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00:00D'abord j'aimerais qu'on revienne sur cette minute de silence pour les victimes de Mayotte avec l'envoyé spécial d'Europe, Wilfried Devilleur,
00:07car la minute de silence est tenue en métropole mais aussi sur l'archipel Wilfried.
00:12Oui, elle était quasiment synchronisée avec celle respectée en métropole.
00:16Un hommage aux victimes du cyclone, 35 morts, plus de 2800 blessés sur cette place dans le centre de Mamoudzou.
00:22Le préfet a aussi salué la mémoire d'un gendarme qui a trouvé la mort la semaine dernière.
00:26Une cérémonie et une journée saluée par plusieurs habitants à qui j'ai parlé tout à l'heure,
00:31pour qui il est important de rendre hommage aux victimes.
00:33Mais d'autres Mahorais, il faut le dire, trouvent que cette journée est en décalage avec leur réalité quotidienne.
00:39Difficile ici à Mayotte, c'est ce que me confiait Yacine.
00:42Je suis un peu mitigé parce que ça a son importance pour le côté symbolique.
00:46Mais je pense que le manque de moyens criants auxquels on fait face est en décalage avec ce type de cérémonie.
00:54C'est quand même malvenu de faire ça à ce moment précis.
00:58Des sinistrés qui attendent toujours les aides promises.
01:00Rien n'est encore arrivé dans le village de Noussra.
01:03C'est de l'hypocrisie parce qu'en vrai, il y a beaucoup à faire.
01:06Ça fait plus d'une semaine qu'on n'a pas d'eau.
01:09On est conscients qu'il y a eu beaucoup de morts et tout, c'est dommage.
01:12Mais on ne va pas attendre que nous, on aurait des soifs pour nous donner de l'eau
01:15ou pour faire une minute de silence pour nous après.
01:18La promesse du gouvernement de rétablir l'eau partout à Mayotte semble encore loin d'être tenue.
01:23Wilfried de Villers, envoyé spécial Europe 1 à Mayotte.
01:27Vous l'avez entendu, la minute de silence à Ras Salmane, c'est bien les hommages.
01:31Sauf que pour le moment, ils n'ont même pas d'eau.
01:33Ça devrait être la priorité.
01:35Mais en fait, le gouvernement a du mal à hiérarchiser, à effectuer des hiérarchies.
01:38Ils sont toujours dans la com et dans le symbole.
01:39Donc la minute de silence, c'est formidable.
01:41Mais l'essentiel n'est même pas assuré.
01:43Les Mahorais, ce qu'ils attendent, c'est des actes concrets, rapides.
01:46Et là, l'essentiel n'est pas du tout assuré.
01:48Donc ce qui serait bien, c'est d'agir maintenant et de ne pas attendre des semaines et des semaines.
01:51Mais bon, depuis 2011, où Mayotte est devenu un département,
01:54c'est quand même un département qui est largement laissé à l'abandon.
01:56Je pense qu'il y a un moment, personne n'est dû pas.
01:58Philippe Guibert, ça vous fait réagir, le fait ?
02:00Bon, évidemment, c'est important et on comprend qu'il fallait rendre hommage aux victimes.
02:05Et c'est normal, l'heure est évidemment au recueillement.
02:09Mais là, en ce moment, là-bas, est-ce qu'ils n'attendent pas autre chose ?
02:13Non, mais évidemment qu'ils s'attendent à retrouver des conditions de vie normales.
02:17Ils ont subi un cyclone parfaitement historique.
02:22On n'a pas connu en France une telle catastrophe naturelle depuis au moins un siècle.
02:27C'est un département, je ne dirais pas comme Sarah, qui a été laissé à l'abandon,
02:31mais qui n'est évidemment pas au standard, très loin des standards de la métropole.
02:36Et donc les moyens d'action de l'État sont plus limités.
02:40Et voilà, je trouve que c'est bien.
02:44Néanmoins, que par rapport à nos compatriotes de très loin,
02:48nous ayons quand même cette journée de deuil.
02:51Parce que moi, je suis très frappé d'une certaine,
02:54pas dire indifférence, mais d'un certain manque d'intérêt pour ce qui s'est passé à Mayotte.
03:00Vous avez dit nos compatriotes de très loin.
03:04C'est-à-dire qu'à un moment donné, on a l'impression finalement que
03:07certains ont tendance à oublier que c'est la France.
03:09Oui, parce que c'est relativement...
03:12Ce n'est pas récent, puisque Mayotte a voulu rester française dans les Comores depuis les années 70.
03:17Mais la départementalisation, elle a une grosse dizaine d'années.
03:21Donc le rapport à Mayotte n'est pas le même que celui qu'on a à la Martinique.
03:25Je constate, je ne m'en félicite pas,
03:28mais ce n'est pas le même rapport que celui qu'on a à la Martinique, à la Guadeloupe,
03:31ou à d'autres territoires d'outre-mer,
03:33que nous connaissons mieux, dont nous sommes plus proches,
03:37où nous sommes allés, où nous pouvons connaître des personnes qui y ont vécu.
03:41Mayotte n'a pas ce statut-là encore pour les Français de métropole.
03:47Voilà, c'est la réalité. On peut la déplorer, mais c'est la réalité.
03:50Donc je trouve bien qu'on ait quand même fait cette journée de deuil.
03:54On a un bilan qui lui-même n'est pas très précis, puisque...
03:5735 morts, 2 500 blessés, mais ça devrait encore...
04:01On nous annonçait des milliers de morts, on nous dit maintenant 35 morts,
04:05on ne comprend pas bien, on a très peu d'images aussi de la réalité.
04:09Ça compte beaucoup dans notre rapport aux événements,
04:12le fait d'avoir des images d'un drame.
04:14Là, on n'a pas d'images du drame.
04:16Est-ce que le gouvernement peut faire mieux dans cette affaire ?
04:19Pour le moment, il n'y en a pas.
04:20Déjà, on aurait pu ne pas mettre la nomination de Philippe...
04:22Il y a un gouvernement, il y a un ministre de l'Intérieur,
04:24il y a le ministre de la crise...
04:26Justement, la nomination du gouvernement qui arrive aujourd'hui,
04:29ça pollue cette journée de deuil.
04:31Je ne trouve pas...
04:33Je ne trouve pas que ce soit...
04:35Il faudrait être sûr qu'on ait un gouvernement ce soir.
04:37Ils vont nous le mettre quoi, à Noël ?
04:39Je ne suis même pas sûr que ça pollue.
04:41Si, ça pollue, parce qu'on ne parle que de ça.
04:43Vous ne pouvez pas dire que ça ne pollue pas.
04:45On va en parler dans un instant.
04:47En plus, on annonce un nouveau truc,
04:49un nouveau concept.
04:51Maintenant, on arrête les journées de deuil national à 18h.
04:53À 18h, la journée de deuil national s'arrête.
04:55C'est une plaisanterie.
04:57Nathan, on ne vous a pas encore entendu sur ce sujet.
04:59On ne peut pas reprocher au gouvernement
05:01ou à la France de mettre un peu de temps
05:03ou d'avoir un peu de mal pour réagir
05:05à une catastrophe naturelle absolument terrible,
05:07imprévisible, etc.
05:09En revanche, ce qu'on peut reprocher à la France,
05:11au gouvernement, à l'opinion publique,
05:13au débat public,
05:15c'est de n'avoir rien fait
05:17pour Mayotte sur ces dernières années.
05:19Si on réfléchit même depuis trois ans,
05:21à plusieurs reprises, Mayotte s'est invitée
05:23dans l'actualité. On a parlé de Mayotte
05:25pendant 24, 48, 72 heures
05:27en disant qu'en effet, la situation
05:29est absolument dramatique
05:31aussi bien sur le plan du service public,
05:33de l'investissement, du logement avec énormément de bidonvilles,
05:35de la question migratoire,
05:37des flux, des arrivées des comores, etc.
05:39Avec, de la part des politiques,
05:41des gouvernements successifs,
05:43une communication tonitruante
05:45pour aboutir à rien.
05:47En une phrase, le drame de cette catastrophe naturelle,
05:49ce n'est pas qu'elle ait eu lieu.
05:51Malheureusement, l'être humain n'a pas de puissance là-dessus.
05:53Mais c'est qu'elle ait détruit des bidonvilles.
05:55Est-il normal qu'en France,
05:57il puisse y avoir sur un département français
05:59encore des bidonvilles ?
06:01Est-ce que c'est normal ?
06:03Et ça pose une question qui a été soulevée par un philosophe qui s'appelait Antionas.
06:05Et ce n'est pas comme si certains
06:07partis politiques n'ont pas œuvré pour ne pas
06:09qu'ils soient démantelés, justement.
06:11Ce philosophe dont je vous parlais, Antionas,
06:13disait que dans les démocraties modernes,
06:15malheureusement, s'il n'y a pas de catastrophe,
06:17l'opinion publique n'est pas capable, et évidemment,
06:19les élites, les dirigeants, ne sont pas capables de se réveiller
06:21sur des sujets. On a dû attendre cette catastrophe-là
06:23pour vraiment prendre conscience
06:25de ce que c'est que dormir dans des bidonvilles
06:27quand on est citoyen français. Et ça, ça pose un problème majeur.
06:29On va accueillir, juste avant, Adidja
06:31qui est avec nous, qui habite à
06:33Mayotte, justement. Bonjour Adidja, merci d'être
06:35avec nous cet après-midi sur Europe 1.
06:37Bienvenue à vous.
06:39Vous habitez où ?
06:41Bonjour, vous habitez où ?
06:43Ça se trouve dans le nord de Mayotte, c'est ça ?
06:45Oui, dans le nord de Mayotte.
06:47Comment ça se passe ? Comment est-ce que vous avez
06:49vécu cette journée d'hommage ?
06:51Parce qu'on parle de cette minute de silence, alors que
06:53d'un autre côté, on dit qu'effectivement,
06:55là-bas, vous manquez
06:57actuellement de tout. Comment est-ce que vous vivez
06:59aujourd'hui, Adidja ?
07:01Tout d'abord,
07:03je rends hommage aux victimes,
07:05tout ça. Mais ce qui se passe à Mayotte,
07:07c'est une catastrophe, je n'ai jamais vu ça.
07:09Ça fait déjà deux semaines
07:11dans mon village à moi, il n'y a pas de
07:13l'eau, il n'y a pas d'électricité.
07:15On est laissé à l'abandon.
07:17Donc vous-même, là, chez vous, vous n'avez ni eau, ni électricité ?
07:19Ni eau, ni électricité,
07:21avec des enfants bas âge.
07:23Et comment est-ce que vous faites
07:25au quotidien pour vous organiser ?
07:27Je prends des sauts,
07:29je vais à la rivière, je prends de l'eau
07:31et je viens faire
07:33mes besoins, les toilettes, tout ça.
07:35Vous avez déjà vécu
07:37une situation comparable
07:39dans le passé, Adidja ?
07:41Non, je n'ai jamais vécu ça.
07:43C'est comme s'il y avait une
07:45bombe nucléaire qui est passée
07:47d'un coup à Mayotte.
07:49C'est fou. Qu'est-ce que vous faites dans la vie, vous ?
07:51Je travaille en tant que
07:53maternelle.
07:55En école maternelle ?
07:57Oui, c'est bien ça.
07:59Et en ce moment, est-ce que vous travaillez ?
08:01Est-ce que l'école a pu rouvrir ? J'imagine que non ?
08:03Non, non.
08:07Je ne travaille pas, on attend que
08:09les gens qui sont hébergés dedans
08:11ont une situation stable
08:13pour eux, pour qu'en janvier,
08:15mais je ne pense pas qu'en janvier, l'école va s'ouvrir.
08:17Est-ce que vous
08:19avez justement vu des personnes
08:21venir en aide dans votre village
08:23ces derniers jours ?
08:25Est-ce que l'aide s'organise ?
08:27Ou est-ce que pour le moment, il n'y a personne ?
08:31Oui, j'ai vu des gens.
08:33Et qu'est-ce qu'ils font
08:35concrètement pour venir en aide
08:37aux habitants ?
08:39Ils ont enlevé
08:41les bois sur la route
08:43parce qu'il y avait beaucoup de bois sur la route.
08:45Les voitures ne pouvaient pas passer.
08:47Les fils d'électricité étaient tombés aussi.
08:49Tout ça.
08:51Vous savez que dans ce contexte,
08:53il y a aussi la nomination de ce nouveau gouvernement.
08:55Ça fait beaucoup parler.
08:57La promesse était avant Noël.
08:59Tout portait à croire qu'il tomberait hier dimanche.
09:01Et on nous dit qu'il pourrait
09:03tomber aujourd'hui en pleine journée d'hommage,
09:05en pleine journée de deuil national
09:07pour les victimes de votre île.
09:09Est-ce que ça vous heurte ? Est-ce que vous trouvez ça choquant ?
09:15Oui, je trouve
09:17ça choquant, mais bon.
09:19Après tout ce qui se passe
09:21ici, c'est comme si on était
09:23oubliés. On nous a laissés à l'abandon.
09:25C'est ce que vous ressentez, Adidja ?
09:27Oui, moi c'est ce que je ressens, oui.
09:29Pour quelles raisons ?
09:31Parce que
09:33là, je suis sortie, je suis à Demoscorp.
09:35Dès que je vois les gens
09:37comment ils font la queue pour
09:39retirer minimum 50 euros.
09:41Tu veux aller au magasin, il faut faire la queue.
09:43Il faut amener tes enfants.
09:45Vous avez l'impression que les politiques
09:47continuent de vous laisser
09:49à l'abandon. Le président de la République
09:51est venu à Mayotte dernièrement. Il a passé deux
09:53journées sur Mayotte. Comment est-ce que vous avez
09:55vécu, vous, ce moment-là ?
09:57Oui, mais il n'est pas passé. Il n'est pas passé
09:59dans toute l'île de Mayotte.
10:01Il est resté qu'à Mamoudou. Il n'est pas venu au nord.
10:03Il n'est pas venu nous voir, non,
10:05qui est dans le nord ou bien dans le sud.
10:07Il est resté qu'à Mamoudou.
10:09C'est tant mieux, nous dit Gauthier Lepage.
10:11C'était tendu, j'ai compris que c'était tant mieux.
10:13C'était tendu, c'était un déplacement
10:15très, très tendu. Et puis, l'explication
10:17qu'il a donnée ensuite, parce qu'il a quand même
10:19engueulé la foule en leur disant, je le cite,
10:21« Vous seriez 100 fois plus dans la merde si vous
10:23n'étiez pas français », en disant
10:25« Géographiquement, ça se passe beaucoup plus mal
10:27autour de Mayotte qu'à Mayotte ». Dire une phrase
10:29pareille à des gens qui ont tout perdu,
10:31qui viennent de vivre l'enfer sans qu'on connaisse,
10:33Philippe le rappelait, le bilan humain,
10:35c'est totalement inaudible. Alors, après,
10:37l'explication qu'il en a faite, c'est « J'étais face
10:39à des militants du Rassemblement National
10:41qui sont venus me huer ». Ils ont fait le même coup
10:43au Salon de l'Agriculture, il y a quelques mois,
10:45quand la coordination rurale a été venue
10:47l'accueillir sous les huées
10:49au moment où ils voulaient débattre avec les soulèvements
10:51de la terre. Alors, forcément,
10:53à Mayotte, il y a 60% de la population,
10:55ou plutôt, Marine Le Pen a fait 60%
10:57face à Emmanuel Macron
10:59au second tour de la présidentielle à Mayotte.
11:01Il faudrait plutôt se poser la question de
11:03pourquoi Marine Le Pen fait 60%
11:05face à Emmanuel Macron. Donc, évidemment,
11:07il a beaucoup de chance de se retrouver face à des gens qui ont voté
11:09Marine Le Pen, puisqu'elle a fait 60% par définition.
11:11Et enfin, pour répondre à Nathan sur
11:13les bidonvilles, les bidonvilles, c'est une conséquence.
11:15Une conséquence de quoi ?
11:17Une conséquence d'une immigration totalement incontrôlée
11:19qui explique aussi le vote pour Marine Le Pen
11:21à 60%. Et d'ailleurs,
11:23c'est un drame, ce qui s'est passé dans ces bidonvilles,
11:25parce qu'on n'a pas le bilan humain, mais je discutais
11:27avec l'entourage du ministre de l'Intérieur,
11:29c'est de la tôle. Et quand la tôle est
11:31emportée par les vents, ça devient des lames de rasoir.
11:33Et qui a refusé qu'on
11:35démantèle ces bidonvilles ?
11:37La justice, et notamment
11:39l'ancienne vice-présidente du syndicat de la
11:41magistrature, syndicat classé à l'extrême gauche,
11:43qui a tout fait pour
11:45empêcher Gérald Darmanin, à l'époque, de démanteler
11:47ces bidonvilles. Donc, les
11:49immigrationnistes, ces gens qui refusent de démanteler
11:51ces bidonvilles, la France Insoumise
11:53qui nous explique encore ce matin que c'est formidable l'immigration
11:55à Mayotte, tous ces gens-là ont aussi une responsabilité
11:57dans le drame qui s'est produit.
11:59Évidemment que c'est important de parler d'immigration,
12:01parce que c'est aussi l'un des premiers
12:03facteurs qui impactent l'île aujourd'hui.
12:05Mais c'est fou ce qui se passe. Il faut le dire, clairement,
12:07parce qu'il y a effectivement cette visite d'Emmanuel
12:09Macron qui n'est pas du tout passée.
12:11Il y a François Bayrou qui, à l'Assemblée nationale,
12:13dit que Mayotte ne fait pas partie du territoire
12:15national. Il n'a pas dit comme ça.
12:17C'est ce qu'il a dit.
12:19Il a dit que le président
12:21de la République et le Premier ministre ne pouvaient pas
12:23ensemble quitter le territoire national.
12:25Ça s'appelle un imaginaire
12:27colonial.
12:29Oui, ça s'appelle un imaginaire colonial.
12:31Vous savez depuis quand...
12:33Mais bien sûr. Vous savez depuis quand la ville
12:35de Nice est française. Depuis 1860.
12:37C'est après la conquête de l'Algérie qui était en 1830.
12:39Imaginez que demain il y a un tremblement de terre
12:41à Nice et que le président s'en vienne
12:43dire aux niçois
12:45vous avez bien de la chance de faire partie du territoire français.
12:47Il ne le dirait jamais. Donc il y a évidemment la projection
12:49d'un imaginaire colonial.
12:51Pour rebondir sur ce que disait Gauthier,
12:53C'est très intéressant ce que vous avez dit, Nathan,
12:55parce que moi cette question je me la pose depuis plusieurs jours.
12:57Est-ce que notre gouvernement,
12:59le président de la République, François Bayrou,
13:01est-ce qu'ils auraient agi de la même manière,
13:03je parle du déplacement de François Bayrou à Pau,
13:05de la nomination possible
13:07du gouvernement en pleine journée.
13:09Si le cyclone Shido
13:11avait dévasté
13:13la Corrèze,
13:15la Gironde ou les Alpes.
13:17La question ne se pose même pas.
13:19Le fait qu'on puisse
13:21se poser cette question, ça paraît
13:23totalement surréaliste. Mais bien sûr.
13:25Et c'est ça qui est extrêmement grave.
13:27Évidemment que, implicitement,
13:29tout le monde l'a compris, l'idée c'est que Mayotte
13:31c'est une sorte d'annexe, de périphérie du territoire français.
13:33Qu'ils ont bien de la chance,
13:35qu'ils ne vont pas en plus venir se plaindre
13:37si la France n'est pas absolument parfaite avec eux.
13:39J'aimerais juste rebondir sur ce que disait Gauthier
13:41sur la question migratoire.
13:43Moi je suis favorable à l'accueil
13:45des migrants, des exilés qui fuient.
13:47Mais en effet, quand on pose la question migratoire,
13:49par exemple à Mayotte.
13:51Les femmes viennent accoucher à Mayotte des Comores
13:53pour avoir la nationalité française.
13:55Ils fuient un régime qui est absolument
13:57pourri, qui est corrompu,
13:59à qui la France donne de l'aide au développement.
14:01Et je pense qu'il y a,
14:03sur cette question comme sur beaucoup d'autres questions,
14:05une sorte de complaisance de la France vis-à-vis de régimes
14:07autocratiques et pourris qui entretiennent
14:09le malheur dans leur propre territoire,
14:11créant un désir, et pas qu'un désir,
14:13un besoin de fuite
14:15et d'exil. Et donc, quand on est vraiment
14:17pour l'accueil, on peut aussi être
14:19pour le fait de faire qu'à la racine,
14:21les gens n'aient pas besoin de s'exiler. Et je pense que ça,
14:23en effet, ça a été négligé par la France.
14:25Il y a quand même une réalité,
14:27je crois que le Président de la République
14:29l'a dit d'ailleurs lorsqu'il était sur place,
14:31c'est que, quand vous êtes
14:33français à Mayotte,
14:35par les prestations sociales que vous recevez,
14:37vous gagnez plus que n'importe quel salaire dans la région.
14:39Donc il y a un effet d'attractivité
14:41du fait de la départementalisation
14:43qui est considérable.
14:45Il y a évidemment la question
14:47du régime des Açores,
14:49du régime politique. Et puis il y a une vieille
14:51revanche du régime politique des Açores,
14:53des Comores, excusez-moi,
14:55contre Mayotte qui a voulu
14:57rester française. Tout ça
14:59est une question fondamentale.
15:01Mais il y a une différence d'infrastructure
15:03et de services sociaux
15:05qui est absolument considérable
15:07et qui rend Mayotte extrêmement
15:09attractif.
15:10En Mayotte, attractif, il y a 70% de taux de chômage,
15:12il y a un taux de pauvreté extrême.
15:14Je ne sais pas si on peut appeler ça un territoire attractif.
15:16Elle a raison, Sarah.
15:18Le deuxième hôpital qui ne vient pas,
15:20promis par Emmanuel Macron.
15:22En Mayotte, c'est attractif.
15:24Le terme attractif, tu ne peux pas l'utiliser.
15:26On dirait que vous parlez d'Istélande.
15:28Par rapport aux autres régions autour,
15:30puisqu'on parle d'immigration dans la région,
15:32si vous comparez avec les Comores,
15:34c'est pas la métropole, évidemment.
15:36Il faut comparer aux Comores,
15:38il faut comparer au territoire environnemental.
15:40Pour les Comores, c'est attractif.
15:42Par rapport aux autres départements français,
15:44puisque si Mayotte est l'attractivité,
15:46on dit que Mayotte est la France.
15:48Et Gauthier, c'est pas l'attractivité,
15:50elle se joue par rapport à la Lozère, pardonnez-moi.
15:52Elle se joue par rapport aux Comores.
15:54Donc évidemment qu'il y a une attractivité de Mayotte
15:56au milieu des Comores,
15:58et que la législation française
16:00attire parce que Mayotte
16:02a la législation française,
16:04notamment en matière sociale.
16:06J'aimerais qu'on revienne sur la formation
16:08du nouveau gouvernement,
16:10avec notamment cette réaction d'Estelle Youssoupha
16:12qui est la députée de Mayotte.
16:14Adidja, vous êtes toujours avec nous ?
16:17Est-ce qu'elle est toujours avec nous, Adidja ?
16:19Sur mon écran ?
16:21Ah, elle est toujours avec nous.
16:23Je voulais lui poser la question, mais je vous la pose à vous.
16:25Vous avez forcément vu la réaction
16:27d'Estelle Youssoupha sur X.
16:29Le deuil national pour Mayotte transformé
16:31en journée d'annonce du nouveau gouvernement.
16:33Elle évoque donc un scénario,
16:35je cite, de l'indécence et du mépris
16:37pour les Mahorais et Mahoraises
16:39toujours en détresse absolue.
16:41Donc ça, c'est évidemment
16:43ce qu'elle a posté hier,
16:45puisque normalement le gouvernement
16:47aurait dû être annoncé hier.
16:49On se demande d'ailleurs pourquoi ça n'a pas été fait.
16:51Je peux vous répondre à ça si vous voulez.
16:53Allez-y, Gauthier.
16:55Maintenant ?
16:57L'année prochaine ?
16:59On n'est pas loin de l'année prochaine.
17:01Depuis 25 minutes, Mickaël,
17:03j'ai compris qu'il fallait faire les interventions
17:05au bon moment. Je suis un bon élève, je vous pose la question.
17:07Maintenant, puisque vous me donnez l'autorisation,
17:09pourquoi ça bloque ?
17:11Il y a deux points qui bloquent.
17:13Gérald Darmanin, qui s'approche de plus en plus
17:15du quai d'Orsay, ministère des Affaires étrangères,
17:17qui est tenu par un très proche
17:19de François Bayrou, qui s'appelle Jean-Noël Barraud,
17:21qui est lui-même du Modem,
17:23et donc François Bayrou doit arbitrer
17:25entre le poids politique de Gérald Darmanin
17:27et la loyauté de Jean-Noël Barraud.
17:29S'il veut faire revenir Gérald Darmanin, il n'y a qu'un seul ministère
17:31qui intéresse l'ancien ministre de l'Intérieur,
17:33c'est le quai d'Orsay. Premier arbitrage à effectuer.
17:35Peut-être qu'à 16h26, le lundi 23 décembre,
17:37cet arbitrage est fait. On n'en a pas connaissance.
17:39Deuxième arbitrage, beaucoup plus compliqué,
17:41c'est celui de Xavier Bertrand.
17:43Son retour était acté.
17:45On a même parlé de lui au ministère de la Justicière.
17:47Problème, le rassemblement national.
17:49Et alors là, François Bayrou a complètement
17:51sous-estimé le RN. Le RN a empêché
17:53Xavier Bertrand de devenir Premier ministre.
17:55Et depuis que son nom circule pour se retrouver
17:57dans le gouvernement de François Bayrou,
17:59le RN fait des tirs de barrage,
18:01et à l'heure où je vous parle,
18:03le nom de Xavier Bertrand circule toujours
18:05au ministère du Travail avec un portefeuille élargi.
18:07Parce qu'évidemment, François Bayrou, il ne revient pas
18:09pour sucrer les fraises. Il revient, alors qu'il a été
18:11ministre de Nicolas Sarkozy, c'est pour un portefeuille important.
18:13Xavier Bertrand, pardon.
18:15Donc, entre le portefeuille que réclame
18:17Xavier Bertrand, qui doit être un portefeuille important,
18:19et la censure brandie par le RN
18:21si Xavier Bertrand se retrouve au gouvernement de François Bayrou,
18:23et bien là aussi, il y a un arbitrage à faire.
18:25Et donc, on perd du temps. Voilà, encore une fois.
18:27On peut dire un mot, quand même ?
18:29On va juste accueillir Olivier, qui est en ligne avec nous.
18:31Tu veux le faire demain ?
18:33Vous habitez à Calais, c'est ça, Olivier ?
18:35Oui, c'est ça. Bonjour à tout le monde.
18:37Bonjour.
18:39Vous habitez à Calais, vous souhaitiez donc réagir
18:41sur, notamment, vous êtes
18:43très en colère, vous,
18:45contre Emmanuel Macron et contre,
18:47notamment, sa visite à Mayotte.
18:49C'est bien ça ?
18:51Très en colère ? Non, je suis en colère.
18:53Parce que je suis en colère, en fait,
18:55c'est parce que le premier voyage
18:57d'un homme, on va dire
18:59présidentiel ou d'un premier ministre,
19:01c'était en 1986 par Jacques Chirac.
19:03Après 20 ans,
19:05plus de 20 ans,
19:07Mayotte était
19:09territoire français et non
19:11le 101ème département français.
19:13Donc, il y a eu
19:15très peu de voyages
19:17de chefs d'État.
19:21Donc, il y a eu
19:23Emmanuel Macron, qui y a été deux fois.
19:25Nicolas Sarkozy,
19:27qui y a passé trois heures.
19:29François Hollande,
19:31qui y a été aussi.
19:33Je suis très en colère, c'est parce que
19:35c'est un département
19:37qu'on a laissé à l'abandon
19:39depuis des décennies.
19:41Tout comme,
19:43j'allais dire, les territoires d'outre-mer.
19:45On les laisse un peu à l'abandon.
19:47Tout se formalise
19:49autour de l'hexagone et le reste,
19:51ils sont en deuxième position.
19:53Donc, je comprends la colère.
19:55Olivier, je me permets de vous couper
19:57quelques secondes, parce que l'information
19:59vient de tomber à 18h30.
20:01La composition du gouvernement de François Bayrou
20:03sera annoncée à 18h30.
20:05Donc, aujourd'hui.
20:07Vous ne savez pas, les journées d'œil national,
20:09ça s'arrête à 18h. Donc, à partir de 18h,
20:11tout est possible.
20:13C'est la mauvaise polémique.
20:15C'est la députée de Mayotte.
20:17On parle du mépris
20:19qu'a subi Mayotte.
20:21Ça n'a rien à voir avec la journée d'œil.
20:23Philippe, il y a une chose qui est sûre.
20:25C'est que, tout à l'heure, l'Élysée,
20:27en fin de matinée, l'Élysée communique
20:29en disant
20:31qu'on ne nommera pas de gouvernement
20:33avant 18h, en raison
20:35de cette journée d'œil national.
20:37Qu'est-ce que vous comprenez à ces mots,
20:39Philippe ? Ça veut dire que
20:41à 18h, c'est terminé.
20:4318h, c'est la fin de cette émission.
20:45Ils ne voulaient pas qu'on puisse critiquer le gouvernement.
20:47Ils ont raison.
20:49C'est ça, la vraie raison.
20:51Quand on marche sur la tête,
20:53la journée se termine.
20:55Ce qui est sérieux, aussi, c'est de constituer un gouvernement.
20:57Excusez-moi.
20:59Je ne vois pas en quoi le fait
21:01d'annoncer un gouvernement à 18h30
21:03porte ombrage,
21:05si j'ose dire.
21:07C'est parce qu'on ne parle que de ça,
21:09et qu'on parle de la journée d'œil.
21:11On va continuer à en parler dans un instant.
21:13Vous restez avec nous, Olivier ?
21:15Oui, bien sûr.
21:17On va bien sûr parler
21:19de la formation de ce nouveau
21:21gouvernement, puisque ça vient de tomber.
21:23L'Elysée vient de l'annoncer.
21:25On connaîtra le nom des nouveaux ministres
21:27à 18h30. Mais d'abord,
21:29il est 16h30, et on va retrouver
21:31Guillaume Dominguez
21:33pour le journal Permanent.

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