Charlotte d’Ornellas : «Certaines choses ont été annoncées à Mayotte, mais il reste beaucoup de travail»

  • il y a 7 mois
La journaliste, Charlotte d’Ornellas, revient sur ce qu’il se passe à Mayotte : «Certaines choses ont été annoncées à Mayotte, mais il reste beaucoup de travail».

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00:00 C'est vrai qu'on a l'habitude de voir une situation subitement, déjà on a mis du temps à la voir médiatiquement ici.
00:05 Gérald Darmanin s'est déplacé, il a fait des annonces qui ont fait plus réagir que la situation à Mayotte, on en a parlé.
00:11 Heureusement Estelle Youssoupha est passée par là et a distribué un peu quelques claques pour remettre l'église au milieu du village.
00:17 Et depuis, la séquence
00:19 mahoraise est terminée comme si tout était réglé.
00:23 C'est ça.
00:23 Or, en fait, en ayant accès à la synthèse, vous savez les forces de l'ordre parfois,
00:28 enfin pas parfois, ils font des synthèses régulièrement de ce qui arrive.
00:31 Et simplement ce week-end, vous voyez, alors là je vais prendre quatre villes en exemple, je peux pas raconter tout ce qui se passe,
00:37 mais vous avez Tingony, 15h10, c'est les heures qui m'ont fait, vraiment qui ont retenu mon attention.
00:42 15h10, une soixantaine de jeunes s'affrontent en s'en prenant au passant.
00:46 Intervention des forces de l'ordre, retour au calme à 17h30.
00:50 Khoungou, 16h15, une trentaine de jeunes armés de barres de fer qui sont signalés affrontements avec les militaires,
00:56 barrage établi, retour au calme à 21h30.
00:59 Ou Wangani, 17h20, une soixantaine de jeunes s'affrontent en s'en prenant aux automobilistes,
01:05 ils installent des barricades, ils bloquent les axes, retour au calme, une heure plus tard, 18h30.
01:10 Mamoudzou, 17h20, une cinquantaine de jeunes munis de machettes, etc.
01:15 Donc vous avez, ça commence à 15h10.
01:18 Donc quand les habitants vous expliquent qu'à partir de 16h ils ne peuvent plus sortir de chez eux,
01:22 c'est en raison de ces bandes qui vont ici et là, en effet, sur l'île,
01:27 et qui bloquent les axes, qui attaquent les passants, qui attaquent les routes,
01:31 à des heures, donc au milieu de l'après-midi, évidemment,
01:34 elles s'appellent elles-mêmes ces bandes, elles se surnomment elles-mêmes les "racailles" ou les "terroristes", selon...
01:38 Donc on comprend qu'il y a la question de l'immigration qui a été très abordée par le biais de l'intervention et des annonces de Gérald Darmanin,
01:46 mais il y a l'immense question de l'insécurité qui demeure évidemment toujours aussi grande.
01:51 Et ces bandes, elles mobilisent énormément les forces de l'ordre qui sont présentes à Mayotte,
01:56 qui ont été augmentées ces dernières années d'accord.
01:59 On a 15 personnes du GIGN qui sont arrivées avec Gérald Darmanin pour renforcer la présence,
02:03 notamment là en l'occurrence, des gendarmes.
02:06 Mais le directeur général de la Gendarmerie nationale, qui a fait pas moins de deux déplacements ces derniers temps à Mayotte,
02:12 il expliquait que pour identifier d'éventuels commanditaires de ces attaques de bandes,
02:17 ils avaient solidifié, on va dire, le travail d'enquête.
02:21 Donc lui était en train de dire, il n'y a pas juste des bandes, parce que vous entendez certains qui commentent en disant
02:25 "bah oui mais ils sont pauvres et ils n'ont pas à manger, donc ils raquettent pour pouvoir manger".
02:29 Alors ça arrive forcément et évidemment cette dimension-là joue dans une... extrêmement pauvre.
02:34 Mais Estelle Youssoupha dont nous avait parlé, Guillaume, avait dit "vous êtes gentils, on est tous pauvres et on ne tue pas tous nos voisins avec des coups de machette".
02:41 Déjà pour commencer, bon c'est une évidence mais il faut le rappeler à chaque fois.
02:44 Et la deuxième chose c'est que là, en l'occurrence, les gendarmes en faisant ce travail d'enquête vous dites
02:49 "il y a potentiellement des commanditaires qui eux ne sont jamais pauvres, qui eux ne subissent jamais la violence"
02:53 on les connaît par cœur, c'est la même chose dans le trafic de drogue,
02:56 "et qui mettraient ces bandes à leur profit pour la guerre de territoire au sein de Mayotte".
03:03 Donc là on voit qu'on a une question de grand banditisme dans la délinquance extrêmement violente qu'il y a sur le terrain.
03:10 Et les conséquences de tout ça elles sont évidemment évidentes et elles n'ont pas changé la semaine dernière.
03:14 Vous avez des écoles qui ferment, des classes qui ferment, des profs qui exercent leur droit de retrait évidemment,
03:19 les parents qui ont parfois peur d'emmener leurs enfants, déjà de les emmener physiquement et de les ramener,
03:23 mais surtout de savoir ce qui va se passer dans les écoles parce qu'il y a des attaques régulièrement aux abords des écoles.
03:28 Alors là la gendarmerie dit que ça va beaucoup mieux qu'avant dans les transports et dans les écoles, mais ça existe encore.
03:34 Les personnels médicaux qui sont appelés à finir dans les hôpitaux à 15h pour pouvoir repartir,
03:39 alors qu'ils sont déjà en sous-effectif avec évidemment une population qui déborde, ça on en a parlé.
03:44 Par ailleurs, là il y avait un patron qui racontait, c'était dans le Figaro, dans un reportage,
03:47 qu'il était obligé le soir de ramener chez eux le personnel de son hôpital parce qu'il n'y a plus de taxi la nuit pour les mêmes raisons.
03:54 Enfin vous voyez, en fait vous prenez le filet et vous vous dites c'est un cauchemar absolu de bout en bout en permanence.
03:59 Ajoutez à ça évidemment la crise de l'eau et de l'accès à l'eau.
04:02 Et, dernière bonne nouvelle, des risques d'une détection de choléra aux comores ces derniers temps,
04:09 choléra qui donc se transporte potentiellement par les gens qui continuent à arriver,
04:13 parce qu'il y en a qui continuent à arriver, jusqu'à Mayotte,
04:15 question qui n'a pas été abordée alors que le choléra c'est quand même vaguement une question sanitaire importante.
04:21 Donc évidemment, et par ailleurs c'est pas une attaque envers Gérald Darmanin ou Marie Guevenou qui est la ministre des Outre-mer,
04:27 parce que évidemment les annonces n'ont pas des conséquences, des effets on va dire 48h après,
04:33 mais il faut garder à l'esprit que ce n'est pas parce que le sujet a disparu des médias que la situation va mieux pour les Mahorais, évidemment.
04:41 Et c'est important pour nous effectivement de le rappeler.
04:43 Mais justement, Charlotte Darnelas, quel suivi de ces annonces et que promet la suite ?
04:48 Alors rapidement, mercredi dernier les deux ministres qui étaient présents sur place, donc justement Darmanin et Guevenou,
04:53 ont annoncé que la présentation du projet de loi d'urgence se ferait au Conseil des ministres le 22 mai prochain.
04:58 Alors c'est toujours comme ça, les lois d'urgence le 22 mai, on se dit "les pauvres Mahorais d'ici là c'est compliqué".
05:04 Et par ailleurs, Madame Guevenou, qui est la ministre des Outre-mer, a promis un retour sur l'île pour discuter notamment avec les collectifs,
05:11 à condition que les barrages citoyens cette fois-ci soient levés.
05:15 Alors évidemment il y a cette impression d'un depoids de mesure permanent,
05:19 quand vous vivez avec des barrages en permanence pour vous racketter, pour vous empêcher de rentrer chez vous, pour vous empêcher d'aller au boulot,
05:24 et que vous vous mettez en place des barrages pour essayer de vous faire entendre et qu'on vous dit "on viendra vous voir et parler avec vous"
05:28 à condition que vous leviez ces barrages-là alors que vous souffrez des autres depuis extrêmement longtemps.
05:33 Forcément c'est évidemment un peu compliqué.
05:35 Et par ailleurs il y a une opération "Gombouchou 2" qui a été lancée,
05:39 donc lutte contre l'immigration illégale avec le fameux mur de fer dans la mer qu'a annoncé Gérald Darmanin,
05:44 donc la mise en place de bateaux censés empêcher le passage de ces "quoi ça, quoi ça",
05:49 et évidemment lutte sur la question des bidonvilles et de l'insécurité, avec toujours au milieu cette question de
05:54 1) comment est-ce qu'on empêche réellement les arrivées, puisqu'elles continuent à exister,
05:59 2) comment est-ce qu'on empêche des arrivées alors qu'il est interdit de refouler quand il y a une demande de droit d'asile potentielle,
06:04 puisque c'est la question qui n'a pas été évoquée,
06:06 3) qu'est-ce que vous faites du stock, pardon pour le mot, mais du stock de personnes qui sont aujourd'hui dans les comores,
06:14 et par ailleurs, une fois que vous avez abordé toutes ces questions, qu'est-ce que vous faites de la question strictement sécuritaire,
06:20 évidemment à Mayotte, qui ne peut pas se régler que par une surprésence de forces de l'ordre,
06:24 et juste pour vous donner une idée, là aujourd'hui, à la préfecture de Mayotte, il y aurait 290 000 demandes de titres de séjour,
06:33 à la préfecture en cours, on a une population de 350 000 selon l'INSEE, 450 000 selon les personnes sur place,
06:40 et le préfet qui vient d'être remplacé, on va dire, pendant la séquence, il expliquait la semaine dernière que par exemple,
06:46 il avait un dossier là, avec un homme qui avait reconnu 40 naissances dans l'année qui venait de se passer.
06:53 Donc vous voyez qu'il y a cette question des faux certificats qui est évoquée par Gérald Darmanin,
06:56 bref, vous voyez que c'est une montagne pour essayer de régler le problème à Mayotte, certaines choses ont été annoncées,
07:02 mais il reste énormément de travail.
07:04 Un homme, 40 naissances, c'est dernier.
07:06 C'est de la santé, hein.
07:08 Oui, probablement, c'est plus des faux certificats.
07:10 Des problèmes de papier.
07:12 [Musique]
07:16 [SILENCE]

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