• il y a 4 heures

Category

🗞
News
Transcription
00:00Greta Garbo ou Marlène Dietrich restent pour le public des êtres inaccessibles nés dans les palais de Stuck, construits par Hollywood.
00:16Avec Marilyn Monroe et les années 50, les spectateurs se souviennent d'un symbole sexuel explosif qu'ils auraient pu avoir comme voisine de palier.
00:25Aujourd'hui, le cinéma préfère retenir les images de la vie réelle et a tendance à faire disparaître les stars-objets pour les remplacer par des femmes qui jouent comme des stars.
00:35Et Faye Dunaway en est l'un des plus beaux spécimens.
00:37Le 14 janvier 1941, au-dessus du tropique du cancer, dans une petite ville de Floride, naît Dorothy Faye Dunaway.
01:06Le père est militaire et se déplace souvent pour les besoins de l'armée américaine.
01:10Pour la mère, l'enfant représente le centre du monde et tout lui est dû.
01:14Sa mère a très tôt voulu que Faye devienne une grande vedette.
01:19Pascal Mérigeau qui a consacré un livre édité chez Pâques à la vie de Faye Dunaway.
01:23Ce qui veut dire qu'à partir de l'âge de 5 ans, on lui a fait sur des couvres de claquettes, de danse classique, de piano, de comédie, enfin à peu près tout.
01:31La famille Dunaway habite l'Utah quand les parents décident de se séparer.
01:35Faye, choquée par l'événement, avouera plus tard cette ressentie responsable de ce divorce à cause justement de la part trop importante que sa mère lui a accordée.
01:43Elle dit même que si au départ elle a choisi de devenir comédienne, c'était justement pour continuer d'être admirée, aimée, d'être un peu le centre du monde.
01:52Elle est également persuadée qu'une fois célèbre, on ne peut jamais être seul.
01:55C'est donc pour continuer à se sentir toujours entourée qu'elle suit des cours d'art dramatique à Boston.
02:01Brillante et ambitieuse, Faye parvient à obtenir le principal rôle de la célèbre pièce d'Arthur Miller, Les sorcières de Salem.
02:09Cela lui permet d'avoir une bourse pour suivre l'enseignement de l'Académie royale d'art dramatique de Londres.
02:14Mais une audition devant Elia Kazan la fait changer d'avis et elle préfère à l'illustre école anglaise,
02:21le Lincoln Center Repertory Company que viennent de créer Robert Whitehead et Elia Kazan.
02:26Et alors à ce moment-là, la carrière s'est développée au théâtre en parallèle.
02:30À nouveau Pascal Mérigeau.
02:31C'est-à-dire qu'il y avait d'une part le travail de Lincoln qui se fait surtout dans la journée et le soir, elle avait décroché un rôle à Broadway.
02:37Alors ensuite, elle a joué deux pièces sous la direction de Kazan et Kazan a quitté le Lincoln.
02:43Elle est partie aussi trois mois après.
02:45Et c'est à ce moment-là qu'elle a décroché un rôle important à Broadway dans lequel elle a vraiment déchaîné toute la critique.
02:51C'était d'ailleurs un rôle de femme très tourmentée, quelque chose de très très complexe qui lui convenait parfaitement.
02:57Et à ce moment-là, on l'a appelé au cinéma.
03:13Elle tourne son premier film, Les Détraqués d'Eliot Silverstein.
03:17Le metteur en scène exige qu'elle devienne blonde, ce qui pose à Faye de Noël le problème psychologique de s'accepter dans un physique inhabituel.
03:25Elle réussit cependant à montrer une prodigieuse présence sur l'écran.
03:28Ce qui m'a frappé tout de suite chez elle, c'est son coup d'œil.
03:31George Wilson, qui sera l'un de ses partenaires dans Les Trois Mousquetaires.
03:35Elle le regarde avec une rapidité foudroyante.
03:38Je crois que si elle avait été cow-boy, elle aurait pu tirer très très vite.
03:42Voilà ce que je pense des premiers réflexes que j'ai pu observer chez elle.
03:46Elle a un coup d'œil terrifiant, d'une grande grande intelligence et surtout, elle voit tout de suite où elle peut agir.
03:55Vous savez, tout de même, le regard qui est une chose tellement mystérieuse au cinéma.
04:00René Clément, qui sera son metteur en scène pour La Maison sous les Arbres.
04:04Moi, je me suis posé longtemps, longtemps la question de savoir quel était donc ce phénomène qu'on appelle la photogénie.
04:12Et moi, je l'ai toujours attribué au regard.
04:15Il y a des êtres qui, à l'écran, sont transparents.
04:18Quand ils passent devant un décor, on voit le décor.
04:22Ils n'ont pas de chance.
04:23Ceux-là ne pourront jamais s'exprimer au cinéma.
04:26J'ai pensé que la puissance du regard, l'émanation du regard, était une des raisons de la photogénie.
04:34Et quand on parle de photogénie, on peut vraiment dire que Frederick Dunaway est profondément photogénique.
04:43Après son premier film, Faye Dunaway signe un contrat pour six films avec Otto Preminger.
04:48Elle commence avec Que Vienne la Nuit, où le rôle principal lui échappe au profit de Jane Fonda.
04:54Le tournage ne se passe pas très bien, mal à l'aise dans le personnage trop simpliste qu'on lui demande d'interpréter.
05:00Faye Dunaway se rebelle et passe alors pour une actrice difficile.
05:04Elle a une telle obsession de la réussite...
05:06Pascal Mérigeau.
05:08Après le premier film d'Otto Preminger, Faye Dunaway est engagée par John Frankenheimer avec David Niven comme partenaire.
05:15Ce film ne sortira jamais en France, il n'obtiendra que très peu de succès aux Etats-Unis.
05:20Mais déjà, Faye Dunaway est une actrice difficile.
05:23Elle a une telle obsession de la réussite...
05:25Pascal Mérigeau.
05:26Elle avait une telle obsession de la réussite que pour elle, la réussite signifiait, disons, la fin de la solitude et beaucoup de choses comme ça.
05:32Ce film ne sortira jamais en France, il n'obtiendra que très peu de succès aux Etats-Unis.
05:36Mais déjà, Faye Dunaway sait qu'elle tournera prochainement sous la direction d'Arthur Penn, Bonnie and Clyde.
06:03Le 23 mai 1934, près d'Arcadia, en Louisiane, la police abatte dans une embuscade un couple de jeunes gangsters,
06:10Bonnie Parker et Clyde Barour.
06:12Trente ans plus tard, deux journalistes, Robert Benton et David Newman, refont l'enquête sur la mort des deux jeunes gens
06:19et ils en tirent un scénario pour le cinéma.
06:21Je trouve que le scénario est arrivé entre les mains de Truffaut,
06:24qui a été très très intéressé par le script
06:27et qui a plus ou moins pensé à monter l'affaire.
06:29Pascal Mérigeau.
06:30Et puis, il y a eu plusieurs deux metteurs en scène qui ont été présentés, il y a même eu Godard.
06:35Et en fait, c'est Truffaut qui a parlé du script à Warren Beatty, qui s'est pris de passion pour ça.
06:40Et Beatty a attendu que les droits soient libres, c'est-à-dire que personne ne monte l'affaire finalement en France.
06:46Et puis a essayé de monter lui-même l'affaire et au départ, il voulait réaliser le film et puis le produire.
06:52Pour jouer Bonnie, Warren Beatty choisit sa sœur, Shirley MacLaine.
06:56Mais en travaillant sur le scénario, il lui vient l'envie à lui d'interpréter le personnage de Clyde.
07:02Cela revient donc à écarter Shirley de la distribution, car le public n'admettrait pas
07:07qu'un acteur puisse jouer l'amant d'un personnage joué par sa sœur.
07:11D'autre part, Warren ne se sent pas capable au fond d'être à la fois devant et derrière la caméra.
07:16Pour la mise en scène, il appelle alors un acteur.
07:20Pour la mise en scène, il appelle alors Arthur Penn.
07:23Quant à la comédienne qui va interpréter le rôle de Bonnie, on la cherche à travers tous les États-Unis en faisant passer essai sur essai.
07:30C'est Arthur Penn qui pense à Faye Dunaway, mais Warren Beatty refuse.
07:34Or, par contrat, il a été décidé qu'en cas de désaccord entre les deux, c'est l'avis du metteur en scène qui sera retenu.
07:41Donc Faye Dunaway est engagée pour le rôle de Bonnie Parker.
08:19Abonnez-vous !
08:50Mais n'en pleurez pas parce qu'ils sont morts !
08:55L'amour est venu à Bonnie et Clyde !
09:03La musique de Bonnie and Clyde
09:05Vous promettez ?
09:08Le film a été vraiment un véritable événement.
09:10Parce qu'à l'Mérigeaux, il s'est passé beaucoup de choses.
09:12D'une part, le film a d'abord été montré en festival à Montréal.
09:15Et là, il y a eu vraiment deux clans d'irréductibles.
09:18D'une part, il y a eu la critique américaine qui a trouvé ça tout simplement complètement nul.
09:22Et d'autre part, il y avait quelques critiques français qui ont trouvé ça formidable.
09:25Et donc, on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas d'inconvénients.
09:28Et donc, on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas d'inconvénients.
09:30Et donc, on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas d'inconvénients.
09:32Et d'autre part, il y avait quelques critiques français qui ont trouvé ça formidable.
09:36Et donc, le film, personne en fait n'y croyait.
09:38Enfin je veux dire, Warren Beatty en montant l'affaire s'est vraiment battu avec tous les magnats de la production américaine
09:43qui n'en voulaient pas, qui sont allés jusqu'à lui laisser un pourcentage très important des recettes,
09:47ce qu'ils ont bien regretté par la suite, d'ailleurs.
09:49Dès qu'il sort à New York, le film attire le public.
09:52Bonnie and Clyde devient un grand succès.
09:54Et immédiatement, les deux personnages de Bonnie et de Clyde sont les nouveaux héros
09:59Héros que l'on retrouve reproduits partout, affichent, objets, etc.
10:02Et à ce moment-là, bon, il y a eu effectivement une mode.
10:04Pascal Mérigio.
10:05Ça a été en fait un des premiers films vraiment rétro,
10:08parce qu'on a lancé les bérets à la Bonnie,
10:09on a lancé les costumes à la Clyde, les chapeaux, etc.
10:14Et donc en France, on attendait le phénomène Bonnie & Clyde.
10:17Et comme ça se passe toujours, il y a beaucoup de gens qui,
10:19avant d'avoir vu le film, ont dit que c'était un scandale,
10:21qu'on ne pouvait pas montrer ce film en France.
10:23Et bon, on l'a interdit d'abord aux moins de 18 ans.
10:26En Suisse, ce qui est quand même relativement rare,
10:28on a interdit qu'on programme des extraits à l'antenne,
10:31parce qu'à cause de la violence, on n'avait jamais vu ça sur un écran, etc.
10:48Pour Faye Dunaway, le film est la chance de devenir,
10:51du jour au lendemain, une velette internationale.
10:53Le rôle de Bonnie lui permet d'avoir droit à une nomination à l'Oscar,
10:57ce qui est extraordinaire si l'on pense que
10:59Bonnie & Clyde n'est jamais que le troisième film de sa carrière.
11:02Immédiatement, tous les journalistes se précipitent sur ce qui lui reste de vie privée
11:07et publient dans les magazines les noms de ses amants,
11:10son régime alimentaire, la décoration de son appartement,
11:13velours froissé et feuilles d'argent.
11:15On précise même que Faye a une cinquantaine de bagues
11:18qu'elle porte cinq par cinq
11:20et qu'elle vient de se faire confectionner un cure-dent en or par un grand bijoutier.
11:24Elle a vraiment joué le jeu à ce moment-là.
11:27Jouer le jeu des photos de mode, etc.
11:30D'autant plus qu'on pouvait la faire poser dans le costume de Bonnie.
11:33C'était vraiment l'idéal pour lancer une star.
11:36Donc il y a eu ce petit jeu et puis finalement,
11:38je pense qu'elle a compris qu'elle avait s'y brûler les ailes.
11:41Dans la mesure où elle est quand même une comédienne, une comédienne exigeante,
11:45elle ne pouvait pas se contenter d'être une potiche dans un film,
11:47c'est-à-dire quelqu'un qu'on le montre parce qu'elle est belle et parce qu'elle est le bel homme.
11:51Pour son premier film de star, les producteurs lui offrent Steve McQueen comme partenaire.
11:55Ensemble, il tourne l'affaire Thomas Crown.
11:58Thomas Crown est milliardaire, ses affaires marchent très bien
12:01et il possède le plus beau building de Boston.
12:04Mais Crown, joué donc par Steve McQueen,
12:07prend un malin plaisir à organiser des hold-up.
12:10Il fait voler, par exemple, plus de 2 millions de dollars
12:13dans la banque qui se trouve juste en face de chez lui.
12:15Un détective est chargé de l'affaire, c'est Vicky Anderson,
12:19dont le rôle est tenu par Faye Dunaway.
12:21Très vite, la partie de gendarme et de voleur
12:24se transforme en histoire d'amour entre deux stars.
12:26Chronomètre en main, les journalistes affirment même
12:29qu'ils échangent le plus long baiser de l'histoire du cinéma.
14:46C'est Noël Harrison qui chantait la chanson du film
14:49« L'affaire Thomas Crown » et la musique qui est signée Michel Legrand.
15:06Après l'affaire Thomas Crown, Faye Dunaway part en Italie
15:09tourner « Le temps des amants » sous la direction de Vittorio De Sica.
15:13Là, elle découvre le charme italien sous les traits de son partenaire,
15:16Marcello Mastroianni.
15:18Ils s'entendent bien, voire même très bien,
15:20puisque même après la fin du tournage du film,
15:22on les voit prolonger la vie de leurs personnages,
15:25Julia et Valerio, deux amants que la vie voudrait séparer
15:28et qui continuent à s'aimer malgré tout.
15:31« La vie privée des grands artistes, elle est vraiment cachée. »
15:34George Wilson.
15:35« Elle n'est pas privée, elle est cachée. »
15:37« J'avais rencontré un grand acteur qui livre sa vie. »
15:40« Bon, il y a des plages secrètes. »
15:42« Bon, on ne sait pas. »
15:43« Bon, c'est que quelqu'un part trois jours. »
15:45« Et puis, voilà, au moment où on s'y attend le moins. »
15:48« Et puis, bon, ben, on ne sait pas, on ne pose pas de questions. »
15:51« Bon, c'est trois jours sacrés qui sont réservés à quelque chose d'autre. »
16:151969 est, pour Faye de Noël,
16:18l'année d'une nouvelle rencontre importante avec Elia Kazan.
16:21Depuis 1963, date de la mort de sa femme,
16:24Kazan ne travaille plus ni pour le théâtre, ni pour le cinéma.
16:28Pendant six ans, il vient de mener à terme son premier roman, « L'Arrangement ».
16:32Parti pour écrire une histoire autobiographique,
16:35il revient avec une vision du monde américain,
16:38englouti dans une société de marchands.
16:41Son héros, Eddie Anderson, est un brillant publicitaire
16:44capable de convaincre n'importe qui qu'il peut faire vendre mieux que les autres.
16:48Eddie est marié et heureux en affaire.
16:51Un épisode de sa vie vient d'être comblé par Gwen,
16:54une maîtresse sensible, sensuelle et capable de l'aimer
16:57autant que de mépriser sa réussite sociale.
17:00Avec son regard qui ricane à chaque fois qu'Eddie se lance dans une super démonstration,
17:05Gwen finit par lui faire bousculer sa vie tissée de petites hypocrisies.
17:10Un matin comme les autres,
17:12Eddie quitte son douze pièces piscine dans sa voiture de luxe pour se rendre à son bureau.
17:17Rassuré par les messages publicitaires qui tombent sur toutes les stations de la ville
17:21exactement comme prévu,
17:23une envie de tout remettre en cause lui traverse alors l'esprit.
17:26Il jette sa voiture sous un camion.
17:28Et dans le mutisme de sa convalescence,
17:31il ne voit que Gwen, sa maîtresse,
17:33avec qui lui semble avoir partagé les seuls moments vrais de son existence.
17:37Au moment de tourner le scénario de l'arrangement,
17:40Elia Kazan demande à Marlon Brando d'être Eddie,
17:43mais trop occupé avec la cause des Noirs, il refuse.
17:46Kirk Douglas prend le personnage.
17:48Quant au rôle de Gwen, si important dans le récit,
17:51il n'hésite pas à retenir l'intensité et la féminité de Faye Dunaway.
17:55Il y a une richesse folle derrière ce regard.
17:58René Clément, l'un de ses metteurs en scène.
18:00Elle semble exprimer des tas de choses
18:02que l'on ressent confusément, tout à fait en arrière-plan.
18:05Elle est profondément féminine.
18:08Elle enveloppe, elle est femme, elle est la femme.
18:11Elle est très, très professionnelle
18:13et elle fait, si vous voulez, à longueur de journée,
18:15une démonstration de son talent et de la façon dont elle travaille.
18:18M. Cassaty, le directeur de production de La maison sous les arbres,
18:22se souvient d'une anecdote.
18:24Il y avait une scène où elle devait pleurer
18:26parce qu'on lui avait enlevé son fils,
18:28donc c'était une scène d'émotion.
18:30Et elle n'a pas eu besoin de s'exiler
18:33pour faire monter son émotion personnelle
18:35de façon à pouvoir la rendre au moment de la prise.
18:38Elle a choué sa scène avec beaucoup de force et de densité.
18:42Et dès que René Clément a dit couper, enfin arrêter la scène,
18:46elle s'est tournée vers lui comme si rien ne s'était passé
18:49pour demander si ça allait,
18:51sur le même ton que l'aurait demandé un café.
19:03Après l'arrangement, Faye Dunaway apparaît
19:06dans les extravagantes aventures d'un visage pâle de 121 ans,
19:09Little Big Man.
19:11Dustin Hoffman est le grand petit homme
19:13et Faye Dunaway interprète le rôle de Louise Pendrick,
19:16tour à tour femme d'ecclésiastique et prostituée.
19:19Son talent à elle est un talent de sportive,
19:22de gymnaste, de fabricante,
19:24plutôt qu'un talent de grande, grande, grande créatrice,
19:27même si elle est capable d'émotion quand elle joue.
19:30Mais la marque qu'elle imprime sur le public
19:33ne vient pas fondamentalement de l'instinct
19:36comme Brando, Newman, comme Marilyn Monroe,
19:40comme Lise Taylor, comme des gens comme ça.
19:43Elle a le désir dans le sang de plaire,
19:46elle a un désir forcené que rien, rien, rien, rien n'arrête.
19:50Mais si elle plaît, ce n'est pas le résultat de son état,
19:54c'est le résultat d'un travail extraordinaire.
19:58Un travail extraordinairement approfondi.
20:08En 1970, elle quitte Arthur Penn,
20:11le réalisateur de Little Big Man,
20:13pour faire le portrait d'une enfant déchue
20:15avec Jerry Chatsberg, un jeune photographe
20:17qui a été autrefois son fiancé.
20:19Le tournage se passe à New York
20:21et pour cette affaire, Faye a accepté de travailler en participation,
20:25c'est-à-dire d'être liée aux recettes du film
20:27plutôt que de recevoir un cachet.
20:29L'idée du portrait d'une enfant déchue
20:31vient de Chatsberg,
20:33qui a interviewé un mannequin de mode célèbre,
20:35complètement déséquilibré,
20:37à force de se sentir coupé du monde
20:39par le regard des autres qui ne se posent sur elle
20:41que pour la voir belle.
20:43À ce moment de sa carrière,
20:44Faye Dunaway est proche du personnage.
20:46Par sa volonté étonnante,
20:48elle vient de gravir en quelques films
20:50presque tous les échelons du star system
20:52et ce film lui apporte alors l'occasion
20:54de se remettre en question.
20:56Portrait d'une enfant déchue sera considéré
20:58par les critiques européens comme un très bon film.
21:01En revanche, aux Etats-Unis,
21:02tout le monde se demande pourquoi Faye Dunaway
21:04a voulu interpréter l'héroïne de ce film.
21:07La grande réussite de Dunaway,
21:09c'est en fait justement d'avoir réussi à concilier
21:12un cinéma, disons, d'auteur,
21:14c'est-à-dire des films quand même de qualité,
21:16extrêmement intéressants, avec des rôles assez complexes,
21:19et tout de même un impact auprès du grand public.
21:22Et ça, je pense qu'elle est la seule à l'avoir fait.
21:26Faye Dunaway
21:32En 1971, à Paris,
21:34René Clément s'apprête à tourner
21:36La maison sous les arbres.
21:38Faye Dunaway est une jeune mère
21:40à qui on kidnappe ses deux enfants
21:42pour obliger son mari physicien
21:44à faire de l'espionnage économique.
21:46Le tournage du film est entouré de mystères
21:48et l'issue du scénario reste confidentielle
21:50car René Clément doit présenter
21:52La maison sous les arbres en avant-première
21:54à la clôture du festival de Cannes.
21:56Faye Dunaway, avant de venir à Paris,
21:58fait plusieurs déclarations pour dire
22:00qu'elle est heureuse de travailler avec René Clément.
22:02C'est probablement, avec Silvana Mangano,
22:05une des actrices les plus sensibles que j'ai eues.
22:07René Clément
22:08Ce que j'aurais pu croire,
22:10et qui arrive très souvent avec certains acteurs américains,
22:13c'est actrice, je dirais.
22:15C'est cette manie d'être insupportable
22:19sur les plateaux,
22:21l'exigence technique,
22:23l'exigence du confort,
22:25le confort physique,
22:27des horaires aménagés,
22:29des exigences de vedettes.
22:31Non, pas du tout.
22:33Jamais.
22:35Jamais, toujours là, à l'heure,
22:37parfaitement prête,
22:38sachant tout ce qu'elle devait savoir,
22:40ne posant jamais aucune espèce de problème.
22:42Faye Dunaway, c'est une femme absolument extraordinaire
22:46qui ne parle pas un mot de français.
22:47De Niama.
22:48Qui n'a pas essayé du tout de parler un mot de français,
22:51qui est restée trois à quatre mois à Paris
22:53dans un isolement absolument total.
22:55Elle avait un ami qui est venu la voir deux, trois fois.
22:57Elle est partie une fois faire du ski avec lui,
22:59des choses comme ça,
23:00mais elle est restée dans un petit hôtel.
23:02Et c'est une femme qui a fait son travail
23:05avec énormément de conscience professionnelle.
23:21Sous-titrage Société Radio-Canada
23:51C'est Gilbert Bécaud qui a écrit la musique de La Maison sous les arbres.
24:12Cette année-là, en 1971, rien ne marche pour Faye Dunaway.
24:16Tous ses films sont des échecs commerciaux
24:18et la belle lancée que lui a apporté Bonnie and Clyde ne suffit plus.
24:22Elle pense alors produire elle-même ses films
24:25avec de jeunes auteurs new-yorkais.
24:27Elle refuse de n'apparaître sur un écran
24:29que dans des rôles froids, distingués,
24:31comme sur un magazine de luxe en papier glacé.
24:34C'est pourquoi Faye accepte le western
24:36que lui propose Stanley Cramer,
24:38L'or noir de l'Oklahoma.
24:40Puis, Richard Lester l'appelle,
24:42il met en scène un film à grand spectacle,
24:44Les trois mousquetaires.
24:46Faye Dunaway est pressentie pour jouer le rôle de Milady.
24:49Autour d'elle, les acteurs ont des noms prestigieux.
24:51Raquel Welch, Michael York, Oliver Greed,
24:54Charlton Heston, Christopher Lee, Géraldine Chaplin.
25:16...
25:42C'est le final musical des trois mousquetaires.
25:45La bande originale était signée Michel Legrand.
25:47Le 7 août 1974,
25:50Faye Dunaway épouse Peter Wolfe,
25:52chanteur d'un groupe de musique pop.
25:54Elle vient de jouer au théâtre
25:56Un tramway nos médésirs de Tennessee Williams
25:58et Après la chute d'Arthur Miller.
26:00La même année,
26:02Roman Polanski tourne Chinatown.
26:04Il engage Faye Dunaway dans le rôle d'Evelyn Mullway
26:07et Jack Nicholson pour jouer un personnage de détective.
26:10Pendant le tournage,
26:12les acteurs entrent souvent en conflit avec Polanski.
26:15Faye Dunaway refuse de se faire couper
26:17et teindre les cheveux.
26:19Il faut aller chercher son coiffeur personnel à New York
26:21pour la convaincre.
26:23Quant à Nicholson, passionné de basket,
26:25il quitte sans arrêt le plateau
26:27pour regarder la retransmission des matchs à la télévision
26:29jusqu'au jour où Polanski, excédé,
26:31s'arme d'une barre de fer
26:33et casse le téléviseur.
26:35Faye Dunaway reproche à Polanski
26:37de ne jamais l'avoir aidé
26:39en lui indiquant les motivations de son personnage.
26:41A chaque fois, il lui répond
26:43la motivation c'est l'argent que tu touches
26:45et Polanski reproche à Faye Dunaway
26:47de ne jamais être là au moment de tourner
26:49et de toucher sans arrêt à son maquillage.
26:52Toutefois, le film est un prodigieux succès
26:54et pour son interprétation,
26:56Faye Dunaway obtient une nouvelle fois
26:58une nomination pour l'Oscar.
27:15La musique de Chinatown composée par Terry Goldsmith.
27:42Pour Faye Dunaway, le film apporte
27:44autant que Bonnie and Clyde
27:46et les producteurs sont alors tout à fait prêts
27:48à l'engager comme vedette dans les superproductions.
27:59Pour la première fois dans l'histoire du cinéma,
28:01deux grandes compagnies d'Hollywood s'unissent
28:03pour entreprendre une superproduction
28:05La Tour Infernale.
28:07Le scénario est une adaptation de deux livres
28:09dont les droits ont été achetés
28:11pour l'un par Warner Bros,
28:13pour l'autre par la 20th Century Fox.
28:15Pour la distribution des rôles,
28:17on a formé une impressionnante palette de stars.
28:19Paul Newman, Steve McQueen,
28:21William Holden, Fred Astaire,
28:23Faye Dunaway, etc.
28:25Pour réaliser ce super film catastrophe,
28:27les studios font confiance
28:29aux spécialistes du genre,
28:31Erwin Allen.
28:33Ils forment quatre équipes de tournage
28:35qui utilisent en même temps 57 plateaux de cinéma.
28:37Certains travaillent sur les trucages,
28:39d'autres se chargent des scènes intimistes.
28:41Plus d'un millier de techniciens
28:43et de 300 cascadeurs
28:45sont engagés par cette gigantesque production.
28:47Pour la scène finale,
29:11lorsque Paul Newman et Steve McQueen
29:13décident de faire sauter les réservoirs d'eau
29:15situés au sommet de la tour
29:17pour éteindre le feu,
29:193 millions de litres d'eau submergent le décor
29:21qui a été surélevé de 2 mètres
29:23pour permettre l'écoulement.
29:25Le budget total de la tour infernale
29:27représente 15 millions de dollars
29:29et les recettes avoisines
29:31uniquement pour l'Amérique,
29:3350 millions de dollars.
29:45L'Amérique du Nord
29:47C'est l'Amérique du Nord
29:49C'est l'Amérique du Nord
29:51C'est l'Amérique du Nord
29:53C'est l'Amérique du Nord
29:55C'est l'Amérique du Nord
29:57C'est l'Amérique du Nord
29:59C'est l'Amérique du Nord
30:01C'est l'Amérique du Nord
30:03C'est l'Amérique du Nord
30:05C'est l'Amérique du Nord
30:07C'est l'Amérique du Nord
30:09C'est l'Amérique du Nord
30:11C'est l'Amérique du Nord
30:13C'est l'Amérique du Nord
30:15C'est l'Amérique du Nord
30:17C'est l'Amérique du Nord
30:19C'est l'Amérique du Nord
30:21C'est l'Amérique du Nord
30:23C'est l'Amérique du Nord
30:25C'est l'Amérique du Nord
30:27C'est l'Amérique du Nord
30:29C'est l'Amérique du Nord
30:31C'est l'Amérique du Nord
30:33C'est l'Amérique du Nord
30:35C'est l'Amérique du Nord
30:37C'est l'Amérique du Nord
30:39C'est l'Amérique du Nord
30:41We may never love like this again
30:45We'll love again
30:47We may never love like this again
30:51We'll love again
30:53We may never love like this again
30:57We'll love again
30:59We may never love like this again
31:01Une chanson interprétée par Maureen McGovern
31:03et tirée de la bande originale du film
31:05La Tour Infernale
31:07Après La Tour Infernale
31:09Geoffrey Dunaway devient la compagne de Robert Redford
31:11dans Les Trois Jours du Condor
31:13Le Condor, c'est le nom de code de
31:15To Turner, un agent de la CIA
31:17dont le rôle est de lire
31:19et d'analyser des romans d'espionnage
31:21pour découvrir les éventuels messages
31:23clandestins qu'il pourrait cacher
31:25Turner, interprété par
31:27Robert Redford, retrouve
31:29en rentrant un jour dans son bureau
31:31tous ses collègues assassinés
31:33et lui doit la vie au hasard d'être sorti
31:35au moment de la tuerie
31:37Avant à contacter ses chefs
31:39il est à son tour victime d'un piège
31:41qui manque de lui coûter la vie
31:43et Turner comprend qu'il s'agit d'un
31:45règlement de compte entre différents services
31:47de la CIA et il se réfugie
31:49chez une femme qu'il prend en otage
31:51Faye Dunaway est Cathy
31:53la prisonnière de Robert Redford
31:55Sidney Pollack réalise le film
31:57et dans Les Trois Jours du Condor
31:59il tire de Faye Dunaway
32:01toutes les possibilités de se composer
32:03un visage tour à tour envahi
32:05la terreur pour elle-même, l'angoisse
32:07pour l'autre, le doute sur les apparences
32:09et la passion qui naît de l'insécurité
32:29Aux Etats-Unis il y a deux sortes de stars
32:31très très différentes les unes des autres
32:33de Niamhard
32:35il y a des stars qui sont des personnages qui sont tout d'instinct
32:37qui ne fabriquent rien
32:39ça peut être John Wayne
32:41comme ça pouvait être Marilyn Monroe
32:43ça peut même être Brando
32:45ce sont des acteurs qui arrivent avec leur poids
32:47à eux
32:49à la limite c'est assez difficile de voir
32:51comment ils jouent
32:53et puis il y a d'autres formes de stars
32:55la deuxième sorte de stars c'est la star de composition
32:57ce sont des très grands acteurs
32:59qui fabriquent leur rôle
33:01alors eux ils arrivent parfois au cime
33:03de leur art
33:05parce qu'ils ont eu la chance de rencontrer
33:07à un certain moment un ou deux
33:09très très grands films
33:11qui les ont établis en haut
33:13mais une femme comme Faye Dunaway
33:15qui est une grande fabricante de rôles
33:17plus qu'une grande créatrice de rôles
33:19si elle fait des mauvais films
33:21les gens ne vont pas les voir
33:23alors que Marilyn Monroe faisait des mauvais films
33:25et il y avait toujours
33:27une sorte de public fasciné
33:29Brando c'est pareil
33:49Après son rôle à côté de Robert Redford
33:51dans les Trois Jours du Condor
33:53Faye Dunaway devient la partenaire de
33:55Bette Davis dans une production pour la télévision
33:57puis en 1976
33:59elle tourne Network
34:01il s'agit de raconter l'histoire
34:03du premier homme assassiné à la suite
34:05d'une baisse d'indice d'écoute
34:07Network signifie aux Etats-Unis
34:09un réseau de chaînes de télévision
34:11ou de radio
34:13pour déterminer le coût des messages publicitaires
34:15sur l'antenne en Amérique comme ailleurs
34:17on procède à des sondages
34:19une partie du public est directement interrogée
34:21par des enquêteurs
34:23pour évaluer le nombre de téléspectateurs
34:25ou d'auditeurs à l'écoute de telle ou telle station
34:27ou de telle ou telle émission
34:29à partir des résultats de l'enquête
34:31on estime l'écoute précise
34:33d'une station de radio ou de télé
34:35que l'on mesure par un indice
34:37et le prix de l'espace publicitaire
34:39augmente ou diminue
34:41selon l'indice d'écoute
34:43et plus les émissions sont écoutées plus elles attirent les annonceurs
34:55Howard Beale est célèbre pour être depuis longtemps l'un des meilleurs présentateurs du journal télévisé de l'UBS TV
35:17mais en 73 sa femme meurt
35:19et cela provoque chez lui une grave dépression nerveuse
35:21l'indice d'écoute de son démission tombe
35:23et son ami Max Schoenecker
35:25directeur de l'information
35:27est obligé de lui demander de partir
35:29le lendemain Howard
35:31au cours de son journal
35:33son dernier journal télévisé
35:35annonce à des millions de téléspectateurs
35:37son intention de se suicider en direct
35:39sur l'antenne
35:41l'événement est tel qu'immédiatement
35:43on constate un regain extraordinaire de l'écoute
35:45et Diana Christensen
35:47interprétée par Faye Dunaway
35:49comprend immédiatement la portée
35:51d'un tel personnage sur le public
35:53alors elle exploite l'affaire sur l'antenne
35:55et les jours suivants le journal d'Howard
35:57devient un super show
35:59UBS TV est en passe de devenir le premier
36:01network des Etats-Unis
36:03jusqu'au jour où sous l'influence de Jason
36:05l'un des patrons de la chaîne
36:07le discours de Howard change de ton
36:09alors les sondages basculent
36:11et subissent une baisse spectaculaire
36:13Howard protégé par Jason
36:15conserve néanmoins son émission
36:17pour Diana il n'y a plus qu'une seule solution
36:19organiser en direct sur l'antenne
36:21l'assassinat de Howard
36:31rien ne peut mieux la définir
36:33que le rôle qu'elle a joué
36:35dans Network
36:37de Niama
36:38je pense que dans sa vie de comédienne
36:40c'est exactement pareil que le rôle
36:42qu'elle joue de journaliste
36:44quand cette scène extraordinaire
36:46où elle fait l'amour à cheval sur le mec
36:48et où elle parle de son boulot uniquement
36:50en parlant des sondages
36:52je pense que si elle le fait d'une manière aussi
36:54extraordinairement juste
36:56c'est parce qu'elle a pas dû aller chercher très très loin
36:58en elle
37:00cette sensibilité là
37:02ça n'a rien de critique ce que je dis
37:04elle est comme ces très très grands acteurs américains
37:06comme il y en a peu en Europe en général
37:08il y a surtout ça aux Etats-Unis
37:10qui consacrent les 100% de leur existence
37:12de leurs sensations, de leurs idées
37:14à leur travail
37:16Dans Network, Faye Dunaway reçoit
37:18le 28 mars 1977
37:20l'Oscar de la meilleure interprète féminine
37:22de l'année
37:24elle tourne ensuite le voyage des damnés en Angleterre
37:26et en 1978
37:28on la voit dans un nouveau film
37:30Les yeux de Laura Mars
37:32où elle interprète le rôle d'une grande photographe de mode
37:34qui a la particularité de voir
37:36à distance les meurtres de ses amis
37:38au moment même où ils se commettent
37:47Vous venez d'écouter Destins Extraordinaires
37:49un podcast issu des archives d'Europe 1
37:51Réalisation Julien Tharaud
37:53Production Raphaël Mariat
37:55Patrimoine sonore
37:57Sylvain Denis
37:59Laetitia Casanova
38:01Antoine Reclus
38:03Destins Extraordinaires est disponible sur le site
38:05et l'appli Europe 1
38:07Ecoutez aussi l'épisode suivant
38:09sur notre site
38:11www.network.fr
38:14Ecoutez aussi l'épisode suivant
38:16en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute

Recommandations