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00:00Et 7h44, vous travaillez dans une PME, est-ce que vous êtes inquiet du climat actuel ?
00:05Appelez-nous au 04-76-46-45-45.
00:08La nomination de François Bayrou, est-ce qu'elle vous rassure ?
00:11Vous nous appelez dès maintenant, Théo H.
00:12Et on en parle avec notre invité Jérôme Lopez, bonjour.
00:15Bonjour à tous.
00:16Merci d'être en studio avec nous ce matin, président de la CPME de l'ISER,
00:20la Confédération des petites et moyennes entreprises.
00:22Alors, on a appris vendredi la nomination de François Bayrou au poste de Premier ministre,
00:27après plusieurs jours d'incertitude.
00:29Est-ce que vous, vous avez poussé un ouf de soulagement ?
00:32Alors, il n'y a pas de ouf de soulagement.
00:34Cette fois-ci, ça a duré un peu moins longtemps, voilà, une semaine.
00:39Pas 51 jours, cette fois.
00:41Pas 51 jours, c'est ça.
00:42C'était un peu plus rapide, mais je crois que c'était quand même nécessaire.
00:45Le climat d'incertitude, de manque de visibilité s'était installé.
00:51Et il faut vite remettre la France au travail, le gouvernement au travail,
00:58dans les actions que tout le monde attend.
01:00Concrètement, ça veut dire quoi, quand on entend les chefs d'entreprise dire
01:04qu'on n'a pas de visibilité sur la politique fiscale ?
01:06Ça veut dire quoi, concrètement, ça a quel impact ?
01:09Ça veut dire qu'on a un manque de stabilité, on ne peut pas se projeter.
01:15Du coup, il y a des dossiers qui sont gelés, les investissements sont bloqués,
01:20les embauches sont bloquées et les carnets de commandes diminuent.
01:26Donc, on appelle de nos voeux de remettre de la lisibilité, de la visibilité et de la stabilité.
01:32Ça veut dire, concrètement, que vous estimez qu'il y a combien d'emplois
01:36qui sont gelés aujourd'hui en Isère ou combien d'entreprises qui gèlent tout aujourd'hui ?
01:40En quantité, moi, c'est tous les chefs d'entreprise que je croise aujourd'hui
01:45qui me disent qu'on a un carnet de commandes qui se vide,
01:49on ne sait pas ce qu'on va faire le mois prochain, ça rentre au compte-gouttes
01:54et on vit dans l'incertitude totale, on doit s'adapter au jour le jour.
01:59Je vous propose d'écouter Pierre Clarey, il est délégué CGT chez Thermo Fischer,
02:04une entreprise qui fabrique et emballe des comprimés pharmaceutiques à Bourgoin-Jalieu.
02:08Écoutez-le, il parle de l'incertitude et du contexte, surtout dans le domaine de l'industrie.
02:13Nous, pour l'instant, il n'y a pas de plan de licenciement de prévu,
02:16mais on n'est pas dans la meilleure période de notre entreprise, on a perdu quelques contrats.
02:22On nous parle qu'en 2026, ça devrait repartir, c'est ce qu'on espère,
02:26mais on n'a aucune garantie là-dessus.
02:30Il y a beaucoup d'anxiété, les collègues ne sont pas rassurés,
02:33quand on voit ce qu'il se passe dans le Nord-Est avec toutes les boîtes qui ferment.
02:36Lui, il est salarié dans l'industrie dans le Nord-Est,
02:39dans une entreprise où il n'y a pas de plan social.
02:41Il était pourtant mobilisé jeudi dernier lors de la journée urgence industrie
02:46qui avait été décrétée par la CGT et d'autres syndicats.
02:49Il n'est pas concerné par un plan social, mais il est très inquiet pour la suite.
02:52Est-ce que vous le voyez, notamment dans le domaine de l'industrie ?
02:55On le voit partout, parce que justement, sa phrase qui dit
02:58« on nous annonce un redémarrage pour 2026 », c'est bien beau,
03:02mais quand on est une PME et dans l'industrie, 2026, c'est dans un an.
03:08La trésorerie, il la faut pour pouvoir tenir pendant toute cette période-là,
03:13pour continuer à payer les salariés, pour continuer à payer les charges,
03:17et un an, c'est très très long, surtout après une période de différentes crises
03:21où nous avons déjà rogné sur nos marges, les trésoreries sont déjà mises en mal,
03:25et de toute façon, les chiffres sont là aussi,
03:28on a un nombre de défaillances record au niveau des entreprises.
03:31On en a parlé effectivement sur France Blizzard
03:34avec la présidente du tribunal de commerce qui était chez nous
03:36et qui effectivement faisait ce constat-là de défaillance d'entreprise assez impressionnante.
03:42Je reviens sur l'industrie quand même, je veux y rester,
03:44parce qu'on a notamment des entreprises comme Vancorex, comme Valeo,
03:48qui sont des très grosses entreprises, qui sont en difficulté.
03:52Est-ce que ça, ça a un impact aussi sur vous, sur les petites et moyennes entreprises ?
03:56L'économie, c'est un tout, c'est une complémentarité.
03:59Lorsque les grandes entreprises, les grands groupes vont bien,
04:03elles donnent du travail à tout le tissu économique local,
04:07lorsqu'elles vont moins bien et voient l'inquiétude en ce moment
04:11avec l'absence de repreneurs de l'activité,
04:14c'est tout le tissu des sous-traitants, à la fois les sociétés de maintenance, d'entretien,
04:19mais aussi toute la production qui est allée autour.
04:22Et on voit que si l'incertitude, les difficultés ont commencé par le commerce puis le bâtiment,
04:29aujourd'hui ça touche aussi l'industrie et l'industrie a un cycle très long.
04:34Il y a une inertie pour fabriquer.
04:38Et pour remettre en route ensuite.
04:39Et donc quand ça s'arrête, c'est très long à remettre en route toute la chaîne industrielle.
04:44Et c'est là où ça devient vraiment inquiétant.
04:46Et il y a beaucoup de petits sous-traitants, on pense à Vancorex par exemple,
04:50c'est vrai qu'il y a un tissu autour qui peut être impacté de manière importante, ça vous inquiète ?
04:55La CPME, au niveau industriel, c'est quand même beaucoup de sous-traitants.
05:00Et effectivement, dès qu'un des grands donneurs d'ordre du bassin va moins bien,
05:06c'est des réactions aux cascades qui vont arriver sur les PME.
05:12Et il va y avoir de la diminution d'emploi, voire des entreprises qui vont passer au tapis.
05:17Alors on a parlé des problématiques de l'industrie,
05:19on va reparler des autres secteurs, même si vous avez commencé à les fleurer, M. Lopez.
05:24On rappelle aussi que vous pouvez nous appeler au Standard de France Bleu Isère
05:28pour témoigner aussi de votre inquiétude ou pas liée à la situation économique actuelle.
05:32Il est 7h49, vous travaillez dans une PME,
05:34est-ce que vous êtes inquiet du climat actuel ? Allez-y, appelez-nous 0476 46 45 45.
05:38On a quelques minutes encore pour échanger, pour écouter vos retours et votre sentiment.
05:43Et puis on peut déjà aller voir aussi sur notre page Facebook pour retrouver quelques réactions sois-y.
05:47Oui, bien sûr, sur la page Facebook de France Bleu Isère,
05:50on a Éliane, par exemple, qui n'est pas très optimiste ce matin, qui nous dit
05:55effectivement, les PME, les petites et moyennes entreprises, sont primordiales chez nous,
05:59dans nos régions, mais elle ne croit pas trop au fait que le futur gouvernement y pensera.
06:05Elle est un peu sceptique.
06:07Notre invité ce matin, Jérôme Lopez, président de la CPME de l'Isère,
06:11la Confédération des petites et moyennes entreprises.
06:14Quels secteurs sont les plus en difficulté, M. Lopez ? On a parlé de l'industrie,
06:18il y a peut-être aussi le logement, le bâtiment.
06:21Il y avait des mesures qui étaient prévues dans le budget qui a été censuré,
06:25notamment de généraliser le prêt à taux zéro.
06:27Il y avait des aides supplémentaires à la rénovation thermique.
06:30Tout ça, pour l'instant, est gelé, puisque le budget a été abandonné.
06:34Est-ce que ça, le bâtiment, c'est le deuxième secteur d'inquiétude, peut-être, pour vous ?
06:38On dit tout le temps, quand le bâtiment va, tout va.
06:42Effectivement, le bâtiment ne va pas bien aujourd'hui.
06:46Il manque de projets de construction, de logement, et de toute façon, tout est lié.
06:53Lorsqu'il n'y a pas de logement, on a aussi du mal à tirer
06:56et à conserver nos salariés.
06:59Il faut des logements à des coûts accessibles.
07:02On sait que le pouvoir d'achat des ménages est touché.
07:05Donc ces mesures-là, qui étaient prévues dans le précédent budget, il faut les reprendre ?
07:10Il faut les reprendre, il faut faire tout ce qu'il faut pour relancer
07:13la production, la construction et la consommation.
07:20Et pour ça, il faut avoir du courage de s'attaquer à la dépense publique,
07:24mais à la dépense de fonctionnement, et pas forcément à la dépense d'investissement.
07:27Il faut conserver l'investissement.
07:29C'est ce qui inquiète aussi le bâtiment, mais tous les corps de métier,
07:34puisque si l'État n'investit pas, les entreprises n'investissent pas non plus,
07:39et l'investissement reste un énorme pan de l'économie.
07:42Donc on a parlé de l'industrie du bâtiment.
07:44Est-ce qu'il y a d'autres secteurs en difficulté face à cette incertitude dont vous avez parlé ?
07:49Est-ce qu'il y a des secteurs plus impactés que d'autres ?
07:52Les sociétés de services sont directement impactées également,
07:57puisque lorsque les industriels n'ont plus les moyens,
08:01ils coupent les budgets sur de nombreux postes comme la communication.
08:06Ce n'est pas forcément le meilleur réflexe,
08:09mais néanmoins les budgets ne sont plus là,
08:11et on n'a plus les moyens,
08:13et donc les sociétés de services également dans tous les domaines sont impactées.
08:17Vous avez besoin de quoi alors face à toutes ces difficultés en dehors de la visibilité ?
08:23Alors pas forcément des aides,
08:26déjà de la visibilité c'est énorme,
08:28mais effectivement de voir qu'on n'est plus dans l'incertitude,
08:33on est dans l'action.
08:34On aimerait voir un gouvernement se mettre en place
08:37et qui passe à l'action avec des vrais projets.
08:41Des vrais projets, si vous avez une baignoire qui fuit,
08:45à qui ça viendrait l'idée d'augmenter le robinet au lieu de réparer la fuite.
08:51Donc aujourd'hui on demande de réparer les fuites
08:54et donc de s'attaquer à la dépense publique
08:57pour relancer un esprit de confiance,
08:59et la confiance c'est 80% de l'économie déjà.
09:03Après quand on réduit la dépense publique c'est aussi moins de commandes publiques,
09:06on a vu par exemple les inquiétudes quand le gouvernement avait annoncé
09:10des réductions de moyens pour les départements par exemple,
09:13pour les collectivités locales,
09:15tout ça c'est les commandes publiques dont dépendent aussi les entreprises.
09:17C'est ce que je viens de dire,
09:18c'est en fait quand on réduit la dépense publique,
09:21il ne faut pas que les politiques à tout leur niveau réduisent l'investissement,
09:26il faut qu'ils s'attaquent au coût de fonctionnement.
09:28Dans nos entreprises, lorsque ça ne va pas,
09:31on regarde notre fonctionnement, notre efficacité,
09:34et oui ça veut dire aussi regarder l'efficacité du nombre de salariés.
09:39Et regardez peut-être, et ce sera ma dernière question,
09:41les mesures de simplification.
09:43Il y avait tout un projet là aussi qui était prévu
09:45dans le précédent budget à destination des entreprises,
09:48lancé par Bruno Le Maire avec des mesures de simplification.
09:51Tout ça a été stoppé alors que la loi avait été votée au Sénat en octobre,
09:56ça a été stoppé par la censure.
09:58Le projet en principe doit revenir à l'Assemblée Nationale début 2025,
10:03là aussi vous espérez que ça bouge ?
10:05Nous le défendrons ardemment parce que la simplification
10:08c'est donner de l'oxygène à nos chefs d'entreprise.
10:12Lorsqu'on est patron de PME, on est multicasquette
10:15et on est noyé aujourd'hui par des nouvelles obligations,
10:19des formulaires à remplir.
10:21On voit que l'Europe veut en rajouter une couche,
10:24et la simplification et le test PME
10:29sont nos voeux les plus chers pour l'année prochaine.
10:32On l'entend.
10:33Merci beaucoup Jérôme Lopez, président de la CPME de l'ISER,
10:35la Confédération des petites et moyennes entreprises,
10:38d'avoir été avec nous ce matin.
10:39Merci à vous.