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00:00Eugénie Bastié est avec nous aussi sur Rampant. Bonjour Eugénie.
00:03Bonjour à tous, pardon.
00:05Vous voulez revenir ce matin sur la question des nouveaux vitraux de Notre-Dame.
00:08Qui viendrait remplacer ceux de Violet-le-Duc ?
00:11C'est une polémique qui dure depuis des mois.
00:13Emmanuel Macron et l'archevêché de Paris ont décidé de remplacer à Notre-Dame
00:17des grisailles de Violet-le-Duc par des vitraux contemporains figuratifs.
00:21Un appel à projet a été lancé il y a un an et c'est l'artiste Claire Tabouret
00:25qui vient d'être désignée. C'est une star de la peinture contemporaine,
00:28fortement cotée, qui vit à Los Angeles, qui est connue notamment pour ses peintures de migrants
00:33et n'affiche pas de sensibilité religieuse particulière.
00:36Mais peu importe l'artiste, ce remplacement des vitraux suscite une opposition farouche
00:40des défenseurs du patrimoine mais aussi de simples citoyens
00:43puisqu'une pétition a rassemblé plus de 240 000 signatures contre ce projet.
00:48Les opposants ont des arguments plutôt précis.
00:511. Ces vitraux de Violet-le-Duc n'ont pas été touchés par l'incendie.
00:54Mais ils ont été quand même restaurés par l'argent des donateurs.
00:57Ils sont donc en bon état et il n'y a aucune raison pratique de les remplacer.
01:002. La Charte de Venise interdit de remplacer des œuvres-existence classées monuments historiques.
01:063. Les vitraux de Notre-Dame conçus par Violet-le-Duc l'ont été comme un ensemble cohérent.
01:11Il s'agit d'une véritable création que l'architecte a voulu fidèle à l'origine gothique de la cathédrale.
01:16Alors face à toutes ces bonnes raisons, pourquoi ce choix de vouloir absolument des vitraux contemporains ?
01:21La Commission nationale du patrimoine et de l'architecture a rejeté à l'unanimité ce projet
01:26le 11 juillet dernier. Mais le président de la République et l'archevêché sont passés outre cette décision.
01:31Ils ont décidé de poursuivre coûte que coûte cette idée d'innovation. Alors pourquoi ?
01:35Eh bien parce qu'il faut à tout prix laisser une marque du présent dans Notre-Dame.
01:40Parce qu'on ne peut pas considérer que ce chef-d'œuvre se suffise à lui-même.
01:44Il faut une innovation pour montrer que notre époque est géniale, est encore dynamique.
01:48Rappelez-vous, le lendemain même de l'incendie, alors que les braises de Notre-Dame étaient encore chaudes,
01:53Emmanuel Macron appelait de ses vœux un geste architectural contemporain pour reconstruire la flèche.
01:59Alors certains proposèrent une flèche avec des spots lumineux, d'autres une charpente entièrement recouverte de vitraux,
02:04d'autres encore une immense verrière. Bon, finalement Emmanuel Macron n'a pas pu mener à bien ce projet
02:09pour des raisons essentiellement de calendrier et d'opinion, l'opinion était contre, et il s'est rabattu donc sur les vitraux.
02:15Peu importe d'ailleurs la beauté ou pas des vitraux contemporains, quoiqu'on puisse sérieusement en douter vu ce que produit l'art d'aujourd'hui.
02:22Le problème c'est que ce projet est un caprice, c'est un geste d'orgueil dicté par l'idéologie progressiste plus qu'une nécessité patrimoniale.
02:31Mais pourtant, violer le Duc lui-même n'a-t-il pas restauré Notre-Dame à sa façon, celle de son époque ?
02:36Écoutez, c'est ce que voudraient faire croire les partisans acharnés du modernisme,
02:40violer le Duc aurait élu aussi un progressiste, un innovateur, il aurait modelé Notre-Dame selon ses vœux,
02:46et bien rien n'est plus faux.
02:47Violer le Duc, qui appartenait pourtant à un siècle où l'on croyait encore plus au progrès qu'aujourd'hui,
02:52était fidèle à la tradition et ne cherchait en rien à innover.
02:55Voilà ce qu'il disait sur Notre-Dame.
02:57Restaurer Notre-Dame, ce n'est pas faire de l'art, mais seulement se soumettre à l'art d'une époque qui n'est plus.
03:02Il ajoutait,
03:03« Loin de nous l'idée de compléter une œuvre aussi remarquablement belle, c'est là une prétention à laquelle nous avons ne rien comprendre. »
03:12Sa leçon de modestie a malheureusement été oubliée.
03:15Signature Europe 1 Eugénie Bastier. Merci beaucoup Eugénie.