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Après trois mois et demi d'audience, Dominique Pelicot a été condamné par la cour criminelle du Vaucluse, à la peine maximale de vingt ans de réclusion, suivant les réquisitions du parquet, pour viol aggravé sur son ex-épouse, Gisèle Pelicot. Les cinquante coaccusés ont tous également été condamnés à des peines allant de trois ans de prison à quinze ans de réclusion criminelle, des peines inférieures aux réquisitions. Maitre Guillaume De Palma, avocat de la défense au procès Mazan et Fatima Benomar, Cofondatrice des Effronté-e-s sont les invités de RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 19 décembre 2024.

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Transcription
00:00Donc comme pour moi il n'y a pas viol et viol, de fait je pense que pour des viols à caractère,
00:08avec des circonstances aggravantes comme celui de violer une personne qui est sédatée qui n'est
00:15pas consciente, c'est vrai que cette différence pour moi n'était pas forcément légitime même
00:21si lui avait plus de chefs d'accusation et notamment par rapport à sa fille malheureusement
00:26qui n'obtiendra pas plus de justice que ça. Que retenez-vous de ce procès en quelques mots
00:31s'il vous plaît et est-il finalement un échec pour vous, je dirais un échec de la justice à
00:36traiter des violences sexuelles ? Quand il y a des condamnations paradoxalement c'est toujours
00:41un échec, c'est-à-dire que les crimes ont été commis et quand je vois tous les débats à la
00:46mort moelleux sur la question de l'éducation à la sexualité mais aussi au respect mais aussi
00:51au consentement pour lesquels plaident les féministes depuis des décennies et qu'encore
00:56à chaque fois qu'on arrive à mettre ça sur la table ça crée des polémiques vraiment
01:00incompréhensibles, sachant que c'est vraiment dans les premiers pas de la sociabilisation des
01:04enfants et notamment des garçons qu'on sait qu'on leur met dans la tête inconsciemment que le
01:09féminin est quelque chose dont ils doivent se distancer, quelque chose qui n'est pas valorisant
01:13etc. et donc que c'est déjà trop tard au lycée d'essayer de leur donner une autre approche de
01:21l'autorité des filles, des femmes, de leur rapport à eux. Donc c'est vrai que nous on réinsiste pour
01:27que dès le départ et parce que ça fait partie du projet de la république, il y ait ces cours
01:32d'éducation à l'égalité contre le sexisme etc. à l'école et puis tout ce qui est le suivi des
01:40victimes parce que là madame Pellicot peut-être parce qu'elle a été bordée par notre sororité,
01:45par la présence des féministes tous les jours au procès, elle a pu finalement gérer tout le
01:51trauma de cette histoire pendant cette période, même là maintenant qu'on va se disperser, qu'on
01:55va la laisser seule à ces traumas, nous on plaide pour qu'il y ait typiquement les remboursements
02:00intégraux de tous les soins, notamment des soins psychologiques, de santé mentale, dont des soins
02:04très spécifiques comme le MDR, les experts me comprendront, qui sont des soins de suivi
02:09psychologique pour ce qui est des violences sexuelles. En fait c'est l'après procès aussi
02:13sur lequel vous vouliez ce soir attirer notre attention. Merci beaucoup d'avoir pris la parole
02:17Fatima Benomar, défenseur des droits des femmes cofondatrices de l'association Les Effrontées.
02:22On retrouve Guillaume De Palma qui est avocat et qui défendait je le rappelle 6 des 50 accusés
02:27au procès des viols de Gisèle Pellicot. Je me tourne à nouveau vers vous, à l'exception de
02:32Dominique Pellicot, maître condamné à la peine maximale, 20 ans de réclusion. Les peines prononcées
02:36sont inférieures à celles réclamées, ce qui a provoqué un désarroi et bien entendu de la colère
02:40à la sortie du tribunal. Est-ce que vous le comprenez ?
02:43Alors, je n'ai pas été directement observateur de ce désarroi parce qu'il faut dire que j'étais
02:50préoccupé par le sort de mes clients. Je comprends tout à fait que, dans l'opinion publique,
02:55dans ce que comprennent les gens, dans ce qui leur a été dit, dans ce qu'on a voulu leur faire
03:00comprendre, ils soient quelque peu déçus parce que peut-être qu'ils envisageaient une verdict
03:04tout à fait différent avec des peines maximales. Une bande de rôle devant le palais de justice
03:08mentionnait 20 ans de réclusion pour chacun. C'est vrai qu'on est assez éloigné des 20 ans
03:12de réclusion. Mais les peines qui ont été prononcées sont conformes, malheureusement ou
03:18heureusement, je ne sais pas trop bien, à la jurisprudence habituelle des cours et tribunaux,
03:22on parait mentir. Vous avez utilisé pendant le procès cette notion qui a beaucoup choqué,
03:26il y a viol et viol et sans intention de le commettre, il n'y a pas viol. Vous maintenez
03:31ces propos sur le fond ou est-ce qu'ils ont été déformés ? Alors, si vous voulez, ces propos-là
03:36étaient destinés à des magistrats. Mon travail, c'est de convaincre ou de ne pas convaincre,
03:40force est de constater que je ne suis pas arrivé à les convaincre. Ce n'est pas forcément destiné
03:45à l'opinion publique. En vérité, ce que j'expliquais, c'est qu'il y avait le viol dans
03:49son exception médiatique et le viol dans son exception juridique, y compris l'intention ou
03:54pas. Et faire comprendre qu'un viol doit aussi, parmi les éléments à rapporter par le ministère
04:00public, contenir celui de l'élément moral, c'est quelque chose forcément qui n'est pas compris,
04:05je le comprends tout à fait. Si mes propos ont pu choquer, j'en suis désolé. En tout cas,
04:11ils n'ont pas convaincu la cour. Mon client est libre, il vous remercie, il vous dit merde,
04:14ce sont les propos d'un de vos confrères, avocat d'un des accusés, à des manifestantes. Est-ce que
04:18vous trouvez ça normal ? Non, pas de juger vos confrères, mais voilà, en pareille circonstance,
04:24un peu de retenue peut-être était nécessaire, non ? Alors, la difficulté qui se pose, évidemment,
04:29nous en tant qu'avocat, on a des devoirs de l'ontologie, qu'on a notamment l'obligation
04:34de faire preuve de délicatesse, on ne peut pas dire que ce soit d'une délicatesse absolue. Après,
04:38qu'est-ce qui s'est passé avant ? Qu'est-ce qui s'est passé pendant ? Je pense qu'on aurait
04:42pu éviter ce genre de réaction. Maintenant, de l'autre côté, comment dirais-je ? Il faut dire
04:47quand même que ce matin au tribunal, il y avait une grogne ambiance. Alors, ça ne justifie pas
04:52le comportement du confrère en question, je pense que lui-même en est désolé, mais ça vient quand
04:56même un peu expliquer ce dérapage. Que retenez-vous de ce procès avant de nous séparer ? Alors,
05:02ce que je retiens, c'est que c'est un procès absolument historique, et par l'importance
05:07sociétale qu'il peut avoir, et aussi par le côté tout à fait hors normes. Quand je dis hors normes,
05:12c'est par rapport au nombre d'accusés, c'est par rapport au nombre de médias, c'est par rapport
05:16au fait que, par exemple, ce matin, j'ai croisé des Japonais, et c'est par rapport aussi à sa durée.
05:20Et on est dans une situation où, effectivement, on retiendra que peut-être que ça fera évoluer
05:26la société dans un bon sens, peut-être que ça améliorera les rapports entre les hommes et les
05:30femmes, peut-être que ça fera en sorte que les violences sexuelles soient mieux dénoncées,
05:33mieux traitées, et après tout, ça c'est une bonne chose. Après, le sort de nos clients,
05:37ça c'est autre chose, on verra si on fait appel ou si on ne fait pas appel.
05:40Merci beaucoup, Guillaume De Palma, avocat de 6 des 50 accusés du procès des viols de Gisèle
05:45Pellicot. Dans un instant, toute l'actualité dans le journal de 18h30, puis à 18h40, Véronique
05:50Schwartz, elle est directrice de Météo France, elle sera avec nous. 2024 est tout simplement
05:54l'une des années les plus chaudes et les plus pluvieuses jamais enregistrées en France. Alors,
05:59comment s'adapter dans nos villes et dans nos campagnes ? Virginie Garin viendra également
06:02pour tout nous expliquer.

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