Ses premières émotions avec Bambi, sa découverte de l’érotisme asiatique avec Chungking Express, sa passion pour les films d’horreur avec Ring : Noémie Merlant est dans le Video Club à l’occasion de la sortie de son film Les Femmes au balcon.
Les Femmes au balcon, actuellement en salles.
Les Femmes au balcon, actuellement en salles.
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Court métrageTranscription
00:00Moi, Buffy, c'était vraiment mon rendez-vous du samedi soir.
00:03Voilà pourquoi c'est une inspiration énorme.
00:05Adèle est extraordinaire dedans, mais comme tous les films,
00:08ouais, elle manque.
00:09Un plat de nouilles prend du sens.
00:11Enfin, on passe vraiment jusqu'au calane.
00:14J'avais qu'une envie, c'était d'appeler ma mère toutes les deux secondes.
00:16Bon courage pour ce montage !
00:19Elle a un rire tellement sublime !
00:30Hey ! Salut tout le monde, c'est moi le...
00:42Ah non, là on me voit pas.
00:43Je suis là.
00:44Voilà, non, pas ici.
00:45Là.
00:46Voilà, là, je suis là.
00:48Salut tout le monde, c'est moi, le DVD de Vidéoclub.
00:51C'est juste un petit message pour vous dire merci.
00:54Merci de suivre depuis si longtemps ce programme
00:56qui nous a permis de recevoir les plus grands réalisateurs
00:59et réalisatrices pour parler cinéma en toute simplicité.
01:03Et pour nous permettre de faire vivre Vidéoclub encore plus longtemps,
01:06nous sommes accompagnés de Pluto TV pour cet épisode.
01:09Pluto TV, c'est la plateforme gratuite de streaming
01:12qui regorge de classiques déjà cultes.
01:15Merci à eux, merci à vous, et bon visionnage !
01:18Allez, je rentre dans mon rayon, moi.
01:20Voilà, je suis bien, là.
01:22Un peu serré, mais bon.
01:24Non mais ça va, ça va.
01:26Tout à l'heure, tu nous parlais un peu de tes souvenirs très sensoriels du Vidéoclub.
01:31Est-ce que tu peux nous en dire un petit mot ?
01:32Est-ce que c'est des endroits que tu as fréquentés ?
01:34Oui, alors j'en ai fréquenté un.
01:36Quand j'habitais dans Creuset, quand j'étais petite,
01:40de mes, je ne sais pas, mes dix ans à mes neuf-dix ans,
01:43à mes quatorze ans, quinze ans.
01:45Je ne sais plus en fait quand ça s'est arrêté,
01:47parce qu'un jour, il a fermé.
01:48Et en fait, j'y allais très souvent,
01:50au moins une fois par semaine avec ma sœur.
01:52C'était juste à côté de la maison.
01:53Et j'ai encore toutes les sensations, tous les bruits,
01:56toute l'excitation de se dire qu'est-ce qu'on va se regarder ce soir,
01:59sachant qu'on prenait quasiment tout le temps des films d'horreur.
02:02Même quand j'avais neuf-dix ans.
02:04Elle est plus grande que moi, ma soeur.
02:06Et on était obnubilés par trouver des films d'horreur interdits moins de 18 ans.
02:10Ça nous paraissait magique que ça soit interdit de moins de 18 ans.
02:13Bon, je ne sais pas pourquoi.
02:14Mais, et ce qui me fascinait, c'est que la dame du Vidéoclub,
02:21je m'en souviens très bien, presque comme de l'ASMR.
02:25En fait, il y avait des petites étiquettes sur chaque cassette,
02:27parce que ce n'était pas des DVD.
02:29Il y avait des petites étiquettes rouges ou vertes avec un numéro.
02:33Et on prenait juste le numéro, parce que la boîte était vide.
02:35On lui amenait.
02:37Et en fait, elle avait des ongles très longs.
02:39Et donc, elle prenait cette petite étiquette
02:44et elle cherchait dans un classeur l'étiquette qui correspondait.
02:47Et ensuite, elle sortait la cassette et elle mettait la cassette dans la boîte.
02:52Et tout ça était accompagné d'un son très particulier
02:56qui me reste encore vachement en tête
02:58et qui mélange un côté rassurant, maison, excitation.
03:04Je me suis dit que c'était bien de commencer par les premiers films
03:07dont on se souvient quand on est enfant.
03:11Et moi, je crois que j'ai eu mes premières émotions.
03:13Alors, je ne l'ai pas vu au cinéma.
03:15Je le voyais quasiment tous les Noëls en cassette chez ma grand-mère.
03:20Tous les petits-enfants regardaient Bambi.
03:23Et j'ai eu mes premières vraies émotions avec ce film.
03:36Je pense que j'ai pris conscience de la mort avec ce film,
03:39du danger, des saisons qui passent, de l'amour, de la découverte.
03:44Il y a quelque chose de très ASMR aussi.
03:48Je me souviens chaque fois que je regarde les gouttes de pluie,
03:51j'ai l'impression d'être toujours Bambi qui regarde comme ça
03:54les gouttes de pluie qui tombent sur les feuilles.
03:56D'ailleurs, tu as fait un court-métrage avec une histoire de biche.
03:59Est-ce qu'il y a un lien ?
04:01Peut-être.
04:03Inconscient, mais peut-être.
04:05Oh mon Dieu, mes yeux sont si beaux !
04:08J'adore ce filtre !
04:10Je suis la reine de Snapchat !
04:13Cinéma asiatique, oui.
04:14J'en aurais pu en mettre beaucoup plus que ça,
04:17mais à un moment donné, il faut faire des choix.
04:19J'aurais pu mettre tous les films de Wong Kar-wai.
04:21Là, j'en ai mis deux, c'est déjà pas mal.
04:23J'ai mis Chucking Express.
04:26Arrête !
04:29Je vais te tuer !
04:31Je vais te tuer !
04:34Souvent, je n'aime pas regarder les films plusieurs fois,
04:36mais il y a quelques films comme ça,
04:38les films de Wong Kar-wai,
04:40Titanic, Moulin Rouge, qui n'ont rien à voir,
04:42mais que j'ai vus plusieurs fois.
04:44Ils sont quand même différents, ces deux films,
04:47mais là, pour moi, c'est le film érotique
04:50à voir au moins une fois dans sa vie,
04:52même s'il ne se passe pas grand-chose
04:54et pourtant, il se passe tout.
04:56On ne voit pas beaucoup de peau
04:58et pourtant, c'est très excitant
05:00et très sensuel et sensoriel.
05:02Il y a beaucoup de déambulations,
05:04de corps qui se croisent, de corps qui se frôlent.
05:06Tony Leung, moi, je l'adore.
05:08Tony Leung, c'est un de mes acteurs préférés.
05:10Il a une aura, un charisme
05:12que je trouve extraordinaire.
05:14Et donc, on voit ces deux êtres
05:16se frôler dans des décors,
05:18des rues, des intérieurs somptueux.
05:20Tout prend du sens.
05:22Un plat de nouilles prend du sens.
05:24Je ne sais pas comment dire ça.
05:26Une porte qui s'ouvre
05:28prend un sens énorme.
05:30La musique, absolument fabuleuse.
05:32C'est un chef-d'oeuvre en soi,
05:34la musique de ce film.
05:40T'as vécu ton moment Wong Kar Wai
05:42jusqu'à Hong Kong, toi ?
05:44Oui, et mon moment aussi.
05:46Wong Kar Wai entre In the Mood for Love
05:48et Chungking, d'ailleurs,
05:50parce qu'on a tourné dans le Chungking.
05:52J'ai été hyper émue.
05:54Je crois qu'il a grandi là,
05:56à côté ou dans le Chungking,
05:58qui est vraiment un Chungking Mansion,
06:00qui est comme une espèce de grand...
06:02Ce n'est pas un centre commercial,
06:04mais une espèce de grand marché intérieur.
06:06C'est très vivant.
06:08C'est un peu dangereux aussi.
06:10C'est un peu parfois expérimental,
06:12voire presque conceptuel,
06:14dans la manière dont il monte ses films.
06:16Je crois, d'ailleurs,
06:18qu'il tourne énormément
06:20de mois, de semaines.
06:22Il a énormément de rush.
06:24Il fait presque plusieurs films
06:26avec un tournage.
06:28Il y a plusieurs histoires,
06:30il y a plusieurs films.
06:32Après, quand il monte,
06:34ça devient plein de choses.
06:36Là, on suit un peu deux histoires.
06:38Toujours deux histoires d'amour.
06:40C'est toujours très romantique.
06:42Plein d'histoires qui s'entremêlent.
06:44Il y a souvent des flics,
06:46souvent des gens qui sont un peu
06:48désespérés en amour,
06:50qui vivent des tromperies
06:52ou des départs.
06:54On les quitte.
06:56Il y a des nouvelles histoires
06:58qui apparaissent.
07:00Là, il y a une rencontre,
07:02notamment, que je trouve sublime,
07:04entre un des flics
07:06et une jeune femme
07:08qui travaille dans un stand
07:10de nourriture, je crois,
07:12qui écoute toujours la musique
07:14quand on vient lui commander
07:16quelque chose. Il y a une scène
07:18que j'adore, qui m'a inspirée
07:20même si ça n'a rien à voir.
07:22Je sais que j'y ai pensé beaucoup
07:24pour mon film Les femmes au balcon.
07:26Elle tombe amoureuse de ce flic
07:28et elle le suit.
07:30C'est souvent l'inverse.
07:32Il y a un homme qui suit
07:34une femme mystérieuse
07:36et qui est dans ce truc
07:38presque de prédateur.
07:40C'est un peu inversé.
07:42C'est elle qui le suit,
07:44qui s'introduit chez lui
07:46quand il n'est pas là,
07:48qui regarde ses affaires,
07:50qui range.
07:52A chaque fois qu'elle arrive,
07:54elle range tout.
07:56Elle fait son lit
07:58puisqu'il se laisse un peu aller.
08:00A chaque fois qu'il rentre,
08:02c'est comme ça.
08:12Cyclo.
08:14On ne reste pas si loin.
08:16On n'est pas dans le film d'horreur.
08:18Cyclo, Tran An Nung,
08:20un film franco-vietnamien.
08:22J'ai regardé tous ses films.
08:24Je me demande s'il n'est pas
08:26son premier ou un de ses premiers.
08:32Cyclo, mais il y a aussi
08:34l'odeur de la papaye verte
08:36à la verticale de l'été.
08:44Des films que j'adore
08:46qui ont énormément de poésie.
08:48Les cinq sens prennent
08:50beaucoup d'espace dans le film,
08:52comme si on pouvait sentir
08:54l'odeur de la nourriture,
08:56les différentes odeurs
08:58et sons qu'il y a dans la rue.
09:00Là, on est dans un quartier
09:02pauvre au Vietnam.
09:04On suit plein de petites vignettes.
09:06Ça reste une famille.
09:08Il y a un des personnages principaux,
09:10un livreur
09:12sur un cyclo.
09:14Il se le fait voler.
09:16Du coup, il prend un chemin
09:18avec des mafieux.
09:20Un mauvais chemin
09:22parce qu'il n'a pas le choix.
09:24Il doit subvenir aux besoins
09:26de sa famille.
09:28Il essaie de s'en sortir.
09:30Petit à petit, il s'enfonce
09:32dans quelque chose de terrible.
09:34C'est amené avec beaucoup de poésie
09:36et de tendresse.
09:38Il y a un regard très horizontal
09:40sur cette famille pauvre,
09:42mais il y a un très beau regard sur eux.
09:54Avec des scènes
09:56qui soufflent visuellement
09:58très fortes.
10:00Ensuite, les films d'horreur.
10:02Ring fait partie des premiers films d'horreur
10:04que j'ai vus. Il y en a plusieurs.
10:06Je regardais avec ma soeur que les versions
10:08japonaises, pas la version américaine.
10:10Je trouve que
10:12je les trouve mieux et je les trouve
10:14plus effrayants.
10:16Personnellement,
10:18les films de fantômes et d'esprits
10:20m'ont toujours fait plus peur
10:22que les films gore
10:24où on voit du sang.
10:26Il y a quelque chose qui reste dans la tête
10:28et j'ai toujours pensé
10:30qu'il y avait plus de possibilités
10:32qu'un esprit vienne nous hanter
10:34plutôt qu'un tueur
10:36vienne dans la maison.
10:38Alors que techniquement,
10:40on pourrait se dire l'inverse.
10:42J'ai toujours pensé
10:44qu'on pourrait se dire l'inverse.
10:46Donc ça, grand film d'horreur.
10:48Ce qui est intéressant,
10:50c'est que c'est lié à une cassette
10:52qu'on regarde
10:54et à partir de là,
10:56à partir du moment où on l'a regardée,
10:58il y a des choses un peu étranges dans cette cassette.
11:00Il reste sept jours
11:02à vivre aux personnes qui l'ont vue.
11:04Il y a
11:06une jeune femme qu'on voit
11:08sur la vidéo qui me faisait flipper,
11:10qui sortait de la télé et qui était
11:12complètement désarticulée.
11:14Je me souviens d'un puits.
11:16Je donne juste des images comme ça pour pas trop en dire.
11:18Mais ça fait
11:20très, très peur.
11:22Il y a un film qui était sorti un peu plus tard
11:24qui m'avait fait penser un peu à ça,
11:26à part l'Exorciste, qui est encore différent.
11:28C'était The Grunge, avec Sarah Michelle Gellar.
11:30Et t'as pu mettre des fantômes
11:32dans ton film.
11:34J'ai mis des fantômes dans mon film, tout à fait.
11:46Ça, c'est un film
11:48qui m'avait beaucoup marquée,
11:50que j'ai revu récemment.
11:52C'est un film qui m'avait
11:54beaucoup marquée,
11:56que j'ai revu récemment.
11:58Et je trouve qu'il est magistralement interprété,
12:00mis en scène,
12:02qu'un thriller d'horreur.
12:12Dans ces films,
12:14les flics sont toujours montrés de manière un peu absurde.
12:16Ils sont toujours
12:18comme s'ils étaient en retard
12:20ou toujours un peu
12:22en décalé avec ce qui se passe.
12:24C'est toujours trop lent.
12:26Et on n'y arrive jamais.
12:28Je ne vais pas raconter la fin.
12:30Du coup, il y a un côté très agaçant.
12:32Jusqu'au bout, on a l'impression que,
12:34j'ai peur de spoiler,
12:36un des personnages va être sauvé.
12:38On est en haleine pendant tout le film,
12:40avec des personnages particulièrement
12:42agaçants, avec d'autres personnages
12:44particulièrement intéressants.
12:46Je crois que c'est dans The Strangers
12:48qu'il y a un pet.
12:50Dans le commissariat,
12:52il y a un des flics qui pète.
12:54Mais sans aucune raison.
12:58Et il n'y a aucune réaction
13:00des personnages dans le film.
13:06Ça montrait
13:08une certaine absurdité du truc,
13:10tout en menant une affaire assez horrible à côté.
13:12Dans The Strangers, il y a plus de fantômes
13:14et de démons, mais on est toujours avec des flics.
13:16Penélope Cruz, déjà une grande inspiration.
13:18Moi, en tant que comédienne,
13:20je suis
13:22très admirative
13:24de cette actrice.
13:36Et d'Almodovar,
13:38que j'aime énormément.
13:40J'aurais pu mettre presque tous les films
13:42d'Almodovar, sauf un
13:44que je n'ai jamais compris.
13:46D'ailleurs, j'aimerais bien un jour
13:48rencontrer Almodovar pour pouvoir parler de ce film
13:50parce que je n'ai pas compris qu'il parle avec elle.
13:52Ce qui me met très mal à l'aise.
13:54Et j'aimerais comprendre ce qu'il a voulu
13:56raconter dans ce film.
14:02Tous les autres,
14:04je les adore sans
14:06retenue, dont Volvers,
14:08qui a été encore une source d'inspiration.
14:10On suit des femmes.
14:12Penélope Cruz est en couple avec un mec
14:14pas hyper...
14:16pas cool du tout.
14:18Et on peut le dire, parce que c'est le début du film,
14:20la jeune fille,
14:22sa fille, je veux dire, le tue.
14:24En tout cas, cette idée de
14:26mare de sang avec des femmes en couleur
14:28qui parlent fort, qui sont en vie,
14:30qui sont pleines de contradictions, de complexités
14:32en même temps dans une sororité
14:34avec toutes ces femmes du village,
14:36il y a eu aussi une histoire de fantôme dedans.
14:38Voilà pourquoi c'est une inspiration énorme.
14:40Les petites marguerites, que j'ai découvert assez récemment,
14:42qui, j'ai découvert,
14:44était un film culte, mais pas
14:46suffisamment connu,
14:48qui date de 1966, je crois, de
14:50Vera Shetilova.
15:00Je ne l'ai pas découvert au cinéma,
15:02mais c'est un film qui, encore une fois,
15:04même encore plus que tous les autres,
15:06prend énormément de liberté.
15:08On suit deux femmes
15:10qui s'appellent Marie 1 et Marie 2,
15:12qu'on voit sur l'affiche,
15:14on les suit dans leur intimité,
15:16dans un appartement décoré de manière jamais vue dans un film,
15:18un appartement décoré comme ça.
15:20Donc il y a vraiment un souci du détail
15:22et de la mise en scène,
15:24mais aussi de la mise en décor
15:26de chaque pièce.
15:28Et qui se retrouvent dans un monde,
15:30je crois qu'il y a des images de guerre dans le film,
15:32qui se retrouvent dans une société
15:34de surconsommation,
15:36de destruction.
15:38Et en fait, elles décident d'en faire
15:40pleinement partie,
15:42même pas de se venger,
15:44mais de participer de manière provoquante
15:46à cette destruction.
15:48Je me souviens d'une scène avec de la nourriture
15:50à la fin, qui avait énormément choqué.
15:52À l'époque, il a été censuré
15:54dans pas mal de pays,
15:56je crois, ce film.
16:08Il y a vraiment
16:10un rapport à la destruction qui est un reflet
16:12de notre société.
16:14C'est un film très politique, mais aussi dans sa forme
16:16très libre, parce qu'on n'est pas
16:18dans un film, une narration efficace.
16:22Pas du tout.
16:24Et en même temps,
16:26avec une puissance dans ce que ça raconte
16:28et une beauté aussi esthétique absolument folle.
16:30Un peu de cinéma italien.
16:32J'aime beaucoup le cinéma italien.
16:34J'ai découvert assez tard.
16:36Comme je disais tout à l'heure,
16:38j'allais au vidéoclub avec ma soeur.
16:40On n'allait très peu au cinéma.
16:42Et on ne regardait que des films d'horreur.
16:44Et la télé.
16:46Des séries à la télé.
16:48Je suis arrivée à Paris à 17 ans.
16:50Je ne connaissais rien.
16:52Je suis arrivée au Cours Florent.
16:54J'avais la honte parce que tout le monde avait
16:56une culture assez...
16:58Que ce soit en littérature ou en film,
17:00assez pointue.
17:02Et c'est vrai que j'avais un peu un complexe
17:04à ce moment-là.
17:06C'est un film que j'ai rencontré dans mon premier film
17:08qui s'appelle L'orpheline avec un bras en moins.
17:10Avec en plus un bras en moins qui avait été écrit
17:12par Roland Thauport et réalisé par Jacques Richard.
17:14Où je jouais avec Melville Poupot.
17:24Et Melville Poupot m'avait fait une énorme liste
17:26plein de films
17:28à voir.
17:30Dans le cinéma italien.
17:32C'est une liste que j'ai toujours d'ailleurs.
17:34Et qui m'a permis comme ça
17:36de commencer
17:38déjà à voir tous ces films.
17:40Donc la plupart je les ai vus
17:42en DVD ou en
17:44streaming légal.
17:46Donc L'éclipse qui est un de
17:48vraiment un de mes films
17:50préférés. D'Antonioni.
17:52Donc il y a Alain Delon dedans et Monica Vitti.
17:54Monica Vitti que j'adore.
18:00En fait je crois que je suis assez bouleversée
18:02par ces films où on voit des personnages
18:04et souvent des femmes qui sont dans l'errance.
18:06Qui sont dans
18:08la quête, la recherche de quelque chose.
18:10Mais souvent elles-mêmes ne savent pas quoi.
18:12La scène d'ouverture est magnifique. Elle quitte
18:14son mari ou son mec
18:16qui ne comprend pas.
18:18Parce que
18:20beaucoup d'hommes, surtout à l'époque j'imagine
18:22ne comprennent pas les femmes. Mais parce que peut-être
18:24qu'ils n'ont pas pris le temps de les comprendre.
18:26C'est intéressant d'ailleurs de voir
18:28dans tous ces films, souvent
18:30il y a beaucoup de femmes mystérieuses.
18:32Et c'est marrant en tant que femme de voir tous ces films
18:34et de voir ça. Parce que moi je pense que le mystère
18:36c'est parce que justement
18:38on a créé une espèce de femme
18:40objet, une espèce d'image
18:42qu'on peut ou non posséder
18:44disposer et y mettre
18:46ce qu'on veut, y projeter ce qu'on veut
18:48quand on est homme. Et du coup elle en devient
18:50un mystère puisque finalement elle-même
18:52n'ose pas, ne peut pas vraiment s'exprimer dans cette société.
18:54Et dans cet espace
18:56public non plus.
18:58Donc elle en devient un mystère mais
19:00ce mystère n'est pas quelque chose de
19:02sympa.
19:04C'est plutôt
19:06assez terrible en fait.
19:08Ce mystère-là qui en fait est
19:10pas réel.
19:12Et bref, j'adore ce film, je peux en parler des heures.
19:14Mama Roma, Anna Magnani
19:16une de mes actrices préférées
19:18qui est presque une des seules ou justement
19:20qui n'est pas dans ce truc de mystère.
19:22Parce qu'elle est là.
19:24Son corps, sa présence, sa voix
19:26sa complexité.
19:28Oui, ses cris,
19:30ses envies, ses désirs.
19:32J'ai l'impression qu'on les sent, on les entend
19:34beaucoup plus qu'ailleurs. Beaucoup plus
19:36que dans d'autres films et chez d'autres actrices.
19:46Et celui-là ça fait partie
19:48de mes films préférés.
19:50Et c'est une histoire sublime. Donc c'est Pasolini
19:52et c'est une histoire sublime d'une
19:54mère prostituée qui récupère son fils
19:56et qui essaie de...
19:58Je crois qu'elle s'installe à Rome
20:00dans une banlieue de Rome
20:02ou à côté d'un terrain vague
20:04et elle essaie de reconstruire sa vie
20:06avec son fils. Mais bon, elle essaie d'avoir
20:08un petit boulot, de travailler.
20:10Et son fils, lui, il erre avec d'autres
20:12adolescents. Donc il y a encore beaucoup d'errance
20:14avec d'autres adolescents du
20:16quartier. Il part un peu
20:18en vrille et cette mère fait tout ce qu'elle
20:20peut pour
20:22rejoindre les deux bouts et pour sauver son fils.
20:24C'est très très poignant et
20:26dans mes souvenirs il y a une scène d'ouverture
20:28absolument exceptionnelle.
20:44Ensuite...
20:46Alors, simple comme Sylvain ?
20:48Parce que, je sais pas si tu l'as vu, mais on sent
20:50que son film...
20:52On sent que la façon dont tu
20:54filmes les femmes et le désir
20:56ou la nudité ont été très réfléchies.
20:58Et moi je trouve que dans Simple comme Sylvain,
21:00elle fait vraiment un truc qui est incroyable
21:02à ce niveau-là. Je sais pas trop
21:04comment elle réussit ça à faire ce film aussi
21:06sensuel, sexuel et tout
21:08tout en préservant son actrice.
21:10Elle a vraiment, je trouve, un regard absolument magnifique.
21:12Donc ça m'intéresse.
21:14Monia Chokri, je l'adore humainement
21:16comme actrice, comme réalisatrice.
21:18J'ai absolument adoré ce film.
21:20C'est marrant parce que je l'ai vu avec ma soeur et ma mère.
21:36On a ri, mais qu'est-ce qu'on a ri
21:38et en même temps, c'est assez rare
21:40finalement, alors moi aujourd'hui, mais de vraiment
21:42se reconnaître en tant que femme
21:44dans des situations avec
21:46un autre
21:48rapport à la sensibilité
21:50ou à l'amour ou j'en sais rien
21:52mais je trouve qu'elle raconte
21:54non seulement les corps et l'intimité
21:56et la sexualité différemment,
21:58mais aussi les dynamiques justement
22:00amoureuses différemment.
22:02Et je trouve ça hyper
22:04pointu, hyper intelligent
22:06et ça ouvre complètement un dos d'imaginaire
22:08qui moi me manquait
22:10et me manque toujours
22:12aujourd'hui. Les acteurs sont exceptionnels.
22:14Pour moi, franchement,
22:16c'est un culte.
22:18Moi, Buffy, c'était vraiment mon rendez-vous
22:20du samedi soir.
22:24On allait commander
22:26du Domino's Pizza
22:28et on regardait
22:30je dis des trucs très précis, mais
22:32pour moi, ça va ensemble. Et aussi, j'ai tourné
22:34quand je commençais
22:36j'ai tourné dans un petit film anglais
22:38The Brothers, je crois
22:40ça s'appelle. Et comment
22:42il s'appelle déjà ? Robert Giles
22:44qui est donc un peu
22:46le mentor dans Buffy
22:48qu'il voit toujours dans la bibliothèque de l'université
22:50et j'ai joué
22:52avec lui. Mais c'était
22:54il n'y a pas si longtemps après parce qu'en fait
22:56j'ai dû jouer avec lui genre vingt et quelques.
22:58Buffy, ça s'est arrêté trop tôt
23:00malheureusement. Mais ça m'a fait une sensation
23:02je me suis... Pour moi, c'était une star à ce moment-là
23:04alors que personne n'a vu le film
23:06que c'était vraiment mes tout débuts
23:08personne ne me connaissait. Et puis finalement, j'ai commencé
23:10à travailler quand même
23:12bien plus tard. Mais à ce moment-là, pour moi, c'était
23:14c'est bon. Je touche le Graal quoi.
23:16Les Diaboliques
23:18vous allez me dire, bah en fait, il y en a
23:20des films avec des femmes complexes et des femmes
23:22oui.
23:34Diaboliques, j'adore. Simone Signoret
23:36immense actrice
23:38ça fait encore partie de ma longue liste de références
23:40mais
23:42on est sur des femmes qui
23:44en fait souvent on appelle ces femmes
23:46un peu des films de vengeance mais moi je dirais plutôt que c'est des films
23:48de défense personnellement. En liberté
23:50moi j'ai envie de parler d'Adèle
23:52et de dire, bah ce film il est génial
23:54de Pierre Salvadori donc
24:08J'ai vraiment adoré. Je sais que
24:10ça a été une source d'inspiration pour
24:12Pour l'Innocent. Dans un peu ce
24:14ton de comédie là et de
24:16de jeu
24:18C'est lequel ?
24:20C'est celui avec le col roulé noir là, tu le vois là ?
24:22Oh putain ! Quoi ?
24:24Mais il est canon !
24:26Non mais pas ça, qu'est-ce que tu sens ?
24:28Sylvie ! Adèle est extraordinaire
24:30dedans mais comme tous les films
24:32dans lesquels elle joue
24:34et en tout cas c'est l'occasion
24:36de dire qu'on aime tous ses films
24:38qu'on pense à elle et que
24:40je pense à elle parce que je ne vais pas parler
24:42de l'un des autres mais ouais, elle manque.
24:44Je trouve que
24:46en liberté comme
24:48comme L'Innocent
24:50c'est un peu à toutes les deux vos
24:52révélations dans le registre
24:54de la comédie. Est-ce que toi
24:56tu savais que t'avais ça en toi ?
24:58C'est pas que je savais que ça, j'avais
25:00fait quelques films. Alors j'avais fait
25:02le court métrage de Pierre Ninet qui s'appelle Pour le rôle
25:04Approchez, approchez !
25:06Non ! Non !
25:08Mais laissez-moi parler !
25:10Butch !
25:12Allons-y !
25:14J'avais fait
25:16Le retour du héros que j'ai vu pas loin d'ailleurs
25:18je sais pas où il est mais je l'ai vu tout à l'heure.
25:20Vous êtes sorti de cet impasse
25:22dans ce fortain avec cette poignée
25:24d'hommes et ces 2000 anglais
25:26qui vous encerclaient.
25:28Mais en fait vu que personne n'en avait
25:30trop parlé, bon après peut-être que ça restait
25:32des plus petites choses,
25:34pas plus petits films parce que Le retour du héros
25:36c'est un de mes plus petits rôles pour moi. Du coup
25:38peut-être que j'étais moins bonne aussi et que c'était mes
25:40débuts dans la comédie donc voilà. Mais vu
25:42que personne n'avait trop réagi, je me suis dit
25:44bon c'est que je dois pas, peut-être que
25:46j'oublie ce registre là et que je me concentre sur autre chose.
25:48Et en fait
25:50c'est petit à petit, c'est
25:52Jacques Audiard qui m'a fait revenir à la comédie
25:54dans son film Les Olympiades
25:56où il voulait qu'il y ait cette touche un peu de comédie.
25:58La fin t'as 10 minutes à pied.
26:00Elle est pas belle la vie,
26:02c'est simple, je pouvais pas trouver mieux.
26:06Et tu sais quoi ?
26:08Je vois la scène de ma fenêtre. Et du coup
26:10Louis qui a vu Les Olympiades et qui
26:12s'est dit ah bah tiens, peut-être qu'elle peut
26:14et donc on va faire des
26:16essais et on va travailler ensemble et voir.
26:18Donc c'est pas comme si c'était une découverte
26:20découverte mais en tout cas ça a été comme une
26:22réconciliation et une prise de confiance par rapport
26:24à la comédie pour moi.
26:26Ah Le père Noël est une horreur du... Bah tiens, non.
26:28D'abord je préfère Petite Maman puisque du coup
26:30on parle de Céline Sciamma. J'adore
26:32tous ses films mais je peux vous dire que
26:34Petite Maman, bon je vais pas parler de Portrait
26:36de la jeune fille en feu, mais Petite Maman
26:38c'est...
26:40Il est très court comme film, 1h ou 1h10.
26:42Je n'ai pas arrêté
26:44de pleurer. Je n'ai pas
26:46arrêté d'écouter en boucle la musique
26:48de ce film quand elles sont en
26:50barque toutes les deux. Alors pareil
26:52je peux pas spoiler mais c'est
26:54vraiment une histoire entre une
26:56entre une petite fille et
26:58sa mère quoi. Et sa mère
27:00quand elle était enfant aussi.
27:04C'est d'une
27:06poésie et d'une intelligence
27:08et d'une émotion. J'avais qu'une envie
27:10c'était d'appeler ma mère toutes les deux secondes quoi.
27:12C'est un très beau film à regarder
27:14je vous le conseille. Elle a vraiment
27:16un don pour filmer les enfants je trouve.
27:18Elle a un don pour filmer les enfants.
27:20Pour filmer les femmes.
27:22Les enfants vraiment c'est assez fort.
27:24Je suis d'accord.
27:26Le Père Noël est une ordure. Bon rien à voir.
27:28Le Père Noël est une ordure qui fait partie des
27:30films que j'ai dû voir une quarantaine de fois.
27:32Qu'on mettait pareil en cassette tout le temps
27:34chez mes grands-parents. Je pense que c'était
27:36le film qu'ils mettaient pour occuper les enfants.
27:38Mais en même temps nous on le redemandait, on le redemandait,
27:40on le redemandait, on adorait.
27:42Si vous y allez avec deux amis,
27:44c'est encore plus cher.
27:46Oui bien sûr.
27:48La pause est derrière.
27:50Un groupe d'acteurs comme ça,
27:52est-ce qu'on a ça aujourd'hui ?
27:54Je ne critique pas les acteurs d'aujourd'hui mais
27:56cette dynamique-là du groupe d'acteurs
27:58qui créent ensemble,
28:00qui s'amusent ensemble,
28:02qu'on voit grandir ensemble,
28:04je trouve ça très émouvant.
28:06Et ce film qui est aussi
28:08une grosse référence des Femmes au balcon,
28:10peut-être une des premières,
28:12parce qu'on est dans la comédie.
28:14Ce n'est pas une comédie qui part dans tous les sens
28:16mais qui s'autorise beaucoup
28:18et qui ne frisse pas le mauvais goût
28:20mais qui ose déborder,
28:22qui ose choquer.
28:24On se retrouve quand même avec un mort
28:26qu'on découpe et qu'on jette
28:28dans les cages
28:30aux fauves d'un zoo.
28:32Donc, on y va.
28:34Allez les lions !
28:36Allez, allez, allez !
28:38Oui, oui, bravo le roi des animaux !
28:40Ah, Pretty Woman.
28:42On passe vraiment sur quoi qu'à l'âne.
28:44Alors là, pareil,
28:46très différent,
28:48mais on est avec des personnages
28:50que j'adore,
28:52des personnages qui restent.
29:02Je l'ai vu jeune, ce film,
29:04je l'ai revu il n'y a pas si longtemps
29:06et je me rends compte qu'il y a des images
29:08qui restent énormément en tête.
29:10Il y a ce fameux moment
29:12où il lui offre
29:14le collier magnifique,
29:16là où il est bouc de oreille,
29:18je ne sais plus.
29:20Et elle va pour le toucher
29:22et il joue avec elle,
29:24il va pour le fermer sur ses doigts
29:26et elle se met à rire.
29:28Et c'est extraordinaire
29:30parce qu'elle a un rire tellement sublime.
29:32Julia Roberts, au-delà de ça,
29:34c'est très dur de rire.
29:36C'est un des trucs les plus durs à faire,
29:38de rire.
29:40Il y a trois trucs je dirais qui sont difficiles
29:42de rire, d'éternuer
29:44et de jouer la personne bourrée.
29:46C'est vraiment les trois trucs
29:48à jouer dans un film en tant qu'actrice
29:50ou acteur qui, je trouve,
29:52fait partie des choses les plus compliquées.
29:54Et Julia Roberts rigole à merveille.
29:58Derrière toi, je ne sais plus
30:00ce que t'as émis, 7 ans de réflexion,
30:02je crois.
30:047 ans de réflexion, j'aurais pu en mettre d'autres
30:06de Marilyn Monroe.
30:08Je ne sais pas si vous voyez
30:10l'image mythique.
30:22Marilyn Monroe que j'adore.
30:24Je commence mon film en Marilyn Monroe
30:26comme si je sors
30:28d'un tournage où je joue Marilyn Monroe
30:30dans un téléfilm qui n'est pas terrible,
30:32on comprend dans mon film.
30:34Et ensuite,
30:36j'avais envie d'être en Marilyn parce que
30:38j'avais envie d'utiliser cette image de Marilyn
30:40qui a été une image créée
30:42pour l'homme et par l'homme,
30:44avec cette idée de mystère à percer.
30:46Il y a un endroit où
30:48une vie est tragique et une vie volée.
30:50Donc dans mon film,
30:52je voulais la libérer d'une certaine manière
30:54et utiliser cette métaphore-là.
30:56En tout cas, c'est une actrice incroyable.
30:58Dans ce film, justement,
31:00je la trouve ultra solaire.
31:02On parlait juste avant de Pretty Woman,
31:04de Julia Roberts
31:06et tout ça,
31:08mais avant ça, il y avait Marilyn
31:10qui, malgré tout,
31:12on sent tous les strates
31:14qu'il y a dans ses émotions,
31:16de tout ce qui n'est pas dit.
31:18On voit son côté solaire,
31:20on voit son côté...
31:22Mais on voit qu'il y a aussi
31:24beaucoup d'autres choses.
31:26Je pense que c'est aussi pour ça qu'elle bourleverse
31:28et qu'elle est mieux au temps.
31:30Elle est ultra touchante et ultra puissante.
31:32C'est un film pour elle, essentiellement.
31:34Ah, The Party !
31:36Pardon, je n'avais jamais vu la...
31:38C'est bien celui-là que tu as mis.
31:40Je n'étais pas sûre que ce soit ça.
31:42Peter Sellers.
31:44Carrément ça. J'avais jamais vu la pochette.
31:46C'est cool comme film.
31:48Franchement, hyper cool comme film.
31:50C'est très drôle.
31:52Il est très drôle.
31:54Il fait quelque chose qu'on ne pourrait plus faire
31:56et qu'on n'aurait pas dû faire à l'époque.
31:58Il est grimé en indien.
32:00C'est l'époque et on ne devrait pas du tout faire ça.
32:02Il y a quelque chose de
32:04très fort dans ce film.
32:06C'est l'histoire d'un mec
32:08qui est un figurant et qui rêve d'être
32:10un acteur dans des grands films.
32:12On est à Hollywood et tout ça.
32:14Et par des événements
32:16qui sont vraiment un enchaînement de
32:18coïncidences, il se retrouve invité à la soirée
32:20du gros producteur.
32:22Un film dans lequel il vient de faire un figurant
32:24mais parce qu'il est maladroit,
32:26il a fait faire que ce film
32:28il y a une catastrophe et tout est foutu
32:30à cause de lui. Mais évidemment, il ne l'a pas fait exprès.
32:32Et en fait, il se retrouve invité à cette soirée
32:34du grand producteur.
32:36Il a l'air très stressé.
32:38Mais ça montre à quel point
32:40déjà, il est touchant.
32:42Il est maladroit.
32:54On voit à quel point cet homme
32:56est maladroit.
32:58Il sait qu'il ne doit pas déranger
33:00et qu'il est de trop.
33:02On n'a pas envie de t'y mettre comme ça.
33:04Non, il n'y a que l'espace pour les gens importants.
33:06Et cette jeune femme
33:08a le même problème dans ce film.
33:10Et on voit bien à l'époque aussi
33:12qu'on savait déjà qu'il y avait un problème.
33:14Puisqu'il montre cette jeune femme
33:16qui est là parce qu'elle veut
33:18réussir en tant qu'artiste
33:20parce qu'elle a des choses à dire.
33:22On sent qu'elle a des choses à dire
33:24qu'elle a envie d'y arriver.
33:26Et elle se retrouve avec
33:28un des producteurs, un des mecs importants de cette soirée
33:30à devoir le suivre dans la chambre du haut
33:32parce que c'est moins le bordel
33:34et qu'il y a quelque chose à lui montrer
33:36ou à lui dire.
33:38Donc déjà, ça existait cette idée de suivre le producteur
33:40dans la chambre d'hôtel.
33:42Et on voit déjà à l'époque comme la jeune femme
33:44n'a pas du tout envie d'y aller.
33:46Et en fait, elle n'a pas le choix
33:48parce que tu sens comment le mec fait du chantage
33:50et lui insinue que si elle ne vient pas, c'est la merde.
33:52Et qu'en même temps,
33:54elle se dit qu'il ne va pas aller jusque là.
33:56C'est montré très subtilement, mais on sent tout ça.
33:58Donc au-delà d'être un film
34:00extrêmement drôle, parce que je vous jure
34:02qu'il y a des sketchs, c'est que des sketchs.
34:04Mais il y a une histoire
34:06qui est profondément touchante
34:08qui même fait pleurer.
34:10Donc je vous conseille ce film.
34:12Le premier film que je me souviens avoir vu
34:14au cinéma, dans cette
34:16petite salle de Rosé
34:18où j'ai dû attendre plusieurs fois avec ma soeur
34:20parce qu'il y avait vraiment beaucoup de queues
34:22et plusieurs fois, la salle terminait complète.
34:24Donc on a dû revenir, revenir, revenir
34:26jusqu'au jour où on nous a dit
34:28c'est bon, il y a de la place.
34:30J'ai pas regretté, c'est vraiment la première fois
34:32après Bambi que j'ai eu des émotions
34:34très puissantes sur la mort,
34:36sur l'amour, sur la différence des classes.
34:38Ce film, pour moi,
34:40c'est le plus grand chef-d'oeuvre.
34:42Je pense que beaucoup comme moi
34:44partagent cet avis en tout cas
34:46parce que je sais que c'est le film préféré de beaucoup.
34:48Leonardo DiCaprio, exceptionnel dedans.
34:50Et Kate Winslet
34:52qui est pour moi la plus grande actrice,
34:54la plus grande femme. J'ai eu la chance
34:56de la rencontrer il n'y a pas longtemps
34:58dans un film qui s'appelle Les Mille Heures
35:00où je joue un rôle
35:02de femme.
35:04J'ai eu la chance de la rencontrer
35:06dans Les Mille Heures où je joue
35:08un petit peu à ses côtés.
35:20Autant vous dire
35:22que je ne sais pas
35:24si vous imaginez dans quel état j'étais
35:26quand je l'ai rencontrée. Elle est très amicale
35:28et tout de suite, elle doit savoir
35:30que pour beaucoup, ça peut être perturbant de la rencontrer
35:32donc tout de suite, elle te prend dans ses bras
35:34elle a un côté très tactile pour dire
35:36c'est bon, je suis vivante, je suis réelle
35:38je ne suis pas...
35:40et c'est hyper agréable. Du coup, on passe
35:42à autre chose très vite et on se met
35:44sur le travail, la concentration
35:46et en même temps, elle est très rigolote
35:48donc quand on rencontre une idole
35:50comme ça, une idole parce que
35:52vraiment pour moi, c'était une idole
35:54donc de la revoir
35:56en réel et de voir à quel point elle est
35:58en plus d'être une actrice géniale
36:00une humaine géniale
36:02c'est cool. C'est-à-dire que je dois avoir
36:0412 ans, je le découvre
36:06avec ma sœur, c'est ma passion
36:08je tombe amoureuse
36:10d'Evan McGregor qui est juste là
36:18C'est une comédie musicale avec Nicole Kidman
36:20qui est absolument époustouflante
36:22Baz Luhrmann qui fait partie
36:24de mes réalisateurs préférés
36:26c'est complètement fou, il y a une mise en scène
36:28complètement dingue mais dans tous ses films
36:30c'est très rond, c'est très
36:32drôle, c'est très fou
36:34c'est très féérique, j'aime la féerie
36:36et on y est carrément
36:38parce que là on est vraiment au Moulin Rouge
36:40donc on se base sur des histoires un peu vraies
36:42de cette époque-là
36:44même si c'est fictionné
36:46et on est avec Satine qui est donc
36:48une courtisane mais qui est
36:50aussi une femme qui danse
36:52on va dire au Moulin Rouge
36:54et qui rêve d'être une réelle actrice
36:56mais en tout cas
36:58qui gagne sa vie
37:00surtout par rapport à son physique
37:02son mystère, sa beauté
37:04qui doit donner envie aux hommes
37:06et jusqu'à ce qu'elle rencontre
37:08des hommes riches, c'est ça qui
37:10intéresse, c'est pas tant que ça l'intéresse dans la vie
37:12mais c'est que comme ça qu'elle peut survivre
37:14des hommes riches et importants
37:16jusqu'à ce qu'elle rencontre le poète
37:18qui est cet homme, qui est Evan McGregor
37:20et donc on est là, il y a plein de chansons
37:22que je connais toutes par coeur
37:24je ne vais pas vous les chanter maintenant
37:26mais je les connais toutes par coeur sur le bout des doigts
37:28encore plus de 20 ans
37:30après, et c'est eux qui chantent
37:32et ils chantent trop bien et c'est dingue
37:38Voilà, pareil je l'ai vu beaucoup beaucoup de fois
37:40C'est marrant parce que t'as réalisé
37:42un premier film qui est quand même très naturaliste
37:44et on sent quand même
37:46à la fois dans ta filmographie et là dans tes références
37:48que vraiment t'aimes bien quand même
37:50les choses très over the top
37:52Ah oui moi j'adore les trucs over the top
37:54J'adore voyager, j'adore voir dans les films
37:56ce qui est difficile ou presque impossible
37:58de vivre dans la vie
38:00Pourquoi j'ai commencé par un film réaliste aussi
38:02c'est parce que quand on commence, on n'a pas de moyens
38:04mon premier film je l'ai fait sans argent
38:06je l'ai fait avec mon argent
38:08donc c'est un film autoproduit au départ
38:10même si après j'ai été aidée une fois qu'il était tourné
38:12par Norway justement
38:14mais ça me paraissait en tout cas plus juste
38:16plus simple de commencer avec des choses très réelles
38:18même si moi ce que j'aime
38:20c'est d'aller dans les trucs complètement barrés
38:22Il fallait qu'il t'ait sorti, t'as couché avec elle ou pas ?
38:26Ouais
38:28Oui ou non ?
38:30Dis-moi la vérité
38:32c'est important
38:34Il est poétique, il est féérique
38:36Mulholland Drive, Lynch, bah justement
38:38dans les films de Lynch
38:40donc il y a Mulholland Drive que je n'arrive jamais à dire
38:42mais c'est pour ça que je le dis très vite
38:44Naomi Watts, pareil que j'ai eu la chance
38:46j'ai l'impression de vous parler
38:48avec qui j'ai tourné dans Emmanuel
38:50qui est extraordinaire
38:52et ça fait partie de mes films préférés
38:54Lynch fait partie de mes réalisateurs préférés
38:56qui justement comme les premiers films dont on parlait tout à l'heure
38:58c'est des réalisateurs qui n'essaient pas de faire
39:00ce qui marche
39:02et ce que le public attend
39:04même si c'est important de prendre en considération le public
39:06c'est pas ça que je veux dire
39:08mais d'essayer toujours de réinventer
39:10en mettant le plus de sincérité et de notre folie
39:12c'est ça qui est intéressant dans l'art
39:14sinon si on essaie tous de copier
39:16les trucs qui marchent
39:18les copies de trucs moyens
39:20qu'on a déjà vu
39:22qu'on voyage plus
39:24et c'est pour ça que ça fait partie des plus grands réalisateurs
39:26c'est parce qu'ils sont libres
39:34Freaks, à voir
39:36ça c'est un très vieux film
39:38de Todd Browning
39:40il faut le voir
39:42ça se passe au milieu du cirque
39:44on est justement avec des gens
39:46moins aujourd'hui heureusement
39:48qui à l'époque on considérait comme des monstres
39:50des gens avec des malformations
39:52des personnes handicapées
39:54qui travaillent dans un cirque
39:56et qui sont ensemble
39:58c'est l'importance de la communauté pour survivre
40:00surtout dans une société qui n'accepte pas
40:02la différence
40:04et on se retrouve avec
40:06une femme, un couple
40:08de gens
40:10sans handicap
40:12qui s'avèrent être des raclures
40:14intéressées que par la méchanceté
40:16et l'argent
40:28le film est fou
40:30c'est quelque chose que vous n'aurez jamais vu nulle part
40:32d'ailleurs c'est un film qui a inspiré
40:34énormément d'autres réalisateurs
40:36de grands réalisateurs
40:38il y a une magnifique histoire d'amour
40:40dans ce film
40:42c'est un magnifique I love you
40:44un des plus beaux I love you que j'ai vu au cinéma
40:54Boulevard de la Mort, Tarantino, j'aime beaucoup aussi
40:56parce qu'il a son style
41:04Boulevard de la Mort d'ailleurs
41:06j'ai réussi à récupérer Down in Mexico
41:08qui est une scène culte dans ce film
41:10où il y a des jeunes femmes
41:12qui font une danse
41:14c'est pas un striptease
41:16mais une danse un peu languoureuse
41:18sur un mec qui s'avère être un gros con dans le film
41:20enfin c'est même pas un gros con
41:22c'est un psychopathe dans ce film
41:24et donc il y a une scène
41:26sur cette musique qui est absolument folle
41:34et j'ai eu la chance de la voir
41:36sans payer vraiment
41:38pas cher du tout
41:40on n'y croyait pas et on a réussi à la voir
41:42donc j'étais très contente
41:44c'est d'ailleurs sur une scène de danse que je l'ai mis
41:46je voulais faire un petit rappel
41:48si vous aimez les films de Tarantino
41:50et que vous n'avez pas vu celui-là je vous le conseille
41:52c'est autant un film de défense
41:54et de revanche
41:56il y a du sang, il y a du gore
41:58il y a des femmes qui se défendent
42:00et je l'adore
42:02Carole je vois quelqu'un, on a déjà parlé
42:04je ne sais pas qui
42:06on l'a vu dans le vidéoclub
42:08donc c'est possible qu'il est
42:10de la source
42:12je ne parlerai jamais aussi bien de lui
42:14que de son film
42:16c'est pour parler de Kate Blanchett
42:18surtout
42:28j'ai eu la chance de tourner avec elle
42:30à chaque fois on me reprend là dessus
42:32on me dit faut qu'on arrête
42:34de dire j'ai eu la chance de
42:36parce que ce n'est pas de la chance
42:38c'est aussi du travail
42:40bien qu'il y a toujours une part de chance
42:42de travailler avec Kate Blanchett
42:44de rencontrer Kate Blanchett
42:46de la voir travailler
42:48de voir sa puissance de jeu
42:50et l'immensité de son talent
42:52mais aussi de son travail
42:54il n'y a pas de magie ici
42:56on ne comprend pas d'où ça sort
42:58chez Kate Blanchett
43:00ce talent
43:02c'est quelqu'un qui travaille énormément
43:04qui donne tout et son métier c'est sa passion
43:06donc c'est beau
43:08moi ça fait partie des plus grandes
43:10grandes actrices avec qui elle twinslette
43:12c'est de Kate
43:14c'est des inspirations totales
43:16elles prennent des risques
43:18elles vont vers des personnages complexes
43:20pour moi c'est des vrais modèles
43:22mais pas seulement en tant qu'actrice
43:24en tant que femme tout court
43:26de comment elles prennent en main leur créativité
43:28donc Carole
43:30c'est un film magnifique
43:32je pense que tous ceux qui ont aimé
43:34Portrait de la jeune fille en feu qui n'ont pas vu ce film
43:36je vous le conseille parce que c'est une magnifique histoire d'amour
43:38possible et impossible
43:40une histoire d'amour entre deux femmes
43:44bon courage pour ce montage
43:46merci beaucoup