Le Toulousain Philippe Ros est l'un des 184 membres de la convention citoyenne sur la fin de vie, il a participé à la rédaction d'un rapport sur la fin de vie remis au chef de l'Etat.
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00:00des Votre Réveil, ici Mecca.
00:03Nous sommes le mardi 14 janvier 2025, 7h44, on attend vos appels 05 34 43 31 31, c'est le début du quart d'heure
00:11Toulousain et le thème aujourd'hui, faut-il une nouvelle loi sur la fin de vie, le thème de notre quart d'heure Toulousain, ce matin Jeanne-Marie Marcon.
00:18Le sujet ô combien sensible qui revient dans le débat chez nous à Toulouse avec l'histoire
00:22dont on vous parle depuis ce matin de Karine Brahi atteinte de la maladie de Charcot qui vient d'obtenir
00:27de ses médecins une sédation profonde, bonjour Philippe Ross, vous êtes Toulousain et membre de la Convention citoyenne sur la fin de vie,
00:36donc vous avez participé à la rédaction du rapport sur la fin de vie qui a été remis au président Emmanuel Macron,
00:43vous avez j'imagine entendu l'histoire de Karine Brahi, est-ce qu'elle vous émeut d'abord ?
00:49Vous savez, quelqu'un qui souffre, c'est toujours une émotion toujours difficile à vivre, quelles que soient les personnes,
00:57il se trouve que c'est un choix apparemment de la famille et de la personne de vouloir terminer sa vie comme ça,
01:06mais il faut quand même savoir que nous avons fait la Convention citoyenne sur la fin de vie,
01:13justement pour améliorer la loi Clay-Leonetti, qui date de 2016.
01:20La sédation profonde, c'est la seule option qui s'offre à cette Toulousaine de 56 ans faute de soucis d'assister en France ou de Tannazie ?
01:29Apparemment oui, à titre personnel je le déplore parce qu'il faut savoir que la Convention citoyenne sur la fin de vie,
01:41nous nous sommes réunis pendant neuf semaines et c'est à titre uniquement consultatif.
01:47Les députés peuvent très bien prendre notre travail et le mettre entièrement à la poubelle quand ça passera à l'Assemblée nationale.
01:54Vous pouvez nous expliquer ce que c'est la sédation profonde ? On arrête tous les traitements qui maintiennent en vie du jour au lendemain ?
02:00On donne des antidouleurs tant que c'est possible, mais ça n'empêche pas que la personne est confrontée à une absence totale d'absorption de liquide et de nourriture.
02:14Et il y a une autre affaire actuellement, je crois que c'est sur le Gard, j'en suis pas sûr,
02:24où un frère et une soeur avaient demandé pour leur mère à la sédation profonde et continue
02:29et ils se sont rendus compte qu'il y avait des souffrances terribles et ils ont porté plainte contre l'État pour mauvais traitements, actes de barbarie et...
02:41Parce que même si c'est le choix de cette Toulousaine, c'est elle qui en a fait la demande, vous considérez que la sédation profonde elle n'est pas digne, ce n'est pas une fin de vie qui est digne ?
02:50C'est une torture, c'est assimilable à de la torture, vous faites sécher une personne comme un Bruno, c'est quelque chose d'épouvantable,
02:59parce qu'on ne sait pas à quel moment la personne va décéder, ça peut très bien prendre une semaine, une semaine et demie ou dix jours.
03:07Alors effectivement les médecins arrivent à affiner et savoir quand la fin est très proche à très moyen terme,
03:15mais ça n'empêche pas, il y a quand même une douleur fondamentale avec tout ce que ça implique.
03:22Et vous qui nous écoutez, vous avez peut-être été confronté à la fin de vie d'un de vos proches, venez nous raconter si vous en avez le courage,
03:29comment ça s'est passé au 05 34 43 31 31, vous êtes allé Philippe Ross à Paris une dizaine de fois,
03:35que dit la convention citoyenne pour des patients comme Karine, quelles sont les préconisations que vous avez faites ?
03:42Là si vous voulez, chaque cas est un cas particulier, mais enfin nous à 73 ou 74% je crois que c'est le chiffre final de ce qui a été décidé,
03:58on était pour que ça abrège les souffrances de la personne le plus possible, que ça ne parte pas pendant des jours et des jours
04:09et que la personne qui est en train lentement de mourir dans son lit...
04:13Donc est-ce que vous parlez d'euthanasie précisément ou pas ? Administration d'une substance létale ou pas ?
04:20Ah oui, oui, je crois qu'il faut qu'il y ait administration d'une substance létale, c'est beaucoup plus simple.
04:27Alors on me dit, tous les arguments que l'on a eu, y compris au niveau des religieux que l'on a reçus à la convention,
04:37ils y étaient tous, il y en avait 5 ou 6 qui expliquaient leur point de vue, mais on voit bien que ce n'est pas eux qui souffrent.
04:47Est-ce que vous avez été confronté vous à la fin de vie d'un proche ?
04:52Oui, tout à fait, j'ai mon beau-frère qui était parachutiste dans l'armée et qui s'est éclaté contre un mur en moto à Pau en septembre 2007
05:10et qui est resté paralysé sur un lit d'hôpital pendant 13 ans et 8 mois.
05:17Donc c'est très dur de voir quelqu'un qui se dégrade, surtout un jeune comme ça.
05:23La médecine s'est accrochée en se disant qu'il y aurait certainement quelques progrès, mais il était traqué automisé,
05:31il ne pouvait bouger son bras que de 10 cm, son bras droit, il était dans des souffrances permanentes,
05:39avec les dents qui se dégradent, avec des escarres, malgré le fait qu'il y avait une équipe de soignants autour,
05:46et tout ça a duré, duré, duré.
05:51Vous avez évoqué les religieux, qu'est-ce qui fait qu'en France on n'arrive pas, en tout cas pas pour l'instant,
05:56à évoluer sur cette question combien essentielle de la fin de vie ?
06:00C'est un peu dommage parce que je crois que les catholiques, puisqu'il s'agit d'eux, feraient bien de lire la Bible.
06:08Vous avez le Christ qui au moment de mourir a dit à celui au bon larron qui était à côté de lui,
06:14dès ce soir tu seras avec moi au paradis.
06:17Donc il a pris sur lui le fait de ne pas continuer à laisser souffrir la personne qui était à côté de lui
06:23et qui subissait le même supplice que lui.
06:26Ce sont les députés qui vont devoir ou pas valider ?
06:29Ce sont les députés qui vont trancher, c'est sûr.
06:31Qu'est-ce qui s'est passé quand il y a eu dissolution de l'Assemblée en juin dernier ?
06:34Les débats allaient démarrer au Parlement ?
06:37Oui, ça allait démarrer puisque je crois que le projet sur la fin de vie devait se tenir dans la dernière quinzaine de janvier.
06:49La reprise des débats à l'Assemblée est prévue pour le 3 février. Est-ce que vous y croyez à cette échéance-là, à cette date-là ?
06:57Là, je pense que de toute façon, ce dont je suis sûr, c'est que les travaux de la Convention iront jusqu'au bout et jusqu'à l'Assemblée nationale.
07:11Il faudra bien qu'une décision soit prise.
07:13On ne va pas laisser ça en suspens.
07:16Non, ce ne serait pas correct.
07:21Vous avez peut-être eu l'occasion de croiser le président de la République lors de cette convention.
07:25Est-ce que vous êtes persuadé qu'il veut absolument une loi sur la fin de vie et qu'elle verra un jour avant la fin de son quinquennat ?
07:31Oui, quand on lui a remis le rapport sur la Convention sur la fin de vie, il est passé entre nous.
07:39J'ai eu l'occasion de lui serrer la main et je lui ai dit « Monsieur le Président, j'espère que vous appuierez nos travaux ».
07:48Il me dit « Je vous en donne de l'assurance ».
07:51Les yeux dans les yeux ?
07:52Les yeux dans les yeux, oui.
07:54Donc vous espérez ?
07:56On verra bien. De toute façon, il faudra que la situation évolue.
08:01Soit quand les gens veulent en terminer dans des souffrances terribles, vous avez très près de nous la Suisse,
08:10où vous allez payer 10 000 euros pour pouvoir avoir une fin de vie.
08:14Ou alors vous avez la Belgique où vous allez payer 50 euros.
08:17Merci beaucoup Philippe Ross, membre de la Convention citoyenne sur la fin de vie et Toulousain.
08:23Merci, bonne journée.
08:24Merci à vous.