• il y a 11 heures
Pendant la semaine du 30 décembre au 5 janvier, la part des hospitalisations pour grippe et syndrome grippal parmi toutes les hospitalisations a atteint "un niveau d'intensité exceptionnellement élevé par comparaison aux saisons antérieures", selon Santé publique France.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Avec nous Bruno Mégardan, chef du service de réanimation de l'hôpital Lariboisiera à Paris.
00:04Bonjour et merci de nous accorder un tout petit peu de votre temps ce matin.
00:07Pierre-Marie Tardieu, chef du pôle des urgences du CHU de Nice est également là.
00:11Là aussi, merci, parce qu'on sait que le temps des soignants est précieux en ce moment.
00:15Bruno Pozzetto, virologue et professeur émérite à l'université de Saint-Etienne est également là.
00:20C'est simple, il suffit de regarder la carte.
00:22L'épidémie de grippe sévit sur toutes les régions de France.
00:26C'est rouge, ainsi qu'en Guadeloupe et en Martinique.
00:29Santé publique France a fait un dernier point hier avec à nouveau une hausse de nombre de cas qui se poursuit
00:35et un niveau d'intensité exceptionnellement élevé à l'hôpital Bruno Mégardan.
00:40Vous nous le confirmez, c'est aussi le cas à l'hôpital Lariboisière ?
00:45Oui, tout à fait. Nous avons un niveau de tension avec des passages importants aux urgences,
00:50essentiellement de personnes âgées, en raison non seulement de la grippe
00:54mais aussi de toutes les pathologies hivernales.
00:56Aujourd'hui, nous avons un record de nombre de patients admis sur des brancards
01:02en attente de l'idée d'hospitalisation.
01:04Donc la situation est effectivement tendue et le plan blanc a été déclenché hier
01:08dans l'ensemble des hôpitaux de l'assistance publique en Ile-de-France.
01:12Concrètement, ça veut dire qu'il y a combien de personnes à Lariboisière
01:15en attente sur un brancard, pour reprendre votre expression ?
01:20Alors, ce matin, il y a 23 patients, exactement, donc hospitalisés
01:26mais ayant passé la nuit sur des brancards, en attendant ce matin
01:30d'éventuelles libérations de lits pour pouvoir être transférés
01:34sur des lits classiques de médecine.
01:36C'est pourquoi le plan blanc prévoit évidemment un renforcement
01:40de la disponibilité de certains lits avec une meilleure orientation
01:45de certains lits de spécialité vers les patients admis en urgence.
01:49A ce jour, il n'y a pas encore de déprogrammation.
01:54Alors, ce ne sont pas que des patients grippés,
01:58il y a évidemment des patients grippés entre autres,
02:00mais il y a surtout des personnes âgées qui décompensent leur pathologie chronique
02:04à l'occasion de l'hiver et du froid.
02:06Plan blanc donc déclenché hier soir dans tous les hôpitaux de l'APHP
02:10en Ile-de-France, plan blanc aussi au CHU de Nice, Pierre-Marie Tardieu,
02:14je rappelle que vous êtes le chef de pôle des urgences du CHU de Nice.
02:18Comme mon collègue aussi sur Nice, donc beaucoup, beaucoup de patients,
02:22on a atteint des records d'entrée journalier puisqu'on est monté
02:26jusqu'à 320 passages par jour avec plus de 100 patients présents
02:30dans les urgences en même temps.
02:33Donc des équipes qui sont malgré tout au complet et qui ont pu prendre
02:39la majorité de nos patients qui ont plus de 75 ans et la plupart du temps
02:46pour 30% grippés avec des tests positifs grippe à 30%.
02:50La même problématique que mon collègue, depuis le 30 décembre lundi dernier,
02:54nous sommes en plan HET de niveau 3, on essaie absolument avec notre direction
02:59de ne pas passer en plan blanc pour ne pas déprogrammer la chirurgie
03:03et bousculer toutes nos spécialités hospitalières.
03:09Et depuis hier, on a ouvert une unité supplémentaire dans le cadre
03:13de ce plan HET 3 avec l'aide des spécialités de Dili et ce qui nous permet
03:19vraiment d'avoir maintenant un aval qui augmente puisque c'était
03:24la problématique d'aval avec une quinzaine de patients en attente
03:28d'hospitalisation chaque matin.
03:30Bruno Mégarbane, ce que vous dites tous les deux, c'est que parmi vos patients
03:34aux urgences et donc grippés, il y a beaucoup de personnes âgées.
03:37Or, en principe, c'est la catégorie de la population qui est la plus vaccinée
03:42Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le virus, comme on l'entend ici ou là,
03:46est beaucoup plus virulent cette année ?
03:51Non, en fait, effectivement, c'est la catégorie de patients
03:55les plus vaccinés, mais malheureusement, le taux de vaccination
03:58de cette catégorie reste très faible, en tout cas inférieur à celui
04:02de l'année passée. Donc, il y a eu probablement une campagne de vaccination
04:05qui n'a pas bien fonctionné et les personnes qui sont admises
04:09pour grippe à l'hôpital sont quasiment exclusivement non-vaccinées.
04:13Donc, le vaccin fonctionne, même si, évidemment, il ne protège pas
04:16à 100% de la grippe. Par contre, il évite de faire une forme grave
04:20de la maladie et d'être admis à l'hôpital.
04:22Vous dites quoi ? Il y a un nouveau ministre de la Santé, vous lui dites
04:25qu'il faut relancer une campagne de vaccination, il faut inciter davantage
04:28les personnes âgées à se faire vacciner, il est encore temps ?
04:32Alors, je dirais qu'il est toujours temps de se faire vacciner, même si,
04:35évidemment, dans l'idéal, il aurait fallu le faire il y a plus d'un mois
04:39au moment du début de la vaccination. Maintenant, le mieux, évidemment,
04:43c'est quand même de se faire vacciner et puis d'être extrêmement prudent.
04:47Donc, si vous êtes en contact avec des personnes plus jeunes,
04:51car le virus circule essentiellement dans la population des adolescents
04:56et des enfants, à ce moment-là, mettre un masque pour se protéger
04:59de la contamination, car cette contamination se fait par des gouttelettes,
05:03elle est parfaitement stoppée par le masque qui protège la personne
05:06qui le porte.
05:08Justement, Pierre-Marie Tardieu, est-ce qu'il ne faudrait pas aussi dire
05:11à ceux qui nous regardent qu'il faut peut-être remettre le masque
05:15et notamment dans les zones publiques ?
05:20Alors, nous, on a remis le masque immédiatement dans tous nos hôpitaux
05:25et donc le personnel soignant et les patients sont masqués,
05:29ainsi que les visites des patients hospitalisés sont masquées dans nos hôpitaux.
05:33Peut-être que le bon sens ne suffit pas puisque, malgré tout,
05:38on en a marre même de nous voir, nous tous médecins,
05:41on se bat pour la vaccination, pour anticiper ces crises
05:45où on se voit chaque année pour les mêmes crises hibernales,
05:48aux urgences, donc on demande aux gens de se vacciner,
05:51on demande au personnel soignant de se vacciner,
05:54on demande à tout le monde de se vacciner
05:57puisque c'est que comme ça qu'on n'arrive pas à ne plus avoir
06:02cet afflux massif de patients polypathologiques atteints de la grippe.
06:07Il est important vraiment d'adopter des mesures barrières à tous les citoyens,
06:13c'est-à-dire le lavage des mains, protéger les anciens,
06:16mettre un masque quand vous êtes nombreux et qu'il y a quelqu'un de grippé.
06:21On a bien vu que pendant ces vacances, et c'est ce qui se passe chaque année,
06:24pendant les vacances scolaires, les réunions de Noël,
06:27les réunions du jour de l'an, le virus se propage
06:30et une fois qu'il se propage, en plus, on le déverse dans les écoles à la rentrée
06:35et donc ça se redéverse à nouveau familialement
06:38et donc les personnes âgées polypathologiques,
06:41mais les patients jeunes polypathologiques aussi
06:44qui ne sont pas vaccinés pâtissent de tout cela
06:47et se retrouvent donc en déchocage ou hospitalisés dans nos hôpitaux.
06:52C'est un cercle vicieux Bruno Mégarban, ça veut dire que le pic,
06:55on ne l'a pas encore atteint de cette épidémie ?
06:58Oui tout à fait, l'épidémie cette année est beaucoup plus importante en nombre de cas
07:05et donc nous avons toujours une augmentation des contaminations
07:09et donc le pic n'est pas atteint, il est plus précoce,
07:11mais il n'a pas été encore atteint, il sera probablement plus ample
07:15et donc ceci témoigne non seulement d'un nombre de patients un peu plus naïfs
07:20que les années précédentes, mais aussi probablement en raison
07:23de l'augmentation des hospitalisations et probablement malheureusement des décès,
07:27d'une virulence plus importante des souches qui circulent cette année.

Recommandations