Category
🗞
NewsTranscription
00:00Europe Un Soir. 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Et je salue mes camarades du soir. Bonsoir Victor Héron.
00:06Bonsoir Pierre. Journaliste politique à Valeurs Actuelles.
00:08Bonsoir Joseph Macézcaron. Bonsoir Pierre.
00:10Et bonsoir à vous Agnès Avren. Bonsoir.
00:12Sénatrice LR de Paris. Alors beaucoup de choses sur la table.
00:17D'abord François Bayrou qui assiste à une réunion sur Mayotte en visio depuis Pau
00:25parce qu'il doit présider le conseil municipal de sa commune.
00:29Alors je ne sais pas quelle est votre position vous Agnès Avren sur le cumul des mandats.
00:33Est-ce que vous êtes pour qu'un Premier Ministre puisse rester proche de sa ville
00:38ou est-ce qu'en situation exceptionnelle il ne devrait pas rester à Matignon ou à Beauvau
00:42pour présider ce genre de conseil ? Quel est votre avis ?
00:45Écoutez, il est Premier Ministre depuis 4 jours.
00:48Il faut juste lui laisser le temps maintenant de s'organiser.
00:51Donc il a un mot d'excuse d'Agnès Avren.
00:53Oui, pour le coup la situation est parfaitement gérée par notre ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.
00:59Qui va rester ministre de l'Intérieur ?
01:01J'ose espérer, pour une simple et bonne raison,
01:04c'est qu'il faut quand même se dire que le centre de gravité de la vie politique aujourd'hui est à droite.
01:10Qu'est-ce qui vous permet de dire ça ?
01:12D'abord on voit que toutes les préoccupations idéologiques de la droite sont aujourd'hui partagées par les Français.
01:17On le voit dans les urnes, il y a quand même 11 millions d'électeurs
01:20qui ont demandé des réponses claires, fortes et courageuses sur les questions de sécurité.
01:24Oui mais pas seulement, la droite aussi.
01:26Donc vous incluez l'URN dans la droite ?
01:28Moi j'inclus, si vous voulez, c'est pas un gros mot de dire l'URN.
01:32Pourquoi ? Parce que c'est le premier groupe à l'Assemblée Nationale.
01:34Désolée, c'est le parti qui est arrivé en tête au premier, au second tour.
01:37Vous êtes pleine d'éloges pour l'URN.
01:40Mais c'est pas des éloges, c'est du pragmatisme.
01:42Ça ne va pas dans les deux sens visiblement.
01:44Marine Le Pen ne parle pas comme ça aussi bien des LR.
01:48Je ne dis pas que c'est bien ou pas bien, je suis juste lucide.
01:52Et on fait comme si aujourd'hui on découvrait le poids politique du RN.
01:55C'est le premier groupe à l'Assemblée.
01:57Et je dis juste qu'aujourd'hui, les Français demandent une politique
02:01qui soit encore une fois plus forte, plus courageuse et plus claire.
02:04Que plus l'État est fort et plus l'État est respecté.
02:08Et donc sur les questions d'immigration, sur les questions de sécurité,
02:10il y a une attente très forte.
02:12Et si aujourd'hui Bruno Retailleau a imprimé sa marque en 3 mois au ministère de l'Intérieur,
02:17c'est justement parce que non seulement sa politique répond à l'intérêt du pays,
02:21à l'intérêt national, et elle répond aussi aux attentes des Français.
02:24Et donc pour conclure, je dirais juste que faire une politique de gauche
02:27dans un pays qui vote à droite, ce serait totalement absurde.
02:30Donc mon souhait, que aujourd'hui évidemment Bruno Retailleau puisse continuer sa politique.
02:35Pourquoi est-ce que la loi immigration qui est au cœur du projet Retailleau,
02:38j'allais dire de ses trois premiers mois, pose autant de cas de conscience à la droite ?
02:43Ce n'est pas un cas de conscience.
02:45Aujourd'hui, il y a 70% des Français qui trouvent que la politique migratoire est trop laxiste.
02:50Et donc évidemment, on le voit aujourd'hui, on est dans une situation inédite
02:54où personne n'atteint la majorité à l'Assemblée.
02:56Et donc je pense que François Bayrou, qui est un vieux routier de la politique,
03:01ne veut peut-être pas arriver avec les sujets les plus clivants dès le départ.
03:04De toute façon, vous savez, la priorité des priorités, c'est de voter un budget.
03:07Mais il y a une urgence, donc clivant ou pas clivant...
03:09On ne lâchera rien sur la politique migratoire.
03:13Et d'ailleurs, regardez, il a déjà obtenu des résultats.
03:16La circulaire Valls ne va pas être appliquée.
03:18C'est quand même 30 000 personnes qui ne seront pas régularisées.
03:21Sur la directive retour, tous les ministres de l'intérieur de l'Union européenne
03:24ont été autour de la table parce que ce n'est plus une directive retour,
03:26c'est une directive de non-retour.
03:28Et qu'il est important aujourd'hui de se rendre compte qu'il y a 90% des OQTF
03:32qui ne sont pas appliqués.
03:33Donc là-dessus, il a des résultats, Bruno Retailleau.
03:36Et aussi sur le délit de séjour irrégulier, il faut le rétablir.
03:40Et donc sur tous ces sujets-là, sa présence, sa force, sa détermination, sa clarté...
03:44Je vous posais la question parce qu'Alexandre Chauveau, dans le journal de 19h,
03:47nous disait que Bruno Retailleau était prêt à faire une croix sur cette loi et l'immigration
03:51s'il obtenait la garantie que les principales mesures étaient adoptées autrement
03:54que par ce nouveau texte.
03:56C'est le cas de la directive de non-retour.
03:58Vous savez, de retour, le problème, encore une fois,
04:01c'est que vous faites parfois, les journalistes,
04:03comme s'il n'y avait pas un principe de réalité à l'Assemblée nationale.
04:06Et qu'aujourd'hui...
04:07Ça veut dire quoi, ça ?
04:08Ça veut dire qu'aujourd'hui, on est dans une tripartition un tiers, un tiers, un tiers
04:11et qu'aucun groupe n'a la majorité.
04:13Ça veut dire que vous n'écoutez pas suffisamment Europe 1 Soir.
04:16Ah bon ? Pourquoi ?
04:18Parce que je prends à témoin Joseph, Victor, tous les autres débatteurs qui viennent
04:23et j'utilise toujours cette image de trois couloirs de nage.
04:27Il y a trois couloirs de nage.
04:29Ils sont égaux, ils font la même distance.
04:31Vous avez tout à fait raison, je vais vous dire un truc.
04:33Compromis, moi j'ai été députée européenne, ça ne veut pas dire
04:36se marier ou renier ses convictions ou ses valeurs.
04:39C'est au contraire, travailler dans l'intérêt du pays.
04:42Et c'est ça qui compte.
04:43Alors, Madame la Sénatrice, Laurent Wauquiez dit effectivement
04:46si la feuille de route de François Bayrou nous convient,
04:48nous envisagerons d'intégrer le gouvernement
04:51et il faudra que nous soyons représentés de façon significative.
04:54Bon, on passera rapidement sur le fait que représenter de façon significative
04:56quand on représente 47 députés, c'est une demande assez cocasse.
04:59Maintenant, vous avez répondu en partie à ma question
05:02mais j'aimerais que vous vous insituez là-dessus.
05:04Pour que cette feuille de route soit appliquée, il faut que le gouvernement tienne.
05:06Pour qu'il tienne, c'est mathématique, il va falloir plaire à minima
05:09soit au Parti Socialiste, soit au Rassemblement National.
05:12Est-ce que vous pouvez me répéter qu'effectivement vous préférez vous
05:15ou alors au nom du Parti des Républicains ?
05:17Elle a déjà été pleine d'éloges pour le Rassemblement National.
05:19Mais ce n'est pas des éloges !
05:20Je vois depuis longtemps que j'entends parler un LR aussi bien du R.
05:23J'en ai marre du dogmatisme.
05:25J'ai failli tomber de ma chaise.
05:26En fait, c'est juste que je suis lucide.
05:28Je suis lucide et que moi, je n'insulte pas 11 millions d'électeurs.
05:31Il faut d'abord se poser la question
05:33pourquoi est-ce que ces électeurs ont voté pour le RN ?
05:36Mais moi, ce qui me plaît d'ailleurs chez Bruno Retailleau,
05:38c'est qu'il est loin de tout dogmatisme aussi sur les questions d'immigration.
05:42L'objectif, c'est d'être pragmatique et d'obtenir des résultats.
05:44Donc l'idée, ce n'est pas de plaire au PS ou au RN.
05:47Je dis qu'aujourd'hui, on est dans un régime parlementaire
05:50qu'il y a en effet trois couloirs de nage
05:52et que ces trois couloirs de nage comptent.
05:54Puisqu'en fait, aucun bloc, encore une fois, n'atteint la majorité.
05:57Y compris, et je le dis, le socle commun.
05:59Aujourd'hui, nous, socle commun, nous n'atteignons pas la majorité.
06:02Mais l'inconvénient étant qu'il est dur de plaire aux deux.
06:04Et à la gauche et aux rassemblées nationales.
06:06Donc il va falloir choisir dans l'arbitrage.
06:08C'est ce qu'on appelle le sens du compromis.
06:10Vous savez, au Parlement européen, j'ai été députée européenne.
06:12Il y a 27 commissaires européens.
06:14Ils ne sont pas du tout du même parti politique
06:16même si le PPE est majoritaire.
06:17Ils se mettent d'accord sur des textes.
06:19Et ensuite, ils discutent du casting.
06:21Mais sont-nous d'accord sur le fond, avant de discuter ?
06:23Est-ce qu'on parle au RN ? Est-ce qu'on parle au PS ?
06:25Moi, c'est ça qui me...
06:26Je trouve que les oppositions systématiques,
06:29aujourd'hui en France, plombent ce pays.
06:31Les oppositions systématiques.
06:32Vous voyez ce qu'on est en train de faire ?
06:33Un tel ou un tel ?
06:34Non, les Français veulent des réponses.
06:35Si Bruno Retailleau, dont on dit qu'il est très domatique,
06:37plaie, c'est parce que justement, il parle au français.
06:41Sinon, on va dans le comptoir d'Appenzell en Suisse
06:44et on vote à main levée.
06:45Vous savez pourquoi ça marche ?
06:46Parce que justement, il a enjambé le microcosme
06:48et il parle directement au français.
06:50Joseph Maceskian.
06:51Je ne sais pas si lui parle directement au français,
06:54mais il y a un petit événement.
06:56Certains trouveront que ça provient du microcosme,
06:59pour reprendre la phrase de Raymond Barr.
07:01Mais il y a un certain Louis Sarkozy
07:03qui est arrivé dans un couloir de nage.
07:06Qu'est-ce que dit Louis Sarkozy ?
07:08Dernièrement, je crois que c'est d'avant-hier à peu près,
07:10il a réuni un certain nombre de militants LR,
07:14jeunes militants LR,
07:15c'est déjà significatif, il faut le relever.
07:18Et il a parlé justement de l'immigration.
07:20Qu'est-ce qu'il a dit en l'occurrence ?
07:22Il a dit qu'il était sur la même ligne que Bruno Rotailleau,
07:25en effet, s'agissant de l'immigration.
07:28Mais il a insisté aussi sur un point
07:30qui manque peut-être à droite,
07:32c'est celui de l'assimilation.
07:34Qu'est-ce que vous en pensez ?
07:35Alors, réponse d'Agnès Évrenne juste après la pause.
07:37Vous êtes bien dans Europe 1 Soir.
07:38A tout de suite.
07:39Europe 1 Soir.
07:4019h21, Pierre de Villeneuve.
07:42Toujours avec la sénatrice LR de Paris,
07:45Agnès Évrenne,
07:46pour évoquer ce début de mandat
07:49de François Bayrou,
07:51qui a été nommé Premier ministre
07:53et qui actuellement préside
07:56le conseil municipal de Pau.
07:58On était tous en admiration,
08:00pour ceux qui ne connaissaient pas,
08:01la salle du conseil municipal
08:02qui ressemble soit à une salle du Kremlin,
08:04soit à un grand truc de Versailles ou de Chambord.
08:08C'est absolument magnifique.
08:11Et alors, juste avant la pause publicitaire,
08:13Joseph Messes-Caron,
08:14Agnès Évrenne,
08:15vous posez la question
08:17concernant l'assimilation.
08:19Est-ce que l'assimilation,
08:20comme Louis Sarkozy le voudrait,
08:22devrait figurer noir sur blanc
08:24dans la loi immigration ?
08:26Écoutez, en fait,
08:27le vrai sujet,
08:28c'est de se dire qu'aujourd'hui,
08:30nos capacités d'intégration
08:32et d'assimilation sont saturées.
08:33Pour quelles raisons ?
08:34Parce que l'immigration a été multipliée
08:36par deux en 50 ans.
08:38Et quand on croise la question de l'immigration
08:40avec les questions économiques et sociales,
08:43c'est l'accès au logement,
08:44c'est l'accès à l'emploi,
08:45tout est archi-saturé.
08:47Moi, je vais vous donner mon exemple.
08:48Je suis issue de l'immigration.
08:49J'ai été élevée dans une ZEP.
08:51J'étais élève boursière,
08:52issue d'un milieu modeste.
08:54Et regardez, aujourd'hui,
08:55je n'étais pas au lycée Henri IV,
08:56j'étais dans un lycée en ZEP,
08:57et j'ai réussi cette intégration
08:59avec des parents qui ne parlaient pas français.
09:01J'ai appris le français à l'école.
09:03Et voyez,
09:04est-ce qu'on peut dire que j'ai été assimilée ?
09:05Je ne sais pas.
09:06Mais en tout cas,
09:07j'adhère à toutes les valeurs de la République.
09:09Et le vrai sujet aujourd'hui,
09:11c'est pourquoi est-ce que des jeunes,
09:13pourquoi est-ce que l'ascenseur social
09:14est bloqué au rez-de-chaussée,
09:16et que certains ont comme une haine de la France.
09:18C'est pour ça que moi,
09:19je parle souvent d'intégration,
09:20c'est de dire comment on peut leur faire
09:22épouser, en fait,
09:23les valeurs de la République,
09:24l'amour de la France,
09:26sachant que moi, j'ai grandi avec ces jeunes.
09:28Bien sûr, mais chère Agnès Evren,
09:29vous comprenez, vous...
09:31Je serais d'accord.
09:32C'est difficile
09:34de parler d'assimilation aux jeunes
09:36à partir du moment où
09:38les élites, eux-mêmes,
09:40ne croient pas à la France.
09:41C'est ça le problème.
09:42Vous ne pouvez pas demander aux jeunes qui croient.
09:44Vous avez tout à fait raison.
09:45Il faut donner l'exemple.
09:46Il faut donner l'exemple.
09:47Mais moi, je pense que quel que soit
09:49notre lieu de naissance...
09:50C'est là où, pour le coup,
09:51il y aurait un récellement vertueux.
09:52Oui, oui, tout à fait.
09:53Mais quel que soit notre lieu de naissance,
09:55notre origine sociale,
09:57notre sexe,
09:58ce qui compte,
09:59encore une fois,
10:00c'est le partage de ces valeurs-là.
10:02Et de faire aimer, justement, la France
10:04et, encore une fois, ses valeurs.
10:06Donc le mot assimilation a beaucoup de sens.
10:08Mais vous voyez,
10:09l'immigration peut être très réussie aussi,
10:11en France, je le dis,
10:12sans aucune prétention, évidemment.
10:15Mais l'intégration est essentielle.
10:17Et déjà, si on arrivait à mieux intégrer,
10:19ce serait déjà énorme.
10:21La loi spéciale a été adoptée à l'unanimité.
10:23Ça, à la limite,
10:24il n'y a pas vraiment à commenter cela
10:27parce qu'il faut bien faire tourner le pays.
10:29Pourquoi est-ce qu'il faut commenter cela ?
10:31Parce que sur les réseaux sociaux,
10:33attendez, vous voulez,
10:34tous les hattas, l'Étienne Borgnier,
10:36Esther et j'en passe,
10:38vous disiez qu'après la motion de censure,
10:39ça allait être l'apocalypse.
10:41Même que là, il n'y aurait pas de budget.
10:43Il n'y aurait pas de loi spéciale non plus.
10:45Que ça allait être le chaos.
10:46Finalement, Marine Le Pen avait...
10:47La difficulté, si vous voulez,
10:48c'est que quand vous tenez ce type de langage,
10:50forcément, vous dévalorisez la parole politique.
10:55Agnès Évraine ?
10:56Oui, maintenant, vous savez,
10:58le vrai sujet,
10:59ce n'est pas tant la loi spéciale,
11:00c'est le budget qu'on va devoir faire voter.
11:02Est-ce qu'on va pouvoir en faire un ?
11:03Au Parlement, ça va recommencer.
11:05On recommence à partir de janvier jusqu'en mars.
11:07Et un budget, c'est très emblématique,
11:08des politiques et des convictions de chacun des partis politiques.
11:11Et donc là, ça va recommencer.
11:13Mais on en revient à ce que vous disiez tout à l'heure,
11:14c'est qu'on est devant trois couloirs de nage
11:16et les trois couloirs de nage ne se parlent pas.
11:18C'est pour ça qu'on ose espérer.
11:20François Bayrou, je pense que c'est un vieux routier de la politique
11:22qui a le sens du compromis,
11:23qui a le sens du dialogue
11:24et qui va réussir justement
11:26à parler à la fois à la gauche,
11:28à la droite et à l'extrême droite.
11:30Ça fait longtemps qu'on entend parler de ça.
11:32Et puis on disait ça aussi d'une certaine manière de Michel Barnier.
11:34Quelle est la différence entre les deux ?
11:37Déjà, la bonne nouvelle,
11:40c'est que visiblement,
11:41si j'ai écouté ce qui a été dit tout à l'heure,
11:43Marine Le Pen a dit qu'elle était satisfaite de son rendez-vous,
11:46qu'elle avait été écoutée par François Bayrou.
11:50Alors que quand elle était sortie du rendez-vous avec Michel Barnier,
11:52elle avait dit l'inverse.
11:53C'est le sentiment de ne pas avoir été entendue ni écoutée.
11:55Ça, c'est déjà une bonne chose.
11:56Ensuite, il y a le Parti Socialiste
11:58qui a fait un effort pour s'émanciper de la France insoumise,
12:01devant laquelle il était complètement couché,
12:03et qu'on espère obtenir du Parti Socialiste
12:06un accord de non-censure.
12:07Donc si déjà il y a un accord de non-censure
12:09entre l'EPS et le socle commun,
12:11déjà on ne devrait pas recommencer ce chaos politique.
12:15Sur la loi spéciale et le budget,
12:18il est vrai qu'il n'y aura pas, comme on l'appelle,
12:20un « shutdown » de la France,
12:21mais en revanche...
12:22Référence aux États-Unis.
12:24Référence aux États-Unis, exactement.
12:25En revanche, du point de vue des ménages,
12:27c'est vrai que les effets de la censure,
12:29pour le coup, vont se faire sortir bientôt,
12:31puisque l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu
12:34n'ayant pas été faite vis-à-vis de l'inflation,
12:36les ménages vont bientôt voir avec leurs impôts,
12:39s'il vous plaît,
12:40qu'il y a 380 000 nouveaux foyers qui vont être imposables,
12:43et il y a 17 millions de contribuables
12:44qui vont voir leurs impôts augmenter.
12:46Et c'est à ce moment-là
12:47que va rentrer la guerre de communication politique,
12:48en disant que c'est la faute du Rassemblement National
12:50et du Nouveau Front Populaire
12:51si ces impôts-là ont augmenté,
12:53et les autres diront
12:54qu'il fallait simplement nous présenter un meilleur budget
12:58pour que nous le votions.
12:59Et donc, ça démontre l'irresponsabilité, je trouve,
13:01du Rassemblement National et de la France Insoumise,
13:04et donc PS.
13:05Et donc, du coup ?
13:06Et donc, il faut tout faire
13:07pour que cette situation ne se réitère pas.
13:10Oui, en attendant,
13:12le blocage, non pas menace,
13:14on ne va pas dire ça,
13:15des lignes, j'allais dire,
13:17et on parlait de timing à l'instant,
13:19ça joue aussi,
13:20c'est-à-dire qu'au début, vous disiez, Marine Le Pen
13:22n'était pas contente de son rendez-vous
13:24avec Michel Barnier.
13:25Bon, aussi parce que le rendez-vous
13:27a peut-être eu lieu un peu tard,
13:28c'est ce qu'on a reproché à l'ancien Premier ministre.
13:31Là, maintenant, il y a un timing
13:32où on redit que Marine Le Pen n'a aucun intérêt à censurer.
13:36En même temps, elle l'a déjà fait une première fois,
13:38donc ça fait déjà une autre inconnue.
13:40Et puis, peut-être qu'il y a une forme de lassitude aussi des...
13:44Alors, est-ce que c'est de la lassitude
13:46ou de la clairvoyance des responsables politiques,
13:48quels qu'ils soient ?
13:49Ça, on n'en sait pas.
13:50En revanche, et on l'a dit à l'instant,
13:52il y a une, j'allais dire constante,
13:55c'est la France Insoumise
13:57et, d'une certaine manière, les écologistes.
14:00Je recevais hier matin Sandrine Rousseau,
14:03députée écologiste et NFP.
14:05On n'avait pas l'impression que
14:07l'idée de travailler avec François Bayrou
14:09soit concrète et possible.
14:11Oui.
14:12Écoutez, moi, ce que je ressens en tout cas sur le terrain,
14:15c'est qu'il y a beaucoup de gens
14:16qui ne comprennent pas cette censure
14:17et dont on verra les effets d'Elefther,
14:19évidemment, bientôt.
14:20C'est trop tôt, j'ai été très étonnée de ce sondage.
14:22Moi, je pense que Marine Le Pen a eu tort
14:24et qu'elle a rajouté une couche
14:26dans le plafond de verre
14:27qu'elle avait réussi à briser.
14:29Parce que son électorat,
14:31je pense, ne lui pardonnera pas
14:33d'avoir, comment dire,
14:34créé cette censure
14:36sans aucune alternative possible,
14:38puisque ça a changé quoi aux équilibres politiques ?
14:40Rien.
14:41Ça n'a strictement rien changé aux équilibres politiques.
14:43Et par ailleurs, la France Insoumise, de toute façon,
14:45est dans la posture,
14:46Jean-Luc Mélenchon l'a dit lui-même,
14:47de toute façon,
14:48on censura quoi qu'il arrive.
14:49Lui, son intérêt, son objectif,
14:51ce n'est pas tant le budget, lui, son objectif,
14:53et d'ailleurs, je pense que c'est celui de Marine Le Pen également,
14:55c'est qu'ils savent pertinemment
14:57qu'ils n'arriveront pas au pouvoir
14:58sans avoir un chaos politique.
15:00Voilà.
15:01Et c'est ça qui est recherché
15:02parce qu'ils veulent être l'un et l'autre,
15:04face à face, en 2027.
15:06C'est même, d'ailleurs, la démission immédiate
15:08d'Emmanuel Macron.
15:10S'agissant d'Elefther.
15:11Mais ça, ils ont totalement tort.
15:13Vous savez, en politique,
15:15on gagne notre légitimité,
15:17non pas de notre élection,
15:18mais de notre réélection.
15:19Il a été élu et réélu
15:21pour 5 ans,
15:22et donc, je ne vois pas pourquoi
15:23est-ce qu'il démissionnerait.
15:24C'est mal connaître, Emmanuel Macron.
15:26Je pense qu'il s'accrochera.
15:27Et il aura bien raison, encore une fois,
15:28je le redis, notre légitimité,
15:29elle est tirée de la réélection
15:30et non pas de l'élection.
15:31Et pas que.
15:32Il faudrait encore que Bruno Retailleau
15:34et Laurent Wauquiez s'entendent.
15:35Je reviens sur le sujet de l'immigration.
15:37Bruno Retailleau, lui, est d'accord
15:39pour ne pas faire une nouvelle loi
15:41si les idées de cette loi
15:44sont acceptées autrement
15:46que par une nouvelle loi.
15:47Laurent Wauquiez, tout à l'heure,
15:49d'ailleurs, vous l'avez vu,
15:50il est sorti de Matignon,
15:51il ne s'est pas arrêté devant les micros.
15:52Pourquoi ? Parce que, visiblement,
15:53d'après les informations d'Europe 1,
15:55il a demandé une nouvelle loi immigration
15:57et François Bayrou lui a dit
15:58qu'en l'État, il n'y en aurait pas.
16:00Écoutez, c'est le début des discussions.
16:02Il faudrait déjà une discussion
16:04chez les LR.
16:05Il faudrait que Laurent Wauquiez
16:06s'entende avec Bruno Retailleau.
16:08Vous savez, moi, je voudrais quand même dire
16:10de Laurent Wauquiez la chose suivante.
16:12Il a un double défi.
16:13Son défi, c'est à la fois
16:15en tant que président du groupe
16:16à l'Assemblée nationale,
16:17puisque c'est là que ça se passe.
16:19Il ne peut pas, comment dire,
16:20rester à regarder la situation de loin.
16:22Nos électeurs ne le comprendraient pas.
16:23On ne peut pas se retirer sur son avantain.
16:25Et en même temps,
16:27puisqu'il est le candidat potentiellement
16:29à droite à la présidentielle,
16:31il doit préparer la refondation de la droite.
16:33Vous voyez dans quelle ambiguïté il est ?
16:35À la fois de tout faire
16:36parce qu'on aime la France
16:37et qu'on veut que ce gouvernement réussisse,
16:39et en même temps,
16:40préparer la refondation de la droite.
16:42Vous voyez dans quel défi il est ?
16:43C'est vrai, je vois que vous filez ma question.
16:45Pourquoi est-ce que Bruno Retailleau
16:46ne s'entend pas avec Laurent Wauquiez ?
16:48D'autant plus que celui qui est en train
16:49de refonder la droite, c'est Bruno Retailleau.
16:50Je ne vais pas faire de langue de bois.
16:51Je ne suis pas langue de bois.
16:52Il y a eu peut-être un petit peu de friction,
16:54mais je peux vous assurer qu'aujourd'hui,
16:56les relations se sont vraiment,
16:58j'en suis absolument convaincue,
17:00se sont arrangées.
17:01Il y a parfois des incompréhensions.
17:02Mais je vous dis, Laurent Wauquiez,
17:03il est dans ce double défi,
17:04à la fois aider ce gouvernement à réussir,
17:06parce que quand on aime la France,
17:07on veut tous que notre gouvernement réussisse,
17:08et d'un autre côté,
17:09préparer la fondation de la droite.
17:10Alors forcément,
17:11il y a des intérêts qui ne sont pas convergents.
17:13Ça, c'est intéressant.
17:14La fondation de la droite,
17:15c'est l'union des droites ?
17:16Pas du tout.
17:17Ou est-ce que, alors ?
17:18Vous savez, moi, je pars du principe
17:19que le Rassemblement National...
17:20Est-ce qu'on va y arriver
17:21à l'union des droites à l'italienne ?
17:22Non, pourquoi ?
17:23Parce que le Rassemblement National
17:24n'est pas de droite.
17:25Le Rassemblement National,
17:26c'est le socialisme économique.
17:27Vous m'avez dit l'exact contraire
17:34Vous m'avez dit qu'il y a 11 millions d'électeurs
17:35qui ont voté à droite,
17:36qui ont voté pour le Rassemblement National.
17:39Ce que je dis souvent,
17:40c'est que nous,
17:41notre électorat,
17:42il y a une partie qui a fui
17:43vers Emmanuel Macron,
17:44et une autre qui a fui
17:45vers le Rassemblement National.
17:46Le problème de la droite,
17:47c'est que jamais elle n'a tranché
17:48la question d'un positionnement idéologique.
17:50De savoir si on doit parler
17:51à cet électorat qui est parti au RN,
17:53ou si on doit parler à cet électorat
17:54qui est parti chez Emmanuel Macron.
17:56Parlez, vous avez...
17:57C'est ça, c'est ce qu'il y a.
17:59Pardonnez-moi, mais parler,
18:00ça a été Charles Pascua,
18:01Charles Pascua parlait à ces droites-là.
18:03Beaucoup de Nicolas Sarkozy lui-même.
18:05Depuis 2017.
18:06Nicolas Sarkozy, d'accord,
18:07mais Nicolas Sarkozy a parlé à ces droites.
18:09C'est comme ça, d'ailleurs,
18:10qu'il a été possiblement élu.
18:12Voilà, donc tout ça,
18:14parler, oui,
18:15mais des alliances,
18:16c'est autre chose.
18:18Quand on parle de refondation,
18:19soyons-le clair,
18:20refondation,
18:21il y a eu un exemple de refondation
18:22dans le paysage politique français réussi,
18:24ça s'appelait le Congrès de Rennes.
18:26Maintenant, la question,
18:27c'est est-ce que,
18:28oui ou non,
18:29vous êtes prêts à faire
18:30un Congrès de Rennes de la droite ?
18:31En 2025.
18:32Pourquoi je dis ça ?
18:33C'est parce que
18:34François Mitterrand a fait un Congrès de Rennes,
18:36mais derrière le Congrès de Rennes,
18:38il n'y avait pas que la refondation,
18:39il y avait aussi l'alliance
18:40avec le Parti communiste français.
18:42Et donc, je pose la question,
18:43êtes-vous prêts à faire ce Congrès de Rennes
18:45avec, évidemment,
18:46l'alliance du Rassemblement national ?
18:47Non, parce qu'on ne pense pas
18:48la même chose sur les questions économiques.
18:50Vous vous rendez compte, par exemple ?
18:51Mais est-ce que François Mitterrand
18:52pensait la même chose ?
18:53Je vous donne un exemple.
18:54Attendez, on va laisser répondre.
18:55L'abrogation de la réforme des retraites,
18:57c'est 25 milliards.
18:58Ils ont ajouté leur voix
18:59à la France insoumise
19:00et au Parti socialiste
19:01pour voter l'abrogation
19:02de la réforme des retraites.
19:03Si vous prenez
19:04toutes les questions,
19:05même de l'Europe,
19:07sur ces sujets-là,
19:09à un moment,
19:10Marine Le Pen a changé complètement d'avis.
19:11Elle était plutôt anti-européenne,
19:13maintenant elle dit qu'elle est pro-européenne.
19:15Si vous prenez les questions économiques,
19:16nous, on est pour moins de dépenses.
19:18On est pour moins de dépenses,
19:19elle, elle est pour plus de dépenses.
19:21L'explosion des impôts,
19:22donc sur le plan économique,
19:23on ne pense pas pareil.
19:24Sur le plan européen,
19:25on ne pense pas pareil.
19:26Donc on ne peut pas s'unir.
19:27Et par ailleurs,
19:28le Rassemblement national
19:29veut la mort des LR
19:30pour nous remplacer.
19:31D'ailleurs, malheureusement,
19:32aujourd'hui, c'est l'alternance.
19:34C'est-à-dire que nous, à droite,
19:35on a été remplacés
19:36par le Rassemblement national.
19:37On a 47 députés aujourd'hui.
19:38Moi, j'ai l'honnêteté de reconnaître.
19:40Donc la droite a été remplacée
19:41par un parti
19:42mais qui n'est pas de droite, c'est ça ?
19:44Moi, je pense que c'est
19:45du socialisme économique
19:46et ça, je l'assume complètement.
19:47Économiquement, c'est vrai,
19:48Vous parliez tout à l'heure
19:49de ces électeurs qui étaient
19:50vos anciens électeurs
19:51et qui sont partis
19:52au Rassemblement national.
19:53Et ces partis-là,
19:54si vous les interrogez
19:55et que vous leur demandez
19:56est-ce que vous êtes partis
19:57au Rassemblement national
19:58parce que vous êtes devenus de gauche ?
19:59Je ne pense pas qu'ils vous répondraient oui.
20:00Ils vous diront non
20:01parce que nous sommes restés de droite
20:02ou alors peut-être plus de droite.
20:03Mais ils ont basculé à droite
20:04en allant au Rassemblement national.
20:05Parce que le N a performé
20:06parce qu'il a parlé justement
20:07à ces classes populaires
20:08que nous avons abandonnées à droite.
20:09Et ça, c'est vrai.
20:10Et ça a été le vrai carburant.
20:12C'est un mea culpa
20:13qu'on entend.
20:14J'essaie souvent d'être lucide.
20:15Qu'on a abandonné complètement.
20:16Qu'on a abandonné,
20:17vous venez de dire.
20:18On le voit bien
20:19que dans la ruralité,
20:20ça a beaucoup voté
20:21pour le Rassemblement national
20:22parce que justement
20:23ils ont su parler
20:24à ces classes populaires-là.
20:25Merci beaucoup
20:26Agnès Evren,
20:27sénatrice de Paris,
20:28sénatrice LR
20:29d'avoir été avec nous.