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“Il n’y a que deux ou trois trucs qui traînent. On va commencer à crever de faim.”

Cinq jours après le passage du cyclone Chido sur le département de Mayotte, les habitants essaient de reconstruire leurs habitations ravagées. Les Mahorais sont encore privés d’électricité, l’approvisionnement en eau se fait rare et les ressources en nourriture faiblissent.
Des sinistrés nous racontent le quotidien depuis la catastrophe.
Pendant ce temps-là, à Mayotte...

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Transcription
00:00J'ai eu la peur de ma vie, on se prenait les rafales, les vitres avaient explosé,
00:03donc on avait quand même les rafales de vent qui rentraient à l'intérieur,
00:06enfin vraiment c'était un véritable film d'horreur.
00:08Je suis chez moi, tout a été ravagé,
00:13voilà le séjour, le village a été complètement détruit.
00:20En fait ici tous les magasins sont fermés, il n'y a pas d'électricité,
00:24donc on ne peut pas rouvrir, on ne peut pas payer en carte bleue,
00:27les congélateurs sont tous fondus, donc il y a une perte énorme en termes de nourriture
00:31parce que tout ce qui était au frais, c'est mort.
00:34On est allé dans les supérettes du centre-ville, de Petite Terre, à l'abattoir,
00:39il n'y a plus de riz, il n'y a plus d'eau, il n'y a que des boîtes de sardines et 2-3 trucs qui traînent.
00:44Franchement les gens, je ne sais pas comment ils font, on a commencé à crever de faim.
00:47Moi je n'ai pas bougé de Petite Terre depuis le début du cyclone,
00:50je n'ai rien pour comparer mais je sais qu'ici,
00:52si on me dit qu'il y a pire ailleurs, je n'ose même pas imaginer ce qu'il y a ailleurs.
00:56On est dans la ville au nord de Mamoudzou, plus précisément dans un village qui s'appelle Majikavo, Dubaï.
01:03Vu les mangas et vu les personnes qui ont rejoint les centres d'accueil,
01:07la majeure partie de la population est restée dans les bidonvilles,
01:11donc forcément il n'y a plus rien au sol, les tols volaient de partout,
01:14et c'est un miracle de rester en vie en fait.
01:17Moi je vivais en coloc dans un quartier qui s'appelle l'abattoir,
01:22et c'est un quartier où il y a pas mal de maisons en dur pour le coup,
01:25c'est des vieilles maisons, donc en fait il y a énormément de toits qui se sont envolés,
01:29et moi c'est ce qui s'est passé, mon toit s'est envolé,
01:32et comme la charpente en dessous c'est du bois, la charpente s'est effondrée dans la maison.
01:36Ça c'est ma chambre, les cloisons ce sont des tons retombés, tout est ravagé.
01:42En Petite Terre t'as aussi des quartiers comme par exemple le quartier de la Vigie,
01:46qui est un quartier qui est connu pour avoir énormément de maisons de tols,
01:51on appelle ça des bangas ici.
01:52Je y suis allée hier, il n'y a pas un banga qui est debout.
01:55Il y a des fringues partout, des matelas partout, des meubles partout, des bouts de bois, des bouts de tol,
02:00enfin vraiment c'est horrible quoi.
02:03On n'arrive pas à savoir exactement le nombre de victimes qu'il y a,
02:06en fait comme ici les gens n'ont pas de réseau et n'ont pas du tout accès aux informations,
02:10ils ne savent pas exactement combien il y a de morts,
02:12enfin tout a été balayé sur le passage, et donc du coup pour les victimes c'est hyper compliqué.
02:18On n'aura jamais le nombre précis,
02:20notamment parce qu'on a des problèmes de recensement dans la population ici à Mayotte,
02:23en fait on comptabilise environ entre 250 et 300 000 habitants officiels,
02:29et en réalité on est 600 000 à vivre sur l'île avec toute l'immigration qu'il y a ici.
02:33Il y a plein de personnes qui se coupent parce que justement ils reconstruisent les pieds dans la ville,
02:38et les tôles en fer, elles sont tranchantes quoi, enfin c'est des lames de rasoir.
02:43Les gens se blessent et ne vont pas à l'hôpital parce qu'ils ont peur de se faire excuser à l'hôpital,
02:49parce qu'ils sont tombés sur une présence policière qui pourrait amener à leur expulsion.
02:53Le premier soir, il y a eu des bagarres, juste après le passage du cyclone,
02:58mais depuis c'est le calme plein, il n'y a aucune tension,
03:02et il y a une solidarité de malade, c'est qu'en fait les gens qui vivent dans les bangars reconstruisent les bangars.
03:07Tout le monde s'est occupé, ce n'est pas vraiment les forces de l'ordre ni les pompiers,
03:12mais c'est vraiment les habitants qui se sont occupés de déblayer les routes, etc.
03:16En fait tout le monde essaie de reconstruire les bangars,
03:20enfin dans les habitants-villes on essaie de les reconstruire.

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