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00:00Il est 17h04 sur Europe 1, c'est On marche sur la tête version Noël avec toute l'équipe
00:10Sarah Salman, Nathan Devers, Jules Torres et Vincent Roy pour poursuivre nos discussions
00:15cet après-midi et on va parler à présent de François Bayrou, le Premier Ministre,
00:20vous le savez qui est à Mayotte accompagné d'une importante délégation, il a promis
00:24des solutions concrètes et rapides et Jules il a justement dévoilé il y a une vingtaine
00:29de minutes maintenant son plan Mayotte debout dont il parlait depuis son arrivée, ces fameuses
00:36solutions concrètes et rapides que le Premier Ministre a évoquées, alors quelles sont-ils
00:41ces mesures annoncées par le Premier Ministre Jules ?
00:44En tout cas François Bayrou il annonce les contours du plan Mayotte debout à l'issue
00:48de la réunion, vous savez à Mayotte une réunion importante après une visite où
00:53il a fait quasiment une journée marathon, vous savez qu'il a visité une usine de dessalement
00:57ce matin très tôt, qu'il a visité également un collège où il y a eu un vrai sujet parce
01:03que la rentrée scolaire devait être le 13 janvier, il a également visité un hôpital
01:08et il a rendu également hommage vous savez au capitaine de gendarmerie Florian Monnier
01:13qui est décédé le 20 décembre en intervention.
01:16Que nous dit François Bayrou ? Il nous dit déjà que l'électricité sera rétablie
01:21dans chaque foyer fin janvier, ça c'est une mesure qui est évidemment très importante
01:26parce que quelles sont les deux demandes aujourd'hui des Mahorais ? C'est un accès
01:31à l'eau qui soit comme dans n'importe quel département français et c'est évidemment
01:35l'électricité pour être finalement connecté au monde.
01:38Il nous dit également que l'Etat et les pouvoirs publics locaux s'engagent à empêcher
01:43la reconstruction des bidonvilles, on sait que ce sera le sujet migratoire aussi parce
01:48qu'il y a une crise humanitaire mais il y a également un sujet migratoire.
01:50Oui parce que ne pas reconstruire les bidonvilles c'est une chose mais il faut avancer aussi
01:53sur le sujet migratoire.
01:54Absolument parce qu'il y a actuellement 48% de la population Mahoraise qui est clandestine,
02:01étrangère.
02:02Imaginez si en métropole il y avait 30 millions de clandestins, la situation elle est intenable
02:07ce n'est pas possible mais c'est un bon point, François Bayrou n'exclura pas la question
02:12migratoire, c'est un bon enseignement.
02:13On va l'écouter justement sur cette question du logement François Bayrou et vous nous
02:17appelez surtout si vous avez envie de réagir à toutes ces annonces du Premier Ministre
02:22qui est actuellement à Mayotte 01 80 20 39 21 pour nous appeler, on écoute François
02:28Bayrou et on continue d'en parler avec Jules Taurez et toute la bande.
02:31L'État et les pouvoirs publics locaux s'accordent pour interdire et empêcher la reconstruction
02:37des bidonvilles.
02:38Ces dispositions seront intégrées, pourront être intégrées dans la loi.
02:43140 tonnes de bâches représentant une surface de 700 000 m² seront livrées dans la semaine
02:50Pour la réfection des toitures, des éléments de charpentes métalliques et des tôles
02:54basc-acier seront acheminés en urgence en fonction des besoins.
02:59Un financement par des prêts garantis par l'État, dans des conditions exceptionnelles
03:05réservées aux catastrophes naturelles de grande ampleur comme Chido, sera mis en place
03:10à destination des familles mahoreses.
03:12Voilà François Bayrou qui s'est exprimé depuis Mayotte sur cette question du logement.
03:19Pour l'instant, ça me semble extrêmement concret et plein de bon sens.
03:27La question migratoire est abordée pour l'heure de biais un peu, il dit on ne reconstruit pas
03:34les bidonvilles, elle n'est pas abordée de manière frontale, sans doute va-t-elle
03:38être là dans les prochaines minutes ou dans les prochaines heures, mais enfin en tous
03:42les cas, pour l'instant c'est concret, on a des dates, les Mahorais ont des dates,
03:46notamment pour l'électricité, pour l'eau et quelques directives, donc ça me paraît
03:53pour l'heure, pour l'heure, ça me paraît positif.
03:57Pour l'instant, pour l'heure, le vocabulaire de Vincent Roy, vous prenez un million de
04:01précautions.
04:02Il faut être extrêmement prudent, oui bien sûr, puisque, attendez, vous vous rendez
04:08compte dans quel péril se trouve un certain nombre de gens, donc on attend, en revanche
04:14ce que je peux vous dire de critique, c'est que j'ai vu sur une chaîne de télévision,
04:20j'ai vu un échange de Mme Borne avec deux professeurs, qui évoquaient avec elles toutes
04:30les difficultés qu'ils avaient et Mme Borne n'avait pas vraiment l'air de les écouter
04:35et elle a tourné les talons, c'était assez maladroit, il y a une dureté, il y a une
04:40dureté, elle ne brille pas par sa compassion, ni par sa chaleur humaine, à tout le moins
04:46sur les images que j'ai vues, mais c'était assez frappant.
04:50C'est François Bayrou, même avec beaucoup d'hypothèses, mais à les faveurs de Vincent
04:54Roy, c'est extraordinaire, il risquait deux choses, il risquait la censure, mais
04:58alors Vincent Roy, c'est encore plus difficile d'échapper à sa critique, il se passe quelque
05:03chose dans l'histoire de France.
05:04Vous n'avez pas totalement tort, en revanche, je parlais des mesures, non, non, parce qu'on
05:10a vu, pourquoi je dis ça ? Parce qu'on a vu le Président de la République se déplacer,
05:15gesticuler, en bras de chemise, gourmander les Mahorais, et là, je vois qu'on tape
05:24dans le dur, qu'on arrive quand même avec un plan, alors bien sûr, avec plus de recul,
05:28mais je vois en tous les cas, un formidable changement de méthode.
05:33Il a quand même dit qu'il allait faire des tables rondes, je ne sais pas si la table
05:35ronde à ce stade, on peut peut-être s'en dispenser, vous voyez vraiment.
05:38Alors en tous les cas, on a Nisar qui est en ligne au Standard Europe 1 et qui est
05:41du même avis que Vincent Roy, bonjour Nisar, enfin qui semble du même avis que Vincent.
05:45C'est quelqu'un d'au sens, assurément Nisar.
05:47C'est la modestie qui te caractérise Nisar.
05:49Oui absolument, nous sommes deux à la partager.
05:51Nisar qui est en direct avec nous au 01-80-20-39-21, vous avez la parole Nisar, vous êtes à Mayotte,
05:56c'est ça, vous êtes agent immobilier ?
05:59C'est ça, je suis agent immobilier, autochtone, et chef d'entreprise depuis 42 ans, membre
06:05du MEDEF et représentant du groupe Action Logement à Mayotte.
06:09D'accord, et alors qu'est-ce que vous pensez de cette visite de François Bayrou, Nisar ?
06:16François Bayrou vient de subir.
06:19Vous nous avez donné votre curriculum vitae, donc maintenant on a envie d'avoir votre avis, Nisar.
06:23Voilà, vous savez avec l'habitude, on vient tout d'un coup de subir, c'est quelque chose
06:30de très grave.
06:32On échange beaucoup avec les médias hexagonaux, on échange beaucoup avec les Français à
06:37l'extérieur, et donc on a appris à s'adapter, tout va vite, le temps est devenu précieux.
06:44Le Premier ministre vient d'annoncer quelques mesures, je souhaite d'abord dire que Mitch
06:51disait que ce n'est pas le doute mais la certitude qui rend fou.
06:55Le Premier ministre vient de faire des annonces, on aimerait être optimiste, maintenant il
07:03va falloir qu'on soit vigilant.
07:04À la différence du Président de la République, la visite des cinq ministres a été mieux
07:12organisée, on a été reçus par chaque ministre par portefeuille, en petits comités, et c'était
07:21beaucoup mieux que ce qu'a fait le Président de la République.
07:24Ils ont eu plus le temps de s'organiser aussi.
07:26Sarah Salmane dit qu'ils ont eu plus le temps de s'organiser pour François Bayrou, c'est
07:30vrai aussi ?
07:31Enfin, Monsieur Otaïo qui est déjà passé par là.
07:35Le Président de la République aurait pu aussi prendre son temps pour préparer son
07:39déplacement.
07:40C'est vrai.
07:41Je pense qu'il ne faut pas prendre l'excuse de la précipitation pour faire tout et n'importe
07:48comment.
07:49Vous avez raison.
07:50La situation actuelle sur le territoire est catastrophique.
07:54Et Nizar a raison, parce que quand on voit la visite, quand on se refait le film de la
08:00visite d'Emmanuel Macron à Mayotte, effectivement il y allait tout de suite après, en revanche
08:06avec le nombre de conseillers qu'a eu le Président de la République, on a du mal
08:09à comprendre comment une telle visite a pu être un échec comme ça a été le cas de
08:13cette visite présidentielle.
08:14Nathan Devers.
08:15Vous avez raison, et inversement, on a beaucoup reproché sur le moment à François Bayrou
08:19de ne pas être allé immédiatement à Mayotte, d'être allé à Pau.
08:22C'était une faute de communication, c'était une faute stratégique.
08:26C'est la petite trace aussi de dire qu'il ne fallait pas qu'il soit le Président de
08:28la République et le Premier ministre hors de France.
08:30Oui, mais je crois que les habitants de Mayotte, ils n'attendent pas des réussites du point
08:34de vue de la communication, ils attendent des actions politiques concrètes.
08:38Et là, regardez, il a fait ce déplacement à Mayotte.
08:40Pour le moment, ce ne sont que des annonces, Nathan.
08:42Il l'a même décalé, d'accord, mais il présente, comme le disait Vincent, des annonces
08:47qui sont sérieuses.
08:49Si ces annonces devaient être tenues, on ne pourrait pas dire que l'État n'a pas réagi
08:54globalement à la hauteur de la situation.
08:56Ce que je veux dire par là, c'est que je crois que face à une catastrophe naturelle
09:00qui dévoile une catastrophe politique globale de la France à Mayotte, ce qu'on attend
09:05vraiment, c'est un travail de fond, c'est un travail sérieux et c'est un travail de
09:08long terme.
09:09Et il y a toujours ce risque, dans l'état actuel du débat public, où on est tout le
09:13temps, si vous voulez, dans la dictature de l'instant présent, il y a toujours ce risque
09:17de ne pas voir les problèmes sur le long terme.
09:18J'espère que d'ici 6 mois, 1 an, 2 ans, 3 ans, la France s'intéressera, la France,
09:26les médias français, la politique française, les députés français, etc., s'intéresseront
09:30vraiment à voir le suivi des annonces de François Bayrou.
09:33Sans doute que François Bayrou aura quitté Matignon, mais voir si la France a tenu ses
09:36promesses.
09:37Nizar, est-ce que vous aviez été choqué par les fautes, disons les fautes de communication
09:42de François Bayrou, justement, sur Mayotte ? Le fait qu'il se soit rendu au conseil
09:48municipal de Pau, plutôt qu'à la cellule de crise, le fait qu'il ait parlé de territoire
09:55national, hors du territoire national.
09:57Le fait que son gouvernement ait été nommé un jour de deuil national en hommage aux victimes
10:01du cyclone.
10:02Également, le fait qu'il ait dit que le président de la République et le premier
10:05ministre ne pouvaient pas être absents du territoire national en même temps pour parler
10:09de Mayotte.
10:10Il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup d'événements qui auraient pu choquer et fâcher les Mahorais.
10:17Est-ce que ça a été votre cas, Nizar ?
10:20Moi, je pense qu'on est en train de se prendre la tête sur des détails.
10:27Lorsque quelqu'un comme moi se retrouve dans son logement et voit son toit en train
10:33de partir et amené par un va de 250 km heure, il ne se soucie pas de ce détail-là.
10:39Il se soucie du lendemain et il se soucie de savoir ce que pense le monde.
10:43On a été coupé du monde pendant quatre jours.
10:46On n'était pas au courant de ce qui se passait.
10:48Je pense que le monde entier était plus au courant de ce qui se passait à Mayotte
10:51que les Mahorais.
10:52Aujourd'hui, moi, en tant que chef d'entreprise et en tant que père de famille, parce qu'il
10:57faut savoir une chose, c'est que le cyclone n'a pas choisi ses victimes.
11:00Je n'ai pas de logement comme toute autre personne sur le territoire, donc je ne suis
11:04pas plus à peine que quelqu'un d'autre.
11:07Aujourd'hui, moi, ce que je voudrais qu'on voit, c'est l'avenir.
11:10Le cyclone fut, le cyclone a tout détruit, mais vraiment tout.
11:15Ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est comment on envisage l'avenir.
11:19Est-ce qu'on va improviser comme ces 40 dernières années ? A-t-on un plan sérieux pour reconstruire
11:25Mayotte ? Voilà les questions qui intéressent les Mahorais.
11:28Ce qui s'est passé, on n'a plus le temps de ressasser le passé, on n'a plus le temps
11:33de critiquer qui a bien fait, qui n'a pas bien fait.
11:36On va prendre le cyclone comme une opportunité de reconstruire ce territoire.
11:39Il y a des choses beaucoup plus graves ici.
11:41Il y a la crise de l'eau, il y a des crises sociales presque tous les deux ans.
11:44Il y a une crise financière, il y a une crise...
11:48Moi, ce qui m'intéresse le plus, c'est la relance, la relance de l'économie.
11:52Alors Nizar, justement, vous parliez, vous évoquiez la crise de l'eau.
11:56Écoutez ce que le Premier ministre a dit justement sur l'eau tout à l'heure, on l'écoute.
12:00Avant la fin de la semaine, le volume de production d'eau potable obtenu avant Chidot
12:06sera atteint, c'est 38 000 m3 par jour.
12:10Mais la distribution était déjà insuffisante, comme on le sait depuis la crise de l'eau.
12:15Avec Mayotte-Debout, on atteindra avant le 30 juin 2025, une production de 40 000 m3 par jour.
12:24Et dans l'année, on doit obtenir une mise à niveau des réseaux de distribution sur
12:28l'ensemble du territoire.
12:30Le plan Eau Mayotte prévoyait 60 millions d'euros d'investissement en 2025.
12:36Le gouvernement est prêt à centuariser ses moyens et à les augmenter en fonction des besoins.
12:43Le projet que nous étudierons au printemps comprendra une deuxième usine de dessalement
12:49et une accélération de la création de la troisième retenue collinaire.
12:53Voilà pour les mots de François Bayrou sur la question de l'eau, Nizar.
12:57Est-ce que vous avez entendu cette annonce du Premier ministre et qu'est-ce que vous en pensez ?
13:03Elle n'est pas très rassurante parce qu'on nourritionne l'eau depuis 2018.
13:08C'est très difficile de ne pas se laver.
13:10C'est très difficile d'acheter un pack d'eau à 9 euros.
13:14C'est très compliqué de se lever le matin et d'attendre que l'eau revienne pour se doucher
13:20et pour amener les enfants à l'école.
13:21Vous savez très bien que l'eau est primordiale.
13:25Sans eau, c'est la famine. Sans eau, c'est une crise sanitaire.
13:28Donc prévoir des plans sur le très long terme pour atteindre 40 millimètres cubes d'eau
13:33jour alors que ce sont les besoins actuels,
13:36tout en sachant qu'on perd plus de 15 millimètres cubes d'eau jour
13:40avec un réseau complètement obsolète aujourd'hui.
13:44Voilà des questions essentielles auxquelles il faut se poser.
13:49Moi je pense que...
13:52Allez-y Nizar, terminez, allez-y.
13:55Aujourd'hui, un chef d'entreprise n'est pas sûr d'ouvrir sa boîte
13:59parce qu'il n'y a pas d'eau, donc on ne peut pas recevoir du public.
14:02Quelqu'un qui n'a pas pu avoir de l'eau n'a pas la possibilité de se laver,
14:06donc il ne peut pas venir au travail.
14:07Les écoles sont fermées parce qu'il n'y a pas d'eau.
14:09La question de l'eau est essentielle.
14:14Donc on ne peut pas jouer avec ça, il faut qu'on trouve des solutions.
14:17On ne peut pas rafistoler, ce n'est pas possible.
14:20Vous voyez la grande difficulté dans ce que dit Nizar,
14:22là où les choses sont terribles et là où l'État français a perdu beaucoup de crédibilité,
14:27c'est que le cyclone c'est une chose,
14:31mais il y avait déjà un nombre de difficultés incalculables à Mayotte avant le cyclone.
14:38Et je ne parle même pas de la question migratoire.
14:42Il y a des questions de survie, des questions sanitaires
14:45qui se posaient depuis bien des années à Mayotte.
14:49Il est heureux qu'aujourd'hui on puisse les régler
14:52et que le cyclone ait pu apporter autre chose.
14:56Comme on dit selon la formule consacrée, le diable porte pierre.
14:59C'est ce que disait Nizar.
15:00Mais enfin, tout de même, il y a bien longtemps que ce département français
15:06est pour le coup abandonné et qu'on ne s'en occupe pas.
15:12Vous vous rendez compte quand même ?
15:13Ce qui explique pour part la grande colère des Mahorais,
15:17évidemment Emmanuel Macron disait « je ne suis pas le cyclone ».
15:21Et on l'entend lorsqu'il disait ça, bien évidemment qu'il n'est pas le cyclone.
15:24Mais enfin, ça fait sept ans qu'il est au pouvoir,
15:27ça fait sept ans que l'État est déficient sur cette partie du territoire national.
15:34Alors évidemment c'est loin, il serait passé les mêmes phénomènes.
15:36Et sur les Outre-mer en général.
15:38Donc il y a un vrai problème là-dessus.
15:40Vous avez entièrement raison et déjà en avril 2023,
15:42on avait parlé de Mayotte et Emmanuel Macron nous avait dit,
15:46il y avait une prise de conscience, éphémère certes,
15:48mais où on nous avait dit de grandes choses vont être faites pour Mayotte.
15:52Ensuite, on a eu la dissolution et finalement, rien n'a bougé.
15:55Mais en avril 2023, la situation, j'enlève le cyclone, était déjà analogue.
16:00Pourquoi ? Nous n'avons rien fait.
16:01Je ne parle même pas d'il y a sept ans.
16:03En avril 2023, tout était au rouge.
16:06On n'a absolument rien fait.
16:07Mais vous vous rendez compte, et c'est ce que nous dit Nisar d'ailleurs en substance,
16:10vous vous rendez compte qu'il a fallu attendre un cyclone pour entendre...
16:13Une catastrophe naturelle qui est imprévisible mais irrésistible.
16:16Pour effectivement que les personnes qui nous dirigent se retroussent les manches
16:21et pour que ces personnes-là fassent des annonces
16:24telles que celles qu'on vient d'entendre dans la bouche de François Bayrou.
16:28Bien souvent, c'est ainsi.
16:30On attend qu'il y ait un drame pour agir véritablement.
16:33C'est-à-dire qu'à Mayotte,
16:34on a laissé la situation depuis maintenant une trentaine d'années,
16:37la situation périclitée.
16:39C'est-à-dire qu'est-ce qu'on accepterait que sur le territoire national,
16:42la moitié de nos habitants soient des clandestins ?
16:45Donc là, le vrai sujet, oui, reconstruire Mayotte, rebâtir Mayotte,
16:49c'est évidemment très important.
16:50Mais que fait-on des 100 000, 150 000 clandestins ?
16:54Le temps, pour l'instant, il n'est pas à l'expulsion.
16:56Évidemment, depuis quelques jours, on a cette discussion sur le droit du sol.
17:00Mais finalement, ce n'est pas tant que ça le sujet.
17:03Le sujet, c'est qu'est-ce qu'on va faire de ces 150 000 personnes
17:07qui sont présentes illégalement sur le territoire maorais ?
17:11Et d'ailleurs, il faut le dire aussi,
17:13c'est que nos relations avec les Comores,
17:15elles sont quasiment inexistantes.
17:17Les Comores ne veulent pas accueillir leurs ressortissants.
17:22Souvenez-vous des opérations Ouam-Bouchou 1 et Ouam-Bouchou 2,
17:25les Comores refusaient que les bateaux français accostent sur leurs rives.
17:30Donc on voit très bien qu'on est là aussi sur une question
17:33qui va être non seulement diplomatique,
17:35elle va relever du bras de fer cette question-là,
17:38car si on veut reconstruire Mayotte,
17:39il va falloir enlever un certain nombre de clandestins,
17:43les expulser ou régulariser.
17:45Il y a ces deux solutions qui s'offrent aujourd'hui à l'exécutif.
17:48Et pourquoi Emmanuel Macron va-t-il promettre des choses qu'il ne tient pas ?
17:52Pourquoi a-t-il promis un second hôpital à une date déterminée ?
17:58Alors que maintenant, on sait que peut-être en 2028,
18:02il verra le jour, mais ce n'est pas certain non plus.
18:04Pourquoi va-t-il s'avancer sur des promesses comme ça
18:07alors qu'il sait pertinemment que c'est absolument capital pour Mayotte ?
18:13Pourquoi aller faire des annonces
18:15comme s'il voulait simplement calmer le jeu,
18:18mais sans certitude, et de fait,
18:20les Mahorais ont pu constater que les promesses n'étaient pas tenues ?
18:23Alors vous me direz que les promesses n'engagent que ceux qui veulent bien les écouter,
18:28mais enfin, tout de même,
18:30il y a quelque chose de très indécent.
18:33Nathan Devers.
18:34Oui, malheureusement, en fait, la démocratie moderne,
18:37telle qu'elle fonctionne actuellement,
18:39avec ce débat, j'insiste là-dessus,
18:41mais un débat public, notamment chez les politiques,
18:44qui est tout le temps mu,
18:45dans des urgences immédiates,
18:46et qui ne suit jamais les dossiers sur le long terme,
18:48a besoin, malheureusement, d'attendre des catastrophes pour être secouée.
18:52Sur tous les sujets.
18:53Sur le sujet de Mayotte, sur le sujet de l'écologie,
18:55sur le sujet, on parlait tout à l'heure du Covid, de l'hôpital public.
18:57Il y a un philosophe qui s'appelait Antionas,
18:59qui dans un livre s'appelle Une éthique de la nature,
19:00disait même que, paradoxalement,
19:03dans la situation dans laquelle nous sommes,
19:05la seule source d'espoir,
19:06il la voyait dans ce qu'il appelait l'éducation par les catastrophes.
19:09Malheureusement, la classe politique actuelle,
19:12et ce n'est pas propre à la France,
19:13c'est propre vraiment à toutes les démocraties occidentales,
19:15a besoin d'être secouée par des catastrophes
19:18pour être confrontée à la perspective de sa responsabilité.
19:21Il y avait cet excellent film qui s'appelait Don't Look Up,
19:24Ne regarde pas en haut,
19:26d'un réalisateur qui s'appelait Adam McKay,
19:28qui précisément mettait en scène
19:29des scientifiques qui découvraient qu'il y avait une météorite
19:32qui allait détruire la Terre.
19:33C'était pas très bien quand même.
19:34C'était avec DiCaprio.
19:36C'était avec DiCaprio.
19:37Moi j'avais trouvé que ce film était intéressant
19:39parce qu'il montrait bien pendant la course politique.
19:40Visiblement, Nathan et Jules n'ont pas les mêmes goûts.
19:42Ils avaient besoin d'attendre la destruction de la Terre
19:45pour se réveiller face à sa propre irresponsabilité.
19:48Et en effet, ce qui est arrivé à Mayotte,
19:50c'est presque une métaphore
19:51de la manière dont fonctionne notre politique,
19:53aussi bien concernant la question de l'hôpital,
19:55que de l'écologie, que de la santé,
19:56que de la géopolitique, que de la Russie, etc.
19:58Alors je voudrais qu'on...
19:59J'ai juste une seconde.
20:00Alors Vincent, très rapidement.
20:01Oui, j'entends tout ce que vous venez de dire.
20:03Mais enfin, tout de même,
20:04gouverner, c'est prévoir.
20:05Ce qu'on attend de nos gouvernants,
20:07c'est d'avoir, non pas une courte vue,
20:09mais c'est de voir à long terme, d'imaginer...
20:11Ah bah je suis désolé, moi c'est ce que j'en attends.
20:13Bien sûr, je suis d'accord sur la définition.
20:14Ah d'accord, sur la définition.
20:15Donc aujourd'hui, nous avons des gouvernants
20:18en loup-au-poivoir et à la courte vue.
20:19Vincent, je suis bien d'accord.
20:21On attend de nos gouvernants d'avoir une vision à long terme.
20:24De donner un cap !
20:25Non mais d'accord.
20:26Mais vous avez entendu ce qu'attendent aujourd'hui
20:28les maorais qui veulent.
20:29Bien entendu.
20:30Ils ont des besoins urgents, en fait.
20:32Oui mais attendez, attendez, attendez.
20:33Si justement, nos gouvernants avaient eu ce cap,
20:35avaient eu cette vision,
20:36avaient pu prévoir,
20:38il y a déjà deux.
20:39On n'en serait pas là.
20:40Il y a un certain nombre de problèmes.
20:41Parce que maintenant, il y a des urgences à traiter.
20:43Le cyclone, on ne pouvait pas l'éviter.
20:44Le reste, oui.
20:45Aujourd'hui, gouverner, ce n'est pas prévoir.
20:47Il y avait ce documentaire
20:48qui s'appelait « Un temps de président »
20:49qui filmait François Hollande
20:51à l'intérieur du pouvoir,
20:52tous les jours, à l'Elysée.
20:53Et c'était fascinant
20:54parce qu'on voyait que François Hollande
20:55prenait ses décisions
20:56en demandant essentiellement
20:57à son conseiller en communication,
20:59par ailleurs excellent, Gaspard Ganser,
21:00ce qu'il en pensait du point de vue de la communication.
21:02Donc autrement dit, aujourd'hui,
21:04et ce qu'on peut dire de François Hollande,
21:05on peut le dire de la plupart des politiques actuelles.
21:07Gouverner aujourd'hui,
21:08malheureusement, c'est cynique ce que je dis,
21:09mais c'est vrai,
21:10c'est écouter ses communicants
21:11pour leur demander,
21:12en fonction des sondages dans un instant T,
21:14ce qu'il faut faire
21:14par rapport à quelque chose à court terme.
21:16C'est le contraire de la prévision.
21:18Allez, Nizar,
21:18est-ce que vous souhaitez ajouter quelque chose
21:20à ce qui vient d'être dit ?
21:22Je souhaiterais qu'on soit très clair sur nos propos
21:28parce qu'il ne faut pas accuser le cyclone Chino
21:30de tous les maux de Mayotte.
21:32Chino a juste déposséré la copie.
21:35Chino a juste mis en évidence des dysfonctionnements.
21:38Chino, on n'est pas Docteur Strange.
21:40Si Docteur Strange pouvait modifier
21:41la trajectoire d'un cyclone,
21:42on lui aurait demandé de le faire.
21:44Et Mayotte resterait toujours dans le même état.
21:46Là, aujourd'hui,
21:47on est dans une situation
21:49où on a subi une catastrophe naturelle
21:52et elle met en évidence
21:54beaucoup de choses qui ne fonctionnent pas normalement.
21:56Alors, il faut savoir juste une chose,
21:58que le Maoré atteint autre chose que des promesses.
22:01Le Maoré aime déclarer...
22:04On aime déclarer, aime la France,
22:05mais on a besoin de gestes d'amour.
22:07Je voulais rebondir sur la question
22:08de l'immigration clandestine.
22:11J'ai précisé lors de mon propos introductif
22:13que le cyclone n'a pas choisi ses victimes.
22:16Moi, je suis français,
22:17de nationalité française,
22:18né à Mayotte, chef d'entreprise.
22:20J'ai perdu ma maison,
22:21comme les personnes qui vivaient
22:23dans des abris de fortune,
22:24des sans-abris.
22:25Où est-ce que vous vivez en ce moment, Nizar ?
22:28Alors, moi, je dors chez ma mère à 42 ans.
22:31Je vais chez moi, chez ma mère,
22:33je dors chez ma mère.
22:35Mais pour moi,
22:37ce qui me permet de tenir le coup,
22:39c'est qu'on est condamné au succès.
22:40On ne peut pas se permettre d'être découragé.
22:43J'ai des salariés qu'il faut aider.
22:45Je suis président du comité territorial
22:47Action Logement Mayotte.
22:48Je dois faire en sorte
22:50que les salariés aient un plan au-dessus de la tête.
22:53Donc aujourd'hui, il faut faire attention.
22:55Il faut se dire que,
22:56vous, les médias nationaux,
22:58vous avez une grande responsabilité.
22:59Attention à ne pas braquer vos caméras
23:02que dans les sites des bidonvilles.
23:04Parce que nous, moi, maorais,
23:07j'ai aussi perdu mon logement.
23:08Donc il ne faut pas se focaliser
23:10sur les sites des bidonvilles
23:13parce que le maorais aussi a perdu son logement.
23:15Donc il va falloir prendre
23:17des décisions politiques courageuses
23:20et les assumer
23:20parce qu'on va être très vigilants cette fois-ci.
23:23On a subi une crise sociale en 2011,
23:25en 2014, en 2016,
23:28plus la crise de l'eau en 2018,
23:29plus la crise sociale en 2024.
23:35Donc ça suffit, il faut arrêter
23:36de dire que les maorais sont résilients.
23:39On en a assez de ce terme-là.
23:41Donc il faut assumer,
23:44il faut assumer,
23:45nous sommes français,
23:46nous sommes fiers de l'être.
23:48Nous assumerons notre appartenance à la France
23:51et on est un territoire à part entière
23:53mais pas entièrement à part.
23:55Merci beaucoup Nizar d'avoir été avec nous.
23:57Agent immobilier à Mayotte,
23:59merci pour votre témoignage.
24:02Jules Torres, un dernier mot.
24:04Est-ce qu'on peut dire que François Bayrou
24:05finalement a réussi, pour le moment,
24:07sa mission rattrapage à Mayotte ?
24:09En tout cas, on a évité le fiasco
24:11parce que c'est vrai qu'on aurait pu,
24:13on avait des craintes
24:14sur le fait que ce soit une réussite
24:17eu égard aux maladresses qu'il a commises,
24:19eu égard aux boulettes qu'il a pu commettre.
24:23Pour l'instant, elle n'est pas finie sa visite.
24:27Pour l'instant, on a des réponses
24:29qui sont concrètes, ça tombe bien.
24:30Il avait promis des solutions concrètes.
24:32Après, encore une fois,
24:33est-ce que ça va contenter les maorais
24:35qui vivent un désastre
24:37depuis maintenant deux semaines ?
24:38Rien n'est moins sûr.
24:40Allez, on va marquer une courte pause.
24:41Juste le temps de vous rappeler
24:42qu'au cœur de l'histoire,
24:43c'est tous les jours sur Europe 1
24:45de 15h à 16h
24:46avec Stéphane Bern du lundi au vendredi
24:48et Virginie Giraud samedi et dimanche.
24:50Ils vous font le récit d'événements,
24:52de lieux et de personnages
24:53qui ont façonné l'histoire.
24:54Demain, Stéphane Bern retrace l'histoire
24:56du triomphe de la flûte enchantée de Mozart.
24:59Tous les épisodes d'Au cœur de l'histoire
25:00sont à retrouver dès maintenant
25:02en replay et en podcast
25:03sur europe1.fr
25:05et sur l'application Europe 1.
25:06La pause et la suite d'On marche sur la tête
25:09dans un instant.
25:09A tout de suite.