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00:00Europe 1, matin, week-end. 6h-9h, Charles Lhuillier.
00:06Europe 1, 8h13, c'est l'heure de l'interview actue d'Europe 1, matin, week-end, interview politique.
00:11Ce matin, Charles Lhuillier, vous recevez le politologue et communiquant Jean-Christophe Gallien.
00:15Oui, puisque l'actualité politique a été, malgré cette trêve des confiseurs, chargée cette semaine.
00:21Et pour en discuter, effectivement, accueillons Jean-Christophe Gallien.
00:25Bonjour Jean-Christophe Gallien.
00:27Merci d'être en direct ce matin avec nous sur Europe 1.
00:31Comment ne pas commencer cet entretien par Mayotte ?
00:34Bilan humain toujours provisoire, malheureusement, après le passage de Chido, autour d'une quarantaine de morts.
00:39C'est évidemment très vague pour l'instant.
00:41François Bayrou se rend à Mayotte dès demain.
00:44Il sera accompagné par cinq ministres, dont Elisabeth Borne, à l'Education nationale,
00:48Manuel Valls, nouveau ministre des Outre-mer.
00:51Jean-Christophe Gallien, faut-il y voir finalement une séquence rattrapage
00:56après les bourdes de ces derniers jours, slash dernières semaines ?
01:01Une séquence rattrapage, on peut le regarder comme ça.
01:05C'est clair que vous avez des reproches qui ont été faites à François Bayrou en particulier
01:09de ne pas avoir été à Mayotte quasi immédiatement.
01:12C'est-à-dire qu'il n'avait pas encore de gouvernement, où il était en train de le composer.
01:16Et finalement, il a préféré continuer à travailler sur ce gouvernement,
01:19voire aller à Tours, rappelez-vous.
01:21C'était le principal élément de critique qui lui a été fait.
01:26C'est compliqué parce qu'effectivement, s'il avait ralenti la fabrication du gouvernement,
01:32on aurait pu le critiquer là aussi.
01:33Le président de la République étant allé lui, on peut estimer finalement
01:37que l'État était présenté, représenté évidemment au plus haut niveau
01:41et que ce n'était pas au premier ministre.
01:43Je crois que ça a été un moment de flou.
01:46Vous savez, on est dans un système avec un État faible.
01:49Un État faible, effectivement, tout peut être scruté,
01:52la moindre décision peut être mise en difficulté.
01:54Je crois qu'il y a un flou.
01:56Et ce flou, effectivement, se rajoute à la faiblesse de notre appareil d'État.
02:00Et donc forcément, ça crée des opportunités de critique et aussi d'attachement.
02:04Voilà, parce que Mayotte, Jean-Christophe Gallien,
02:06manque de tout, eau, vivres, nourriture.
02:09Bon, ça va sans langue de bois.
02:11Ça va servir à quoi cette visite très concrètement sur le terrain pour les Mahorais ?
02:16Ça, on peut se poser la question exactement.
02:18Je crois que vous touchez du doigt l'essentiel.
02:20L'essentiel pour les Mahorais, ce n'est pas qu'il y ait un cortège,
02:23ce n'est pas que les trois avions qui arrivent,
02:25avec des ministres à l'intérieur des avions,
02:27mais plutôt qu'à l'intérieur des avions, des bateaux,
02:29il y ait ce qu'il manque aujourd'hui.
02:32Il est dans l'urgence, effectivement.
02:33On ne parle même pas d'infrastructure, de structuration, de restructuration,
02:36de reconquête de ce que pouvait être Mayotte,
02:38puisque on connaissait déjà le chaos existant à Mayotte.
02:41Donc le chaos a été, pour le coup, plus que renforcé.
02:44Il a été démultiplié par la terrible catastrophe.
02:47Aujourd'hui, c'est la première fois qu'il y aura cinq ministres.
02:49Là, on est dans la démonstration de force, d'intérêt aussi.
02:51Il faut aussi le reconnaître.
02:52Avec des ministres qui sont en charge, on peut imaginer
02:54avec Manuel Valls, effectivement, sa légitimité d'y être.
02:56On pourrait se poser la question.
02:58Il aurait pu peut-être y aller plus tôt,
03:00mais certainement devait-il attendre la couverture pour France Inter.
03:03Et alors, Élisabeth Borne,
03:05on pourra également se poser la question, Jean-Christophe Gallien.
03:10Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur,
03:13n'a pas hésité à dire que la reconstruction de Mayotte
03:16passait par, je cite,
03:18la lutte contre l'immigration clandestine.
03:20On rappelle qu'à Mayotte, un habitant sur deux
03:22n'est pas né sur l'île,
03:24que les problèmes de délinquance sont étroitement liés,
03:27bien sûr, à cette immigration galopante
03:30venant majoritairement des Comores.
03:32Mais le ministre de l'Intérieur,
03:34malgré ses critiques,
03:36parce que c'est vrai que beaucoup d'organisations de gauche,
03:39notamment Olivier Faure,
03:40n'ont pas hésité à tacler Bruno Retailleau
03:42lorsqu'il a dit que la reconstruction passerait
03:45par la lutte contre l'immigration clandestine.
03:48Malgré ces critiques,
03:50Bruno Retailleau reste droit dans ses bottes.
03:53Oui, parce qu'on connaît les raisons du chaos
03:56qui règne à Mayotte.
03:57On les connaît parce que c'est une part d'Afrique
04:01qui est française.
04:02Voilà, on peut le dire comme ça,
04:03parce que dans la vie de la réalité,
04:05une part d'Afrique est française.
04:06Et dans cette part d'Afrique,
04:07il y a effectivement des mobilités
04:09qui sont proches,
04:10mais comme on vous en parlait,
04:11on va parler de l'Est africain qui vient aussi.
04:13Pourquoi ?
04:14Parce que lorsque vous venez à Mayotte,
04:16vous pouvez toucher du doigt
04:18quelque chose qui est inaccessible
04:19quand vous êtes dans la zone,
04:20c'est-à-dire la nationalité française.
04:21Et effectivement,
04:22aujourd'hui, une des principales causes
04:25du contexte chaotique maorais,
04:27c'est le surplus de population,
04:29notamment parce que les gens veulent y être.
04:31Parce que quand on y est,
04:33on a une capacité pour le coup
04:34de changer un parti de son dessin.
04:35On peut l'imaginer.
04:36La maternité de Mamoudzou,
04:39le chef-lieu de Mayotte,
04:40est la plus grande maternité,
04:41non pas de France,
04:42mais d'Europe.
04:43On marche sur la tête.
04:46Oui, et vous savez,
04:47c'est une part de France.
04:49C'est une partie de la France.
04:50Donc effectivement,
04:51pour autant,
04:52le contexte politique fait
04:53que c'est peut-être la raison
04:54pour laquelle d'ailleurs
04:55les ministres y vont.
04:56C'est-à-dire que dans cette part de France
04:57qui est malmenée,
04:58on y a de grandes difficultés.
04:59Le choléra, vous vous rendez compte ?
05:00Imaginons qu'on soit
05:01en France métropolitaine,
05:03les choses ne seraient pas acceptables
05:05de cette manière-là.
05:06Donc on est dans un contexte
05:07qui est très chaotique,
05:08mais qui est français.
05:09Et à partir de là,
05:10le contexte politique français lui-même,
05:12métropolitain,
05:13se déplace finalement
05:15avec, oui, actions,
05:16représentations,
05:17mais critiques aussi,
05:18attaques politiques.
05:19Et au-delà de la catastrophe,
05:21il y a le politique français
05:23qui s'y manifeste concrètement.
05:25Un sondage Harris Interactive,
05:28tout frais d'ailleurs,
05:29montre que Bruno Retailleau
05:31est en tête de la confiance
05:32des ministres,
05:34des Français envers les ministres,
05:35pardonnez-moi.
05:36Comment vous l'expliquez ça ?
05:38Parce que c'est vrai que sur Mayotte,
05:39Bruno Retailleau a été très présent
05:41au niveau des déclarations.
05:42Est-ce qu'il y a un lien de cause à effet
05:44ou pas sur la bonne santé
05:46dans l'opinion de Bruno Retailleau ?
05:49Vous savez,
05:50pour l'instant,
05:51il ne s'agit pas vraiment d'action,
05:53depuis le début,
05:54puisqu'il a pas eu vraiment le temps.
05:55On est dans des gouvernements
05:56à durée de vie à trois mois,
05:57vous vous rendez compte ?
05:58C'est compliqué d'agir.
05:59On est déjà dans quelque chose
06:00qui n'existait plus.
06:01Vous savez, une partie des mots français,
06:02c'est de ne pas dire le réel.
06:04Ne pas dire le réel,
06:05ne pas dire le réel
06:06avec des mots du réel
06:07que l'on peut en comprendre,
06:08ou en tout cas saisir,
06:09avec lesquels il se sent à l'aise.
06:11Et là, en l'occurrence,
06:12Bruno Retailleau,
06:13il a en particulier fait quelque chose
06:15qui était intéressant.
06:16C'était à défaut d'agir
06:17véritablement pour l'instant.
06:18Ça, c'est clair.
06:19Au moins, dire le réel.
06:21Et dire le réel,
06:22arrêter avec le déni,
06:23arrêter avec l'effacement,
06:24arrêter avec l'idée
06:25qu'il y a des sujets
06:26qu'on ne peut pas traiter,
06:27qui ne sont pas corrects.
06:28Et là, on se retrouve
06:29avec quelque chose
06:30qui est aujourd'hui
06:31une grande difficulté.
06:32Parce qu'on parle de Mayotte,
06:33évidemment, là, le chaos
06:34est multiplié.
06:35On le connaît, il existait.
06:36Mais dire le chaos,
06:37dire que ça existait auparavant,
06:39dire les raisons pour lesquelles,
06:40malgré la tempête,
06:41déjà Mayotte était en difficulté
06:43et elle était en difficulté
06:44pour cette raison et cette raison,
06:46forcément,
06:47c'est quelque chose
06:48qui est écouté
06:49parce qu'on a un sentiment,
06:50si vous voulez,
06:51qu'au moins quelqu'un
06:52met sur certains sujets,
06:53et pas sur tous les sujets,
06:54le doigt concret,
06:55avec des mots concrets,
06:56à défaut de commencer
06:57d'ailleurs par les traiter.
06:58Jean-Christophe Gallien,
06:59j'aimerais qu'on évoque
07:00rapidement avec vous
07:02Gérald Darmanin
07:03qui, cette semaine,
07:04donc le nouveau garde des Sceaux,
07:06Gérald Darmanin,
07:07a voulu montrer les muscles
07:08en promettant vouloir
07:09monter une opération
07:10place nette dans les prisons.
07:12L'ancien ministre de l'Intérieur
07:15occupe également
07:16très bien le terrain médiatique
07:17avec une application
07:18des méthodes de l'Intérieur
07:20mais dans les prisons,
07:21cette fois-ci.
07:22Est-ce que c'est votre lecture
07:23également,
07:24Jean-Christophe Gallien ?
07:26Oui, parce qu'il apporte
07:28lui aussi sa signature.
07:31Alors sa signature,
07:32ce n'est pas la même
07:33exactement que celle
07:34de Bruno Retailleau,
07:35ça c'est clair,
07:36mais c'est finalement
07:37d'essayer d'exploiter
07:38un des lieux
07:39où il y a une grande critique.
07:40Le garde des Sceaux,
07:41c'est la justice.
07:42La justice aujourd'hui,
07:43pour parmi,
07:44est critiquée par les Français,
07:46c'est-à-dire sur sa vitesse,
07:48sur sa capacité
07:49à traiter les dossiers,
07:50à condamner suffisamment.
07:51Vous voyez,
07:52cette critique,
07:53ce cortège de critiques
07:54est très fort.
07:55Et là, on va le dire,
07:56il y a un terrain de jeu
07:57exceptionnel,
07:58on va dire,
07:59pour quelqu'un qui est
08:00dans la dynamique
08:01de durcissement
08:02de Gérald Darmanin,
08:03qu'il a voulu montrer
08:04dans les opérations
08:05à l'intérieur,
08:06là, pour le coup,
08:07il récupère,
08:08là aussi,
08:09des mots forts.
08:10Est-ce que ce sont
08:11des mots suffisamment
08:12actifs pour faire
08:13quelque chose
08:14et utiles ?
08:15On n'en sait rien.
08:16Il y a effectivement
08:17une transposition possible.
08:18Merci,
08:19Jean-Christophe Gallien.
08:20On aurait pu
08:21vous demander
08:22comment vous voyez
08:23l'année 2025,
08:24alors que 2024
08:25a été marqué
08:26par censure,
08:27dissolution
08:28et n'a pas été
08:29de tout repos.
08:30Ce sera l'occasion
08:31de vous reposer
08:32cette question
08:33lors d'une prochaine
08:34entrevue avec vous.
08:35Merci beaucoup,
08:36Jean-Christophe Gallien.
08:37Et je précise que
08:38cet entretien
08:39sera réécouté
08:40en podcast
08:41sur Europe 1.fr.

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