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00:00Ici matin, des patients de plus de 90 ans obligés d'attendre 24 heures aux urgences de l'hôpital de Perpignan avant d'être dirigés vers le bon service.
00:08On en parle avec votre invité Simon Colbeau.
00:10Bonjour François Sanchez.
00:11Bonjour.
00:12Merci d'être en direct avec nous en studio.
00:14Vous êtes le secrétaire du syndicat Force Ouvrière et membre du conseil de surveillance de l'hôpital de Perpignan.
00:18Comment c'est possible ? Comment on peut attendre plus de 24 heures aux urgences quand on a plus de 90 ans ?
00:24Alors c'est très simple et c'est très structurel.
00:29Les urgences de l'hôpital de Perpignan, c'est d'abord des médecins et des soignants.
00:33Nous sommes en nombre en termes de soignants, mais en termes de médecins, le tableau de service,
00:37et on parle de tableau de service, qui est de 44 praticiens aux urgences de l'hôpital de Perpignan
00:43et régulièrement entre 22 et 24 praticiens.
00:4722 médecins au lieu de 44 ?
00:49Oui, et aujourd'hui, enfin hier, ils étaient 19 praticiens hospitaliers.
00:54Donc forcément, les prises en charge, et on parle toute l'année de temps d'attente dans les urgences,
00:59en grande partie vient de ça, c'est la carence profonde d'urgentistes aux urgences, tout simplement.
01:05Mais plus de 90 ans à ces patients, est-ce qu'il n'y a pas moyen alors de les transférer vers un autre hôpital ?
01:10Vers une autre clinique ?
01:11Les autres hôpitaux sont dans la même situation que nous.
01:13À Narbonne, c'est pareil ? Ils sont sous l'eau ?
01:15Ils commencent tous à être sous tension. Le virus de la grippe est particulièrement virulent.
01:21Il est très délicat chez les personnes très âgées.
01:25Chez des gens bien portants, c'est entre 7 et 10 jours de temps de grippe.
01:30Chez les patients de plus de 90 ans, c'est des semaines.
01:35Donc il est très difficile d'abord de les mettre dans des lits.
01:39Parce que l'hôpital de Perpignan, c'est une capacité, on parle en lit dans le métier,
01:43c'est 1000 lits l'hôpital de Perpignan.
01:45Il est toute l'année proche des 100% d'occupation.
01:48Donc le patient de plus de 90 ans, il est pris en charge,
01:51le diagnostic est posé et son orientation est fixée.
01:56Sauf que le service qui doit le recevoir, on parle de lit d'aval,
01:59il n'est pas en mesure de le recevoir.
02:01Donc ces patients de 90 ans qui ont attendu 24 heures aux urgences,
02:04ils étaient dans une salle des urgences, sur un brancard ?
02:07Racontez-nous comment ça se passe ?
02:08C'est encore lié au manque de médecins.
02:10Nous avions, attenant aux services d'urgence, un service qui s'appelle l'unité hospitalière de courte durée,
02:17l'UHCD.
02:18Ce service a dû fermer son activité médicale parce qu'on n'a pas assez de praticiens.
02:23Donc il est devenu une espèce de salle d'attente vers les services de soins
02:28pour des patients de plus de 90 ans qui sont quand même pris en charge, qui sont suivis.
02:33Donc dans cette aile des urgences, les soignants sont là
02:36et ils appellent un médecin urgentiste s'il y a une situation qui s'aggrave.
02:40Ils sont quand même dans des lits.
02:43Mais vous l'avez dit, 19 médecins au lieu de 44 comme il faudrait en temps normal
02:48pour assurer un bon fonctionnement aux urgences de l'hôpital de Perpignan.
02:51Et la grippe, vous l'avez mentionné, j'imagine qu'elle aggrave encore la situation ?
02:55Alors la grippe aggrave très durement la situation parce qu'effectivement il y a une grosse prise en charge à faire.
03:00Une crainte des médecins urgentistes aujourd'hui à l'hôpital de Perpignan,
03:04c'est que ce chiffre de praticiens diminue encore.
03:07Encore ?
03:08Oui, il est dans l'air du temps d'en parler.
03:10Et pourquoi ? Parce qu'ils partent à la retraite ?
03:12Parce que ces médecins n'en peuvent plus ?
03:14Non, parce que d'abord les situations de travail,
03:16quand vous n'êtes plus que 19 médecins et que vous faites des gares de 24 heures extrêmement compliquées,
03:20c'est très pénible.
03:22Il est préférable d'aller vers une clinique par exemple,
03:24qui va choisir ses patients.
03:26Les cliniques ne jouent pas le jeu ?
03:29Medipol a par exemple la KBC, ils ont ouvert ses urgences la nuit.
03:32C'est pas franchement ne pas jouer le jeu,
03:34mais ils n'ont pas non plus les capacités.
03:36Vous dites sélectionner les patients ?
03:38Ils les sélectionnent parce qu'il y a parfois une grippe,
03:41c'est pas quelque chose de vraiment rentable, j'allais dire.
03:44Il n'y a pas que ça.
03:46C'est assez grave ce que vous dites tout de même ?
03:48Oui, c'est suffisamment grave pour qu'on soit conscient dans le département
03:51de la situation et des relations qu'il peut y avoir entre le privé et le public.
03:55Nous, l'hôpital public, on est obligé d'accueillir tout le monde.
03:58On ne peut plus orienter les personnes,
04:00en tout cas extrêmes, où on les envoie au CHU de Montpellier.
04:03Il y a des patients atteints de grippe dans le département
04:06qui se sont vus refuser l'accès à Medipo, la cabestanie ?
04:09Non, ça je ne peux pas vous le dire, je n'ai pas cette information.
04:12Mais ils ont quand même un niveau de capacité très limité
04:17et donc ils peuvent se permettre de nous renvoyer les patients
04:21si jamais c'est nécessaire.
04:22Il y a des hôpitaux en France,
04:24La Roche-sur-Yon en Vendée, Reims, dans la Marne,
04:26qui ont activé leur plan blanc.
04:27Il y a une trentaine d'hôpitaux qui ont activé leur plan blanc,
04:29ce qui permet aux directions de ces hôpitaux d'appeler du renfort.
04:33Est-ce que vous demandez à l'hôpital de Perpignan
04:36et à sa direction d'activer un plan blanc ?
04:38Un plan blanc, peut-être pas,
04:40mais de déclarer l'hôpital en tension, oui.
04:43Et ça changerait quoi ?
04:45Ça permettrait d'avoir plus de moyens,
04:47mais encore une fois, le moyen essentiel, ça reste le médecin,
04:51le praticien, et on n'en trouve pas à tous les coins de rue.
04:55Des praticiens qui veulent...
04:56Alors un urgentiste, c'est quand même pas un médecin généraliste,
04:59et c'est une formation très complexe.
05:01Ce sont des médecins très spécialisés malgré tout,
05:04et on n'en trouve pas, on n'en trouve plus.
05:07Même si on nous donne des moyens financiers,
05:10les urgences de l'hôpital de Perpignan sont très bien dotées,
05:13je ne devrais pas dire presque ça,
05:15en personnel non médical, c'est-à-dire infirmière, aide-soignant,
05:18et tout le personnel administratif et logistique qui gravitent dans ce service.
05:22On est très bien dotés,
05:24mais sans praticien et sans place de lit,
05:27il n'y a pas de miracle.
05:29L'équation est très simple.
05:30Et en même temps insoluble.
05:32Et en même temps insoluble.
05:34S'il n'y a pas de médecin.
05:35C'est un discours, c'est un domaine dans lequel on discute souvent,
05:40on parle souvent des urgences, des temps d'attente, etc.
05:42Mais il s'explique comme ça.
05:438h moins 10, vous écoutez ici Roussillon,
05:46notre invité François Sanchez, secrétaire du syndicat Force ouvrière
05:49et membre du conseil de surveillance de l'hôpital de Perpignan,
05:52Simon Colbeck, on parle des urgences.
05:53Oui, il faut appeler le 15 aujourd'hui avant d'aller aux urgences,
05:56est-ce que ça fonctionne ça au moins ?
05:58Est-ce que ça évite vraiment la bobologie souvent dénoncée par les médecins ?
06:03Alors oui, ça évite vraiment la bobologie.
06:05Il y a beaucoup de patients qui se présentent aux urgences
06:08et qui ne relèvent pas de l'urgence.
06:10Nous avons une maison médicale à l'établissement
06:14qui absorbe 50 000 patients par an
06:16et qui joue vraiment le jeu.
06:17Donc c'est un ensemble de médecins libéraux
06:19qui sont dans l'enceinte de l'hôpital
06:21et qui reçoivent pour la plupart ces éléments de bobologie, etc.
06:26Après s'il y a urgences, les patients sont vite réorientés vers les urgences,
06:30mais ça permet d'absorber une grosse capacité de patients.
06:33Mais aujourd'hui, ces 50 000 patients,
06:35sans cette maison médicale de garde,
06:36nous ne fonctionnerions pas au niveau des urgences.
06:39Donc le directeur territorial de l'ARS a décidé
06:42de réguler depuis la fermeture des urgences au printemps dernier
06:47de Médipole, qui vient à peine de réouvrir,
06:49et donc on a fermé les urgences la nuit.
06:52Vous sentez déjà une différence avec la réouverture la nuit
06:54des urgences de Médipole à Cavestany ?
06:55Alors je ne peux pas...
06:57C'est tout récent ?
06:58Pas vraiment, il y avait chez nous une grosse activité.
07:01Les urgences de l'hôpital de Perpignan
07:03peuvent absorber jusqu'à 200 patients par jour.
07:06L'activité, au moment où j'y étais, il y avait 78 patients.
07:11Maintenant, quand ce sont des patients lourds, très âgés, etc.,
07:15ce n'est pas la même population que l'été
07:17où vous avez 200 passages de...
07:19Il y a eu des moyens en plus, au moins financiers,
07:22qui ont été alloués à l'hôpital de Perpignan
07:23pour compenser la fermeture de nuit de Médipole à Cavestany.
07:26Il y a toujours fermeture la nuit des urgences de la Clinique Saint-Pierre ?
07:30Eh bien, pas vraiment.
07:32C'est un moyen constant pour l'hôpital ?
07:34Pour nous, c'est un moyen constant.
07:36Justement, quand on ferme les services d'urgence à la population
07:40et qu'ils sont obligés d'appeler le 15,
07:41on a été obligés de renforcer l'accueil.
07:43Et c'est 400 000 euros, par exemple, pour la partie sécurité,
07:46qui ne le sont pas.
07:48400 000 euros pour la partie sécurité ?
07:50Uniquement.
07:51Oui.
07:52Le fonctionnement de la sécurité aux urgences de l'hôpital ?
07:54Supplémentaire, supplémentaire.
07:56Rajouter du personnel pour surveiller.
07:58Rien que ça, c'est 400 000 euros ?
07:59Oui, par an.
08:00C'est dire aussi la tension qui peut régner parfois dans les salles d'attente.
08:03Très rapidement, François Sanchez, parce qu'on arrive à la fin de ce rendez-vous,
08:06mais il y a trois ans, s'en souvient, l'hiver 2022,
08:09les pompiers qui installent des tentes devant les urgences,
08:12tellement la situation était critique, ça peut se reproduire cette année ?
08:15Eh bien, je vais vous dire, ça peut toujours se reproduire.
08:19Ceci dit, j'espère que si on fait de la prévention,
08:23mais je ne vois pas comment.
08:25On peut nous allouer tous les moyens financiers du monde,
08:27ça ne nous fera pas accroître le nombre.
08:29Ça peut être la solution ? Vous dites qu'il faut les pompiers dès maintenant pour soulager les équipes ?
08:32Non, pas tout de suite.
08:33Hier, nous étions à 78 patients.
08:35Ce ne sont pas non plus...
08:37Voilà, ce sont des patients lourds, ce sont 78 patients.
08:40Certains urgentistes parlent demain de déclarer l'hôpital en tension.
08:44Est-ce que ça va nous permettre d'attribuer d'autres moyens complémentaires ?
08:48De peut-être équiper complètement l'unité saisonnière ?
08:51On a une unité saisonnière qui n'ouvre pas pour d'autres moyens aussi.
08:54Voilà, on a tout dit.
08:56Merci beaucoup François Sanchez.
08:57Je rappelle que vous êtes le secrétaire du syndicat Force Ouvrière à l'hôpital de Perpignan,
09:00membre aussi du conseil de surveillance.
09:02Bonne journée et bon courage à tout le personnel de l'hôpital.
09:05Merci beaucoup.
09:07Ici Roussillon,
09:08Actus locales,
09:09musique et bonne humeur,
09:11ici matin.
09:13La météo ici Roussillon avec vos messages sur notre WhatsApp
09:16au 04 68 35 5000.
09:18Moins d'eau aux Angles avec un ciel dégagé et c'est un peu frais.
09:22Pour ce matin, ça va être bien moins frais.
09:25Cet après-midi aux Angles, on va parler prévision de météo France.
09:28Dans les prochaines minutes, 1°C à Saint-Laurent-de-Cerdan.
09:30C'est sur la page Facebook.
09:32Ici Roussillon avec Sandrine.
09:34Et puis, on est en compagnie de Sandra à Côte d'Iesse-de-Fenouillette
09:37avec 4 petits degrés ce matin.
09:39La musique.
09:40Ah, je sais que vous allez aimer cette chanson en Christophe-Marie.
09:43Avec on s'attache.
09:44C'est ici Roussillon.
09:47J'ai pas de style.
09:51Pourtant pas hostile.
09:54Mais c'est pas pour moi le costard uniforme.