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00:00 Pour parler des violences faites aux femmes, bonjour Carole Blanchard.
00:04 Bonjour.
00:05 Violences conjugales en hausse selon les derniers chiffres du gouvernement, +15% entre 2021
00:12 et 2022.
00:13 Alors ça va peut-être vous choquer, mais j'ai envie de vous dire au fond tant mieux
00:18 si ça augmente.
00:19 Tant mieux pourquoi Carole Blanchard ?
00:20 Vous avez parfaitement raison, c'est une excellente analyse.
00:23 C'est pas que les violences augmentent, c'est que les déclarations augmentent.
00:26 Ce qui est tout à fait différent, puisque autrefois une femme sur cinq allait porter
00:31 plainte, on est passé depuis le Grenelle à une sur quatre.
00:35 On ne se rend pas compte, mais c'est impressionnant quand même comme évolution.
00:38 Alors c'est une hausse de 15% des violences conjugales à l'échelle nationale, mais dans
00:42 le Gard, est-ce qu'on sait un petit peu combien ça augmente ?
00:45 Le Gard suit cette logique, il n'y a absolument aucun problème.
00:47 On n'a pas les chiffres précis, mais bon je peux vous rassurer.
00:50 Comment est-ce qu'on explique justement que les femmes arrivent à libérer, à sortir
00:54 un petit peu plus du silence ?
00:55 Alors déjà, il y a Mithou quand même, qui a eu un poids énorme.
00:59 Et puis il faut dire quand même que depuis le Grenelle, les choses ont quand même évolué.
01:05 C'est-à-dire que je dirais que le point principal, c'est la formation, que ce soit
01:11 au niveau des commissariats ou des gendarmeries.
01:14 Et les femmes sont moins blackboulées, je dirais, quand elles veulent porter plainte.
01:18 Donc ça se sait, ça fait boule de neige, si je puis dire.
01:21 Et puis les médias, on parle beaucoup, on est sur une grande cause nationale.
01:26 Donc tout ça fait qu'il y a beaucoup d'acteurs qui interviennent sur le terrain.
01:31 Donc les femmes ont plus de facilité pour effectivement venir déposer auprès d'associations
01:37 notamment toutes leurs problématiques de femmes victimes.
01:40 Vous parlez notamment des forces de l'ordre.
01:41 Est-ce que les moyens suivent justement pour accompagner cette libération de la parole
01:45 dans le Gard ?
01:46 C'est-à-dire ?
01:47 Est-ce qu'on met plus de moyens ? Est-ce que vous constatez qu'il y a plus de forces
01:50 de l'ordre qui sont formées ?
01:51 Peut-être plus de médecins aussi ? Plus d'associations ? Plus d'effectifs ?
01:55 Dans cette lutte ?
01:56 Alors, je vais parler des forces de l'ordre, puisqu'on est en contact permanent.
01:59 Oui, oui, oui, oui, oui, oui, dans chaque commissariat ou gendarmerie, il y a un référent.
02:04 Après, il y a encore des petits incidents parce que c'est la nature humaine.
02:11 Mais globalement, non, non, non, on a affaire à des gens qui prennent le temps.
02:16 Ils ont des schémas de plaintes qui sont très, très longs et qui permettent à la
02:22 femme, par le biais des questions qui sont posées, de dire effectivement tout ce qu'elle
02:28 vive.
02:29 Ce n'est pas facile, c'est pas facile, notamment la notion de viol conjugal, etc.
02:32 C'est une notion complexe.
02:33 Encore en 2003, on a des femmes qui nous disent "ah non, mais c'est le devoir conjugal".
02:39 Ah non, mais on est en 2023, ça, ça n'existe plus.
02:42 On a encore des schémas.
02:43 Il y a encore des femmes qui vous disent ça ?
02:44 Mais bien sûr, mais bien sûr.
02:46 Mais oui, non, il ne faut pas se voiler la face.
02:49 Il y a encore, je dirais, sans jeter avec ma banderole de militante, il y a encore un
02:56 patriarcat installé dans la tête des femmes.
02:59 Et je vais même vous dire, c'est même un peu plus grave que ça puisque les jeunes,
03:05 on reçoit de plus en plus de jeunes femmes qui acceptent des choses que moi, ma génération
03:12 du MLF, on n'aurait pas accepté.
03:14 Qui acceptent quoi ?
03:15 Des comportements machistes, soyons simples.
03:18 Et qui trouvent ça normal, en fait, si je vous suis ?
03:23 Et oui.
03:24 Alors après, il y a l'effet des réseaux sociaux, il y a l'effet des groupes, etc.
03:28 Si je ne fais pas ça, je vais être rejetée, etc.
03:31 Il y a tout un phénomène psychologique intéressant à étudier qui joue là-dedans.
03:36 Mais oui, moi, pour moi, je n'ai pas engagé l'association dans cette façon de penser,
03:41 moi, personnellement, je dis "aïe, aïe, aïe, aïe, aïe".
03:43 Alors même que ce sont des femmes qui sont d'une génération qui a été plus sensibilisée
03:47 à ces sujets-là.
03:48 Oui.
03:49 Mais j'ai envie de dire, si vous voulez, que les plus sensibilisées, c'est la génération
03:53 d'au-dessus.
03:54 Là, je parle de très jeunes femmes.
03:56 Des adolescents ?
03:57 Des post-adolescentes.
03:58 Ah d'accord.
03:59 16, 18 ans.
04:00 Cette génération, Carole Blanchard, puisque vous êtes génération MLF, est-ce qu'elles
04:06 savent ce que c'est que le MLF ?
04:07 Non.
04:08 Est-ce qu'elles ont eu une notion de la conquête des droits des femmes dans les années 60 ?
04:12 Pas du tout.
04:13 Pas du tout.
04:14 Mais vous savez, je vais faire un parallèle qui va vous sembler bizarre.
04:17 À une période de ma vie, j'étais militante à l'association AIDE.
04:20 Les jeunes, ils ne connaissent pas.
04:23 Ils ne savent pas ce que c'est le SIDA.
04:25 Alors là, ça veut dire qu'il y a un problème d'information, notamment dans les établissements
04:29 scolaires ?
04:30 Ah, sans doute.
04:31 Il n'y a pas que l'école.
04:32 Il n'y a pas que l'école, oui, c'est ça.
04:35 Enfin bon, je veux dire, les associations, je pense, tellement prises par tout ce qu'elles
04:41 font, passent toujours un peu à côté de "il faut raconter l'histoire, il faut voir
04:46 d'où on vient".
04:47 Mais bon, on court, on court, on court, on court.
04:49 Donc bon, il ne faut pas incriminer l'école, l'école ne veut pas tout faire.
04:51 Et alors vous concrètement, à Via Femina Femma, vous accompagnez comment concrètement
04:55 ces femmes victimes de violences ?
04:57 Alors c'est à différents niveaux.
04:59 Bon déjà, on peut nous joindre 24 heures sur 24, 365 jours sur 365, c'est-à-dire qu'à
05:05 3 heures du matin, une femme est en danger, on peut aller la chercher.
05:08 Bien évidemment, on n'ira jamais au domicile de la dame, en corrélation avec les forces
05:13 de l'ordre.
05:14 Donc si vous voulez, je vais prendre le cas le pire, une femme nous appelle en vengeance,
05:19 etc.
05:20 Donc on va aller la récupérer, on va l'accompagner.
05:22 Quand je dis accompagner, c'est physiquement, on s'entend.
05:24 Ce n'est pas que moralement.
05:25 On va l'accompagner porter plainte, on va l'emmener chez un avocat, et après on va
05:30 l'accompagner tout au long de son parcours à l'unité médico-judiciaire si nécessaire,
05:34 au tribunal.
05:35 Je dirais que ça, c'est toute la partie première de l'accompagnement, où effectivement
05:40 il faut mettre les choses en place, parce qu'il faut effectivement que Monsieur soit
05:44 sanctionné pour ce qu'il a fait, mettre en place la garde des enfants, etc.
05:48 Et ensuite, on a une période d'accompagnement par le biais d'ateliers de reconstruction.
05:54 Parce que les femmes, elles nous arrivent dans un état que vous n'imaginez pas.
05:57 Dans une détresse psychologique, évidemment.
06:02 Une culpabilité démesurée, une perte d'estime complète d'elle-même.
06:07 Donc il faut remettre les petites pierres à la place, les unes à côté des autres,
06:12 pour qu'elles puissent retrouver une vie normale un jour.
06:14 Mais vous me dites que vous allez parfois chercher ces victimes pour les aider.
06:20 J'imagine que c'est plus facile quand elles habitent Nîmes, Bagnole-sur-Seize, à l'aise
06:25 qu'au fin fond des Cévennes.
06:26 Comment font-ils pour vous trouver ces femmes qui se trouvent dans ces...
06:30 Tout passe bien avec le téléphone chez nous.
06:31 Qui est le ?
06:32 06...
06:33 Je sais plus par cœur !
06:36 On va le retrouver.
06:39 On va le retrouver, Marie-Eve.
06:41 Carole Blanchard, dites-moi, que pensez-vous du modèle espagnol et du modèle sud-américain
06:45 où les hommes sont retirés, non pas les femmes, du foyer ?
06:49 C'est notre fantasme !
06:50 On est d'accord.
06:51 C'est notre fantasme !
06:52 Merci.
06:53 Alors, le contact de Via Femina Fama...
06:55 06 68 44 40 61.
06:59 Bon, on le répète.
07:00 C'est ça ?
07:01 Exactement.
07:02 06 68 44 40 61.
07:04 Et on le laisse au stand-bar de France Bleu-Garloser.
07:06 C'est comme ça exactement que les victimes peuvent vous contacter.
07:08 Je vous remercie beaucoup d'avoir été avec nous ce matin sur France Bleu-Garloser.
07:11 Carole Blanchard, je rappelle que vous êtes la présidente déléguée de Via Femina Fama
07:16 donc dans le Gard.
07:17 Merci à vous.
07:18 Merci à vous de nous avoir reçus.
07:19 Merci beaucoup.
07:19 [SILENCE]