• il y a 9 mois
La mort d’Alexeï Navalny ce vendredi dans sa prison de l’Arctique soulève de nombreuses questions. A commencer par celle-ci : à quoi l’opposant russe a-t-il succombé ? Les autorités russes n’ont fourni presque aucun détail, mais ce décès soudain réveille un souvenir: celui de l’empoisonnement dont le russe a fait l’objet en 2020. C’est lors d’un vol intérieur en Russie que les premiers signes sont apparus. Marie Peyraube et Etienne Grelet

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Il est entre la vie et la mort dans une des chambres vétustes de cette clinique.
00:09 Malgré tout, Moscou affirme catégoriquement que l'opposant n'a pas été empoisonné.
00:17 Les médecins ont reçu des mises en garde.
00:22 Ils ne devaient surtout pas mentionner qu'il pouvait s'agir d'un empoisonnement.
00:27 De toutes les analyses qui ont été faites, il n'y a aucune trace de poison.
00:36 Mais à l'étranger, on ne croit pas à cette thèse.
00:43 La France et l'Allemagne demandent l'évacuation immédiate du patient, hors de Russie.
00:49 Il y a eu Merkel et Macron qui ont téléphoné à Poutine, ainsi que d'autres leaders occidentaux.
00:58 Et tous lui ont bien fait comprendre que si Navalny venait à mourir en Russie,
01:05 tout le monde allait le rendre responsable et qu'il ne fallait pas se comporter comme ça.
01:14 Les proches de Navalny remuent ciel et terre et trouvent un avion d'une association humanitaire prêt à l'évacuer à Berlin.
01:26 Ils écrivent aussi à Vladimir Poutine, qui va mettre deux jours à donner son accord.
01:35 Il a repoussé l'évacuation pendant 40 heures, puis il a finalement donné l'autorisation,
01:40 parce qu'alors ils étaient quasiment sûrs qu'il n'y aurait plus aucune trace du poison.
01:48 Pendant ce temps, les amis de l'opposant restés à Tomsk vont fouiller la chambre qu'il a quittée le matin même.
01:56 Il cherche à récupérer des objets pour faire analyser d'éventuelles traces de poison.
02:05 Il se focalise sur les bouteilles d'eau.
02:10 « Si vous voulez récupérer quelque chose, il faut demander à la police », me dit le directeur.
02:15 « Non, Madame, on fera sans. Personne n'a rien touché avec les mains, on est d'accord. »
02:21 S'agit-il d'un empoisonnement ? D'un malaise ?
02:27 Des prélèvements ont lieu sur le corps de Navalny alors qu'il vient d'arriver à Berlin, toujours dans le coma.
02:34 Trois laboratoires, dont un français, vont rendre le même verdict.
02:39 « Alexei Navalny a été victime d'une attaque avec un agent chimique neurotoxique militaire de la famille du Novichok.
02:48 Cela signifie qu'Alexei Navalny est victime d'un crime. »
02:53 « Mais que c'est stupide ! Que c'est stupide ! Ce poison, c'est LA signature de Poutine.
03:00 C'est comme laisser sa carte de visite sur la scène d'un crime. »
03:05 Le Novichok est une arme chimique, la plus puissante jamais conçue, dix fois plus létale que le gaz sarin.
03:17 Fabriqué par l'Union soviétique à partir des années 70, ce poison est incolore et, d'après les chercheurs, se présente sous forme liquide.
03:25 Il peut donc être mélangé à de la nourriture ou aspergé sur des vêtements.
03:30 « Le Novichok est un agent énervant. Il agit sur le système nerveux.
03:36 Il le pousse à son extrême limite et ce qui se passe alors, c'est que l'organisme se met hors circuit. »
03:44 « Les effets ne sont pas immédiats. Et si c'est bien dosé, cela peut prendre plusieurs heures avant d'agir.
03:51 Cela veut dire que les empoisonneurs peuvent être déjà loin. »
03:56 Après trois semaines de coma, alors que les médecins n'étaient pas très optimistes, Alexei Navalny se réveille subitement.
04:08 Le survivant au Novichok raconte alors une expérience effrayante.
04:14 « Les hallucinations, dans mon cas, ce n'étaient pas des éléphants roses ou des lapins qui parlent. C'était une torture. »
04:25 À l'hôpital de la Charité de Berlin, ses deux enfants et sa femme Julia viennent le voir tous les jours.
04:33 « Le pire pour moi, ça a été de le voir à l'hôpital et de comprendre que la situation était pire que ce à quoi je m'attendais.
04:47 Mais la chose la plus horrible, c'était de le voir dans le coma. Il avait des convulsions, il s'arc-boutait, comme dans le film Alien. »
04:58 « Poutine ne s'attendait pas à ce scénario. Il ne s'attendait pas à ce que Navalny survive, à ce qu'on découvre que c'était du Novichok.
05:10 Ça devait passer pour une crise cardiaque. »

Recommandations