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L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin était l'invité de "Tout le monde veut savoir" ce mercredi. Il évoque les positions de Donald Trump sur la politique internationale et ses velléités sur le Canada ou le Groenland. 

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Transcription
00:00Alors, le premier ministre démissionnaire du Canada, Justin Trudeau, a immédiatement réagi.
00:03« Jamais, au grand jamais, dit-il, le Canada fera partie des États-Unis. »
00:08Jean-Pierre Raffarin, ces déclarations de Donald Trump, est-ce qu'il faut les prendre au sérieux ?
00:12Bien sûr, il faut tout prendre au sérieux quand on est le président élu,
00:15parce qu'il a quand même un peuple derrière lui.
00:18La démocratie, c'est la démocratie.
00:19Donc, il faut prendre tout ça au sérieux.
00:22Et il faut faire très attention, parce qu'il faut le combattre.
00:25Mais en même temps, il ne faut pas considérer l'Amérique comme un ennemi global.
00:29Faisons très attention.
00:30On n'est ennemi qu'avec les gens avec lesquels on est en guerre.
00:33Aujourd'hui, on est ennemi de la Russie, mais on n'est pas ennemi des États-Unis.
00:36On n'est pas ennemi de la Chine.
00:37On est adversaire, on est concurrent, mais on est aussi dépendant d'un peu de ce qu'ils font.
00:41Donc, faisons très attention à ce qu'il n'y ait pas une escalade permanente.
00:44Je vois actuellement toutes déclarations à propos de l'Afrique,
00:47créer des mobilisations d'opinion publique,
00:49d'autres déclarations contre les États-Unis, contre l'Angleterre.
00:52L'Angleterre, c'est vrai qu'on a des désaccords importants avec l'Angleterre.
00:55Ils ont quitté l'Union européenne, mais il ne faut pas tous les jours être en revanche sur l'Angleterre.
00:58On a besoin de la défense anglaise avec la défense française pour avoir une défense européenne.
01:03Qu'est-ce que ça dit de Donald Trump ?
01:05À quoi il faut s'attendre en matière de politique étrangère dans ce second mandat ?
01:08Ça veut dire que l'Europe doit prendre ses positions.
01:11Il ne faut pas compter sur les États-Unis pour notre protection.
01:14On ne peut pas compter suffisamment sur les États-Unis.
01:17Donc, le président de la République française a raison de dire qu'il faut une défense européenne.
01:20D'où l'importance d'avoir un accord avec les Anglais.
01:23D'où l'importance de voir les pays non pas comme des ennemis globaux,
01:26mais comme des adversaires sur certains sujets et comme éventuellement des partenaires sur d'autres.
01:30On peut très bien laisser la Grande-Bretagne être sur des options très atlantistes d'un côté,
01:35mais sur les questions de défense parce qu'il y a les géographies
01:37et que si la Russie attaque l'Europe, elle attaquera aussi le Royaume-Uni.
01:40Et donc, le Royaume-Uni, en question de sécurité, il est aussi avec nous.
01:43C'est pour ça qu'il faut aussi un esprit de nuance, un esprit qui accepte cette idée de complexité.
01:48Aujourd'hui, on a les ennemis, ceux avec qui on est en guerre.
01:51Les autres, ce sont des gens qui sont en partie adversaires et en partie partenaires.
01:55Et Donald Trump, adversaire ou partenaire ?
01:57Il y a les deux dans l'Amérique.
01:59Il est évident que politiquement, c'est un adversaire, mais l'Amérique n'est pas un adversaire.
02:02La même chose avec la Chine.
02:04Le système politique de la Chine est un système politique adversaire,
02:09mais le pays chinois n'est pas un adversaire.
02:11Les entreprises ne sont pas des adversaires.
02:13On doit travailler aussi avec eux parce qu'ils sont clients, ils sont fournisseurs.
02:16On est dans un monde complètement interdépendant.
02:19Donc, veillons à ce qu'il n'y ait pas l'escalade des brutalités parce que tout ça, ça finira mal.
02:24Je vous le dis, ça fait 60 ans que je fais de la politique.
02:27Aujourd'hui, je suis très inquiet de la montée de la violence qui commence par la violence verbale
02:31parce que les opinions publiques, elles sont en train de se redire.
02:34Et vous savez, l'opinion publique, c'est assez facile de les monter.
02:37Mais quand il faut, après, abaisser les tensions, c'est très, très dur.
02:41Quand les cœurs sont partis pour la révolte, on a du mal à les arrêter.
02:44Et donc, faisons très attention aujourd'hui et pratiquons quand même des stratégies
02:48qui sont des stratégies plus paisibles, même s'il faut dire avec fermeté ce que nous avons à dire.
02:52Mais ce n'est pas un acte de faiblesse que de pouvoir dire qu'un même pays,
02:57il peut être un partenaire et peut être en même temps quelque chose à combattre et qui est un adversaire.

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