Category
🗞
NewsTranscription
00:00Europe 1, 11h-13h, Jacques Serret et vous.
00:0511h33 sur Europe 1, belle matinée à l'écoute de Jacques Serret et vous.
00:10Réagissez au 01-80-20-39-21, les images d'Elisabeth Borne à Mayotte vous ont-ils choqués ?
00:16On attend vos réactions Jacques.
00:18Oui, c'est une vidéo qui fait beaucoup réagir.
00:21On y voit l'ancienne Première Ministre écouter d'une seule oreille si j'ose dire
00:26les revendications de deux enseignants maorais, je vous propose d'écouter cette séquence.
00:32Depuis quinze jours, dans tous les bidonvilles ici, Petite Terre, Grande Terre, Kauini, Kavani,
00:37personne n'est venu.
00:38Donc, vous pouvez dire ce que vous voulez aux informations, la réalité elle est là.
00:42La réalité, elle est qu'il y a des distributions comme...
00:45Vous pouvez dire ce que vous voulez, personne n'est montré.
00:46Et même ces distributions, personne ne les a vues.
00:48Elles existent et peut-être que les gens ne sont pas bien informés.
00:51Mais attendez, les gens du Lycée des Lumières devraient aller au Point Relais,
00:54c'est la Mairie de Mamoudjou, c'est cinq kilomètres, cinq kilomètres à pied, en plein cagnard,
00:57cinq kilomètres retour, c'est dix kilomètres en plein cagnard, sans eau, sans nourriture.
01:01C'est impossible, c'est infaisable, c'est une honte, voilà.
01:03C'est une honte et c'est à ce moment-là précisément que la ministre esquisse un sourire
01:10et tourne les talons et qu'elle s'en va.
01:13Voilà, c'est Elisabeth Borne hier à Mayotte.
01:17Elle se défend.
01:17Alexis de La Fontaine du service politique d'Europe 1.
01:20Elisabeth Borne, ce matin, a réagi à ces images qui étaient filmées sur le fait,
01:25en direct sur les chaînes d'information.
01:28Elisabeth Borne qui a posté un tweet, il était 5h30 ce matin, heure de Paris, pour se défendre.
01:34Oui, Elisabeth Borne se défend et dénonce un troncage vidéo.
01:38Elle dit que ce n'est pas l'ensemble de sa discussion avec ses enseignants.
01:42C'est en direct.
01:43C'est en direct, évidemment.
01:44Et elle explique aussi avoir passé du temps dans cette école de Kaueni
01:49pour avoir un temps dans lequel elle a échangé avec la direction et les syndicats enseignants
01:55et qu'elle a apporté plusieurs réponses aux questions des différents interlocuteurs.
02:00Et que là, en fait, elle a tout simplement mis un terme à sa discussion avec ces deux enseignants
02:05en leur tournant le dos.
02:06Merci Alexis de La Fontaine.
02:07Arnaud Benedetti, pour conclure avec vous, comment vous percevez cette image ?
02:12C'est terrible en termes d'image pour Elisabeth Borne.
02:15Oui, c'est une image en effet qui, quelque part, vient compliquer ce déplacement gouvernemental à Mayotte
02:25parce que, in fine, c'est ce qu'on retient principalement depuis quelques heures.
02:30Ça dit toute l'extrême difficulté aujourd'hui dans le monde et dans l'écosystème,
02:34j'allais dire, de communication qui est le nôtre,
02:37à la fois un écosystème marqué par l'immédiateuté, par l'hypervisibilité,
02:42et toute l'énorme difficulté des femmes et des hommes politiques à maîtriser leur communication.
02:48Ce qui, il y a vingt ans, trente ans, serait passé forcément inaperçu,
02:53devient aujourd'hui un élément qui accompagne au quotidien les femmes et les hommes politiques
02:59et peut être relevé et peut être porté à leur charge d'une certaine manière.
03:04Et si vous voulez, finalement aujourd'hui, le monde dans lequel nous vivons
03:10nécessite pour les femmes et les hommes politiques un hyper contrôle de leur comportement.
03:15Et là, Madame Borne, manifestement, en tournant le dos à ces deux enseignants
03:20qui relataient la réalité de leur quotidien, donne l'impression en effet d'une indifférence, voire d'une forme de mépris.
03:29Merci beaucoup Arnaud Benedetti d'avoir été en ligne avec nous en direct sur Europe 1.
03:34Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la revue parlementaire.
03:37Merci beaucoup, et à très bientôt sur l'antenne d'Europe 1 Arnaud.
03:42Alexis de La Fontaine, les oppositions réagissent beaucoup.
03:46Elles se sont évidemment emparées de cette séquence,
03:48parce que c'est le premier déplacement d'Elisabeth Borne comme ministre de l'éducation nationale.
03:52Olivier Faure, le patron du Parti Socialiste, dénonce une image terrible.
03:56Une ministre ne peut pas tourner les talons en méprisant le témoignage d'enseignants
04:00qui alertent sur la situation sanitaire, assure le patron du Parti Socialiste.
04:04Et même dans son propre camp, un député du Bloc Central me confiait
04:08que cette séquence était catastrophique pour la ministre de l'éducation nationale.
04:12Et donc c'est un premier faux pas pour Elisabeth Borne à son nouveau poste.
04:16Merci Alexis de La Fontaine du service politique d'Europe 1.
04:19Et nous sommes en ligne avec Charlotte. Bonjour Charlotte.
04:22Bonjour. Bonjour Europe 1.
04:25Merci beaucoup. Vous êtes professeure d'anglais, vous êtes à Mayotte, c'est bien ça ?
04:30Je suis à Mayotte, je suis professeure d'anglais au lycée Bamana.
04:35Un lycée qui a été très endommagé.
04:39Et en tant qu'enseignante, comment vous percevez ces images d'Elisabeth Borne
04:45qui tournent le dos à deux de vos confrères en pleine échange ?
04:49Comment voulez-vous que j'interprète ça autrement que la définition du mépris ?
04:56L'ancienne première ministre, aujourd'hui ministre de l'éducation, c'est votre ministre.
05:03Oui, incroyable. Ne s'est pas déplacée dans mon lycée qui est le plus grand lycée de Mamoudzou
05:10qui a perdu 70% de sa capacité.
05:14L'architecture, c'est une chose.
05:20Mais elle aurait pu se déplacer parce que nous sommes dans un centre d'accueil
05:24avec 300 réfugiés, 300 migrants,
05:27ouverts aux quatre vents parce que ça fait 17 jours que ce cyclone a saisi
05:33et que les barrières commencent tout juste à être relevées
05:37pour empêcher que tous les gens démunis, tous les gens de partout
05:45arrivent dans ce lycée et aggravent une situation en pillant, en cassant, en déféquant.
05:53C'est une situation complètement surréaliste.
05:56Donc, pour répondre à votre question, que l'ancienne première ministre ne se déplace pas
06:02dans un lycée qui accueille 2800 élèves, qui compte 170 enseignants,
06:08alors qu'on est à 200 mètres, et là je vous parle d'une cellule du rectorat
06:12qui nous ouvre ses portes pour qu'on branche nos téléphones,
06:15nous avons été fort choqués qu'elle ne se déplace pas dans notre lycée
06:20parce qu'il est extrêmement dommagé et dans un état pitoyable.
06:24Ces images font le tour des réseaux sociaux.
06:27Est-ce que vous en avez parlé avec vos confrères, vos consoeurs à Mayotte,
06:32le fait qu'elle tourne le dos à deux enseignants de Mayotte ?
06:37Mais je pense qu'elle tourne le dos à toute la communauté éducative
06:46parce qu'elle l'a vraiment fait, je dirais, physiquement et c'est aux yeux de tous.
06:52Mais je ne pense pas qu'on puisse dire qu'elle tourne le dos à deux enseignants,
06:55elle nous tourne le dos à nous tous.
06:57Et je dois vous dire que je dois être assise sur la chaise où elle était assise hier
07:02puisque la salle qui nous a été allouée,
07:05nous pauvres enseignants sans électricité, sans réseau, sans branchement,
07:09on a la possibilité de venir dans une salle au rectorat brancher nos téléphones.
07:13Et cette salle a été évacuée, on nous a mis justement à reloger hier
07:18parce que les ministres occupaient cette salle.
07:20Et vous savez, je ne crois pas qu'une dame qui s'appelle Elisabeth Borne puisse en faire autrement.
07:31Voilà, ça c'est personnel, je ne suis pas un représentant syndical,
07:37je ne parle pas au nom de collègues, là je parle en mon nom.
07:40Je pense qu'elle a tourné le dos aux Français lorsqu'elle était première ministre
07:45et là elle tourne le dos aux enseignants qu'elle ne pourra pas gérer.
07:49Et ce n'est pas une crise qui est gérable par des gens de cet acabisme.
07:53Oui, mais en même temps, elle fait le déplacement,
07:56elle vient sur place, si je peux me permettre de défendre Elisabeth Borne un petit peu.
08:01Ah, c'est bien, il faut la défendre, vous avez raison.
08:04Je comprends totalement votre sentiment,
08:09mais elle fait partie de ces ministres qui ont fait le déplacement.
08:12Alors certes, un peu tardivement, et c'est vrai que le gouvernement a été très critiqué là-dessus.
08:16Pour vous, en fait, ça ne valait même pas la peine qu'elle vienne sur place.
08:20C'est ce que je comprends.
08:21Je ne veux pas quand même aller aussi loin.
08:24Je ne peux pas d'un côté remercier notre nouvelle ministre de l'Éducation nationale
08:31de tourner le dos et de se comporter comme ça.
08:33En même temps, je ne peux pas parler qu'au nom des enseignants.
08:37Il y a une population qui attendait ce déplacement ministériel avec des solutions.
08:41J'ai entendu le contenu des infos sur Europe 1 tout à l'heure.
08:46Il est question, dans votre revue de presse,
08:50de ces distributions de vivres qui ne sont pas arrivées
08:54et du témoignage d'un des enseignants qui dit
08:57Non, on n'a pas vu la couleur d'une bouteille ou d'une boîte de sardines.
09:01Ça, je valide et je confirme.
09:04Moi, j'habite dans un quartier à quelques kilomètres de Mamoudzou
09:10qui s'appelle Doujani, qui est une situation dramatique.
09:14Des monticules de poubelles qui s'accumulent.
09:16Le collège a été pillé.
09:18Il n'y a pas eu une seule donation en nourriture et en eau.
09:25Après, où est-ce que vont ces choses ?
09:27Ça, je ne sais pas.
09:28En tout cas, elles arrivent.
09:29Il y a des collègues qui m'ont parlé d'enraies et de dons
09:34qui sont d'ailleurs déposés par des hélicoptères.
09:37Et puis, il y a les maires des communes qui viennent s'emparer de ces lots.
09:41Alors, après, qu'est-ce que ça devient ? Je ne sais pas.
09:43Mais les habitants n'en voient pas la couleur.
09:45Tout le monde est unanime.
09:47Donc, ce que je veux dire, c'est que si les ministres se déplacent,
09:51c'est peut-être pour trouver, justement, garantir que les dons,
09:56les choses que fait la France pour Mayotte sont bien administrées.
10:02Je pense que les Mahorais sont super contents
10:06qu'il y ait eu une délégation ministérielle venant à Mayotte,
10:09mais espéraient peut-être des solutions immédiates.
10:13On le sait très bien, il n'y a rien qui peut être fait dans l'immédiat.
10:17Merci beaucoup Charlotte.
10:18Merci beaucoup pour votre témoignage ce matin sur l'antenne d'Europe 1.
10:23Et vous, vous avez la parole jusqu'à 13h.
10:27On marque une courte page de publicité et dans un instant,
10:31nous serons en ligne avec Pierre Chasseret de 40 Millions d'automobilistes
10:35et nous allons parler de ces voitures Critère 3
10:39qui n'auront plus le droit de circuler à partir de demain.
10:42Et bien réagissez au 01 80 20 39 21.
10:45Belle fin de matinée avec Jacques Chasseret de 11h à 13h sur Europe 1.