[#LeCanapéRouge] Me Françis Nkea Ndzigue, Ancien ministre d’Etat
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00:00Madame, mademoiselle, monsieur, bienvenue sur le canapé rouge de Gabon Media Time,
00:21votre rendez-vous incontournable pour explorer les grands enjeux de notre société.
00:26Aujourd'hui, nous avons l'honneur de recevoir maître Francis Keyandigué, docteur en droit,
00:31avocat au barreau du Gabon et ancien ministre d'État, figure respectée du paysage juridique
00:36et politique. Il a été un acteur qui est les réformes au sein du gouvernement et continue
00:42d'apporter une perspective éclairée sur les transformations en cours au Gabon. Dans un
00:48contexte marqué par une transition politique historique et les réformes institutionnelles
00:53majeures, nous aborderons avec lui des sujets cruciaux tels que la promulgation de la nouvelle
00:59constitution, le projet de code électoral ainsi que l'avenir personnel et politique dans ce nouveau
01:08paysage gabonais. Maître Keyandigué, bonsoir. Merci d'avoir accepté notre invitation. Comme il
01:18est de tradition dans notre programme, la première question que je vais vous poser est celle de
01:22savoir comment vous vous portez en cette période de transition. Je me porte très bien. D'accord.
01:28Depuis votre sortie du gouvernement et le coup d'état du 30 août 2023, vous êtes resté dans
01:39une posture plus ou moins discrète vis-à-vis de l'actualité politique. Qu'est-ce qui a motivé
01:45ce choix ? Je vais vous dire. En fait, moi, personnellement, j'ai été déjà un peu fatigué du
02:00gouvernement après sept ans de manière continue. Et au sortir de là, j'avais envie de faire autre
02:11chose. Parce que j'avais encore des chantiers que j'ai laissés en suspens. Un premier chantier,
02:19à l'université, je vous le rappelle, je suis enseignant permanent à l'université Marbongo,
02:26fonctionnaire de l'enseignement supérieur, et je suis actuellement maître assistant au
02:32CAMES. Et dans quelques jours, je vais passer le concours d'accréditation. Donc, j'avais ce
02:38chantier qu'il fallait acheter. J'avais aussi mon cabinet qui me manquait déjà beaucoup. Et vous
02:45comprenez que quand ça arrive, ça m'a fait beaucoup de bien. Parce qu'au lendemain même du coup d'état,
02:51je suis allé à mon cabinet et j'ai commencé à travailler. J'ai appelé M. le bâtonnier pour lui
02:56dire que je suis revenu. Et le lendemain, j'ai porté ma robe, ma robe d'avocat. Donc, pour moi,
03:01ça a été plus ou moins un soulagement. Ça, c'est le premier point. Un soulagement qui m'a permis de
03:10revenir sur mon premier chantier et de chercher à les parachever. Le deuxième aspect, c'est que
03:18l'humilité voudrait que quand il y a quelque chose qu'on prenne d'abord du recul, qu'on regarde,
03:27qu'on observe et qu'on analyse. Donc, j'ai pensé qu'il fallait agir de cette manière. Prendre du
03:36recul, regarder et parler quand c'est nécessaire. Et vous avez bien constaté que j'ai dû parler,
03:45quand il s'est agi, du problème du PDG. Parce que pour avoir passé pratiquement plus de 20 ans
03:53comme conseiller juridique et rédacteur principal du texte du PDG, j'ai été choqué que ce parti se
04:01comporte de cette manière. C'est-à-dire qu'ils n'ont pas voulu respecter leur propre texte et je
04:08l'ai dénoncé. Bon, si j'ai eu à prendre la parole ces derniers temps, c'est parce qu'il y a des
04:16éléments qui choquent et qui m'amènent à parler. Donc, voilà la raison pour laquelle vous ne m'avez
04:23pas beaucoup vu ces derniers temps. Mais je suis toujours là et je suis disposé à parler quand
04:29c'est nécessaire. Justement, pendant votre période de mutisme, il y a eu des événements. C'est le cas
04:35du référendum du 16 novembre 2024 qui a abouti à la promulgation de la nouvelle Constitution,
04:41plénicité lors du dit référendum. C'est cette actualité qui a notamment marqué la fin de l'année
04:482024. Comment avez-vous perçu la tenue du scrutin et quels commentaires faites-vous des résultats
04:55obtenus par le OUI ? Bon, moi je pense qu'étant donné que cette Constitution a été promulguée,
05:03il n'est pas véritablement indispensable de revenir là-dessus. Ce n'est pas très nécessaire de
05:12revenir là-dessus. Mais ce que j'ai quand même constaté, c'est qu'il y a une persistance des
05:21pratiques d'avant, des pratiques qui ont toujours été dénoncées en matière d'organisation des
05:29élections. D'abord, ce qui m'a choqué dans cette élection, c'est qu'on nous a dit que l'élection
05:38est organisée par le ministère de l'Intérieur. Mais à y regarder de près, dans l'organisation
05:45pratique, ce n'étaient pas les membres du ministère de l'Intérieur. Dans les autres pays, quand on
05:50parle de l'organisation par le ministre de l'Intérieur, c'est l'administration de l'Intérieur
05:56qui organise l'élection. Chez les autres, ce sont les préfets, les sous-préfets et les autres
06:02qui organisent, les fonctionnaires qui sont formés pour cela, qui vont à l'École nationale
06:08d'administration et qui choisissent la section qui organise les élections. Donc, ce sont des gars
06:15formés. Mais ce que moi j'ai constaté, c'est qu'on a pris des gens de partout, qu'on a affecté dans
06:25des commissions, qu'en réalité, on a vu au niveau du ministère de l'Intérieur que le ministre lui-même,
06:31le secrétaire général et peut-être le directeur général des élections. Le reste, ce n'étaient
06:37véritablement pas les membres du ministère de l'Intérieur. Donc, il y a d'abord eu cet aspect.
06:41Le deuxième aspect, c'est celui que les autres ont dénoncé, c'est qu'il y avait véritablement
06:48abstention. Il y avait une abstention avérée. Après, on a eu dire qu'il n'y a pas eu d'abstention
07:04ou alors l'abstention a dépassé tel ou tel pourcentage. Mais toujours est-il que, dans la
07:10pratique, nous tous nous avons constaté qu'il n'y a véritablement pas eu de foisonnement dans les
07:16bureaux de vote. Ça, c'est évident, personne ne peut le contester. Même si certains essayent
07:22de dire le contraire, mais nous tous, nous connaissons notre pays et nous connaissons
07:31les électeurs. Parce que dans un bureau de vote, comme les bureaux de vote de l'Intérieur,
07:37où vous avez par exemple 300 inscrits, il y a eu peut-être 10 ou 15 votants. Mais on est venu
07:44nous dire qu'il y a 100% avec 80% de participation, alors que tout le monde dit qu'il n'y a pas eu ça.
07:52Mais ce qui m'a également choqué, et que j'ai entendu des sources crédibles, c'est qu'il y a
08:08eu une manipulation de procès-verbaux, notamment une fabrication de procès-verbaux. C'est-à-dire
08:14que pour essayer de redresser cette question d'abstention, on a dû confectionner d'autres
08:24procès-verbaux. Alors je me suis posé la question, s'il faut continuer véritablement avec l'ancien
08:32système, je ne sais pas ce qu'il y a lieu de faire. Et ça m'a beaucoup gêné. Je pense que c'est
08:42peut-être la dernière fois que ça se passe. Cela a été également dû au fait que l'élection s'est
08:51passée dans une certaine opacité. Vous voyez, c'est ce qui est gênant quand l'élection se passe dans
08:56une opacité. Parce que l'élection, c'est comme un jeu. Les compétiteurs doivent forcément être
09:10associés à tous les éléments, à toutes les opérations d'organisation. C'est comme quand
09:17vous organisez une compétition de football. Vous voyez, quand il y a un match, on appelle
09:25les capitaines pour respecter les règles du jeu. On tient compte de la présence des joueurs. Vous
09:35n'allez pas organiser un jeu sans associer les compétiteurs. Donc il y a eu une certaine,
09:42une telle opacité que personne n'a pu être détenteur d'un procès-verbal. C'est d'ailleurs
09:48pour cette raison qu'il n'y a pas eu de contention. Vous ne pouvez pas faire de contention électorale
09:52s'il n'y a pas de procès-verbal. Parce que c'est le procès-verbal qui sert de base à l'introduction
09:59d'une contention électorale. Donc moi je pense qu'il n'y a pas lieu de revenir là-dessus. Je pense
10:06que ça s'est déjà passé. Il faut passer à une autre étape et il faut voir comment est-ce que
10:13nous pouvons organiser cette étape-là. Tout simplement parce que nous avons envie de sortir
10:18de cette transition. Très bien. En tant que juriste, quel regard portez-vous sur les grandes
10:25lignes de la nouvelle constitution ? Et selon vous, ce cadre constitutionnel renforce-t-il la
10:33démocratie ou constitue-t-il des craintes ou un recul ? Personnellement, je pense qu'on n'a
10:45pas évolué. On n'a pas évolué. Au niveau organique, vous savez par exemple le Président
10:54de la République qui aurait désormais deux vice-présidents, dont un vice-président du
10:59gouvernement. Un vice-président du gouvernement c'est quoi ? C'est un premier ministre. Puisque
11:04c'est lui qui va organiser les conseils interministériels. C'est lui qui organise
11:10les conseils interministériels. C'est lui qui va se charger de l'organisation des activités
11:15du gouvernement. C'est un premier ministre. On n'a pas évolué. C'est le premier point. Le
11:21deuxième point, c'est qu'un petit pays comme le nôtre n'a pas besoin d'avoir deux vice-présidents.
11:24Qu'est-ce qu'on fait avec deux vice-présidents ? Comme aujourd'hui, on parle d'un régime
11:30présidentiel. Mais pourquoi ne pas avoir un seul vice-président ? Et que ce vice-président-là
11:36puisse présider les conseils interministériels ? Vous allez avoir des prix. Ça va alourdir. Ça
11:43va alourdir les charges de l'État. Les charges du contribuable. Pour rien. Et il y aura aussi un
11:49chevauchement de compétences. Des conflits de compétences entre toutes ces personnes.
11:54Moi je trouve qu'il y a déjà cet aspect-là qui me gêne. Deux vice-présidents dans un petit pays,
12:01ça sera quoi ? Et ça ne correspond à aucun régime. Ça ne correspond à aucun régime au monde. Vous
12:10allez avoir deux vice-présidents. Et chaque vice-président a sa ligne budgétaire. Il n'est
12:18pas servi seulement sur son salaire. Il a tout un cabinet qui est servi. Il a des missions à faire.
12:24Et il a les dessous de table. Donc vous voyez, ça cause trop de charges pour le pays. Donc vraiment,
12:32sur le plan organique, c'est très gênant. Sur les autres aspects, je ne reviendrai pas là-dessus
12:40parce qu'on a longuement discuté sur les questions de la constitution. Je préfère qu'on essaie de
12:45discuter aujourd'hui de ce qui est présent et du futur. Parce qu'on ne peut plus revenir là-dessus
12:53aujourd'hui. La constitution a été déjà adoptée. Mais il y a quand même cet aspect qui m'a beaucoup
13:00gêné. Plusieurs facteurs politiques ont dénoncé des modifications de certains articles de la
13:10constitution entre le moment du référendum et la promulgation, notamment les articles 28, 46 et 93.
13:21Quel est votre avis sur ces affirmations et que pensez-vous de leur impact sur le processus
13:28démocratique ? Je n'ai pas vérifié les dispositions en question. Mais je sais que c'est une pratique
13:39courante, notamment en matière de décret, en matière de promulgation. Ce qui se passe
13:49habituellement, c'est qu'une fois que les textes sont terminés, avant de procéder à la promulgation
13:56et à la publication, ils les modifient. Ils ont même un système où on fait publier de manière
14:05rétroactive des textes au journal officiel. Donc ce sont des pratiques. C'est pour ça qu'on a
14:12l'impression aujourd'hui que le système n'a pas changé. C'est le même système. Les acteurs que
14:18vous avez aujourd'hui, c'est les mêmes d'hier. Puisque un pays est dirigé par la présidente de
14:25la République. Tous les mécanismes sont conçus par la présidente de la République. Et la présidente
14:32de la République, elle constitue aujourd'hui du même logiciel que celui d'avant. C'est le même
14:40logiciel. Ce sont peut-être les acteurs qui changent, mais c'est le même logiciel. Et pas
14:44tous les acteurs, quelques acteurs. Les techniciens sont toujours là-bas. L'administration de la
14:49présidence est toujours là-bas. Le système est toujours le même. Qu'est-ce qui ne dit pas que
14:56même les autres textes ont été modifiés après ? C'est peut-être ces textes-là que nous avons
15:01suivis. Mais les autres textes sont souvent modifiés d'une autre manière. Moi, je pense que quand il
15:09y a une situation comme ça, il appartient à la Cour constitutionnelle de se saisir d'office et
15:14procéder à l'annulation d'un texte qui a été dénaturé de cette manière. Puisque les textes
15:24constitutionnels transitent afin d'être promulgués par la Cour constitutionnelle. Donc la Cour
15:30constitutionnelle a la mouture définitive qui revient du Parlement. A partir de ce moment, la
15:35Cour constitutionnelle a le droit de revenir sur la mouture initiale. Donc c'est ce que moi je pense.
15:41Pourquoi ça ne se fait pas selon vous ? Alors je ne sais pas. Peut-être parce qu'elle attend
15:46d'être saisie. Mais je pense qu'en la matière, elle peut se saisir d'office.
15:52Et quel danger pour la démocratie ? C'est un peu les mots que les acteurs politiques
16:03essaient de dénoncer aujourd'hui. Mais toute la question est de savoir si ces acteurs politiques
16:08sont et seront subis. Très bien. Le comité national chargé de la rédaction de l'avant
16:15projet de code électoral a récemment rendu sa copie et le Conseil des ministres a adopté un
16:22projet de loi organique à ce sujet. Quelle est votre appréciation de l'approche adoptée par les
16:28autorités de la transition ? Moi, j'ai deux aspects qui me gênent dans ce projet de code
16:38électoral. Deux aspects. Le premier, c'est la problématique de la compétence des organes qui
16:47ont été mis en place. Le deuxième, c'est celui de l'esprit même du texte. C'est-à-dire la substance,
16:57la quintessence du texte. Sur le problème de la compétence, nous avons constaté qu'il y a un
17:05chevauchement de compétence entre les divers organes. Il y a un chevauchement de compétence
17:11entre l'organe de contrôle qui a été créé par le projet et la Cour constitutionnelle. Et je ne
17:20suis pas le seul à le constater. La Cour constitutionnelle elle-même l'a fait constater
17:24puisqu'il a auditionné dernièrement les membres de la commission, notamment les ministres qui ont
17:35été auditionnés par la Cour constitutionnelle parce que la Cour constitutionnelle ne comprenait
17:38pas très bien pourquoi il y avait ce chevauchement de compétence. Il y a également un chevauchement
17:45de compétence entre les deux organes créés par le projet de Côte. Entre les deux organes. Parce
17:53que vous allez constater au regard du communiqué final du Conseil des ministres, qui a été rendu,
17:58que aussi bien le premier que le second supervisent les opérations électorales. Donc à partir de ce
18:08moment, je me suis posé la question, est-ce qu'il n'y a pas un problème de compétence quelque part ?
18:14Puisqu'en principe les questions de compétence sont des questions de formes qui doivent être
18:19réglées par des technocrates. Et c'est peut-être dans ce cadre là qu'une commission avait été mise
18:25en place pour régler ces problèmes de formes, de problèmes de compétence. Ce sont les technocrates
18:31qui règlent les problèmes de compétence. Est-ce que nous technocrates, les membres de la
18:40commission, sont véritablement compétents pour régler ce genre de problèmes ? C'est toute la
18:45question qu'on se pose. La deuxième problématique, c'est l'esprit. L'esprit de ce texte. Lorsque les
18:58pouvoirs publics ont demandé à la commission de rédiger le Code, il a été dit qu'il faut rédiger
19:09un Code pour qu'il y ait des lendemains électoraux apaisés. L'esprit c'est ça. Un Code aux lendemains
19:21électoraux apaisés. Or, ce qu'on nous a desservi, c'est un Code opaque. Il est opaque pourquoi ? Parce
19:34que les véritables acteurs ne sont pas concernés par ces organes. L'élection, pour qu'elle soit
19:43transparente, il faudrait que du sommet, c'est-à-dire la commission nationale, jusqu'au bureau de vote,
19:50il y ait une transparence. Pour assurer cette transparence, il faut associer les acteurs de
19:56l'élection. Les acteurs principaux de l'élection, ce sont les candidats. Vous allez avoir une
20:03commission au prix de la commission nationale auprès du ministre de l'Intérieur et qui sera
20:07dirigée par le ministre de l'Intérieur. Et à l'intérieur de cette commission, vous n'avez
20:11aucun représentant des candidats, aucun représentant des acteurs politiques qui va
20:17défendre les intérêts de ces personnes. Vous allez avoir une commission, une autorité de contrôle
20:28qui va être mise en place et qui sera composée, comme le dit le communiqué final du Conseil des
20:34ministres, des personnes impartiales et compétentes. C'est quoi les personnes impartiales et compétentes ?
20:43On n'a pas besoin de personnes impartiales. En politique, il n'y a pas de personnes impartiales
20:48et compétentes. Ce n'est pas une élection des juges. C'est parce que si dans une élection des
20:53juges, on va rechercher des juges qui sont impartiaux. Les compétences, c'est à l'université,
20:59si on cherche un président d'université, si on vote un président d'université. Mais là, c'est
21:03l'élection. Et les acteurs principaux de l'élection, ce sont les candidats. Si les candidats ne sont pas
21:09représentés, qui va se charger de contrôler les intérêts des uns et des autres ? Pour que
21:17l'élection soit crédible, il faut qu'elle soit totalement transparente, du premier jusqu'au
21:22dernier jour. De la sorte, lorsque le résultat de l'élection sera rendu public, tous les acteurs
21:30vont l'accepter parce qu'ils ont été associés à tous les stades de la procédure. Et là aussi,
21:38je me dis qu'en faisant comme ils l'ont fait, nous avons l'impression, on se demande s'il n'y a pas
21:43eu d'incompétence quelque part. Parce que là, nous n'avons que l'embouture de la commission.
21:49Est-ce que pour des questions de forme, cette commission n'est pas actée ? Est-ce que la
21:58commission est véritablement compétente ? Est-ce que pour l'esprit ? Parce qu'habituellement nous,
22:04à l'université, quand nous évaluons les étudiants, on leur donne un sujet, on leur dit quand vous
22:10avez un sujet, il faut le lire au moins pendant une heure pour bien le comprendre. Quand on leur
22:16a demandé de faire du travail, on leur a demandé un cours électoral, et le besoin de notre pays,
22:21ce sont des lendemains électoraux apaisés. Et il fallait passer plusieurs jours pour réfléchir
22:30comment faire pour atteindre des lendemains électoraux apaisés. Ils se sont précipités.
22:37Ils ont décidé de mettre en place deux hôtels où vous avez d'un côté les éléments, les membres
22:43qui seront avec le ministre de l'Intérieur, et un autre de contrôle où il y aura des personnes
22:48impartiales et compétentes. Est-ce que l'élection a besoin de ces gens-là ? L'élection doit être
22:56dirigée et contrôlée par les acteurs pour qu'il y ait une transparence, pour qu'au sortir de là,
23:03tout le monde, personne ne se sente baisé. Donc je pense personnellement que ce qu'il y a à lui
23:09de faire, c'est qu'au niveau du ministère de l'Intérieur, si on ne veut pas laisser que
23:14l'administration de l'Intérieur organise véritablement l'élection, parce que dans les
23:19autres pays, ce sont les professionnels de l'administration de l'Intérieur qui ont fait des
23:24études pour organiser les élections, qui les organisent, mais si on a décidé véritablement
23:29d'accompagner ce ministère d'un organe, il faudrait que cet organe tienne compte de toutes
23:35les composantes de la société. Après, il faut relever qu'au Gabon, le point d'orgue des élections
23:42a toujours été la question des représentants des différents candidats. Ils sont mis de côté,
23:48on aimerait confier l'élément de crédibilité à des personnes dont le caractère d'impartialité
23:56est subjectif. L'impartialité est subjective. Il n'y a en politique personne d'impartial. Il n'y a
24:05personne de compétent. La seule personne qui est impartiale et compétente, c'est la personne qui
24:10est compétitive. Ce sont les règles du jeu. Dans les règles du jeu, si vous ne suivez pas la
24:15transparence, la personne ne va jamais accepter le résultat du jeu. Donc, ce que moi je propose,
24:23c'est qu'il y ait une structure nationale à l'intérieur de laquelle on prévoit les
24:34représentants des acteurs principaux de l'élection. Au niveau national, il faut tenir compte de la
24:44représentation des candidats parce que les candidats sont les premiers acteurs. On ne vous
24:49demande pas de revenir à la Sénat. Ils avaient une autre philosophie, c'était la philosophie de la
24:56majorité et de l'opposition. Là, il n'y a pas de majorité, il n'y a pas d'opposition. Mais les
25:01principaux acteurs, ce sont les candidats. Ils doivent être représentés dans la structure pour
25:05défendre leurs intérêts, pour confronter leur suffrage. Sinon, ce sera de l'opacité. Donc,
25:11dans la structure nationale, dans la structure organisationnelle, dans la structure de contrôle
25:16également, il faudrait prévoir les représentants. Ne fassiez que des candidats si vous ne voulez pas
25:20prévoir les représentants des partis politiques, de la société civile. Parce que quand on parle de
25:27partis politiques, de la société civile, les gens ne sont pas toujours pour. Mais au moins,
25:31le candidat, quand il est candidat, il doit être représenté aussi bien dans l'organisation que
25:36dans le contrôle. Et après cet organe national, au niveau provincial, il faudrait aussi une
25:44représentation où chacun défend ses intérêts, contrôle ses intérêts. La personne impartiale,
25:51elle va contrôler quoi ? Elle ne connaît pas le mécanisme de l'élection. Elle n'est pas
25:58intéressée par l'élection. Elle va contrôler quoi ? Elle va contrôler ce qui l'intéresse. La preuve,
26:06c'est qu'autant nous avons essayé avec la CNU, autant nous avons aussi essayé avec la Cour
26:11constitutionnelle qui veille à la régularité des élections, donc qui fait le contrôle des élections.
26:17Nous avons essayé avec la Cour constitutionnelle. La Cour constitutionnelle n'a jamais rendu un
26:20rapport public sur ce contrôle. Donc moi, je pense qu'il faut créer une structure nationale qui
26:28prévoit la représentation des différents acteurs, les principaux, notamment les candidats. Il faut
26:35une représentation nationale qui exerce le contrôle et qui prévoit également la présence des
26:43principaux acteurs que sont les candidats. Une structure provinciale et une structure
26:50communale ou départementale. Et à la fin, une structure au niveau du bureau de vote. Parce
26:57qu'il faut bien que le candidat soit représenté dans le bureau de vote pour qu'il fasse ses
27:03observations au procès verbal et pour qu'il ait une copie de ce procès verbal. Comment est-ce
27:09qu'il va pouvoir accepter les décomptes s'il n'a pas les procès verbaux ? Si on veut
27:15véritablement les lendemains apaiser, il faudrait que tout le monde ait au moins une copie des procès
27:19verbaux et qu'il fasse son décompte. Et une fois qu'il aura fait son décompte, il va se rendre
27:25compte qu'il a gagné ou il a perdu. Et il faut que cette remise soit spontanée. Ce n'est pas
27:33une remise ultérieure. Parce qu'on dit toujours qu'après l'élection, on va mettre à la disposition
27:39mais parfois ces PV sont dénaturés. Une remise spontanée après les résultats du bureau de vote,
27:47comme on le faisait avant, jusqu'au représentant des candidats. Donc voilà un peu ce que moi je
27:57pense qu'il y a lieu de faire. Le ministère de l'Intérieur, apparemment, j'ai la conviction
28:03qu'on ne veut pas qu'il organise l'élection en tant que ministère de l'Intérieur. Mais on a tout
28:08simplement envie de créer une structure nationale. Mais que cette structure nationale
28:12tienne compte de l'inclusivité. Parce que c'est cette inclusivité qui va amener la transparence
28:19et l'acceptation des résultats. Est-ce que vous pensez que l'interpellation de la cour
28:25constitutionnelle va peut-être faire rétropédalier le gouvernement ? L'interpellation de la cour
28:32constitutionnelle a très certainement consisté à redresser les questions de compétence. A mener
28:46les membres à redresser les questions de compétence. Parce que les questions de compétence, comme je
28:52vous l'ai dit tout à l'heure, ce sont des questions de formes. Ce sont des questions qui sont réglées
28:57par les technocrates. Donc la cour constitutionnelle a certainement discuté avec eux sur la question
29:05des compétences. Mais pour le reste, je ne peux rien vous dire. Parce que l'image que j'ai suivie
29:11à la télévision, comme vous aussi vous avez suivi, c'est que c'est la question de la compétence qui
29:17a été évoquée. Donc des questions techniques. C'est pour cette raison que je vous ai dit tout à
29:21l'heure que je me demande si la commission qui a été mise en place a vraiment de la compétence.
29:28Parce que quelqu'un qui a de la compétence ne peut pas le faire. Un organe qui organise ne peut
29:35pas à la fois organiser, coordonner et superviser. Un organe qui contrôle ne peut pas à la fois
29:42contrôler et superviser. On ne comprend rien. Donc pour me résumer, je pense qu'il faut un
29:53organe national d'organisation et un organe de contrôle. L'organe de contrôle ne gêne pas.
29:58On peut même avoir plusieurs organes de contrôle. Mais pourvu qu'il y ait une démarcation entre les
30:05compétences, qu'il y ait une séparation claire des compétences. Donc cet organe peut effectivement
30:13procéder au contrôle, comme la concurrence peut procéder au contrôle, mais il faut une clarification
30:17sur les compétences des uns et des autres. Mais surtout, sur l'esprit du texte, qu'il faut
30:24associer les principaux acteurs à l'élection. Donc l'inclusivité pour avoir l'apaisement au cas
30:32d'élection et sortir des travers que nous avons connus à chaque présidentielle.
30:36Voilà.
30:36D'accord. Abordons maintenant la question du Parti démocratique gabonnais. En avril dernier,
30:41vous avez perdu votre bataille judiciaire contre le directoire provisoire du PDG concernant une
30:47décision de nomination. Quelle est la nature de vos relations aujourd'hui avec vos camarades
30:52du parti dit de masse ?
30:56Bon, moi je peux vous dire d'emblée que je n'ai pas le rapport avec eux. J'ai rompu tout rapport,
31:06parce qu'il aurait été illogique de critiquer ce qu'ils font et continuer à rester avec eux.
31:15Il aurait été véritablement illogique. La bataille judiciaire n'est pas encore perdue. Moi j'ai
31:23initié deux procédures. Une procédure à la cour constitutionnelle et une procédure devant le
31:29juge judiciaire. C'est la cour constitutionnelle qui s'est déjà déclarée incompétente. Mais le
31:35juge judiciaire n'a pas encore statut. A la cour constitutionnelle, on avait saisi la cour
31:39constitutionnelle en estimant que la cour constitutionnelle est garant de l'ordre
31:44public. Il est garant de l'ordre public et des libertés individuelles. Et que quand des
31:51comportements qui heurtent l'ordre public et les libertés individuelles sont perpétrés,
31:56elle a intérêt à agir. Et la cour constitutionnelle s'est déclarée incompétente. Nous l'avons laissé
32:01de côté. Mais nous avons continué avec le tribunal. Pourquoi nous avons continué ? Parce que déjà,
32:07avec le tribunal, c'est le tribunal judiciaire qui est compétent en matière de conflit à l'intérieur
32:13du parti politique. Le conflit, c'est que certains membres du parti politique, du parti
32:23démocratique gouverneur, n'ont pas voulu respecter les règles du parti. Et je me suis élevé parce
32:29que c'est moi qui les avais rédigées. Pendant une vingtaine d'années, c'est moi qui ai rédigé
32:35les règles du parti. Donc j'ai saisi le tribunal pour faire constater que les règles du parti ont
32:42été violées et annuler toutes les décisions qui ont été prises. Le tribunal n'a pas constaté. Les
32:50règles ont été violées. Pourquoi ? Parce qu'on s'est permis de prendre les décisions sans recueillir
32:58le congrès. Parce que les grandes décisions, les décisions qui concernent les organes,
33:04doivent être rendues, doivent être prises pendant le congrès. Il n'y a pas eu congrès. Certains
33:12membres du parti d'autorité sont allés rencontrer certaines personnes, notamment les gens de la
33:19présidence de la république, et ils ont discuté, ils ont organisé des choses comme ils ont voulu,
33:25d'autorité, sans avoir l'option du congrès. Et ils se sont imposés comme ils s'imposent
33:32aujourd'hui. Donc moi j'ai saisi le tribunal pour que le tribunal annule tout ce qui a été fait. Le
33:38tribunal n'a pas encore rendu sa décision. Donc cette affaire est toujours pendante ou devant les
33:43élections. Alors que la transition politique touche à sa fin, avec l'organisation prochaine des grandes
33:52joutes électorales, comment envisagez-vous votre avenir politique dans la république, on va dire,
34:01au niveau du département où vous avez été plusieurs fois député, mais aussi au niveau national ?
34:08Moi je n'ai pas besoin d'avenir politique. Je n'ai pas besoin de me préoccuper de l'avenir
34:18politique. Vous savez, c'est ce que j'ai dit au pédégistre, tous les gens qui sont en train de
34:23courir derrière le nouveau système, ce sont des gens qui ont faim. Ce sont des gens qui ont faim,
34:28moi je n'ai pas faim. Moi je suis d'abord fonctionnaire de l'enseignement supérieur,
34:33enseignant permanent à l'université, au grade de maître assistant. Donc j'ai un salaire à cet
34:41effet qui est au-dessus du salaire d'un fonctionnaire ordinaire. Au-dessus. Je suis payé à presque 2
34:52millions de francs par mois, je ne le cache pas. En tant que fonctionnaire j'ai été intégré après mon
34:57doctorat. Je suis en même temps avocat, j'ai mon propre cabinet que je dirige avec plusieurs
35:04avocats. Donc moi je n'ai pas faim pour courir derrière ça. C'est comme je vous l'ai dit à
35:10l'introduction, j'ai voulu d'abord prendre du recul pour voir ce qui se passe. Et progressivement je
35:16prendrai la décision. Je suis un homme politique, je n'ai jamais dit que je ne suis pas un homme
35:20politique. Mais je prends du recul pour voir ce qui se passe et pour voir quelle est l'orientation
35:26qui paraît à mon avis la meilleure. Même si les populations donnent vous l'appel de tous
35:33leurs voeux à vous revoir, les représenter à l'assemblée nationale ? Non, le problème ne se
35:38pose pas à ces niveaux. Moi j'ai pas de problème, je peux refaire la politique. Mais je n'ai pas voulu
35:42courir comme certains. Certains ont couru parce qu'ils ont faim. Moi je n'ai pas faim. D'ailleurs
35:48je vais vous faire une confidence. Ce que je gagnais au gouvernement avec tous les avantages que
35:56j'avais, ça n'a rien à voir avec ce que je gagnais comme avocat et enseignant à l'université. C'est
36:04même un double. Parce que les revenus, les salaires que j'avais au gouvernement n'est pas
36:09très loin de celui que j'ai à l'université. Si vous vous rappelez bien, à un moment donné j'étais
36:16au parlement. J'ai dû démissionner du parlement parce que le salaire que j'avais au parlement
36:21correspondait à celui que j'avais à l'université. Donc j'ai préféré libérer le parlement. J'ai
36:25démissionné, j'étais cinquième vice-président du Sénat. J'ai dû démissionner parce que ça me
36:29permet du temps. D'accord. Donc moi je ne cours pas. Moi tout ce que je veux c'est que le pays
36:37se redresse. Je vous ai dit tout à l'heure qu'il faut être réaliste. La constitution a déjà été
36:44adoptée. On a besoin de sortir de la transition. Il faut qu'on continue à travailler mais à tenir
36:52compte de toutes les composantes de la société. Il faut un travail inclusif et ce n'est que ce
36:56travail inclusif qui peut nous amener à des lendemains apaisés, à des lendemains meilleurs
37:02pour que notre pays continue à survivre dans de bonnes conditions. Voilà ce qu'on recherche.
37:07Donc ce n'est pas tant mon avenir personnel qui m'intéresse mais c'est l'avenir du pays.
37:15Très bien. Alors nous allons au terme de cette interview. Votre dernier mot à l'attention
37:22de nos téléspectateurs et de vos compatriotes.
37:26Ce que personnellement je pense c'est qu'il faudrait que le Gabon sorte de cette transition.
37:40Mais pour sortir de cette transition il faut que les choses se fassent correctement. Il faut
37:47qu'on tienne compte de tous les composants de la société. Il faut aussi que chacun respecte
37:56ses engagements. Comme vous le savez et beaucoup en parlent, certains ont pris des engagements
38:06qu'ils ne respectent pas. Je pense qu'il faut que tout le monde respecte ses engagements,
38:12que nous soyons tous des responsables pour faire avancer le pays.
38:16Maître Keïa Ndiye, nous vous remercions pour cet échange riche en analyses et en perspectives.
38:27Votre expérience et vos réflexions apportent un éclairage précieux sur les enjeux politiques
38:32et juridiques auxquels le Gabon est confronté. Nous vous souhaitons beaucoup de succès dans
38:37vos projets à venir et espérons que vos contributions continueront à enrichir les
38:43débats nationaux. Merci d'avoir accepté notre invitation sur le canapé rouge.