• il y a 10 heures

Category

🗞
News
Transcription
00:00Europe Un Soir. 19h21, Pierre De Villeneuve.
00:04Et je salue mes camarades du soir. Bonsoir Jules Torres, journaliste politique au JDD.
00:09Bonsoir Nathan Devere, écrivain et philosophe.
00:13Il est apparu dans l'actualité un jour sur des bandeaux, sur des breaking news, comme on dit en bon français,
00:21lors de l'attaque d'un homme syrien sur des bébés à Annecy.
00:27C'était une scène terrible qui nous avait tous donné froid dans le dos.
00:31Et cet homme, il avait un sac à dos et il s'était opposé à cet homme.
00:35Et cet homme, c'est Henri Dantsel. Bonsoir.
00:37Bonsoir Pierre.
00:38Merci d'être avec nous.
00:40Vous êtes le fameux... Alors, c'est écrit sur votre livre, mais j'allais dire c'est écrit un peu comme le par-salut, c'est écrit dessus.
00:45Le héros au sac à dos.
00:46J'espère que cette légende ne va pas vous suivre jusqu'à la fin de votre vie.
00:55Puisque à en lire tout votre livre, vous êtes bien plus que ça.
00:59Vous êtes d'abord un homme qui réfléchit et un homme qui marche.
01:03Puisque souvent un homme qui marche réfléchit et justement ça construit un peu les idées.
01:08J'en viens après avoir lu tout votre livre que ça n'est pas...
01:15L'épisode d'Annecy, on le raconte.
01:17Vous avez pris votre courage à deux mains, il y a eu une voix qui vous a parlé.
01:21Vous avez dit il faut que je fasse quelque chose parce que sinon il y a des bébés qui vont se faire tuer.
01:25Il rigole parce qu'il dit ça dessus.
01:29En tout cas, il y a quelque chose qui vous a poussé à le faire.
01:32Ça s'appelle l'instinct, ça s'appelle comme vous voulez.
01:34Mais en réalité, ce qui m'a plu, c'est page 44 quand vous dites que vous vivez dans un monde où tout s'effondre.
01:45Vous dites le pouvoir politique n'est plus qu'un arbitre au milieu d'une guerre larvée sans fin.
01:49Vous dites on a prédit à ma génération et à la vôtre la fin de l'histoire.
01:55C'est évidemment une référence à Francis Fukuyama qui avait dit qu'il n'y aurait plus de guerre, etc.
01:59Vous dites tout pousse à nous opposer, les radicalités grandissent, le juste milieu a disparu.
02:03La sagesse et la vertu qui ne sont que des lignes de crête entre deux abysses ne sont plus au goût du jour.
02:09Vous dites qu'on a coupé votre génération de ses racines.
02:14Vous posez ce constat et j'ai l'impression qu'à travers tout ce que vous écrivez,
02:20et aussi la visite de ces 180 cathédrales de France, vous appelez les français à la raison
02:27à ouvrir les yeux sur notre civilisation, toutes générations confondues,
02:32et à faire quelque chose, commencer par où on veut, mais en tout cas à agir.
02:38Est-ce que je me trompe ?
02:40En fait, je ne pousse pas les français à la raison, je les pousse à l'idéal.
02:44Le constat que vous venez de faire, je ne l'ai pas écrit pour le plaisir de le faire,
02:48ou pour me gargariser de faire un constat politique d'ailleurs qui ne m'appartient pas.
02:51J'enfonce des portes ouvertes en disant ça.
02:53Ce que je cherche à faire, ce que je cherche à faire et ce que j'ai cherché à faire
02:57en faisant ce grand tour de France des cathédrales,
02:59c'est remettre un peu de grandeur et de rêve dans nos têtes.
03:03Voilà.
03:04Et c'est d'ailleurs le message de Notre-Dame de Paris,
03:06aujourd'hui en cette fin d'année au moment où elle rouvre ses portes.
03:09En fait, j'avais deux grandes questions à l'origine de ma démarche.
03:14La première, c'est pourquoi nos ancêtres ont construit ces cathédrales ?
03:18Deuxième question, qu'est-ce qu'elles disent de nous aujourd'hui ?
03:20Comment on doit les recevoir ? Comment elles doivent nous nourrir ?
03:23Et j'ai trouvé mes deux réponses.
03:25Si vous me permettez de les énoncer ici.
03:27Je vous écoute Henri.
03:28La première, c'est pourquoi nos ancêtres ont construit ces cathédrales ?
03:31Ils nous les ont offertes gratuitement comme une oeuvre de civilisation dans le temps long.
03:37Tous les mots sont pesés ici dans cette expression.
03:40Ils nous les ont comme un cadeau gratuit dans le temps long.
03:42Et c'est une oeuvre de civilisation.
03:44En fait, les cathédrales, c'est comme du pain sur la table.
03:46Quand elles sont là, personne ne les remarque.
03:49Quand elles ne sont plus là, ça fait référence à l'instinct de Notre-Dame de Paris.
03:52Tout le monde gueule, tout le monde pleure.
03:54En fait, on s'est rendu compte après l'instinct de Notre-Dame de Paris que ça nous était essentiel.
03:57Ça définit ce qu'on est au plus profond de notre âme,
04:00au plus profond de notre chair.
04:02Parce que ce sont des incarnations de tout ce qu'on fait de mieux et de plus beau dans la matière.
04:07Deuxième chose, qu'est-ce que ça dit de nous aujourd'hui ?
04:10Comment on doit s'en inspirer ?
04:12Ma réponse, je l'ai trouvée après l'attaque d'Annecy.
04:15Quand j'ai fait face à cet incident,
04:18où j'ai réagi de manière instinctive,
04:20poussée certainement par quelque chose qui me dépasse,
04:23j'ai tout de suite voulu, si vous me permettez l'expression,
04:26remettre l'église au centre du village.
04:28J'ai vu la bulle médiatique arriver,
04:30j'ai vu la tempête médiatique.
04:32Et vous ne vouliez pas témoigner que c'est finalement un de vos amis
04:36dont le père est journaliste, qui vous a poussé à le faire.
04:39Exactement.
04:40Et en fait, il m'a dit, Henri, la question ce n'est pas de savoir si tu vas parler ou pas,
04:44la question c'est quel est ton message ?
04:46Tu as bien compris que si tu es là, ce n'est pas par hasard,
04:48quel est ton message ?
04:49Il vous a fait communément, comme on appelle, du media training.
04:51Exactement.
04:52Et donc après, je me suis posé cette question, quel est mon message ?
04:55En fait, ce n'est pas mon message que je lui ai transmis,
04:57c'est le message des cathédrales.
04:59Qu'est-ce qu'elles nous disent ?
05:00Elles nous invitent à la grandeur.
05:01Elles nous invitent à cesser de nous regarder,
05:03à lever les yeux vers le ciel,
05:04et à fixer les flèches des cathédrales.
05:06Et ça, c'est un message qui est très fort.
05:08Pourquoi ? Parce qu'il nous dépasse,
05:10dans le temps et dans l'espace.
05:12Mais au-delà des cathédrales,
05:14est-ce qu'en gros, ce symbole des cathédrales
05:19vaut pour tout le reste ?
05:21Bien sûr.
05:22Est-ce qu'aujourd'hui, vous avez vu dans l'actualité,
05:25procès Pellicot, procès pour l'exemple,
05:27Gisèle Pellicot et sa dignité est saluée par l'ensemble
05:31des chefs de gouvernement des pays étrangers.
05:34Je l'ai vu tout à l'heure,
05:36en bandeau sur Sky News,
05:38on parlait de ça.
05:40Elle fait la une du site du Times.
05:42Elle fait la une du site du Times.
05:44Ça, c'est une chose.
05:45La deuxième chose, c'est,
05:47et on en a beaucoup parlé hier,
05:49le refus de l'autorité.
05:52Le refus d'obtempérer.
05:54Le refus, ces gamins dans le bus à Toulouse,
05:56qui ont été sortis,
05:58et le type qui l'a sorti, le chauffeur de bus à Toulouse,
06:01qui menaçait de se faire virer.
06:03Il devait comparaître aujourd'hui devant son employeur.
06:05On se demande ce qu'il s'est passé avec toute la montée médiatique.
06:07Je doute que ce...
06:09son employeur,
06:11et j'apprends à l'instant, justement, qu'il a été suspendu une journée.
06:13Voilà, donc il n'a pas été licencié.
06:15Est-ce que le fait
06:17d'aller voir les cathédrales, le fait de regarder,
06:19je reprends ce que vous venez de me dire,
06:21ça permettrait d'apaiser
06:23cette société ?
06:25Et si oui, comment ?
06:27C'est plus qu'apaiser même.
06:29C'est donner un idéal dans toute la noblesse du monde.
06:31Là, on veut régler le problème.
06:33Exactement.
06:35Parce que tout le monde se demande,
06:37tout parti politique confondu,
06:39comment on fait ?
06:41En fait, comment on fait ?
06:43J'ai envie de
06:45reprendre ici
06:47les deux vertus qui sont fondamentales
06:49au fait de construire une cathédrale,
06:51mais qui en réalité sont les deux vertus fondamentales
06:53du chef, de celui qui veut
06:55diriger un groupe, un pays.
06:57Quelles sont ces deux vertus ?
06:59C'est la vertu de la grandeur, la magnanimité.
07:01Oh là là, c'est un mot compliqué, mais qui veut dire quelque chose
07:03de très beau. Magnanimité,
07:05c'est la vertu de la grandeur, c'est ceux qui rêvent en grand,
07:07qui n'ont de cesse
07:09de toujours aller chercher
07:11ce qu'il y a de plus beau et de plus grand.
07:13Cette vertu, elle s'appuie immédiatement
07:15sur une autre vertu qui est celle de l'humilité.
07:17Alors l'humilité, c'est pas
07:19je me flagelle le dos pour le plaisir de me flageller le dos, c'est pas du tout ça l'humilité.
07:21L'humilité, c'est la connaissance de soi.
07:23C'est la connaissance de ses forces
07:26et de ses faiblesses. L'humilité toute seule,
07:28c'est de la petitesse. La grandeur toute seule,
07:30c'est de l'orgueil.
07:32Il faut que les deux s'appuient,
07:34comme les deux jambes d'un corps.
07:36L'humilité s'appuie sur la grandeur, la grandeur s'appuie sur l'humilité.
07:38Et ces deux vertus là, c'est la vertu,
07:40c'est les deux vertus qui font
07:42les grandes civilisations.
07:44C'est les deux vertus qui ont poussé nos ancêtres
07:46à s'inscrire dans le temps long
07:48en nous offrant un idéal dans la matière.
07:50Et aujourd'hui, c'est ça.
07:52C'est ça ce qu'il faut regarder.
07:54C'est exactement le message de Notre-Dame de Paris.
07:56C'est cessons
07:58de faire, de comment dire,
08:00cessons de faire notre boudin,
08:02j'ai envie de dire,
08:04de ces choses humaines
08:06et horribles de l'actualité
08:08et apprenons
08:10à rêver et à regarder ensemble
08:12dans une même direction.
08:14Pourquoi on vit une grave...
08:16Mais combien de personnes vous allez traîner avec vous Henri Dansel?
08:18Pourquoi on vit une grave crise politique aujourd'hui?
08:20Parce qu'on n'est plus capable
08:22de se projeter communément
08:24dans une seule et même direction.
08:26Tout le monde se bat pour sa propre chapelle.
08:28Et donc il faudrait apprendre ça
08:30et c'est exactement ce que les 4 A.E.
08:32On n'a pas réussi à faire ça depuis la Libération, pardonnez-moi.
08:34Oui, depuis la Libération
08:36et encore.
08:38Je vous propose qu'on interroge
08:40Henri qui va rester avec nous
08:42juste après une première pause
08:44parce que nous avons un gagnant, parce que c'est le plus beau Noël
08:46aussi d'Europe 1.
08:48Toute cette semaine, Europe 1 vous offre
08:51son plus beau Noël. Vous écoutez Europe 1 à tout moment
08:53vous jouez pour vos proches, pour votre meilleur ami
08:55pour vos enfants, vos voisins.
08:57Vous jouez et vous gagnez
08:59pour vous. Alors,
09:01nous sommes en ligne avec
09:03Rosa. Bonsoir Rosa.
09:05Bonsoir à vous.
09:07Vous habitez à la Garenne-Colombe.
09:09C'est ça.
09:11Et qu'est-ce que vous faites dans la vie
09:13Rosa? Et ben là,
09:15je suis retraitée. D'accord.
09:17Et vous jouez pour qui alors?
09:19Et je joue pour mon fils Ivan.
09:21Ah, bon.
09:23Très bien. Ecoutez,
09:25vous allez choisir
09:27un cadeau.
09:29Vous avez parmi les cadeaux
09:31que je vous présente
09:33le cadeau offert par
09:35Isabelle Moriset, celui par
09:37Laurent Mariotte et
09:39celui par Sonia Mabrouk.
09:41Qui choisissez-vous?
09:43Je vais prendre Laurent Mariotte.
09:45Alors, Laurent Mariotte,
09:47j'ouvre le cadeau.
09:49Voilà.
09:51C'est un dîner
09:53pour deux personnes
09:55dans un restaurant étoilé.
09:57Rosa? Et ben,
09:59mon fils sera ravi. Voilà.
10:01Et ben voilà, donc pour votre fils,
10:03dîner exceptionnel pour deux personnes dans le restaurant
10:05étoilé de votre choix
10:07près de chez vous. Il y a par exemple
10:09d'Ivelec pour déguster
10:11un marron bleu de Bretagne. Il y a également
10:13le pur de Jean-François Rouquette,
10:15un agneau de lait des Pyrénées
10:17et un dessert, une charlotte aux poires
10:19commis, truffes blanches d'Alba.
10:21Voilà, écoutez,
10:23ça nous fait très plaisir.
10:25Merci beaucoup
10:27Rosa d'avoir joué avec nous.
10:29Merci à vous. Très joyeux Noël
10:31à vous et un très joyeux Noël
10:33à votre fils. De très belles fêtes
10:35à vous. Merci à vous également.
10:37Merci beaucoup.
10:39Et puis vous faites
10:41comme Rosa, vous jouez
10:44comme elle pour un proche. Vous envoyez Noël
10:46au 73921, 3 fois
10:4875 centimes plus le coût d'un SMS
10:50et comme ça, vous pouvez gagner
10:52de super cadeaux sur Europe 1.
10:54Nous, dans un instant, on se retrouve avec Henri d'Anselme,
10:56le héros du sac à dos.
10:58Mais j'arrive pas à dire le héros du sac à dos. Il y a quand même
11:00beaucoup plus et vous venez d'entendre quand même les quelques mots
11:02qu'il nous a prononcés. Il y a quand même toute une réflexion
11:04philosophique derrière ça et justement
11:06il y a un autre philosophe qui s'appelle Nathan Devers
11:08qui est là, qui a beaucoup de questions pour Henri d'Anselme
11:10à tout de suite sur Europe 1.
11:14Henri d'Anselme est
11:16avec nous sur le chemin des cathédrales
11:18publié par Fayard.
11:20Justement, on parlait de lui dans le rappel
11:22de l'actualité. Vous parlez d'Emmanuel Macron.
11:24Vous dites qu'il est étonnant. Il a ce
11:26charisme de capter toute l'attention de son
11:28interlocuteur et en retour de donner l'impression
11:30qu'il est tout à lui d'être
11:32seul au monde avec lui. Donc vous aussi, j'allais dire,
11:34vous avez capté ce regard assez
11:36étrange du chef de l'État.
11:38Oui, tout à fait.
11:40C'est un charisme qui est
11:42à son honneur. En revanche,
11:44je n'ai pas senti un charisme de chef d'État.
11:46Ça veut dire quoi ?
11:48Ça veut dire que justement,
11:50par rapport à ce que je disais tout à l'heure,
11:52je trouve que
11:54même s'il a réussi à le faire malgré tout
11:56avec Notre-Dame de Paris, je trouve qu'il a encore du mal
11:58dans ce qu'il fait, de façon générale,
12:00son action au gouvernement, à se référer
12:02à quelque chose qui le dépasse,
12:04qui nous dépasse et auquel on devrait tous se référer.
12:06Vous le comparez avec
12:08d'autres chefs d'État français
12:10antérieurs ou
12:12d'autres chefs d'État que vous avez pu voir dans la cathédrale ?
12:14Auxquels vous avez peut-être
12:16pu croiser le regard ? Donald Trump, par exemple.
12:18Je ne le compare à personne parce que
12:20en matière de chef d'État, je m'y connais.
12:22Je ne connais pas beaucoup.
12:24Vous étiez à côté d'eux, c'est vrai.
12:26J'en ai pas reconnu beaucoup.
12:28Donald, quand même.
12:30Vous lui avez parlé à Donald Trump ?
12:32Non, c'est impossible. C'est une partie de ses personnalités
12:34qui arrivent
12:36en retard, qui repartent en avance.
12:39C'était très impressionnant
12:41d'être là.
12:43Ce que je veux dire
12:45par rapport à Emmanuel Macron,
12:47c'est que
12:49je pense que
12:51c'est ce qui manque
12:53à tous nos chefs d'État depuis
12:55une bonne trentaine, voire quarantaine d'années,
12:57si ce n'est plus, c'est qu'en réalité
12:59ils n'ont pas compris,
13:01ou on a oublié, de façon générale,
13:03il n'y a pas que eux dans l'histoire, mais de façon générale,
13:05qu'un chef, ce n'est pas quelqu'un
13:07qui se réfère à lui-même ou à une légitimité
13:09qui lui serait propre ou au suffrage qu'on lui a attribué.
13:11Un chef, c'est quelqu'un qui se réfère
13:13et qui fédère autour de quelque chose
13:15qui le dépasse.
13:17Et c'est pour ça qu'à la fin de votre livre, vous ne vous adressez pas
13:19au chef de l'État, mais à la France.
13:21Vous écrivez une lettre à la France,
13:23« Ma chère France, il n'est pas aisé de te parler
13:25des choses du cœur, etc., etc.
13:27L'amour que je te porte
13:29est celui d'un mystère. » Pourquoi un mystère ?
13:31Parce que
13:33je ne sais pas pourquoi j'aime la France.
13:35Je l'aime de toutes les fibres de mon être,
13:37mais je ne sais pas pourquoi.
13:39Et je me pose la question,
13:41et je le dis à la fin de mon texte,
13:43je lui donnerai ma vie, et je veux lui donner ma vie.
13:45Mais je ne sais pas pourquoi.
13:47Est-ce que vous seriez prêt à
13:49porter la France, même à des
13:51fonctions suprêmes, comme on dit aujourd'hui ?
13:53Vous posez des questions.
13:55Oui, je pose des questions, c'est mon métier.
13:57Est-ce que ce n'est pas aussi
13:59un autre de la christianisation
14:01votre livre ? C'est-à-dire que
14:04finalement, vous regrettez
14:06la déchristianisation de la France, malgré
14:08certains signes positifs.
14:10Il n'y a jamais eu autant de scouts
14:12ces dernières années. Les messes traditionnelles
14:14sont...
14:16Il y a beaucoup de gens. Les pèlerinages,
14:18notamment le pèlerinage de Chartres, chaque année
14:20a de plus en plus de pèlerins.
14:22Est-ce qu'il y a un peu de positif dans votre livre ?
14:24Et finalement, est-ce que vous n'appelez pas non plus à la christianisation,
14:26qui est le principal mot
14:28aujourd'hui de notre société ?
14:30Tout ce dont vous venez de parler,
14:32je suis l'héritier de tout ça,
14:34donc je vois très bien ce dont vous voulez parler.
14:36En revanche, je ne regrette
14:38rien. Ce n'est pas mon tempérament
14:40de regretter le passé. En revanche,
14:42je veux, au contraire,
14:44et si je devais
14:46regretter quelque chose, ce serait plutôt
14:48le regret qu'on ait arrêté
14:50de se référer encore et toujours
14:52à ce qui nous dépasse,
14:54simplement.
14:56Moi, je ne suis pas sûr qu'il faille être croyant
14:58pour se reconnaître dans ce que vous êtes en train
15:00de dire, parce que précisément,
15:02cette notion de grandeur,
15:04quelqu'un comme Malraux avait ce respect-là
15:06pour la transcendance,
15:08voire des religions. Je ne suis pas croyant, je ne suis pas chrétien.
15:10Mais on ne peut avoir que
15:12du respect, plus que du respect, de l'admiration,
15:14un sentiment de mystère
15:16devant, par exemple, Notre-Dame, devant les évangiles,
15:18et devant ce qui en a été fait
15:20dans la construction d'une civilisation.
15:22La notion de grandeur. Il y a un passage
15:24de Perfit, de De Gaulle et Perfit, vous savez, c'était De Gaulle.
15:26Toutes les références,
15:28c'est avant 50 ans.
15:30Il n'y a jamais rien après.
15:32Je crois que le langage que vous parlez, politiquement, c'est cette époque.
15:34Comme le disait Brice Lalonde, ou comme le disait Alain Madelin,
15:36ou comme le disait Benoît Hamon.
15:38Mais vous savez, André Malraux
15:40disait, le XXIe siècle sera
15:42spirituel ou ne sera pas.
15:44Mais oui, mais alors, est-ce qu'il l'est ou est-ce qu'il ne l'est pas ?
15:46Eh bien, regardez la réouverture
15:48de Notre-Dame de Paris.
15:50Il l'est, mais il est quand même dans une France
15:52qui est déchristianisée
15:54pour partie anticléricale.
15:57Certains disent qu'on est dans une guerre de civilisation.
15:59Certains disent qu'on est dans une guerre
16:01de religion.
16:03Et pour couronner le tout,
16:05on a quand même une notion
16:07qu'on nous sort à tout bout de champ, qui est la laïcité.
16:09Et qui est, selon certains politiques,
16:11mal comprise, parce qu'elle est là
16:13pour vous permettre de vivre votre religion.
16:15Certains disent, ben non,
16:17elle n'est pas là pour vivre votre religion, parce que
16:19par exemple, certains disent, ben, j'ai pas le droit de porter le voile
16:21à l'école parce que c'est une interdiction.
16:23Comment on fait dans tout ça ?
16:25Quel est le principal pour vous ?
16:27Est-ce que pour vous, le principal,
16:29c'est de constater
16:31et de regarder
16:33ce qu'il y a aujourd'hui, ou de lancer
16:35un appel vers quelque chose ?
16:37Votre vœu, c'est de lancer un appel.
16:39Mais c'est même pas mon vœu,
16:41c'est le sens de mon action.
16:43Le sens de mon action est de relayer
16:45l'appel des cathédrales, l'appel de nos ancêtres,
16:47l'appel de la grandeur.
16:49Donc, c'est une forme de christianisation,
16:51comme le disait Jules Thorez.
16:53Mais attention, ça n'est pas péjoratif.
16:55Pourquoi est-ce qu'on se cacherait
16:57de l'héritage civilisationnel
16:59qu'on a dans ce pays ?
17:01Non, mais j'entends bien,
17:03parce que quand vous allez sur certains
17:05plateaux de télévision, on va vous dire,
17:07mais vous êtes le grand prêtre, etc.
17:09J'ai eu la remarque l'autre jour de Gilles Kepel,
17:11qui m'a fait un signe de croix
17:13pour me bénir, en disant, oui, mais vous, vous êtes
17:15dans le christianisme, etc. Ça n'a rien à voir.
17:17On parle de civilisation, pas forcément de religion.
17:19Les gens font un amalgame.
17:22Je ne savais pas qu'il était évêque, Gilles Kepel.
17:24Oui, mais on apprend tout.
17:26La façon dont j'ai pensé mon livre,
17:28c'est que c'est un récit d'aventure
17:30et le témoignage des gens qui m'ont accueilli.
17:32Puisque mon grand pèlerinage des cathédrales,
17:34je l'ai fait en mendiant
17:36mon logement et mon dîner.
17:38J'ai rencontré tout un tas absolument
17:40fantastiques de français,
17:42et qui m'ont tous fait comprendre,
17:44ressentir, que malgré tout,
17:46ils continuent de se référer
17:48à un sens du sacré,
17:50et à une christianisation dont vous parlez.
17:52Vous êtes allé voir, effectivement, une tranche
17:54de la population française. Est-ce que vous êtes allé voir
17:56la tranche de population dont on a parlé
17:58dans les informations ? La tranche de population
18:00qui dit, comme ce
18:02gamin qui dit au chauffeur de bus
18:04des mots, des insanités.
18:06Est-ce que vous êtes prêt à aller dans
18:08d'autres territoires où il n'y a pas forcément
18:10des églises, il y a des mosquées
18:12où il n'y a rien, où il y a
18:14des salles polyvalentes et des
18:16éducateurs ? Vous savez, j'ai remonté
18:18à la côte d'Azur à pied.
18:20J'ai traversé beaucoup de banlieues de grosses métropoles
18:22dans lesquelles j'ai dormi.
18:24Vous avez parlé aux gens.
18:26Qu'est-ce qui se passe dans ces lieux-là ?
18:28Qu'est-ce qui se passe dans ces lieux-là ?
18:30Je me souviens très bien avoir discuté
18:32avec une bande...
18:34Je me souviens très bien avoir discuté
18:36avec une bande de danseurs
18:38qui étaient là pour tourner un clip de rap.
18:40Ça s'est mentionné.
18:42C'est mentionné, ça, oui.
18:44Et je me
18:46souviens que
18:48quand...
18:50Alors, ils ne connaissaient pas ma démarche
18:52mais ils avaient entendu parler de moi à travers
18:54l'attentat d'Annecy.
18:56Très facilement, j'ai réussi
18:58à enclencher la discussion
19:00sur ce que je faisais avec les cathédrales
19:02et la démarche que je
19:04cherchais. Eh bien, j'ai senti
19:06tout à fait aussi chez eux, ils étaient
19:08extrêmement intéressés. Et ils m'ont posé des questions.
19:10Nathan, vous vouliez...
19:12J'avais une question toute simple.
19:14Vous voulez voir les 30 cathédrales
19:16que vous n'avez pas encore visitées.
19:18Mais en dehors de ça, comment voyez-vous votre avenir ?
19:22Je suis heureux à partir du moment où je me mets
19:24au service de ce message-là.
19:26Et j'ai envie de continuer à me battre pour le faire passer.
19:28Vous avez fait une école de commerce, il me semble.
19:30J'ai fait une licence de philosophie
19:32et un master de management international.
19:34Et donc,
19:36est-ce que ça va vous servir pour votre mission ?
19:38Certainement.
19:40La philosophie, oui. Le management international aussi, oui.
19:42Ça m'aide beaucoup.
19:44Et la prochaine étape,
19:46c'est la première cathédrale
19:48que vous allez visiter ?
19:50La prochaine étape, c'est les cathédrales du sud-ouest.
19:52Puis après, les cathédrales de la Corse.
19:54Et après, les cathédrales des départements d'Outre-mer.
19:56J'ai une dernière question.
19:58Il y a eu d'abord
20:00un non. On a dit non,
20:02il n'y aura pas de vitraux contemporains
20:04à Notre-Dame de Paris.
20:06Et puis finalement, il y a eu
20:08une commission qui a
20:10donné à Gagnant
20:12une artiste dont, moi, je connais
20:14les tableaux. Je les ai souvent vus
20:16dans des foires.
20:18Et c'est vrai que c'est très beau ce qu'elle fait.
20:20C'est très beau. C'est juste mon
20:22jugement et c'est totalement subjectif.
20:24Mais est-ce que c'est la place
20:26dans une cathédrale qui date du
20:28XVe siècle, d'avoir des
20:30vitraux contemporains, selon vous ?
20:32Sur la question du
20:34principe, je considère
20:36qu'une cathédrale est un monument
20:38qui a toujours évolué,
20:40qui évolue et qui évoluera,
20:42en fonction des époques qu'elle traverse.
20:44Une cathédrale est un édifice de pierres
20:46vivantes. Donc sur la question
20:48des principes, ça ne me choque pas du tout que nous
20:50aussi, à notre époque, on aille se challenger,
20:52se mettre le défi d'aller
20:54marquer de notre empreinte l'époque.
20:56En revanche, il y a des critères pour que ça se fasse.
20:58Il faut que ça se fasse en
21:00ayant tout à fait conscience de ce que l'on fait.
21:02C'est-à-dire qu'il faut que ça se fasse en respectant le message,
21:04en respectant ce qui est déjà sur place,
21:06en respectant l'œuvre globale,
21:08et surtout que l'artiste ait conscience
21:10dans quelle démarche
21:12il s'inscrit. C'est-à-dire une démarche d'éternité
21:14au service d'une sacralité religieuse.
21:16Ça représente la Pentecôte.
21:18Et surtout que l'artiste soit français.
21:20Elle est française et ça représente la Pentecôte,
21:22donc il y a peut-être déjà au moins deux critères.
21:24Vous verrez ce qu'elle fait et vous nous
21:26donnerez votre avis.
21:28Merci beaucoup Henri d'Anselme
21:30et bravo pour votre démarche
21:32sur le chemin des cathédrales.
21:34Lisez ce livre, il est
21:36chez Fayard et nous on se retrouve dans un instant
21:38pour commenter les
21:40quelques mots qui viennent de
21:42se produire sur France 2.
21:44François Bayrou parle et explique
21:46les consultations qu'il a eues toute cette
21:48journée avec les chefs de partis politiques. A tout de suite sur Europe.

Recommandations