements, et c'est pourquoi nous appelons cela de nos voeux.
05:04J'ai qu'une envie, Jean-Noël Barraud, c'est de vous croire et de vous suivre là-dessus.
05:08Mais c'est vrai que rien que l'actualité, on voit qu'aujourd'hui, on envisage de demander aux Français de travailler 7 heures de plus gratos pour trouver 2 milliards d'euros pour le trou de la Sécu.
05:17Et dans le même temps, on a la Corée du Sud qui débloque 240 milliards par anticipation pour aider ces entreprises.
05:23Est-ce qu'on a les moyens de faire face ?
05:25Vous savez, quand l'Europe s'est trouvée face à la crise de la Covid, elle a réussi à débloquer 800 milliards d'euros en faisant un saut communautaire, comme on le dit,
05:34c'est-à-dire en se dotant d'une capacité d'emprunt, en empruntant au niveau européen.
05:38Bien sûr que pour être à la hauteur des défis en matière militaire, dans le domaine de l'environnement et de la transition écologique,
05:45dans le domaine de ces industries d'avenir qu'il faut que nous puissions maîtriser,
05:48il va nous falloir des moyens, des moyens publics, doublement du budget de l'Union Européenne,
05:52des moyens privés, avec ce qu'on appelle l'union de l'épargne et de l'investissement,
05:58mettre fin à ce scandale qui veut que l'épargne des Français et des Européens aille justement aux États-Unis ou ailleurs, plutôt que de rester en Europe.
06:05Et je précise d'ailleurs que votre titre, c'est intéressant Jean-Noël Barraud, vous ne vous appelez pas juste ministre des affaires étrangères et des questions européennes,
06:13votre titre c'est d'abord l'Europe, puis les affaires étrangères, vous êtes ministre de l'Europe et des affaires étrangères, c'est un dessin j'imagine ?
06:20Bien sûr, parce que l'Europe est un amplificateur de puissance, c'est un amplificateur des messages français.
06:26Et nous avons réussi ces 7 dernières années à faire une révolution culturelle en Europe,
06:31il n'est aujourd'hui pas un pays qui ne considère pas que l'autonomie, l'indépendance de l'Europe est une priorité,
06:36enfin il y a les mots, maintenant il faut passer aux actes et donc il faut que l'Europe se réveille.
06:40Vous avez vu que notre ancien commissaire européen Thierry Breton voudrait qu'on soit beaucoup plus musclé,
06:47vous avez dit il faut être fort dans un monde où la force revient à l'œuvre,
06:52Thierry Breton il a des doutes assez sérieux sur la capacité de l'Europe à répondre vraiment,
06:58il trouve notamment que Ursula von der Leyen ne fait pas le poids face aux offensives,
07:03y compris d'un Elon Musk dans les politiques internes de l'Europe,
07:09dans la politique en Allemagne au moment de la campagne où il favorise clairement l'extrême droite,
07:14est-ce qu'il faut répondre là-dessus, est-ce qu'il faut être vigilant et surtout est-ce qu'il faut montrer les muscles davantage ?
07:20Je crois qu'il faut considérer les Etats-Unis comme un allié, un partenaire,
07:23mais comme avec tout allié ou tout partenaire il faut fixer un certain nombre de lignes rouges,
07:28ou en tout cas dire très clairement ce qui n'est pas négociable.
07:32Quelles lignes rouges ?
07:33Ce qui n'est pas négociable ce sont les frontières européennes tout simplement,
07:38et ce qui n'est pas négociable non plus c'est l'intégrité du débat public européen.
07:43Sur ces deux sujets il n'y a pas de négociation possible, nous serons intransigeants.
07:47Et pour revenir à ce que disait Thierry Breton,
07:50et il a raison de le dire puisque c'est le message que la France a porté depuis des années,
07:54nous n'acceptons pas que le débat public soit délocalisé sur des plateformes de réseaux sociaux
08:00dont les règles sont fixées par des milliardaires américains ou chinois.
08:04Et c'est pourquoi nous nous sommes donné des règles, il y a deux ans maintenant,
08:08au niveau européen, qui imposent à ces plateformes de réseaux sociaux
08:12de respecter la qualité du débat public sous peine de lourdes amendes
08:16qui peuvent aller jusqu'à la suspension, c'est-à-dire le bannissement du service.
08:21Vous l'envisagez ?
08:22Ces règles doivent être mises en oeuvre par la Commission européenne avec la plus grande fermeté.
08:26Mais elle est où la ligne ? Vous dites qu'il y a des lignes rouges,
08:29on va revenir aussi sur celle des frontières parce que je n'ai pas tout à fait compris,
08:31mais quand vous dites qu'on a des règles donc le débat ne doit pas être pollué,
08:36vous parlez de l'intégrité du débat public en Europe,
08:40elle est où la limite ? Quand vous dites qu'on peut aller jusqu'au bannissement,
08:45quand un personnage public comme Elon Musk donne à ce point une visibilité
08:52à l'un des candidats en Allemagne, est-ce que vous ne considérez pas
08:56que cette limite a été franchie ?
08:58Je considère que la limite a été franchie quand des élections présidentielles
09:02en Roumanie, un pays membre de l'Union européenne, ont dû être annulées
09:06parce que TikTok a été détourné au profit de l'un des candidats.
09:11Est-ce que vous considérez aujourd'hui que X est en train d'être détourné
09:18pour l'un des candidats, en l'occurrence l'une en Allemagne ?
09:21C'est la Commission européenne qui est chargée de mener les enquêtes,
09:23elle en a ouvert un certain nombre, elle vient d'en ouvrir de nouvelles,
09:26elle doit les mener à terme le plus rapidement possible et prononcer les sanctions
09:30s'il s'avère qu'il y a eu un manquement.
09:32Et pourquoi pas ? Vous dites que cette question en tout cas se pose.
09:35Mais bien sûr, la démocratie, le débat public, c'est un trésor
09:38que nous devons défendre avec un plus grand ardeur.
09:40Il y a deux options pour répondre à ça, l'une c'est effectivement
09:44de mettre des très lourdes amendes à X, l'autre c'est même d'annuler,
09:47de considérer que l'élection n'est pas valable.
09:50Il faut tout faire pour éviter d'en arriver là.
09:53Il n'est pas acceptable que nos processus démocratiques,
09:56que nos élections puissent être perturbées par les réseaux sociaux.
09:59Mais si on tire le fil, ça veut dire qu'on pourrait aller potentiellement
10:02jusqu'à l'idée que les élections en Allemagne soient invalidées.
10:05Dans ce cas précis, je ne pense pas.
10:08Mais le risque existe, puisqu'il s'est matérialisé en Roumanie
10:11il y a quelques semaines. Il faut tout faire, et j'appelle la commission
10:14à tout faire pour éviter que cela ne se reproduise.
10:17Vous restez sur X vous, Jean-Noël Barraud ?
10:18Bien sûr, ça n'est pas à moi de quitter X, c'est à X de quitter l'Europe
10:21si X ne respecte pas nos règles, et ça vaut pour X, ça vaut pour TikTok,
10:24ça vaut pour Facebook, ça vaut pour tous les réseaux sociaux.
10:27X, c'est évidemment l'ancien Twitter Jean-Noël Barraud-Donald Trump,
10:30vous le qualifiez d'ami ?
10:33C'est un ami de la France, en tout cas c'est comme ça qu'il se définit.
10:36Je relève que c'est à la France qu'il a réservé
10:39son premier déplacement à l'étranger,
10:42et je sais que lors de son premier mandat, il a
10:45entretenu des relations de travail de qualité avec le président de la République.
10:48Trois otages, trois femmes, ont été libérées hier.
10:5390 prisonniers palestiniens ont été libérés cette nuit.
10:59Comment est-ce que vous voyez ce cessez-le-feu ?
11:02Est-ce que vous vous dites qu'il est encore très fragile ?
11:05Est-ce que vous restez vigilant ? Est-ce que vous dites qu'il sera respecté ?
11:08Quel est le regard que la France porte sur la situation ?
11:11D'abord, j'ai vu comme de très nombreux Français, avec beaucoup d'émotion,
11:14les trois otages israéliennes retrouver leurs proches et leurs familles,
11:17et j'ai eu une pensée ce matin pour les familles
11:20de nos deux otages, Ofer Calderon et Oadiah Halomi,
11:23qui sont détenus depuis près de 500 jours
11:26dans l'enfer des tunnels du Hamas.
11:30Je pense à leurs familles que j'ai rencontrées le 7 octobre dernier,
11:33un an après l'attentat barbare du 7 octobre.
11:38Je pense à leurs enfants, dont certains ont eux aussi été pris en otage le 7 octobre,
11:42et qui tentent courageusement de se reconstruire,
11:45qui parfois ressentent la culpabilité d'être sortis,
11:48alors que leur papa est encore retenu là-bas.
11:51Et nous allons continuer à nous battre jusqu'à la dernière heure
11:54pour qu'ils soient libérés et nous reviennent en bonne santé.
11:58Est-ce que vous avez des nouvelles ?
12:00Aucune nouvelle, et c'est bien le drame de ces prises d'otages massives du 7 octobre,
12:05c'est que nous n'avons aucune nouvelle sur leur état de santé,
12:08sur leurs conditions de détention.
12:10Nous espérons qu'ils nous reviennent au plus vite,
12:12et nous restons en contact étroit avec les familles jusqu'à leur libération,
12:15mais au-delà, parce que nous serons à leurs côtés pour qu'ils puissent se reconstruire.
12:18Et on précise effectivement que les deux otages franco-israéliens
12:21font partie de la liste des 33 otages libérables
12:24dans les 40 jours qui viennent.
12:27Est-ce que la France a pesé pour qu'ils fassent partie de cette première liste ?
12:30Bien sûr, nous appelons depuis le premier jour pour la libération inconditionnelle
12:33de tous les otages, et nous nous sommes battus sans relâche
12:36pour la libération de ces deux derniers otages,
12:39puisqu'il faut le rappeler,
12:41huit de nos compatriotes ont été pris en otage ce tragique matin,
12:46deux d'entre eux sont décédés malheureusement,
12:49quatre ont pu être libérés,
12:52il en reste deux, et nous serons mobilisés jusqu'à la dernière heure.
12:5633 otages, 737 prisonniers palestiniens,
12:5990 la nuit dernière, c'est quoi ?
13:02Comment vous comprenez ce ratio ?
13:04C'est d'abord les conditions d'un accord
13:09qui a abouti après de longs mois de négociations,
13:13longs mois de négociations pendant lesquelles nous avons adressé des messages
13:16à toutes les parties prenantes.
13:17Vous le disiez tout à l'heure, c'est un accord qui est fragile,
13:19et j'appelle le Hamas comme Israël à en respecter les termes,
13:22c'est la condition pour une cessation durable des hostilités,
13:25pour que s'ouvre un nouveau chemin à Gaza,
13:27d'abord un chemin humanitaire,
13:29pour que l'aide puisse venir soulager les souffrances des civils,
13:34un chemin de reconstruction,
13:36puisque l'enclave est très largement détruite
13:38et qu'il va falloir la rebâtir,
13:40un chemin politique aussi,
13:42puisqu'il faut sans délai
13:44que Gaza puisse disposer d'une administration civile
13:46sous les auspices de l'autorité palestinienne.
13:48On va y revenir effectivement à la manière dont la France
13:51oeuvre aussi pour la suite à Gaza
13:53et la question de l'administration de Gaza,
13:55mais pour rester un instant sur ce ratio,
13:57je le disais,
13:58otage-prisonnier,
14:00est-ce que vous utiliseriez le mot de rançon ?
14:02Est-ce que la libération de ces prisonniers est une forme de rançon ?
14:05Je crois que l'important dans cet accord,
14:09c'est la cessation des hostilités à Gaza,
14:13la fin d'une guerre qui a beaucoup trop duré,
14:16qui a fait beaucoup trop de victimes,
14:18et puis la libération des otages.
14:20Le reste, ce sont les conditions qui ont été définies
14:22par les négociateurs
14:24et je crois que maintenant, il faut que chacun se tienne
14:26aux termes de l'accord.
14:28Je précise que parmi les prisonniers qui s'apprêtent à être libérés,
14:30il y aura les terroristes responsables de l'attaque en 2002
14:33dans la cafétéria de l'université de Jérusalem,
14:35dans laquelle 7 étudiants avaient été tués,
14:37dont un étudiant français,
14:39David Gritz.
14:41Vous vous dites que ça fait partie de leur négociation ?
14:43Si vous voulez me faire dire qu'il eut fallu repousser,
14:46ou que l'une des parties repousse cet accord
14:49parce que tel ou tel profil ne correspondait pas aux attentes,
14:53ou tel ou tel profil est condamnable
14:56et ne méritait pas d'être libéré,
14:59vous n'y parviendrez pas.
15:01C'est leur négociation et la France laisse négocier.
15:05Cette guerre à Gaza a fait plus de 45 000 morts,
15:08dont de très nombreux enfants,
15:10et de l'autre côté nous avons des 1200 personnes
15:13qui ont été sauvagement assassinées le 7 octobre,
15:16dont 48 de nos compatriotes.
15:18J'attends toujours la libération de nos deux otages
15:20et c'est pour moi la priorité.
15:21Vous dites plus de 45 000, avez-vous un bilan un peu plus précis ?
15:24C'est très difficile d'établir ce bilan,
15:26ce sont là des estimations.
15:28Ce n'est qu'après la réouverture de Gaza
15:30que ce bilan pourra être précisé.
15:33Mais ce que l'on pressent d'ores et déjà,
15:36c'est que parmi ces victimes civiles,
15:38on compte un nombre très important d'enfants,
15:41et d'enfants très jeunes, et c'est évidemment un drame.
15:44Dans la gravité du moment, il y aura évidemment
15:46la question de l'acheminement de l'aide humanitaire
15:49et la question de l'administration à Gaza.
15:51La France joue son rôle.
15:53Emmanuel Macron a eu au téléphone
15:55le représentant de l'autorité palestinienne.
15:57Est-ce que vous estimez aujourd'hui
15:59que c'est à eux d'administrer Gaza ?
16:02Si nous voulons éviter une résurgence du Hamas,
16:06si nous voulons éviter que le Hamas ne reprenne pied à Gaza,
16:09alors il faut une administration civile
16:11qui soit placée sous les auspices
16:13de l'autorité palestinienne.
16:15Autorité palestinienne qu'il faut renforcer,
16:17qu'il faut soutenir, c'est ce que fait la France d'ailleurs,
16:20aux côtés de l'Union européenne depuis de très longs mois,
16:23parce que c'est la première étape
16:25vers une solution à deux États,
16:27seuls susceptibles d'apporter la paix et la sécurité,
16:30non seulement sur les territoires palestiniens
16:32et en Israël, mais dans toute la région.
16:35Nous sommes préoccupés par les conditions de sa détention,
16:38nous sommes préoccupés par sa santé également,
16:41et nous continuons à appeler les autorités algériennes
16:44à nous permettre de lui octroyer
16:46ce qu'on appelle la protection consulaire,
16:48c'est-à-dire des visites régulières
16:50de notre ambassadeur sur place.
16:52Qui n'ont toujours pas lieu ?
16:54Ces visites normalement acceptées de manière tacite
16:57n'ont jamais pu avoir lieu pour l'instant ?
17:00Il n'y a pas eu de rencontre ?
17:02C'est accepté lorsque l'un de nos compatriotes
17:04est détenu à l'étranger.
17:06Boilem Sansal a la double nationalité
17:08et jusqu'à présent,
17:10cette protection consulaire ne lui a pas été accordée.
17:12Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
17:14a dit hier sur BFMTV
17:16qu'il souhaitait la fin de l'accord
17:18franco-algérien de 1968
17:20relatif aux conditions d'entrée en France
17:22des ressortissants algériens.
17:24Est-ce que vous estimez aussi
17:26qu'il faut la fin de cet accord ?
17:28Chacun est libre d'exprimer ses opinions
17:30et de formuler des propositions.
17:32Mais c'est bien au quai d'Orsay
17:34et sous l'autorité du Président de la République
17:36que se forge la politique étrangère de la France.
17:38Vous voulez dire que ce n'est pas au ministre de l'Intérieur
17:40de faire la politique étrangère ?
17:42Vous m'interrogez sur l'accord de 1968.
17:44Je vous interroge sur les propos du ministre de l'Intérieur.
17:46Il n'y a pas de tabou.
17:48C'est un accord qui a déjà été modifié
17:50à plusieurs reprises,
17:52qui comporte des avantages
17:54pour certains ressortissants algériens
17:56et des désavantages pour d'autres.
17:58Sinon, ça fait longtemps qu'on le saurait.
18:00Et le ministre de la Justice, Gérald Darmanin,
18:02a posé la question de la remise en cause
18:04des visas des dignitaires algériens
18:06qui viennent en France
18:08notamment pour se faire soigner.
18:10Ça, ce n'est pas une remise en cause
18:12de l'accord en lui-même,
18:14mais d'un des points de cet accord.
18:16Est-ce que vous vous dites, tant qu'ils n'acceptent pas
18:18de reprendre leurs ressortissants,
18:20comme ça a été le cas avec l'influenceur franco-algérien,
18:22un Algérien tout court,
18:24qu'ils ont renvoyé vers nous,
18:26est-ce que ça, c'est une des solutions,
18:28c'est une des choses qu'il faut faire ?
18:30D'abord, ça n'est pas tout à fait une remise en question
18:32de l'accord, c'est une autre disposition
18:34de nos relations avec l'Algérie.
18:36Là encore, il n'y a pas de tabou
18:38et c'est autour du président de la République
18:40et du Premier ministre que nous déciderons
18:42des suites à donner, des mesures à prendre.
18:44Mais je le redis, lorsque nous avons pensé
18:46pouvoir obtenir des résultats sur la reconduite
18:48des étrangers en situation irrégulière
18:50en limitant ou en drastiquement
18:52nos visas, nous n'y sommes pas parvenus.
18:54Moi, mon job, ma mission,
18:56c'est de trouver des résultats,
18:58d'obtenir la coopération pleine et entière
19:00des autorités algériennes. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle
19:02j'ai dit que j'étais disposé à m'y rendre
19:04pour aborder tous les sujets
19:06et pas seulement ceux qui ont fait l'actualité ces dernières semaines.
19:08Quand vous dites « je suis disposé à m'y rendre », ça veut dire quoi ?
19:10C'est-à-dire qu'il y a une date prise ?
19:12Vous avez vraiment prévu d'y aller ?
19:14On a adressé cette proposition aux autorités algériennes.
19:16J'attends leur retour.
19:18Ils ne vous ont pas répondu ?
19:20Pas encore.
19:22Quand vous parlez avec le ministre des Affaires étrangères de la France,
19:24vous dites « je veux venir »
19:26et il n'y a pas de réponse.
19:28Ça arrive régulièrement.
19:30J'avais la naïveté de penser qu'effectivement,
19:32quand on est ministre des Affaires étrangères
19:34et qu'on dit « écoutez, je souhaiterais vous rencontrer,
19:36qu'on puisse discuter »,
19:38on trouverait une date dans l'agenda.
19:40On le trouvera, rassurez-vous.
19:42C'est qui votre boss ? Vous êtes très proche
19:44de François Bayrou. Vous êtes évidemment
19:46le ministre des Affaires étrangères, donc vous portez la voix de la France
19:48qui est la voix aussi du président.
19:50Comment vous travaillez avec ces deux hommes ?
19:52Je suis membre du gouvernement de François Bayrou.
19:54Quant au président de la République,
19:56chacun sait bien que
19:58comme chef de l'État,
20:00il fixe la politique étrangère
20:02de la France. Je crois qu'ils ont
20:04en commun
20:06d'attacher une attention toute particulière
20:08à ce que la voix de la France soit
20:10entendue partout dans le monde.

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