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00:0012h14, très belle fin d'année à l'écoute d'Europe 1 et de Jacques Serret jusqu'à 14h01, 89, 20, 39, 21 pour réagir chers auditeurs d'Europe 1.
00:14Et nous avons en ligne Stéphane Berne que vous retrouvez chaque jour sur Europe 1 pour au coeur de l'histoire de 15h à 16h Jacques.
00:19Bonjour Stéphane Berne.
00:21Bonjour Jacques, bonjour à toutes.
00:23Merci beaucoup d'être avec nous Stéphane.
00:26On va échanger avec vous sur Notre-Dame de Paris.
00:29Mais juste avant de vous poser des questions Stéphane, j'aimerais qu'on écoute sur l'antenne d'Europe 1 un reportage d'Antoine Bienveau, reporter à Europe 1.
00:38Antoine s'est rendu sur le parvis de Notre-Dame puisque figurez-vous que plus de 30 000 visiteurs franchissent chaque jour les portes de l'édifice
00:46pour découvrir le monument restauré après 5 ans de travaux.
00:50Donc il faut patienter de longues heures avant de pouvoir pénétrer dans l'édifice.
00:55Antoine Bienveau l'a constaté pour Europe 1 sur le parvis de Notre-Dame.
00:59Malgré la bruine glaciale qui tombe sur l'île de la cité,
01:02ils sont des milliers à se bousculer dans l'immense file d'attente qui envahit le parvis de Notre-Dame.
01:07Venus sans réservation, Anne et son conjoint ne sont plus qu'à quelques mètres du Graal.
01:12Ça fait environ 1h10 qu'on fait la queue.
01:15Forcément il y a beaucoup de monde.
01:16Et bien là on a bientôt fini, on arrive je pense dans un quart d'heure.
01:19On est contents.
01:19Derrière elle certains s'impatientent, désorientés par l'absence de barrières et de signalisations.
01:24C'est pas très clair.
01:25On sait même pas où faire la queue.
01:26C'est un peu fouillé.
01:27Une cohue qu'a évité Jean-Marc dans l'autre file d'attente,
01:30dédiée aux visiteurs munis d'un billet préalablement réservé sur internet.
01:34On a cherché à avoir des places.
01:36Donc on avait pris pas mal de temps pour se connecter, être patient,
01:39voir son tour arriver et puis en fait on a réussi facilement à entrer.
01:43Malgré l'attente, le jeu en vaut la chandelle.
01:45Après plus d'une heure passée dans le froid, Dominique ressort aux anges de la cathédrale.
01:49Ce qui m'a le plus impressionné c'est la voûte et les peintures sur les murs sont extraordinaires.
01:53Ça vaut le coup, il faut être patient mais ça vaut le coup.
01:55Un souvenir inoubliable qui restera, elle l'assure, à jamais gravé dans sa mémoire.
02:00Le reportage d'Antoine Bienveau à Notre-Dame de Paris.
02:04Nous sommes en ligne avec Stéphane Berne.
02:06Stéphane, c'est vrai que c'est un immense succès et qu'il y a une très grande influence
02:11pour cette réouverture de Notre-Dame de Paris.
02:15Et en même temps, il y a un sujet qui nous préoccupe, qui vous préoccupe Stéphane.
02:20Ce sont les nouveaux vitraux de Notre-Dame de Paris dont la confection a été confiée à une artiste contemporaine.
02:27Et vous poussez un coup de gueule Stéphane sur ces nouveaux vitraux.
02:31Écoutez, j'adore le travail de Claire Tabouret, j'adore les vitraux contemporains.
02:38Il y en a de magnifiques à Chartres, là où dans la chapelle Saint-Pierre ils avaient disparu.
02:44Mais pourquoi faut-il démonter des vitraux qui sont en parfait état ?
02:49Ceux de Viollet-le-Duc, et j'y reviendrai, mais ils ont été classés tel quel.
02:54Pourquoi faut-il les démonter pour en installer des contemporains ?
02:57J'adore la création contemporaine, mais là où il n'y a plus rien, là où il y a des blancs,
03:03là où il y a des vitraux cassés, mais pas démonter des vitraux qui sont classés depuis Viollet-le-Duc,
03:10c'est-à-dire depuis le XIXe siècle, parce qu'on contrevient à toutes les règles du patrimoine.
03:16La première, c'est la Charte de Venise de 1963, à laquelle la France a souscrit.
03:22Ensuite, on ne peut pas faire n'importe quoi dans un monument historique.
03:26Si moi, dans mon monument historique, je fais n'importe quoi,
03:29je reçois immédiatement une amende de la part de la Direction régionale des Affaires culturelles.
03:34L'État s'affranchit des règles qu'il impose à tous.
03:38Et c'est ça qui me choque le plus, d'ailleurs, depuis que j'ai poussé mon coup de gueule,
03:43je reçois beaucoup de... je ne sais pas pour inquiéter la ministre de la Culture,
03:48mais tous ces services m'écrivent en me disant
03:51« Mais comme tu as raison, tu as le courage de le faire, nous on ne peut rien dire,
03:55on est aux fonctionnaires, on est tenus au mutisme. »
04:00Donc je parle en leur nom, ils sont tous outrés.
04:03Ils me disent « Mais comment on va faire maintenant,
04:05quand il y a un propriétaire privé qui fait n'importe quoi dans son monument historique,
04:10on ne pourra plus rien dire, puisque le premier propriétaire de monuments historiques, c'est l'État. »
04:15Et l'autre chose aussi qui m'a un peu choqué dans la réponse de la ministre de la Culture,
04:20elle dit « Oui, mais au fond, ce n'est pas le Président qui la demande,
04:23c'est le clergé qui a réclamé des vitraux contemporains. »
04:27Mais depuis quand le locataire, pardon, mais le clergé est affectataire ?
04:32La cathédrale appartient à l'État, c'est l'État qui est propriétaire.
04:36On n'a jamais vu un locataire demander à ce qu'on démonte des vitraux classés monuments historiques
04:44depuis un siècle et demi ou deux siècles, pour mettre des vitraux contemporains.
04:49Enfin, ça n'a pas de sens. C'est le fait du prince, c'est ça que je dénonce.
04:53J'admire beaucoup tout ce qu'a fait le Président de la République jusqu'à présent pour le patrimoine,
04:59mais j'en suis le premier témoin avec la mission qu'il m'a confiée.
05:03Mais là, trop c'est trop, trop c'est trop.
05:06Je l'ai dit, je l'ai dit Medziovoce, je lui ai dit en privé, je l'ai dit sur tous les tons,
05:13ça n'a pas pris, on continue à y aller.
05:17La Commission nationale du patrimoine et de l'architecture a rendu un avis unanime négatif sur cette transformation,
05:26si bien qu'il y aura des recours.
05:29Et puis franchement, en ce moment, est-ce qu'on a 4 millions à dépenser pour des vitraux contemporains ?
05:34Moi, je serais d'avis que l'État les donne à Mayotte et qu'on aille sauver toutes ces personnes
05:39qui sont vraiment sans logement sur l'archipel.
05:43Franchement, ces 4 millions seront mieux occupés là-bas.
05:48Mais Stéphane, est-ce que vous l'avez dit directement au Président de la République ?
05:52Mais bien sûr, bien sûr, je l'ai dit, je l'ai dit à son épouse, je lui ai dit.
05:58Non, il se moque, il dit que je relance la querelle des anciens et des modernes,
06:04que je fais partie des conservateurs, des réactionnaires, etc.
06:08Ce n'est pas une question d'anciens ou de modernes, c'est une question de règles.
06:13On ne peut pas s'affranchir des règles qu'on impose à tout le monde.
06:19Je crois que si les gens me font confiance sur le patrimoine,
06:25c'est que je suis respectueux des règles.
06:28Je ne dis pas n'importe quoi sur le sujet, c'est mon gouvernail au fond.
06:36Je sais qu'on doit respecter un certain nombre de règles.
06:40Et pourquoi est-ce que le Président veut absolument ces vitraux contemporains ?
06:44Pour marquer son temps, pour marquer son empreinte ?
06:47Mais il y a mille autres façons de marquer son empreinte.
06:49On n'est pas obligé de la marquer en enlevant des vitraux signés quand même.
06:54Eugène Viollet-le-Duc, ce n'est pas n'importe qui,
06:57pour mettre des vitraux contemporains.
07:00J'adore Claire Sabouré, je pense qu'elle a beaucoup de talent
07:04et elle pourra faire ses vitraux contemporains partout.
07:07Mais pas à Notre-Dame et pas là où il y a des vitraux qui tiennent le coup depuis 1870.
07:13Oui, Stéphane Bern, restez bien avec nous.
07:15Et si vous souhaitez réagir, vous pouvez appeler Le Standard.
07:18Nous sommes ensemble jusqu'à 13h.
07:20Êtes-vous d'accord avec Stéphane Bern ? Dites-le-nous au 01-80-20-39-21.
07:25A tout de suite avec Jacques Serret sur Europe 1.
07:3212h24 sur Europe 1, réagissez au 01-80-20-39-21.
07:36Jacques, vous êtes toujours en ligne avec Stéphane Bern.
07:39Oui, Stéphane Bern en ligne avec nous. Merci Stéphane de rester avec nous sur l'antenne d'Europe 1.
07:43On parle de Notre-Dame de Paris.
07:45Emmanuel Macron qui souhaite installer six vitraux contemporains dans la cathédrale Notre-Dame de Paris
07:50à la place d'anciens vitraux qui ont pourtant résisté à l'incendie et qui sont classés.
07:56Ces vitraux, est-ce que l'on sait, Stéphane, si le Président va au bout,
08:01quand les anciens seraient potentiellement enlevés et les nouveaux posés ?
08:06Autrement dit, jusqu'à quand avez-vous ?
08:09Quelle est la « deadline » pour se mobiliser sur ce sujet ?
08:15C'est toute la question parce que Claire Tabouret a été choisie, donc maintenant il faut aller très vite.
08:20Je crois que le Président a envie d'aller très vite, mais ce qu'il ne sait pas,
08:24enfin oui sans doute peut-être, c'est que le jour où il va y avoir un permis de démonter ces vitraux,
08:30il y aura des recours devant la justice par des associations comme la Tribune de l'Art,
08:36par Sites des monuments, par tous les défenseurs du patrimoine vont évidemment réagir.
08:42Ensuite, ce qui me paraît tout à fait fou, c'est qu'il est prévu que ces vitraux anciens
08:50soient placés dans ce qu'on appelle le musée de l'œuvre.
08:55Le musée de l'œuvre, c'est un musée qui doit se tenir près de Notre-Dame,
09:01mais on n'a toujours pas encore le lieu.
09:04Donc ça paraît inquiétant quand même.
09:08Oui, Stéphane. Nous avons justement une auditrice, Françoise, qui nous appelle,
09:13qui est d'accord avec vous que des vitraux contemporains n'ont rien à faire sur Notre-Dame.
09:19Je ne sais pas si Françoise est en ligne avec nous. Non, pas encore.
09:23Stéphane Bernier, Claire Tabouret, vous la connaissez personnellement ou pas du tout ?
09:27Est-ce que c'est un sujet personnel ?
09:28Pas du tout ! Non, non, pas du tout, je ne fais pas une affaire personnelle.
09:33Ce qui m'a amusé, je vais vous faire une confidence,
09:36le 15 septembre dernier, je suis allé avec le Président de la République
09:39dans les ateliers Lorrain à Chartres.
09:41Et il y avait les vitraillistes qui travaillaient.
09:43Et le Président demande « Mais vous n'avez pas concouru pour les vitraux de Notre-Dame ? »
09:49Et la dame qui gère les ateliers Lorrain a eu du mal à dire que
09:54l'artiste qui avait été sélectionné pour les ateliers Lorrain,
09:58quand il a vu que la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture
10:04avait émis un avis défavorable, s'était retiré de la compétition
10:08en estimant qu'il ne voulait pas contrevenir aux règles du patrimoine.
10:12Donc, j'ai expliqué ça au Président.
10:15J'ai dit « Voilà, il y a des gens qui respectent les règles.
10:18Mais qu'est-ce que vous voulez ? »
10:20J'ai l'impression que contre la volonté du Président, on ne peut rien faire.
10:27Moi, je rappelle la loi.
10:29Ça me coûte d'autant plus qu'il m'a confié une mission,
10:33que je n'ai pas de problème.
10:35Il vous fait confiance le Président en plus ?
10:37Il me fait confiance sur le patrimoine.
10:41Mais de temps en temps, je pousse un coup de gueule
10:45parce que quand j'estime qu'on ne fait pas les choses dans les règles de l'art.
10:49Et je ne suis pas le seul à le dire.
10:51Il y a une pétition qui a été mise en ligne par la Tribune de l'Art et Didier Hickner.
10:56Et elle a déjà atteint 300 000 signatures.
11:00C'est-à-dire qu'il y a 300 000 personnes dans notre pays
11:03qui ont donné leur nom, leur adresse, etc.
11:07pour dire « Nous n'en voulons pas ».
11:09Ça devrait quand même jouer un rôle, non ?
11:14Avec autant de monde, déjà, il y aurait une votation en Suisse.
11:18Franchement, je ne demande pas un référendum national,
11:22mais quand même qu'on prenne en considération la vie des défenseurs du patrimoine.
11:26Merci beaucoup Stéphane Bern.
11:28Et justement, il y a Françoise qui nous appelle.
11:31Bonjour Françoise.
11:33Bonjour.
11:34Vous nous appelez d'où ?
11:36Je suis sur l'autoroute, mais je vis dans l'Indre.
11:39Et ce témoignage de Stéphane Bern pour les vitraux de Notre-Dame vous a touché, vous a alerté ?
11:45Ça me scandalise.
11:47Parce que je suis totalement d'accord avec Stéphane.
11:50En plus, je trouve que c'est assez paradoxal de nommer Stéphane à la tête
11:55de quelque chose qui gère le patrimoine, qui est donc là pour le faire respecter
12:00et le proroger, le mettre en valeur,
12:04et paradoxalement se foutre royalement des règles
12:08en disant « Je suis le président, je fais mon caprice ».
12:11Bien évidemment, je trouve ça scandaleux,
12:14totalement irrespectueux de notre patrimoine, de nos valeurs.
12:20Des artistes précédents qui ont fait des choses merveilleuses
12:24et qui sont là depuis des années, des années, des siècles.
12:27Et là, d'un coup, j'ai fait mon caprice.
12:30Et ça reflète malheureusement l'état actuel de la France.
12:34Alors, j'allais vous dire, il faut faire une pétition.
12:37J'ignorais qu'elle existait, donc parfait, s'il y en a une,
12:40je vais me dépêcher de la signer et de convier mes amis à le faire,
12:45parce que plus on sera nombreux, peut-être que plus on sera un petit peu entendus.
12:49On peut le souhaiter, mais même si c'est un vieux pieux, en l'occurrence.
12:53Mais voilà, je trouve ça épouvantable.
12:56Et ça rejoint malheureusement tout ce qui se passe dans notre pays aujourd'hui.
12:59Je ne vais pas extrapoler, mais voilà.
13:02Merci beaucoup Françoise, merci de nous avoir appelés sur Europe 1
13:05pour réagir à cette actualité.
13:08Un grand merci à Stéphane Berne, que l'on retrouve évidemment sur Europe 1.
13:13Il est 12h30, 12h30 sur Europe 1, les informations.