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00:00Il est 8h16, c'était hier, Flora, la journée internationale des migrants.
00:05Oui, l'occasion d'aborder cette question dans le contexte actuel, politique, géopolitique, très instable.
00:10Une manifestation était organisée hier à Belfort à l'initiative de plusieurs associations, notamment la Ligue des Droits de l'Homme.
00:17Notre question du jour pour vous, c'est la suivante.
00:20Que faites-vous pour aider les migrants ?
00:22On vous attend pour réagir aux standards 03-84-22-82-82.
00:27Bonjour Anna Maillard.
00:28Bonjour.
00:28On entame la discussion avec vous ce matin sur le sujet, vous êtes la co-responsable des écologistes dans le Nord-Franche-Comté.
00:35Vous avez soutenu la mobilisation d'hier, pourquoi ?
00:38Oui, tout à fait.
00:39En fait, ici, on est sur un territoire, le Nord-Franche-Comté, dont toutes les richesses ont été créées par différentes vagues migratoires
00:44qui sont venues se sédimenter ici, et travailler ici, vivre ici.
00:48Et rendre sur ce territoire comme sur d'autres, hommage aux migrants, et reconnaître quelle est la complexité de leur parcours,
00:57mais qu'est-ce qu'est aussi leur apport, c'était essentiel.
01:01On a trop souvent la facilité actuellement de stigmatiser de façon négative ce qui serait l'immigration ou les étrangers.
01:09Et l'important c'est de rappeler que, déjà, c'est dans nos fondements essentiels de la République française
01:15d'être accueillant, bienveillant, et la liberté de circulation, et de dignement accueillir les personnes étrangères.
01:22Et, en plus, de faire valoir ça une fois par an, plus que d'autres jours.
01:30Une récente étude de l'INSEE nous apprend que les immigrés occupent 7% des emplois dans la région, c'est même 9% dans le territoire de Belfort.
01:37Des agents d'entretien, des aides à domicile, des aides soignantes, du personnel dont on ne peut pas se passer à Namayar.
01:43Oui, exactement, la plupart des emplois qui ne seraient pas pourvus si ces personnes ne les prenaient pas.
01:48Et on est donc sur une vaste hypocrisie, en fait. On a des personnes volontaires, travailleuses, impliquées, qui vivent aussi dans la vie sociale française.
01:56Et on continue de les stigmatiser, alors que souvent, des personnes travaillent parfois même sans papier,
02:01donc reçoivent des fiches de paye, cotisent, et ne bénéficient même pas de la sécurité sociale.
02:05Donc il est vraiment temps de mettre fin à cette hypocrisie, de permettre la régularisation, de permettre à ces personnes,
02:12j'aime bien dire pour un jour, pour quelques mois, ou pour toujours, parfois on est juste une étape du parcours de certaines personnes migrantes.
02:18Elles ont leur propre démarche, elles ont leur propre initiative, il faut la reconnaître, leur permettre d'avoir des politiques migratoires lisibles.
02:26C'est aussi pour elles, et pour nous tous, pour nos entreprises, de fonctionner.
02:30Le Nord-Franche-Comté a une histoire migratoire riche, qui est puisée dans les années 30-40, avec Peugeot notamment.
02:37Oui, j'aime bien rappeler que moi-même, mes arrières-grands-parents, en fuyant les grandes famines d'Ukraine dans les années 30,
02:42mon grand-père est né en Pologne pendant l'exode, et en prenant la route des Etats-Unis, en fait, ils se sont arrêtés à Éry-Montcourt,
02:48où les usines Peugeot recrutaient, et ma mère est née à Éry-Montcourt.
02:51Aujourd'hui j'habite Éco, mais mes parents sont toujours à Éry-Montcourt.
02:55Mais ça c'est un exemple parmi des milliers qui sont le quotidien du Nord-Franche-Comté.
02:59On a rendu hommage il y a quelques semaines à Montbéliard, à l'apport des Maghrébins qui ont défendu, qui ont aidé à la libération du Nord-Franche-Comté.
03:08Et tout ça, on devrait l'occulter pour la stigmatisation ou des boucs émissaires un peu trop faciles.
03:14Donc vraiment, rendons hommage, mais aussi au quotidien, accueillons dignement les personnes migrantes et accompagnons-les dans leur démarche.
03:20L'accueil n'est pas si simple aujourd'hui, Anna Maillard, pourquoi ça ne fonctionne plus comme dans les années 30-40 ?
03:25Qu'est-ce qui a changé aujourd'hui ?
03:28On a besoin de moyens publics pour organiser l'accueil.
03:32On l'a connu il y a quelques années, ceux qui sont réguliers du pays de Montbéliard l'ont vu.
03:35Il y a eu l'association ASFAM, il y a eu l'ASCOMI, plusieurs associations recevaient des données publiques pour aider l'accompagnement, les démarches des personnes migrantes.
03:44Aujourd'hui il y a des associations, la CIMAD qui font, mais en fait elles manquent de moyens.
03:48Et surtout on manque d'un volontarisme politique au niveau de l'Etat, de dire on organise les filières migratoires, on les accompagne, on permet aux personnes de s'insérer.
03:56On accompagne les entreprises pour pouvoir en accueillir les formés, formés à la langue française, formés pour les métiers intensifs, mais pour tous les métiers.
04:06Et voilà, c'est de mettre fin à cette hypocrisie et enfin de remettre les politiques publiques qu'on a connues, comme vous les citiez, dans le Nord-Franche-Comté et partout en France, d'accueil et d'intégration.
04:15Le contexte d'instabilité politique, je rappelle qu'on n'a pas un budget très clair, on n'a surtout pas de gouvernement.
04:21Est-ce que ça, ça peut avoir des conséquences pour tous les migrants, pour cette population-là ?
04:27Oui, bien sûr, ça retarde encore cet accompagnement aux migrations dont je parlais, mais surtout les derniers mois, les dernières années,
04:35on a eu un gouvernement qui a trop facilement repris au premier degré ce que l'extrême droite défend, c'est-à-dire la stigmatisation des migrants.
04:43Alors qu'en fait, quand on reprend ça et que ça infuse dans toute la société, ça ne fait que faire perdre du temps à tout le monde et créer des drames humains,
04:50puisqu'on a plus un harcèlement administratif sur les personnes migrantes, plutôt que de donner les moyens de leur permettre de trouver leur place en toute simplicité.
04:57Vous mentionnez le Rassemblement National, qui emporte quand même de plus en plus de suffrages, Anna Maillard.
05:02C'est une des idées portées par le Rassemblement National, que les migrants, par exemple, prendraient le travail des locaux.
05:10Ça veut dire quand même, Anna Maillard, il faut l'admettre que les Français ne sont pas tous ouverts, comme vous l'êtes, à l'accueil des migrants.
05:16Moi, je ne pense pas. Je pense que c'est une idée fausse. Je pense que les personnes confrontées elles-mêmes, personnellement, à des situations de détresse, en fait, les Français sont solidaires et le montrent.
05:24Dans les sondages, l'immigration, c'est seulement dans la sixième préoccupation des Français, bien loin derrière le logement, l'emploi ou la santé.
05:32La santé est passée numéro un. Et le Front National fait facilement feu de ce qu'il imagine être une demande sociétale.
05:39Et en fait, c'est lui-même qui l'instrumentalise. Instrumentaliser, par exemple, les agressions sur des femmes, alors qu'en fait, c'est extrêmement marginal.
05:47Et que la plupart des femmes sont agressées par leurs propres conjoints et des Français, y compris des Français de souche.
05:51Mais sur le travail, par exemple, sur l'emploi de ces personnes-là et sur cette idée que les migrants voleraient le travail des gens locaux ?
05:58Non, en fait, ils viennent prendre des emplois inoccupés. Tout simplement.
06:02Comment expliquer aujourd'hui, alors c'est un peu une question philosophique, mais simplement cette peur de l'étranger ?
06:08Moi, je ne la vois pas au quotidien. Je pense que c'est vraiment, quel est le signal que donne l'État ? Quel est le signal que donne nos collectivités locales dans l'accueil ?
06:19Moi, j'ai vu des initiatives. J'ai lu l'article sur la maire de Delle, qui organise avec le préfet du territoire de Belfort un accueil plus digne à des personnes migrantes.
06:26Donc, en fait, on a un patchwork de milliers d'initiatives en France qui sont accueillantes envers les migrants.
06:32Je ne pense pas qu'il y ait cette peur de l'étranger, si ce n'est une stigmatisation que des leaders politiques ont trop facilement réutilisé.
06:39Plutôt que de penser des politiques sociales pour tous et une solidarité nationale, de penser, de mettre en concurrence des pauvres contre des plus pauvres, des précaires contre des plus précaires.
06:50Moi, je pense que les Français sont bien au-dessus de ça et il serait temps de les écouter plutôt que de leur présager des actes et des faits.
06:59Merci, Anna Maillard, d'être revenue sur notre antenne ce matin. Vous êtes, je le rappelle, la co-responsable des écologistes dans le Nord-Franche-Comté.
07:06Et hier, c'était la journée internationale des migrants, d'où notre sujet ce matin. Bonne journée.
07:11Merci, bonne journée.