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00:00Je suis toujours dans ce studio avec Jules Taurès, avec Paul Melun.
00:04Jules Taurès me disait, pendant la pause, j'ai eu François Bayrou au téléphone.
00:09Racontez-nous cet échange.
00:11Alors j'ai eu François Bayrou au téléphone, j'ai eu le Premier ministre au téléphone hier.
00:15Ah, qui n'était pas encore Premier ministre donc.
00:17Je l'ai eu 24 heures pour heure, avant sa nomination à Matignon.
00:22Quand j'ai vu son numéro de téléphone sur mon téléphone portable, je me suis un peu étonné.
00:27À ce moment-là, il était le favori pour accéder à Matignon.
00:31Je me suis dit, qu'est-ce qu'il me veut ? Il veut une interview dans le GDD dimanche prochain.
00:34Il veut venir chez Pascal Delatour-Dupin demain soir.
00:37Qu'est-ce qu'il me veut ?
00:38Je décroche.
00:39On avait publié quelques heures plus tôt une tribune sur l'immigration et François Bayrou, sa vision de l'immigration.
00:45Il n'était pas du tout d'accord avec ce que disait cette tribune.
00:47Il a passé cinq minutes au téléphone avec moi pour me dire qu'il n'était pas d'accord.
00:51Il a passé point par point chaque point de désaccord.
00:53Je lui ai dit, vous ne voulez pas faire un droit de réponse ?
00:55Il a pris le temps sur son ordinateur personnel d'écrire un droit de réponse, quelques lignes, une quinzaine de lignes,
01:02qu'il m'a envoyé 15 minutes plus tard, via son adresse mail, sur mon adresse mail.
01:06J'ai publié ce droit de réponse.
01:07Il était très courtois, très sympathique.
01:11Je me suis étonné que quelqu'un qui, potentiellement, peut être à Matignon,
01:15parce que ça fait une semaine que François Bayrou dit que c'est quasiment plié, que c'est pour lui.
01:19Je me disais plutôt qu'il allait réfléchir à quel va être son ministre de l'Intérieur,
01:23à quel va être son ministre des Affaires étrangères.
01:25Eh bien non, il a préféré appeler Jules Torres à l'heure du déjeuner,
01:29pour corriger une tribune qu'il publiait sur le site du GDB.
01:34Je trouve que, pour une fois, l'anecdote de Jules Torres est très intéressante.
01:38Elle vaut le détour.
01:40Blague à part, je trouve que ça en dit long, quand même, sur la personnalité de François Bayrou.
01:45Ça me le rend, moi, plutôt sympathique.
01:47Parce que je trouve que, si vous voulez, là où on pourrait s'attendre,
01:51à ce que le Premier ministre, quelques heures avant sa probable nomination,
01:54soit en train de composer des listes, faire de la politique politicienne,
01:57non, il appelle des journalistes, parce qu'il veut répondre, c'est un homme de lettres,
02:01et que, lorsqu'il se sent victime d'une injustice tenue par telle ou telle,
02:06il veut vérifier, il répond, il donne d'autres propos.
02:09Ça fait plus penser à un prof de lettres ou à un intellectuel.
02:11D'ailleurs, je crois que prof de lettres, c'est un peu son truc,
02:14c'est un agrégé de lettres classiques.
02:16Donc, si vous voulez, je trouve que c'est plutôt marrant, plutôt insolite,
02:19et que ça en dit un peu sur le personnel.
02:21Il m'a appelé deux fois, à 12h17 et 12h48.
02:23Il n'a pas répondu, parce qu'à 12h17, il mangeait,
02:26et il avait son sandwich à côté de la rédaction, et il l'a rappelé après.
02:29Gilles Taurez, juste un mot, quand même, sur la désignation de François Bayrou.
02:33Donc, clairement, il a fait du chantage à Emmanuel Macron.
02:36C'était quoi l'objet du chantage, racontez aux auditeurs d'Europe 1, Gilles Taurez.
02:39Il faut quand même savoir qu'Emmanuel Macron a appelé aux Aurores, à l'aube ce matin,
02:43François Bayrou, en lui disant, bon ben, François, je peux te le dire maintenant,
02:47ça ne sera pas toi.
02:48Et la colère du président du MoDem, Emmerdepoe,
02:51qui requiert un rendez-vous avec Emmanuel Macron,
02:54donc il est reçu autour de 8h30, 8h45 à l'Elysée.
02:58Et là, on a quand même une réunion qui, entre les deux hommes, va durer 1h45.
03:02Et là, on peut se dire, bon ben, ils ont négocié le gouvernement,
03:07la place allouée au ministre du MoDem, à ceux de Renaissance.
03:10Eh bien, pas du tout, ils ont échangé point par point sur tous les axes.
03:13Il a défendu sa candidature,
03:15il a essayé de démonter un petit peu celle des autres,
03:17celle de Roland Lescure,
03:19celle, par exemple, de Sébastien Lecornu,
03:23même celle de Bruno Rotailleau qui continuait un petit peu à affleurer,
03:26même si ce n'était pas évident.
03:29Il a quand même passé un coup de fil à Marine Le Pen.
03:31Ça, c'est quand même l'enseignement majeur qu'on peut tirer de cette séquence.
03:34Il a appelé Marine Le Pen pour lui dire, bon, vous faites, on fait un pacte,
03:38je fais passer la proportionnelle, on signe un pacte de non-censure.
03:41On ne sait pas pour l'heure ce qu'a répondu Marine Le Pen, mais à priori...
03:44Marine Le Pen, tout à l'heure, elle disait, je n'exclus rien.
03:46Exactement. Au vu des premiers éléments de réponse qu'on a du côté du Rassemblement national,
03:50c'est qu'ils ne déposeront pas, ils ne voteront pas une motion de censure à priori.
03:54Écoutez, vous savez quoi ? On écoute Marine Le Pen. C'est une bonne idée, Jules Torres.
03:56Je considère que la censure est un levier constitutionnel,
04:01qui est un levier de protection du peuple français.
04:04Donc, quand on est un dirigeant politique,
04:06arriver en disant, je m'interdis de protéger le peuple français
04:10avec l'outil constitutionnel qu'est la censure,
04:13m'apparaît être une véritable folie.
04:15Donc, je ne brandis pas la menace de la censure matin, midi et soir.
04:21Je dis juste que je ne renonce pas à cet outil
04:25et que les conditions que nous posons sont des conditions qui sont absolument légitimes.
04:33Marine Le Pen, c'est l'opposante.
04:35Elle charrie derrière elle 11 millions d'électeurs.
04:39Je ne vois pas pourquoi elle se priverait par principe d'utiliser la censure.
04:45Il y a peut-être ça et là des pactes,
04:48mais là, on n'est pas dans la politique politicienne,
04:50on est aussi dans la défense des intérêts de ceux qui votent pour elle.
04:52Donc, partant de là, si elle veut censurer le gouvernement de François Bayrou,
04:57un moment ou un autre, pourquoi pas ?
04:58Libre à François Bayrou de constituer des alliances, des majorités autour de textes.
05:03Et ça, je pense que c'est l'homme de la situation pour ça.
05:06Parce qu'il est un peu à la confluence de plusieurs opinions, de plusieurs orientations.
05:12Parce qu'il peut parler à la gauche, rappelons qu'il a appelé à voter François Hollande
05:16lorsqu'il était candidat à la présidentielle.
05:18Et pour Ségolène Royale.
05:20Rappelons aussi qu'il a refusé de qualifier d'extrême droite le Rassemblement national en 2022,
05:24qu'il a soutenu Marine Le Pen dans ses affaires judiciaires.
05:27Donc, la partie n'est pas si évidente que ça.
05:29On ne peut pas dire que François Bayrou soit un consensuel de centre-gauche.
05:33On ne peut pas non plus dire que ce soit un homme proche des idées de la droite.
05:36C'est un homme qui peut effectivement incarner une forme de Matignon un peu au-delà des clivages.
05:44Oui, exactement, flexible.
05:46Et dans le contexte actuel, c'est exactement ce qu'il faut pour Matignon.
05:50Regardez la façon dont est composée l'Assemblée nationale.
05:53Ce n'était pas tout à fait l'avis de Paul Melland et d'Emmanuel Macron
05:56qui ne voyaient pas les choses de la même façon.
05:58Il a quand même envisagé un comté de jeudi.
06:00C'est quand même incroyable.
06:02Jules Torres.
06:03Pour finir sur ce bras de fer, François Bayrou...
06:05Bayrou, pardon.
06:07C'est bien, il va falloir vous y faire Jules Torres.
06:09Il est Premier ministre.
06:11Je vous dis que c'est bon.
06:13Regardez Bruno Milienne qui est porte-parole du MoDem, qui était avec nous, dit Bayrou.
06:15Mais évidemment il est porte-parole du MoDem.
06:17Il ne va pas écorcher le nom de son patron.
06:19Pourquoi vous l'écorchez ?
06:22Moi mon patron c'est Pascal Delatour-Dupin.
06:24Je l'orthographie bien.
06:26Tout ça pour dire qu'il a mis dans la balance
06:29les 47 députés qui sont issus du MoDem,
06:32de son parti, en disant
06:34c'est simple, tu ne me mets pas à Matignon.
06:36Avec la feuille de route qui est la mienne,
06:38on se retire du socle commun et de la coalition gouvernementale.
06:41Aujourd'hui, 47 députés sur 577,
06:44on peut se dire que ce n'est pas beaucoup.
06:46Mais un seul député compte pour 100 aujourd'hui
06:49dans une majorité qui est complètement éclatée
06:51avec 71 députés de la France Insoumise
06:53qui, quoi qu'il arrive, seront à côté
06:55de cette majorité présidentielle.
06:57En dehors, avec 143 députés
06:59du Rassemble national et de ses alliés avec Eric Ciotti,
07:01qui ne voteront pas, par exemple,
07:03un vote de conscience qui pourrait avoir lieu
07:05après le discours de politique générale
07:07du Premier ministre.
07:09Évidemment, aujourd'hui, les députés du MoDem
07:11comptent plus que jamais, d'autant plus
07:13avec un Premier ministre issu du MoDem.
07:15Le véritable défi
07:17aujourd'hui pour François Bayrou,
07:19ça va être la composition du gouvernement,
07:21ça va être le vote du budget
07:23avec la loi spéciale,
07:25ça va être de nouer un pacte
07:27de non-censure avec le PS et les Républicains.
07:29Pour son gouvernement, parce que je pense
07:31que ça intéresse énormément les auditeurs d'Europe,
07:33ça veut dire qu'il va composer un gouvernement
07:35avec des gens de gauche modérée,
07:37avec des gens de droite modérée,
07:39mais hors RN, hors RFI.
07:41Je pense qu'il y a deux choses dans sa méthode.
07:43Premièrement, j'espère,
07:45c'est peut-être un peu pieux, j'espère qu'il recevra aussi
07:47des représentants du RN et du RFI
07:49parce que les Français ne comprendraient pas
07:51qu'il ne soit pas dans une dynamique de dialogue
07:53de toutes les représentations des Français.
07:55Premièrement. Deuxièmement,
07:57il y a des personnalités de centre-gauche
07:59qui, à mon avis, se reconnaîtront
08:01dans les idées de François Bayrou.
08:03François Bayrou peut très bien proposer un axiome idéologique
08:05qui soit assez ouvert sur les questions sociales,
08:07c'est plutôt son ADN,
08:09et d'ailleurs il en a parlé dans son discours sur le Perron,
08:11et qui soit aussi sur les sujets régaliens,
08:13notamment avec Bruno Retailleau.
08:15On peut très bien imaginer que Bruno Retailleau soit confirmé
08:17dans sa mission, mais en tout cas je le souhaite,
08:19et qu'il y ait également des personnalités du centre-gauche
08:21constructives, je ne vous dis pas des insoumis,
08:23des personnalités constructives
08:25qui pourront travailler sur les questions sociales,
08:27peut-être revoir cette réforme des retraites
08:29qui fait autant de tensions, et ça,
08:31c'est un beau panaché, ça peut être intéressant.
08:33Il va falloir qu'il l'aille plus vite que Michel Barnier
08:35qui a mis trois mois pour faire son gouvernement.
08:37Ça, c'est sa mission aussi.
08:39Il est 19h42,
08:41dans un instant, on va revenir sur ce sondage,
08:43j'aimerais bien qu'on le commande, ce sondage
08:45pour Europe 1, 38% des français qui font confiance
08:47à François Bayrou, il a à peine été élu,
08:49il y a plus de 60% des français
08:51qui ne font pas confiance.
08:53On en parle après la pause,
08:55c'est insupportable.
08:57Il est 19h43 sur Europe 1.