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Des années de Gaulle à aujourd’hui, le renseignement russe n’a cessé d’espionner le cœur du pouvoir français. Une taupe dans l’entourage du Général de Gaulle ? Un journaliste de l’AFP qui a trahi sans le savoir ? Un élu de la République, rémunéré en "cadeaux coûteux" par Moscou ? Étienne Girard, rédacteur en chef du service Société de L’Express, relate dans ce premier épisode les premiers pas de cette enquête exceptionnelle.

Épisode 1/3

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Transcription
00:00Notre enquête sur les espions russes à l'Elysée, elle commence avec une série de photos. On y voit
00:08des mots en cyrillique. Pour ceux qui savent lire le russe, ils savent qu'il y a d'abord toujours un
00:15nom, parfois seulement un pseudo, ensuite une date de naissance, parfois un lieu, et ensuite toujours
00:23une profession. Et ensuite, parfois, le détail des missions exercées par cette personne en faveur du
00:32renseignement soviétique, le fameux KGB. Ces documents, ils sont aujourd'hui consultables
00:38librement à l'université de Cambridge, au Royaume-Uni. Un chercheur français, Cyril Jellipter,
00:45s'y est rendu. Il a passé plusieurs jours à farfouiller dans tous ses dossiers. Il a pris
00:51énormément de photos et ensuite il a transmis les documents les plus intéressants à notre
00:56rédaction, nous permettant ainsi de débuter notre enquête sur les espions russes au cœur du pouvoir
01:02français. Le deuxième document, c'est un document exceptionnel parce qu'il s'agit d'une note des
01:09services secrets français, en l'occurrence la DST, le contre-espionnage. Dans cette note, on découvre
01:15que pendant des années, le contre-espionnage français a eu les pires soupçons concernant
01:22un conseiller du président de la République, le premier de la Vème République, Charles de Gaulle.
01:27Ce conseiller n'était autre que son conseiller diplomatique, Pierre Maillard, qui pendant 5 ans
01:33a assisté le général de Gaulle sur toutes les questions internationales. Je suis Étienne Girard,
01:38rédacteur en chef Société Aliexpress et je m'intéresse beaucoup aux questions d'espionnage
01:43et de renseignement. Le but du renseignement russe, auparavant du renseignement soviétique pendant la
01:50guerre froide, c'est de savoir le plus de choses pour influencer le réel. Donc à la question pourquoi
01:59les espions russes voulaient tellement pénétrer l'Elysée, d'abord pour tout savoir sur les
02:06décisions françaises, en France les décisions se prennent sous la Vème République à l'Elysée,
02:12et ensuite le but c'est d'influencer, donc savoir pour ensuite intoxiquer, désinformer au mieux les
02:21décideurs français pour qu'ils prennent des mesures en faveur des grands intérêts de l'Union
02:27soviétique et aujourd'hui de la Russie de Poutine. Dans cette enquête, nous révélons le nom d'une
02:34dizaine d'agents français qui ont travaillé dans le plus grand secret pour l'Union soviétique,
02:39pour le KGB, nous montrons comment ils avaient accès à l'Elysée, ils dépendaient de différents corps
02:45de métiers, certains étaient journalistes, d'autres étaient hauts fonctionnaires et tous
02:49ont livré des renseignements intéressants permettant au KGB de parfaire soit sa connaissance des milieux
02:57décisionnaires français, soit d'influencer le réel en menant parfois des opérations
03:04d'intoxication de présidents de la République et de leurs collaborateurs. Il faut savoir que les
03:12espions russes, c'est dans leur domaine, ils sont considérés comme les meilleurs au monde. Ce que
03:18m'a expliqué un ancien dirigeant du renseignement français, c'est qu'il y a du génie dans la façon
03:23d'espionner des russes. Ils ont mis au point quatre grandes façons, quatre grands leviers
03:29de recruter des agents pour leurs intérêts. Ces leviers peuvent être résumés en France sous
03:35l'acronyme VIF, le V c'est la vénalité, l'argent, le I c'est l'idéologie, c'est souvent le levier le
03:45plus puissant, on est d'accord sur le fond donc il est beaucoup plus facile de se mettre d'accord
03:50sur un mode opératoire et sur des actions à mener ensemble, des actions clandestines. Le C c'est la
03:57compromission, les fameux compromats, c'est le fait d'avoir un levier de chantage contre une
04:05personne pour l'obliger, si elle n'est pas d'accord, à coopérer. Et puis le E c'est l'ego, c'est la
04:11flatterie, c'est la façon d'amener l'agent à penser que ce qu'il va faire est très très très
04:18important, y compris pour la paix dans le monde, afin qu'il soit le plus docile et le plus enthousiaste
04:26à exercer ses missions d'espionnage. Puis il y a une cinquième méthode qui ne figure pas dans les
04:34codes, c'est le recrutement sous faux drapeau. Le service de renseignement sait que vous ne
04:39serez pas d'accord pour espionner, vous ne serez pas d'accord pour trahir, alors le service va se
04:47présenter sous les aspects de quelqu'un d'autre. On a justement découvert un cas très spécifique de
04:55recrutement avec cette méthode du faux drapeau. Cette personne était un des journalistes les
05:01plus influents de France, elle a travaillé pour le KGB pendant des années sans le savoir.

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