• il y a 20 heures

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00:00Il est 8h15, l'Observatoire des Inégalités nous apprend que les habitants du Nord-Franche-Comté sont de plus en plus pauvres,
00:06à 16,3% de pauvreté, par exemple, dans le territoire de Belfort.
00:09Alors, question ce matin ici, est-ce que vous constatez vous-même tous les jours cette pauvreté ?
00:14On vous attend au standard pour réagir, 0384 à 2282, 82 Flora.
00:19Vous avez été déjà plusieurs à réagir sur le sujet sur nos réseaux sociaux.
00:22Agnès nous écrit par exemple, les papillotes sont à 10 euros, l'entrée du ciné 10 euros.
00:27J'ai beau regarder, mon salaire en francs n'a pas subi le même système de multiplication qu'en euros.
00:32Baptiste, lui, nous écrit qu'on laisse les personnes isolées, qu'on ne les écoute pas, qu'on ne les soutient pas.
00:37Bonjour Didier Klein.
00:38Bonjour.
00:38Vous êtes l'invité d'ici matin, vice-président de PMA, Pays de Montbéliard Agglomération, en charge de l'économie.
00:44La pauvreté gagne du terrain dans le Nord-Franche-Comté, on parlait du territoire de Belfort, avec 16,3% de pauvreté dans le 12 et 13%.
00:53Est-ce que ce sont des chiffres qui vous surprennent ?
00:55Non, parce qu'on connaît, on suit aussi, en tant qu'élu de terrain, en plus en tant que maire d'une petite commune sur le pays de Montbéliard,
01:02on est obligé d'aller, de regarder et puis d'accompagner nos habitants et donc on le ressent bien.
01:08En plus avec des chiffres le doux qui sont un peu tronqués, n'oublions pas, c'est quand on prend le doux, c'est Besançon, c'est le haut doux,
01:14alors que sur Montbéliard on est très très proche des chiffres que l'on peut voir sur le territoire de Belfort.
01:20Alors dans le détail, à Sochaux, 32% des habitants gagnent moins de 958 euros par mois, Montbéliard c'est 28%.
01:27Ce sont effectivement des villes particulièrement en difficulté ?
01:31C'est des villes aussi où les gens qui sont venus travailler et s'installer là, sont venus pour travailler sur la grande usine,
01:36qui aujourd'hui est également un peu, je dirais, à l'arrêt, puisqu'on ne va pas cacher que l'industrie aujourd'hui est quand même un petit peu compliquée à faire avancer,
01:44et donc on se retrouve avec beaucoup de personnes qui sont un petit peu en pauvreté de par le fait qu'ils n'ont plus de salaire,
01:51parce que pour gagner de l'argent il faut pouvoir aller travailler ou avoir une manne financière,
01:56mais là c'est pas encore l'époque des cadeaux de Noël, ou c'est plus l'époque des cadeaux de Noël plutôt.
02:02Donc l'industrie pour vous c'est la raison principale de cette situation dans le pays de Montbéliard ?
02:06Sur le pays de Montbéliard, mais comme pour le territoire de Belfort, à mon avis on est des zones très industrielles,
02:11je prendrais ma casquette de responsable sur la partie industrielle plus, voilà, on est des zones industrielles,
02:16on sait que la situation économique est tellement liée à l'emploi que lorsque vous avez des activités qui diminuent,
02:22automatiquement vous avez des gens qui n'ont plus d'emploi, plus de salaire, et donc qui deviennent en pauvreté.
02:26Et est-ce que cette pauvreté ce n'est pas finalement un constat d'échec pour vous, pour les politiques publiques mises en place ?
02:33Les constats d'échec, il faut toujours être honnête au regard, voilà, c'est un échec parce qu'on aimerait tous, tous politiques,
02:41aimerait que tout le monde aille bien. Faut pas rêver, on aimerait être mis en place.
02:43C'est pour ça qu'on se lance en politique, c'est pour aider les autres.
02:45Mais voilà, et c'est pour ça qu'il faut admettre que c'est un échec, c'est un constat aussi que l'on fait,
02:50et malheureusement aujourd'hui la mondialisation de toutes les activités, quand vous parliez tout à l'heure du prix des papillotes,
02:59c'est un exemple type, c'est le chocolat, enfin le cacao, pourquoi cela, on ne sait pas,
03:05mais seulement les gens le constatent directement sur le terrain.
03:08Et c'est là l'importance, c'est qu'on peut toujours dire, oui bon, on va regarder, ce n'est pas de notre faute,
03:13si c'est de la faute d'un peu tout le monde, et on essaie de trouver des palliatifs à cela.
03:18Parce qu'il faut promouvoir qu'on a quand même des actions concertées,
03:22qu'ils soient de nos communes, de nos agglomérations ou du département.
03:26Quelles actions ?
03:26Par exemple, sur les communes, je le dis parce qu'en 2000, on avait déjà un petit souci,
03:31lorsque je suis arrivé maire par exemple, et les gens nous disaient on ne peut pas aller travailler,
03:36personne ne garde nos enfants, donc on a mis en place les périscolaires,
03:38qui était un moyen à faible coût de faire que des gens pouvaient aller travailler.
03:42Après il fallait trouver du travail, c'était encore un deuxième axe à privilégier.
03:48Et puis vous avez toute la partie départementale avec le département,
03:52qui a quand même avec le RSA une charge très importante,
03:56qui récupère un nombre d'enfants, je ne vais pas dire abandonnés,
03:59mais laissés un peu de côté dans la société de plus en plus importante,
04:01et qui met en place des structures.
04:03Vous avez à Lille-sur-le-Doux, en action pure,
04:05une maison de l'enfant qui est en train d'être construite et qui va se développer.
04:08Ce matin en parallèle à votre émission, on a le département qui vient dans le pays de Montbéliard
04:14pour expliquer à des associations caritatives, à des industriels,
04:18qu'est-ce qu'ils essayent de mettre en place pour justement lutter contre la pauvreté.
04:22Didier Klein, je vous propose, on rentre un petit peu dans le détail,
04:24d'écouter le témoignage de Christophe.
04:25Il est le propriétaire depuis 4 ans du bar Tabac Le Nouveau Valdoyen à Valdois.
04:29Et lui, il constate une détresse de plus en plus forte de ses clients écoutés.
04:33Je pense que plus on avance, ça va être de pire en pire.
04:36Vous savez, on le voit beaucoup, le tabac ça devient une catastrophe pour nous.
04:39Ça touche toujours les mêmes personnes.
04:41Je pense qu'ils n'ont pas la notion du fait de ce qu'ils font.
04:45Christophe, lui, il voit des gens tous les jours qui viennent acheter des tickets à gratter.
04:50Vous savez, moi je vous ai une question pour vous Didier Klein,
04:53est-ce que vous pensez que les politiques d'accompagnement des personnes les plus précaires
04:56sont suffisantes, notamment pour les éloigner des dangers de toute addiction,
05:01notamment les jeux à gratter ?
05:03Est-ce qu'on accompagne assez ces personnes qui sont souvent dans une situation de pauvreté ?
05:07De toute façon, franchement, je ne pourrais pas vous donner une réponse.
05:11Parce que moi je constate, on va dire comme ce commerçant, les mêmes constats.
05:18Si vous voulez, moi je travaille beaucoup dans beaucoup d'associations.
05:21Aujourd'hui vous avez des familles qui vont dans le temps vous acheter une frite, un sandwich pour tous.
05:27Aujourd'hui ils vont faire l'un ou l'autre, ils vont se séparer.
05:29Encore une fois, le constat, on est très clair, dans mon rôle d'enseignant,
05:3534% de mes étudiants disent qu'ils ne mangent pas tous les jours.
05:38Donc tous ces constats, mais une fois qu'on a fait le constat,
05:41il faut regarder ce qu'on peut mettre en place.
05:42Peut-être que comme vous le dites, on est de moins en moins dans les politiques
05:48parce qu'on a moins de moyens.
05:50Par contre, c'est vrai que, je le vois par rapport aux associations caritatives qui travaillent avec nous,
05:54on arrive en associant nos moyens à leur répondre à minima.
05:59Mais c'est vrai que ça n'empêchera pas, à mon avis, l'addiction au jeu grattage.
06:05À un moment, je fumais, j'allais régulièrement dans des bureaux de tabac.
06:10Il y a 20 ans, vous avez déjà des gens qui espèrent.
06:14L'espoir est un point très important, moi je le considère pour tout humain.
06:20C'est vrai qu'aller gratter un bout de papier et espérer gagner des millions, c'est merveilleux.
06:25Didier Klein, nous sommes dans une période de froid, de grand froid.
06:29Le froid s'est vraiment installé.
06:30Est-ce que vous craignez une détresse de plus en plus forte
06:33avec peut-être aussi des gens qui ne peuvent plus se chauffer ?
06:35Pour un maire, c'est aussi important.
06:39Hier, j'avais des personnes âgées de ma commune.
06:42On dit souvent Taillecourt, c'est merveilleux, c'est la plus belle commune de la galaxie.
06:49Derrière, ils ont des problèmes de chauffage pour payer beaucoup encore le fioul.
06:54Pour payer le fioul, pour payer tout ça.
06:55Du coup, on est obligé de regarder toutes les assistances qu'on peut faire autour de cela.
07:00Encore une fois, c'est de la petite assistance,
07:01mais parfois les gens ont aussi besoin d'humains qui viennent les voir,
07:04qui viennent les conseiller, qui viennent les aider dans leur détresse.
07:09Puisque c'est vraiment une détresse,
07:11et ça concerne des jeunes, des moins jeunes, des familles et des anciens.
07:15Et c'est vrai qu'on le constate.
07:17Encore une fois, si ce matin j'avais eu plein de réponses,
07:19j'aurais été plus content.
07:20Mais c'est au jour le jour et à la petite action par petites actions.

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