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00:00« Envie de rire ne disparaîtra jamais », c'est les propos de Rhys, directeur de la publication de Charlie Hebdo dans le numéro spécial « Apparaître Demain ».
00:06C'est une semaine particulière que nous allons vivre, les dix ans de l'attentat de Charlie Hebdo, c'était le 7 janvier 2015,
00:13des terroristes islamistes, les frères Kwashi qui ont abattu des membres de la rédaction de Charlie Hebdo,
00:18trois jours d'horreur où le terrorisme islamiste a frappé notre pays, le meurtre de la policière municipale Clarissa,
00:25Jean-Philippe par Amédie Coulibaly le jeudi 8 janvier, la prise d'otage de l'hypercachère Porte de Vincennes à Paris le vendredi 9 janvier,
00:34et au même moment la traque des frères Kwashi jusqu'à l'imprimerie de Domartin en Jôle en Seine-et-Marne.
00:41Comment aviez-vous vécu cette semaine ? Moi je me souviens évidemment du rassemblement du dimanche,
00:45c'était un des souvenirs les plus forts, 4 millions de personnes dans la rue et à Paris, on avait rarement vu autant de gens.
00:52Dix ans plus tard, quels souvenirs ? Vous pourrez évidemment témoigner au numéro qu'on va rappeler d'ailleurs,
00:58le 01 80 20 39 21.
01:01Mais je voudrais qu'on écoute ce matin plusieurs extraits de l'exceptionnel podcast d'Europe 1, au cœur de l'actu, il y a dix ans l'attentat de Charlie Hebdo,
01:10et si Philippe Val qui a témoigné, ils ont été tués pour des dessins, je voudrais qu'on l'écoute à plusieurs reprises ce matin.
01:17On a vengé le prophète Mohamed.
01:19Ces mots, ce sont ceux prononcés par les frères Kwashi après l'attentat perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo.
01:26Le 7 janvier 2015, armée de Kalachnikov, ces terroristes fanatiques ont assassiné des journalistes, des dessinateurs, des caricaturistes avec une violence inouïe, pour des dessins, des dessins.
01:40C'est vraiment un podcast que je vous propose, que je vous conseille d'écouter.
01:45Philippe Val a été directeur de Charlie Hebdo jusqu'en 2009, il n'était plus évidemment directeur de Charlie au moment de 2015, mais c'était ses amis.
01:54Deuxième passage, la religion la plus critiquée dans Charlie Hebdo, il en parle.
01:59Lors du procès des caricatures, on a fait une étude des unes et des numéros pour voir quelle religion était la plus critiquée dans nos pages.
02:06La religion catholique était, je crois, si j'ai bonne mémoire, à peu près à 92%.
02:11La religion juive, 2 ou 3%.
02:14Et l'islam, 2%.
02:16Il y avait quelques atomes de bouddhisme aussi.
02:19Alors évidemment, ce podcast est l'essentiel et commenté par Philippe Val, mais il y a également d'autres intervenants, notamment Kabu, le célèbre dessinateur, qui est mort, évidemment, en janvier 2015, et qui était au micro d'Europe 1 en novembre 2006.
02:35Notre position, ce n'est pas de stigmatiser une communauté, c'est de stigmatiser des fanatiques.
02:40Notre position, c'est qu'on doit avoir la liberté de critiquer toute la religion.
02:44Donc, on doit pouvoir critiquer aussi la religion musulmane.
02:47Alors en 2006, évidemment, le climat n'était peut-être pas encore le même qu'en 2015 et qu'a fortiori aujourd'hui, puisque je ne suis pas sûr qu'on se risquerait à ce type de caricature à la une d'un grand journal aujourd'hui.
03:00Mais Philippe Val, en 2006, précisément, était revenu.
03:05Il était, lui, le directeur à ce moment-là de l'équipe de Charlie Hebdo et c'était lui qui était le directeur de ces caricatures en 2006.
03:12Écoutons-le.
03:13Sur la demande du ministère de l'Intérieur, nous avons dû changer tous les vitrages de nos bureaux pour mettre des vitres blindées.
03:19Tous les matins, il y avait des policiers qui arrivaient avec des gants dans mon bureau pour ouvrir mon courrier.
03:24Ils craignaient que les lettres soient piégées, contaminées à l'anthrax.
03:27Il y a même eu un moment où la menace était tellement forte qu'il ne fallait pas qu'on s'arrête dans Paris.
03:32Un des témoignages peut-être les plus forts de ce podcast, c'est lorsque Philippe Val raconte le moment où il arrive dans les locaux après l'attentat en même temps que Manuel Valls.
03:42Dans le hall de l'immeuble, il y avait du sang partout.
03:45Manuel Valls monte dans la salle de rédaction et il me dit d'attendre en bas.
03:49Quand il revient, quelques instants plus tard, il est livide, il est effondré.
03:57Il me dit, n'y va pas. Je n'y suis pas allé.
04:02Je le remercie pour ça parce que je n'ai pas à chasser ces images-là de ma mémoire.
04:07C'est vrai qu'on critique parfois les hommes politiques sur leurs résultats,
04:12mais ce qu'ils vivent au quotidien et quand ils sont confrontés,
04:17lorsqu'ils sont premiers ministres, ce qui était le cas de M. Valls.
04:20Lorsqu'on est ministre de l'intérieur, je crois que c'est Nicolas Sarkozy qui racontait qu'un petit enfant lui avait demandé, un jour,
04:26« Fais sortir mon père de la boîte ! »
04:28Et que, évidemment, quand on est ministre de l'intérieur, on est confronté en permanence à cette réalité
04:34qui, dans nos propres vies, nous ne voyons jamais.
04:37Nous ne voyons jamais une scène d'horreur comme celle-là.
04:40Donc, évidemment, elle est marquée au fer rouge dans le cerveau de Manuel Valls.
04:48Je vous propose d'écouter à présent Laurent Léger qui a survécu à l'attentat à Charlie Hebdo
04:54et il est évidemment dans ce podcast également.
04:57En quelques secondes, c'était fini. En fait, le tireur a tiré partout, dans le tas.
05:06Ils ont eu tous ceux qui étaient autour de la table, qui n'ont pas eu la chance d'être, comme moi, placés,
05:13de façon à pouvoir se jeter dans un coin.
05:17Et puis après, c'est le silence parce qu'il n'y a plus personne.
05:20Moi, je pense qu'il a tué tout le monde.
05:22Podcast qui dure à peu près une heure, c'est trois épisodes de 20 minutes,
05:27réalisés par les équipes de Julien Pichenay, également avec les archives d'Europe 1.
05:31Et vous venez d'entendre Laurent Léger à l'instant.
05:34Un autre extrait que je voulais vous proposer,
05:36c'est Sophie qui est otage de l'Hyper Cacher, porte de Vincennes à Paris.
05:41Coulibaly a posé une de ses armes automatiques
05:45et le jeune homme qui était en face de lui a pris le fusil d'assaut
05:50et a voulu lui tirer une balle et lui, il a été plus rapide,
05:53il lui a mis une balle dans la gorge ou je ne sais pas, à côté de nous
05:57et le pauvre jeune homme est tombé.
06:00La puissance évidemment du témoignage et la frayeur également de ces témoignages,
06:04la traque des Frères Kouachy jusqu'à l'imprimerie d'Amartin en Jaule,
06:09avec le témoignage de Michel Cattelano qui était celui qui dirigeait cette entreprise
06:14et qui a vu arriver les Frères Kouachy.
06:16Quand ça a sonné, on a ouvert, j'ai dit à Lilian, ouf, ça doit être le fournisseur.
06:20En même moment, j'ai vu donc une Kalachnikov et un lance-roquette
06:25et là, j'ai compris tout de suite, j'ai cru d'abord être dans un film.
06:29Donc je me suis retourné, j'ai marché calmement, j'ai été voir Lilian,
06:32je lui ai dit de se cacher en croyant faire bien
06:36et en fait, je les ai entendu monter l'escalier,
06:38donc j'ai vécu une scène assez incroyable puisque je leur ai offert le café,
06:41puisqu'ils m'ont dit ne vous inquiétez pas, appelez la gendarmerie, ça va se terminer maintenant.
06:44Et Lilian, dont parle Michel Cattelano qui est un de ses employés,
06:48est resté huit heures, huit heures caché dans un placard.
06:52Philippe Val depuis est toujours menacé de mort.
06:56C'est une affiche Wanted avec ma photo où il est inscrit mort ou vif.
07:00Et il y a des fanatiques qui tombent sur cette affiche, sur le Darknet
07:03et qui sont persuadés qu'ils doivent m'assassiner.
07:05Voilà, il n'en faut pas plus.
07:07Et cette menace tourne.
07:09Je ne sais pas si ça s'arrêtera un jour.
07:11Pour l'histoire, j'ai envie de dire, écouter ce témoignage,
07:14évidemment c'est une actualité fort sombre que de l'écouter,
07:17que de se replonger dans ce 7 janvier 2015.
07:21Mais vraiment, c'est un document tout à fait exceptionnel
07:24que j'invite tous les auditeurs d'Europe 1 à écouter.
07:27Et bien sûr, félicitons une nouvelle fois les équipes de Julien Péchenay
07:33pour la qualité de ce documentaire.
07:35On marque une pause, vous allez pouvoir réagir.
07:37Vous voulez dire un mot peut-être Gérardine ?
07:39Non, pas du tout.
07:40Non, non, j'attendais que vous lanciez la publicité.
07:43Et bien nous y allons à 11h14, à tout de suite.
07:45Réagissez au 0, 1, 80, 20, 30, 9, 20
07:47et avec Pascal Proé de 11h à 13h sur Europe 1.
07:50Europe 1
07:51Pascal Proé de 11h à 13h sur Europe 1
07:53Pascal, nous avons Alberic en ligne avec nous.
07:55Et on va être avec Alberic dans une seconde.
07:57Simplement, je salue évidemment notre ami Laurent Tessier
08:00qui est le rédacteur en chef de cette émission.
08:02On l'a dit, c'est une semaine particulière que nous allons vivre.
08:05Et chaque jour jusqu'à vendredi, sans doute,
08:07évoquerons-nous le drame de Charlie Hebdo.
08:10Nous aurons un invité chaque jour avec la présence
08:12de Philippe Val cette semaine, du dessinateur Plantu
08:15et également de celles et ceux qui ont participé
08:17à la libération des otages de l'Hypercacher.
08:19Alberic, bonjour, vous êtes professeur
08:21et merci d'être avec nous.
08:24Cette liberté d'expression aujourd'hui
08:27qui est au cœur parfois de tous ceux
08:29qui prennent la parole, parfois en public
08:31comme nous, lorsqu'on est à l'antenne,
08:33parfois en public aussi dans un cercle plus restreint.
08:37C'est le cas d'un professeur devant ses élèves.
08:39J'imagine que ces dossiers-là,
08:41puisque vous êtes un professeur vous-même,
08:43vous interpellent et que vous ne faites pas
08:46ce que vous faisiez peut-être en 1995,
08:50il y a 30 ans.
08:52Bonjour, Pascal.
08:54Mes meilleurs voeux, malgré le contexte.
08:57Dix ans, c'est énorme.
09:00Il s'est passé, bien évidemment,
09:02beaucoup de choses atroces depuis dix ans
09:04et notamment, dans mon corps professoral,
09:08c'est clair que nous avons été marqués
09:10par Dominique et par Samuel
09:12et nous ne céderons pas.
09:15Il faut défendre notre patrimoine culturel
09:18et l'enseignement que nous faisons
09:20et que nous devons donner.
09:22Bien sûr, ça peut déranger ce style d'humour,
09:26cette manière de rire,
09:28mais c'est ancré dans notre histoire
09:30et c'est notre patrimoine.
09:32Et s'il faut risquer notre vie
09:36pour défendre cette liberté,
09:39nous le ferons toujours.
09:41Maintenant, il ne faut pas que le politiquement correct dévoyé
09:44nous décourage ou ne nous soutienne pas
09:48parce que nous n'avons pas de soutien.
09:50Donc moi, après dix ans de Charlie,
09:52j'ai peur
09:54et je suis exaspéré
09:56par les gens
09:59qui ne répondent pas à leur mission
10:02de nous défendre et de nous protéger.
10:04Mais oui, il y a beaucoup d'autocensure.
10:06Il y a trop de censure
10:08et toujours dans le même sens.
10:10C'est l'autocensure, c'est là que c'est très pernicieux.
10:12Je crois que c'est Elie Semoun qui disait cela.
10:14Je l'ai entendu ce matin à 6h15
10:16justement avec Laurent Tessier.
10:18Oui, parfois j'ai peur et je m'auto-censure.
10:20C'est ce qu'il disait dans le JD News.
10:22Mais c'est dingue !
10:24Il ne faut pas s'auto-censurer.
10:26Autrement on ne peut pas avancer.
10:28Moi-même, Pascal,
10:30je suis de confession catholique
10:32et je suis un pratiquant engagé.
10:34J'ai plaisir à travailler
10:36dans un contexte non confessionnel et laïc
10:38parce que j'ai un vrai patrimoine culturel
10:40et une expérience d'un siècle
10:42de respecter la laïcité.
10:44C'est nous qui en ramassons en général
10:46d'une manière très libre, plein la gueule
10:48dans l'humour
10:50et les autres qui font peur,
10:52on a peur d'eux.
10:54Non !
10:56Nous devons être soutenus dans notre humour
10:58même quand l'humour dérange,
11:00même quand il peut paraître blasématoire.
11:02Nous devons préserver cela
11:04parce que c'est quelque chose d'important
11:06et c'est quelque chose
11:08qui doit être soutenu.
11:10Donc ça suffit la démission.
11:12Il faut réagir.
11:14J'entends tout ce que vous dites,
11:16mais hélas, c'est démenti par la réalité.
11:18C'est-à-dire qu'il suffit,
11:20le monde de l'humour,
11:22d'écouter des sketchs des inconnus,
11:24par exemple, qui mettent en place
11:26parfois des personnages
11:28issus de l'immigration il y a 20 ans, 30 ans.
11:30Aujourd'hui,
11:32ils ne feraient plus ça
11:34parce qu'ils ne prendraient pas le risque
11:36de venir sur ces terrains-là.
11:38Et pourtant,
11:40c'est encore courageux de leur part
11:42parce qu'ils sont en replay
11:44et ils soutiennent leur replay.
11:46Oui, mais ce n'est pas la même chose
11:48parce que soutenir un replay,
11:50c'est considérer
11:52qu'à l'époque, on pouvait le dire,
11:54mais ils ne l'écriraient pas aujourd'hui.
11:56Vous savez, on est tous pareils.
11:58On voit souvent des films
12:00des années 60, 70.
12:02On se fait tous la réflexion,
12:04mais 80, 90, on ne pourrait plus avoir
12:06cette scène-là. On ne pourrait plus écrire comme ça.
12:08On ne pourrait plus chanter comme ça, etc.
12:10Il faut réagir.
12:12Sauf que les populations ont changé.
12:14Les jeunes ne sont plus,
12:16même, je ne suis pas sûr,
12:18vous avez quel âge, Alberic ?
12:20J'ai 54.
12:22Je ne suis même pas sûr que la jeune génération soit
12:24sur votre ligne.
12:26Je suis en contact avec des jeunes
12:28qui sont loin d'être réactifs
12:30et qui sont très bienveillants et tolérants.
12:32Et je peux vous assurer,
12:34il ne faut pas voter pour remettre des choses sur les rails.
12:36Oui, mais c'est des sujets...
12:38J'ai cité
12:40tellement de fois cette phrase que
12:42j'adore, un homme, c'est son époque.
12:44Si j'avais 20 ans, je penserais sans doute comme un gosse
12:46de 20 ans, sauf que j'en ai 60 et que j'ai grandi
12:48dans une France qui était très différente
12:50de ce point de vue-là, sur ces sujets-là.
12:52On est avec Claude Moniquet,
12:54que vous connaissez,
12:56qui interviendra
12:58tout à l'heure dans le sujet,
13:00évidemment sur les influenceurs algériens,
13:02spécialiste des questions de terrorisme.
13:04Claude Moniquet,
13:06quel regard précisément
13:08vous pouvez porter sur cette France
13:10et cet Occident, parce que
13:12vous êtes en Belgique, qui évolue
13:14et qui voit sur
13:16lui des pressions
13:18contaminées,
13:20j'ai envie de dire, son espace
13:22d'expression
13:24dans les domaines
13:26publics.
13:28Bonjour Pascal, écoutez, je partage
13:30votre avis, je pense que
13:32régulièrement, je me fais la réflexion
13:34de voir un vieux film en me disant
13:36on ne pourrait plus faire ça aujourd'hui, et je crois
13:38qu'on a tous ce réflexe, enfin ceux qui ont
13:40je suis un peu plus âgé que vous, mais ceux qui ont
13:42notre génération, d'autres cas qui sont de notre génération,
13:44ça a mal évolué,
13:46on a
13:48trop reculé,
13:50on a confondu tolérance
13:52et faiblesse. La tolérance, c'est magnifique,
13:54c'est très bien, et la laïcité d'ailleurs,
13:56c'est la tolérance,
13:58mais on l'a transformée en faiblesse, on a laissé faire
14:00des choses sans que les autorités
14:02réagissent pendant des années et des années,
14:04et bien à l'arrivée, on se
14:06retrouve dans le meilleur des cas, avec
14:08une progression de l'islamisme
14:10et qui impose un non-dit
14:12dans les classes, dans les
14:14écoles ou dans les médias,
14:16et dans le pire des cas, on se retrouve le
14:187 janvier au matin avec Charlie Hebdo,
14:20c'est le résultat
14:22d'une faiblesse
14:24coupable, d'une abstention
14:26coupable, pour utiliser un terme pénal,
14:28de l'État qui a
14:30laissé faire les choses sans réagir.
14:32On en reparlera tout à l'heure, mais le fait
14:34que deux des trois
14:36influenceurs qui sont poursuivis pour le moment
14:38soient sous OQTF,
14:40ça n'a déjà pas empêché
14:42de proférer des erreurs sur les réseaux,
14:44ce qui montre bien que l'État
14:46ne fait pas peur. L'État
14:48n'impose pas son autorité
14:50et a renoncé manifestement,
14:52alors il s'est repris depuis,
14:54mais il s'est repris trop tard.
14:56Claude Meunier qui est avec nous, les spécialistes des questions de
14:58terrorisme, vous êtes sur Europe 1, il est 11h23,
15:00ce qui est ennuyeux, si j'ose
15:02dire dans ce que vous dites, c'est que certains
15:04ont tiré la sonnette d'alarme
15:06dans les années 80 et 90,
15:08mais ceux qui tiraient la
15:10sonnette d'alarme étaient
15:12mis au banc
15:14de la société politique.
15:16Disons clairement les choses,
15:18Jean-Marie Le Pen, alors il y avait
15:20des raisons autres
15:22qui faisaient qu'il était
15:24parfois mis au banc
15:26de la société politique, et je pense qu'il avait
15:28notamment dit sur les
15:30chambres à gaz, mais sur ces sujets
15:32là, le Front National
15:34et la droite, une certaine droite
15:36jusque dans les années 90, 92,
15:3893, a été assez
15:40vigilante, et puis après il y a eu un changement,
15:42ce changement, il
15:44intervient au moment où Jacques Chirac a perdu en
15:461988, où il passe
15:48d'une droite peut-être plus rude à une droite
15:50qui est peut-être plus consensuelle,
15:52disons-le, et à ce moment
15:54là, pour
15:56plaire peut-être
15:58à l'espace médiatique,
16:00il change de discours
16:02et il est moins sur une
16:04ligne qui était celle par exemple de Charles
16:06Pasqua dans les années 80, Claude Muniquet.
16:08Oui, alors il y a
16:10effectivement eu des politiques courageuses,
16:12comme vous avez cité, il y a eu des journalistes,
16:14il y a eu des écrivains, mais c'était
16:16difficile. Je me rappelle,
16:18alors je vais citer un cas personnel, sans faire
16:20d'autopublicité, mais je me rappelle que quand il y a
16:2220 ans ou 22 ans,
16:24j'expliquais dans certains médias
16:26qu'un jour
16:28nous aurions
16:30en France, en Belgique, en Europe,
16:32des vagues d'attentats,
16:34on me riait au nez en me traitant
16:36d'extrémiste ou
16:38de visionnaire mal
16:40inspiré.
16:42Jusqu'au jour où j'étais agressé à la sortie d'un
16:44pilote télévision, là on a un peu moins ri,
16:46mais c'était comme ça
16:48que ça se passait. On marginalisait les gens
16:50qui essayaient
16:52de tirer la semaine d'alarme
16:54en les traitant
16:56de prophètes de mauvaise augure,
16:58de corbeaux,
17:00ça c'était un climat très dur.
17:02Et puis après, tout le monde
17:04s'est engouffré en tout cas verbalement
17:06dans la condamnation de l'extrémisme,
17:08mais trop souvent et trop longtemps, et surtout
17:10pour les politiques, ça s'est
17:12retenu à une condamnation
17:14verbale.
17:16Avant Charlie Hebdo, il y a eu très peu d'actes.
17:18On va marquer une pause, puisqu'on va parler
17:20de ces trois influenceurs algériens interpellés
17:22pour des vidéos postées sur les réseaux sociaux.
17:24Nicolas Sarkozy rappelle également
17:26régulièrement que lorsqu'il a proposé
17:28les charteurs pour renvoyer
17:30certaines personnes en situation illégale
17:32en France, il s'est fait insulter à l'Assemblée nationale.
17:34C'était une réalité.
17:36Il est 11h26, nous marquons une pause.
17:38Si vous nous rejoignez
17:40lorsque vous étiez en vacances
17:42ces derniers temps et que vous écoutiez moins la radio
17:44parce qu'il y avait des petits-enfants,
17:46pourquoi pas chez vous, on vous souhaite la bonne année,
17:48une belle et heureuse année, amour et santé.
17:5011h26, à tout de suite.
17:52Restez bien avec nous, la suite de Pascal Praud et vous,
17:54c'est dans un instant. Et vos réactions, bien sûr,
17:56au 01.80.20.39.21,
17:58vous écoutez Europe 1.
18:0011h13, Pascal Praud
18:02sur Europe 1. Nous terminons
18:04le chapitre
18:06Charlie Hebdo, si j'ose dire,
18:08alors que Claude Muniquet, évidemment,
18:10est resté avec nous, il est spécialiste des questions de terrorisme
18:12et il va pouvoir nous parler des trois influenceurs
18:14algériens interpellés pour des vidéos
18:16postées sur les réseaux sociaux.
18:18Je voulais qu'on écoute Sébastien Chenus
18:20qui concluait
18:22sur l'époque que nous traversons
18:24aujourd'hui.
18:26Dix ans après, on est moins libre
18:28dans son expression en France,
18:30c'est-à-dire les professeurs, les journalistes,
18:32les autorités publiques,
18:34les fonctionnaires ont compris que
18:36nous-mêmes publiés,
18:38mais nous on ne publie pas de caricatures.
18:40Est-ce que vous pourriez en parler ?
18:42On en parle d'ailleurs, mais nous savons qu'il y a
18:44un risque manifeste, un risque pour nos vies
18:46et comment accepter que dans un pays comme la France
18:48de liberté, dans lequel le droit
18:50au blasphème, à la caricature, moi je suis attaché
18:52à tout ça, existe depuis
18:54longtemps, on puisse se dire qu'aujourd'hui, ne serait-ce
18:56que dire « je suis Charlie » est
18:58devenu presque iconoclaste.
19:00Mais qu'est-ce que ça veut dire, ce slogan ?
19:02Elisabeth Bornel, ministre de l'Education nationale,
19:04on peut montrer ou pas
19:06les caricatures aux élèves dans la classe ?
19:08Elle a répondu hier sur BFM.
19:10Je pense que c'est important d'expliquer
19:12aux élèves ce que veut dire
19:14la liberté d'expression, la liberté
19:16de la presse dans notre pays.
19:18On peut leur montrer ces caricatures ?
19:20Oui, on peut leur montrer ces caricatures, et je vous
19:22dis, ça fait l'objet d'un travail,
19:24c'est pas des sujets très simples
19:26pour tous les enfants, et donc
19:28ça fait l'objet d'un travail, non pas
19:30cinq minutes dans l'année, mais tout au long
19:32de l'année, et c'est ce travail
19:34qui sera partagé avec les élèves, mardi.
19:36C'est demain mardi,
19:38et effectivement, la journée,
19:40si j'ose dire, ne va pas être simple.
19:4217 personnes auront perdu la vie
19:44en trois jours, il y a dix ans. Que s'est-il
19:46passé ensuite ? Les attentats du 13 novembre 2015,
19:48le professeur Samuel Paty
19:50décapité en octobre 2020,
19:52le professeur Dominique Bernard tué
19:54par le terrorisme islamisme,
19:56qu'est devenu l'esprit Charlie ?
19:58Des humoristes qui ont peur,
20:00qui repensent aux propos d'Elise Emoun dans le JD News
20:02que citait tout à l'heure Laurent Tessier.
20:04Pourquoi je pèse mes mots, dit-il ?
20:06Parce que j'ai peur, parce que je m'auto-censure.
20:08Aujourd'hui, il ne s'agit plus
20:10de se demander, peut-on rire de tout ?
20:12Mais plutôt, peut-on rire
20:14de vous ?

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