La nomination du successeur de Michel Barnier à Matignon était attendue en fin de matinée, ce vendredi 13 décembre 2024, avait annoncé l'Elysée en début de journée, précisant ensuite, finalement, que celle-ci aurait lieu "avant 13H". C'est finalement à 12H40, que l'Elysée a annoncé via un communiqué que c'est le maire MoDem de Pau, François Bayrou, qui succédera à Michel Barnier au poste de Premier ministre. Après de multiples entretiens à l'Elysée, la succession à Matignon aura donc duré un peu plus d'une semaine.
A l'annonce de cette nomination et tout au long cette émission spéciale présentée par Oriane Mancini avec Tâm Tran Huy, la rédaction de Public Sénat vous a fait vivre cet événement politique majeur, en direct, avec ses invités en plateau : Emilie Zapalski, communicante politique et fondatrice de l'agence Emilie Conseil, Jean Garrigues, historien, Président de la commission internationale d'Histoire des assemblées et Pascal Perrineau, Professeur émérite des universités à Sciences Po. A la suite de cette annonce, Patrick Kanner, président du groupe PS au Sénat, Marie Lebec, députée Renaissance des Yvelines, Gaëtan Dussausaye, député RN des Vosges, Christine Lavarde, sénatrice LR des Hauts-de-Seine, Léfon Deffontaines, porte-parole du Parti commmuniste, ont également réagi en direct durant la seconde partie de l'émission. Année de Production :
A l'annonce de cette nomination et tout au long cette émission spéciale présentée par Oriane Mancini avec Tâm Tran Huy, la rédaction de Public Sénat vous a fait vivre cet événement politique majeur, en direct, avec ses invités en plateau : Emilie Zapalski, communicante politique et fondatrice de l'agence Emilie Conseil, Jean Garrigues, historien, Président de la commission internationale d'Histoire des assemblées et Pascal Perrineau, Professeur émérite des universités à Sciences Po. A la suite de cette annonce, Patrick Kanner, président du groupe PS au Sénat, Marie Lebec, députée Renaissance des Yvelines, Gaëtan Dussausaye, député RN des Vosges, Christine Lavarde, sénatrice LR des Hauts-de-Seine, Léfon Deffontaines, porte-parole du Parti commmuniste, ont également réagi en direct durant la seconde partie de l'émission. Année de Production :
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00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:10Bonjour à tous et merci de nous retrouver en direct
00:00:13sur Public Sénat pour cette édition spéciale
00:00:16Aura-t-on un Premier ministre dans les prochaines minutes ?
00:00:19C'est la question qu'on va se poser tout au long de cette émission.
00:00:23François Bayrou était reçu ce matin à l'Elysée
00:00:27par Emmanuel Macron.
00:00:28L'échange a duré près de deux heures
00:00:31et depuis, pas de communiqué, pas d'annonce d'un Premier ministre.
00:00:35Il arrivera peut-être d'ici 13h.
00:00:38Ce sont les dernières informations.
00:00:40On va suivre tout ça en direct dans cette émission
00:00:43avec nos invités. Jean Garrigue, bonjour.
00:00:45Merci d'être là. Historien, président
00:00:47de la Commission internationale d'histoire des Assemblées,
00:00:51auteur de ce livre,
00:00:52« Jours heureux quand les Français rêvaient ensemble ».
00:00:55Merci d'être avec nous,
00:00:57communicante politique et fondatrice de l'agence Emilie Conseil.
00:01:00Pascal Perrineau, bonjour. Merci d'être avec nous,
00:01:03politologue et professeur à Sciences Po Paris.
00:01:06Tam Tranmy, directrice adjointe de la rédaction de Public Sénat.
00:01:10On va avoir également dans cette émission
00:01:12des réactions politiques, on l'espère,
00:01:14au Premier ministre ou des réactions de parlementaires.
00:01:18Quentin Calmet est avec nous en salle des conférences.
00:01:21Bonjour, Quentin.
00:01:22On va venir vers vous d'ici quelques minutes.
00:01:26D'abord, un mot, évidemment.
00:01:28Je vais commencer par vous, Tam,
00:01:30puisqu'on attend depuis maintenant très longtemps
00:01:33ce Premier ministre.
00:01:34On espère que ce sera dans les minutes à venir.
00:01:37Comment on interprète cette attente et ce temps, finalement,
00:01:40qui dure ?
00:01:42Déjà, on l'interprète comme une habitude,
00:01:44chez Emmanuel Macron, qui aime beaucoup nous faire attendre.
00:01:48Faut-il le rappeler ?
00:01:49On avait attendu quand même deux mois pour Michel Barnier,
00:01:52deux semaines pour Elisabeth Borne.
00:01:54Cette attente fait partie du mode opérationnel
00:01:57d'Emmanuel Macron, on va dire.
00:01:59Là, en plus, c'est une attente sur laquelle
00:02:01on a cessé de nous annoncer qu'on allait avoir la nouvelle.
00:02:05On nous avait dit 24 heures après la motion de censure,
00:02:08on nous avait dit vendredi, on nous a dit lundi,
00:02:11et puis, mardi, voilà Emmanuel Macron,
00:02:14qui annonçait lors de sa réunion
00:02:16où il avait invité tous les chefs de parti,
00:02:20représentants de parti, que ce serait sous 48 heures.
00:02:23Et le voilà qui dépasse à nouveau.
00:02:25C'est le maître des horloges, un petit peu éternellement en retard.
00:02:29On peut y voir aussi une forme d'indécision,
00:02:32qui est l'un des marqueurs, quand même, d'Emmanuel Macron.
00:02:35On a su, mercredi soir,
00:02:38certains ici parlementaires nous faisaient part du fait
00:02:41qu'il y avait encore quatre personnes dans la tête
00:02:44du président de la République, alors même que l'on espérait,
00:02:46c'est la fin de cette attente, le lendemain.
00:02:49Hier, il est revenu un petit peu plus tôt de Pologne,
00:02:52ça nous a fait espérer d'avoir l'annonce hier soir.
00:02:55Là, il y a les micros, il y a le tapis rouge,
00:02:58on le voit, on espère quand même
00:03:00que le communiqué de l'Elysée, qui nous dit,
00:03:03alors 12h45, 13h, que ça va se vérifier.
00:03:06Voilà, et on le voit. Il y a le tapis rouge.
00:03:08Ça, c'est en termes de communication.
00:03:10Il y a le tapis rouge,
00:03:11mais il n'y a pas d'annonce de Premier ministre.
00:03:13Il y a deux micros, on en est à mesurer, la différence,
00:03:16pour savoir si le prochain ou la prochaine Premier ministre
00:03:19est plus ou moins grande que Michel Barnier.
00:03:22Ça devient un peu ridicule.
00:03:23Je trouve que là, il y a à la fois, en effet,
00:03:26une incapacité de se décider,
00:03:28on sait que c'est spécifique à Emmanuel Macron,
00:03:30c'est encore plus compliqué avec la situation actuelle,
00:03:33parce qu'il a décidé de mettre de côté l'ERN,
00:03:35donc ça voudrait dire un revirement un peu plus
00:03:38pour aller chercher la gauche et une majorité de ce côté-là,
00:03:41mais on ne le sent pas complètement décidé à ça,
00:03:43donc il y a ce côté indécision,
00:03:45mais il y a aussi le côté, je me remets dans le jeu,
00:03:48et alors là, tout le monde est suspendu à cette décision.
00:03:51Il y a quand même un côté grand maître qui décide de tout.
00:03:54On avait un Emmanuel Macron très effacé
00:03:56pendant le gouvernement Barnier et jusqu'à maintenant,
00:03:59et là, depuis qu'il a réappelé les partis politiques
00:04:02à trouver cette majorité, ce compromis,
00:04:04eh bien, on le voit au milieu du jeu
00:04:06comme si c'était quelque chose d'un peu, j'allais dire,
00:04:09de dire, vous attendez la moindre...
00:04:11Voilà, je reviens de Varsovie, hop, tout le monde était...
00:04:14Hier, c'était ça, il revient de Varsovie.
00:04:17Plutôt que prévu.
00:04:18Plutôt que prévu.
00:04:19Il a évalué la dernière partie.
00:04:21Aujourd'hui, c'est ce matin, et finalement, non.
00:04:24Mais globalement, je pense qu'en effet,
00:04:26c'est plus un manque de décision, un manque de capacité à trancher
00:04:30et à savoir vraiment où il va.
00:04:31C'est un président qui est très court-termiste,
00:04:34qui joue le coup d'après, mais qui joue pas la suite,
00:04:37et dans ce court-terme, long-terme qu'il doit décider,
00:04:40il est incapable de s'y décider.
00:04:42Il y a un manque de maîtrise de la situation, aujourd'hui.
00:04:45Jean Garry ?
00:04:46Oui, alors, on se croirait revenu au temps de la 4e République,
00:04:50mais le professionnalisme en moins,
00:04:51parce qu'en réalité, les présidents de la 4e,
00:04:54les deux, d'ailleurs, que ce soit Vincent Riel ou René Clotty,
00:04:57étaient des vrais professionnels de la politique.
00:05:00Il y a donc une impression d'amateurisme.
00:05:02C'est vrai, sur le fond d'une équation politique très compliquée,
00:05:06quand vous entendez ce qu'ont été les réactions
00:05:09des différents leaders politiques par rapport à l'éventualité
00:05:12d'un gouvernement de compromis, de coalition, de non-censure,
00:05:16c'est compliqué, c'est évidemment compliqué,
00:05:18mais cette manière-là de gérer cette complexité,
00:05:22pas par le président, les Français ne la comprennent pas.
00:05:25Je veux dire, quand vous allez chez le médecin
00:05:28et si vous attendez trois quarts d'heure,
00:05:30vous êtes un peu en colère.
00:05:32Et là, il y a de plus en plus une colère qui monte,
00:05:34le sentiment d'un président
00:05:36qui n'a plus aucune prise sur la réalité,
00:05:41d'une sorte d'irresponsabilité,
00:05:43et c'est surtout ça qui est très grave,
00:05:46c'est que cette image des micros et de la cour de Matignon vide,
00:05:51elle est ressentie par les Français
00:05:53comme une incapacité des politiques à régler leurs problèmes,
00:05:59et ça fait monter l'abstention, la protestation, etc.
00:06:02Juste, on a déjà eu ça, Jean Garrick,
00:06:05c'est-à-dire le tapis rouge à Matignon,
00:06:07l'annonce de la passation de pouvoir,
00:06:09mais pas de Premier ministre.
00:06:11Très franchement, ça a peut-être pu exister
00:06:14sous la Ve République, marginalement,
00:06:17mais si vous voulez, ça, en plus, comme point d'orgue
00:06:19d'une séquence qui dure maintenant,
00:06:22parce qu'il y avait eu toute cette attente du gouvernement Barnier,
00:06:25c'est complètement inédit sous la Ve République,
00:06:28c'est contre-intuitif par rapport à ce qu'on attend
00:06:31de la Ve République et la manière dont le général De Gaulle
00:06:34avait conçu la Ve République pour être efficace.
00:06:37Donc, on est dans quelque chose de très surprenant.
00:06:40Très surprenant.
00:06:41Oui, en effet, c'est exactement tout ce qu'il ne faut pas faire
00:06:44depuis plusieurs jours, exactement, tout ce qu'il ne faut pas faire,
00:06:48c'est-à-dire toute une série, en effet, d'échéances
00:06:51dont aucune n'est tenue, dont aucune n'est tenue.
00:06:55Le pouvoir a besoin de certaines règles
00:06:58que l'on s'efforce de respecter.
00:07:00Là, on a l'impression d'un homme qui s'assoit sur toutes les règles
00:07:05et qui crée lui-même la confusion.
00:07:07Parce que qui avait demandé au président de la République
00:07:10de fixer comme ça des échéances ?
00:07:11Mais personne !
00:07:13C'est lui-même qui fixe des échéances qu'il ne respectait pas.
00:07:16Deuxièmement, les Français sont,
00:07:19il suffit de regarder toutes les enquêtes,
00:07:21extrêmement inquiets de cette absence de gouvernement,
00:07:25de ce vide du pouvoir.
00:07:28Et là, on rajoute à ce sentiment une réalité.
00:07:32Regardez l'image de la cour de l'hôtel Matignon,
00:07:36vide, avec deux micros.
00:07:38Là, véritablement, l'image rejoint la réalité.
00:07:41Et c'est terrible pour les Français.
00:07:43Parce que plutôt que d'essayer de calmer l'inquiétude,
00:07:47l'angoisse, la peur qui est légitime,
00:07:50on la renforce.
00:07:52Et d'autre part, on a un président qui,
00:07:55dans la tradition de la Ve République,
00:07:57mais Jean Garrigue mentionnait les deux présidents de la quatrième.
00:08:01C'était des hommes qui, lorsqu'ils intervenaient,
00:08:04aussi bien Coty qu'Auriol,
00:08:06qui avaient un discours rassurant
00:08:09où ils fixaient un cap.
00:08:11Là, mais où est le cap fixé par le président de la République ?
00:08:15On est à la recherche d'un homme ou d'une femme, on verra bien,
00:08:18mais en fonction de quel cap, de quelles règles du jeu.
00:08:22La seule règle qui a été fixée, c'est de dire,
00:08:24écoutez, ça ne se passera plus à l'Elysée,
00:08:28mais ça va se passer essentiellement au Parlement
00:08:31et le prochain Premier ministre pressenti
00:08:35devra lui-même construire sa coalition.
00:08:37Mais même cette promesse n'est pas tenue,
00:08:40puisque toutes les réunions se passent à l'Elysée.
00:08:43On convoque les partis à l'Elysée,
00:08:45comme si on avait un président de la République
00:08:48qui ne se rendait pas compte qu'on est rentré dans une phase
00:08:51qui est une phase vraiment parlementaire.
00:08:55Donc il y a là toute une série de contrepieds,
00:08:59de messages qui font que les Français,
00:09:02et c'est ça, la fin des fins, qui est importante,
00:09:05les Français sont dans un paysage politique totalement brouillé
00:09:09et que cela accroît l'inclinitude plutôt que d'y répondre.
00:09:13– Et du coup, il y a un paradoxe avec Emmanuel Macron
00:09:16qui, c'est vrai, a voulu montrer qu'il maîtrisait les choses
00:09:19et que tout se faisait autour de lui,
00:09:20et là, qui finalement donne l'impression de ne plus maîtriser grand-chose.
00:09:23– Oui, oui, et je pense que c'est très important, ce qui s'est passé,
00:09:25c'est-à-dire que c'était plutôt pas mal d'essayer de trouver un compromis,
00:09:29donc qu'il soit à l'initiative, bon, pourquoi pas ?
00:09:32Mais après, il fallait en effet qu'il s'efface,
00:09:34et c'est là où il n'y arrive pas.
00:09:36Et il y a ce paradoxe de dire, moi, je veux toujours être dans le jeu,
00:09:39et en même temps, je n'ai pas la main pour décider.
00:09:41Donc c'est exactement ce qui est en train de se passer.
00:09:44Et d'ailleurs, il y a Olivier Faure,
00:09:45certains qui ont dit qu'il ne faut plus que ça se passe à l'Elysée,
00:09:48il faut que le Parlement reprenne son rôle complètement,
00:09:51et on sent bien, Emmanuel Macron, président jupéterien,
00:09:54qui n'arrive pas à lâcher, d'autant plus que, quelque part,
00:09:57c'est son projet qui est dessiné,
00:09:59c'est-à-dire d'essayer de trouver un arc républicain,
00:10:02un ni gauche ni droite, qui puisse répondre à des enjeux.
00:10:05Alors, ça ne va pas aller très loin,
00:10:06c'est plus pour tenir jusqu'à la prochaine dissolution.
00:10:08Il ne veut pas qu'on lui enlève ça des mains,
00:10:11comme si la réussite était à portée de main,
00:10:12et que ce ne serait pas lui qui porterait les lauriers de ça.
00:10:15Mais c'est très inquiétant, et moi, je trouve qu'en effet,
00:10:19le Cap n'y est pas.
00:10:20Il a rarement été là, sauf cette espèce de politique de l'offre
00:10:24qui, finalement, a échoué, si on en croit les chiffres
00:10:26de la croissance, du chômage,
00:10:28même s'il y a eu des petits soubresauts positifs.
00:10:31– On ne peut plus se discuter, là.
00:10:33– Oui, l'industrie, c'est en train de se recasser la figure,
00:10:35on va perdre des usines plutôt qu'en entrée.
00:10:37– Il y a eu, entre-temps…
00:10:38– Il y a eu des soubresauts, mais globalement,
00:10:42il a décidé d'exclure l'ERN.
00:10:44Ça aussi, c'est discutable, parce qu'on a quand même
00:10:4611 millions de personnes qui ont voté pour l'ERN,
00:10:49qui se trouvent orphelins d'une ligne ou quoi,
00:10:51donc il va falloir les satisfaire aussi, quelque part.
00:10:54Et il n'a pas réussi, pour le moment,
00:10:56à montrer qu'il avait une véritable inflexion plus à gauche,
00:11:00ce qu'il n'a jamais fait,
00:11:01il n'a pas l'air d'être très partant là-dessus.
00:11:04Et en effet, la personnalité du Premier ministre
00:11:07pose aussi cette question-là,
00:11:08est-ce que ça va être quelqu'un ni gauche ni droite,
00:11:11un peu à la Bayrou, plutôt marqué à gauche,
00:11:13même si certains ne le trouvent pas si à gauche que ça,
00:11:15comme Cazeneuve, ça donnerait aussi un signal ?
00:11:17Et là, il est impuissant.
00:11:19– Non, mais le fond des choses, c'est qu'on est dans une situation,
00:11:23précisément, qui est une situation qui incite
00:11:26à trouver des solutions de type parlementaire.
00:11:29Forcément, quand vous avez une géographie politique
00:11:33parlementaire de ce type, vous êtes obligés d'aller
00:11:36vers des compromis, vers des changements de frontières,
00:11:39vers des négociations, etc.
00:11:42Or, ces négociations, effectivement, devraient, en principe,
00:11:45se faire sous la houlette de celui qui est responsable
00:11:48devant le Parlement, c'est-à-dire le Premier ministre.
00:11:50Alors, dans d'autres pays, dans d'autres démocraties
00:11:54plus parlementaires que la nôtre, on voit qu'on a une sorte
00:11:57de coordinateur qui va faire travailler pendant des mois.
00:12:00On n'a pas ce temps-là devant nous pour l'instant.
00:12:03Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que ça n'aide pas
00:12:06au président de la République, surtout un président de la République
00:12:09affaibli comme Emmanuel Macron, de le faire.
00:12:11Je vous interromps, puisqu'on apprend à l'instant
00:12:14que c'est François Bayrou qui est nommé Premier ministre.
00:12:17Emmanuel Macron nomme François Bayrou Premier ministre.
00:12:20T'as...
00:12:21Oui, c'est incroyable. On est extrêmement surpris,
00:12:23parce que les derniers bruits étaient plutôt négatifs.
00:12:26On avait dit que 7h45 de rendez-vous avec François Bayrou,
00:12:30qui a commencé à 8h30 ce matin, s'était mal passé,
00:12:34et donc, on pensait que François Bayrou
00:12:38ne serait pas nommé Premier ministre.
00:12:40Une fois que, maintenant qu'on le sait,
00:12:43c'est effectivement... C'est étonnant,
00:12:45parce que c'est celui qu'on a tout le temps pensé
00:12:47devenir Premier ministre. On a un effet de surprise,
00:12:50puisqu'on a pensé, ces trois dernières heures,
00:12:52qu'il ne le serait pas. François Bayrou,
00:12:55ça a été un artisan majeur de la victoire d'Emmanuel Macron
00:12:58en 2017, lorsqu'il a noué son pacte, on se le rappelle,
00:13:02au mois de février 2017, avec Emmanuel Macron,
00:13:06en disant qu'il ne se présenterait pas lui-même
00:13:09et qu'il apporterait son soutien à Emmanuel Macron.
00:13:12On se rappelle qu'il avait été, tout d'abord,
00:13:15un élément fondamental au sein du Premier gouvernement,
00:13:19de façon très fugace, avant d'être rattrapé
00:13:21par l'affaire des assistants parlementaires
00:13:24du MoDem au Parlement européen.
00:13:26Il a été donc obligé de quitter le gouvernement
00:13:29avec d'autres ministres MoDem,
00:13:31comme par exemple Sylvie Goulard, à l'époque.
00:13:33François Bayrou, c'est quand même une forte personnalité
00:13:36avec un énorme passé politique.
00:13:38C'est celui qui a dit, avant Emmanuel Macron,
00:13:40ni de gauche ni de droite.
00:13:42Donc, le voilà à ce poste...
00:13:45C'est drôle, cette semaine,
00:13:47certains disaient, François Bayrou et Osterwey Marseille,
00:13:50un fervent partisan de l'idée du Premier ministre,
00:13:53disaient que c'est celui qui était dans la salle d'attente
00:13:56du médecin, qu'il y a toujours quelqu'un qui lui passe devant.
00:14:00Enfin, le voilà au rendez-vous du médecin.
00:14:02C'est comme quand on attend chez le médecin.
00:14:05Lui, il l'a attendu très longtemps, mais c'est bon.
00:14:07Extrêmement longtemps.
00:14:09Pour lui, c'est une consécration.
00:14:11Il a rêvé, il a été trois fois candidat
00:14:13à une élection présidentielle.
00:14:15Il a rêvé de devenir président.
00:14:17Il n'était pas très loin, d'ailleurs,
00:14:19dans l'élection présidentielle, où il avait atteint
00:14:22presque les 19 % de suffrage exprimé en 2007.
00:14:27C'est un homme qui a, d'autre part,
00:14:30une véritable expérience, à la fois d'élu local
00:14:33et d'élu national.
00:14:34Or, on sait que lorsqu'on rentre
00:14:36dans une phase extrêmement parlementaire,
00:14:38comme celle dans laquelle on est déjà entré,
00:14:41eh bien, il faut un homme qui ait l'habitude
00:14:44des combats politiques, qui connaisse,
00:14:46comme sa poche, les rapports de force
00:14:49à l'Assemblée nationale,
00:14:51et qui ait un véritable savoir-faire.
00:14:53François Bayrou a, de manière assez évidente,
00:14:57ces trois qualités.
00:14:59Mais attention, tout comme Michel Barnier
00:15:03a pu séduire, dans un premier temps,
00:15:05le RN, mais pas au point que le RN lui accorde
00:15:08une confiance durable,
00:15:10François Bayrou a des ennemis.
00:15:13C'est un homme qui a beaucoup gouverné
00:15:15avec la droite et qui, depuis 2007,
00:15:18a soutenu, au second tour,
00:15:20des candidats de gauche.
00:15:222007, voilà, 2012.
00:15:25Donc, ça a laissé des traces.
00:15:27Et ça m'étonnerait que,
00:15:29pour nombre de Républicains,
00:15:31la nomination de François Bayrou
00:15:33soit vécue comme un très bon signe.
00:15:37Et, d'autre part, si vous voulez,
00:15:39à gauche, ouvrons-nous de ce que disait Mitterrand.
00:15:42Qu'est-ce que c'est que quelqu'un du centre ?
00:15:44C'est quelqu'un de droite et de droite.
00:15:47Donc, beaucoup de socialistes
00:15:48sont encore sur ce logiciel.
00:15:50Vous le connaissez bien, François Bayrou.
00:15:53Est-ce qu'il peut être l'homme de la situation
00:15:55dans cette période compliquée ?
00:15:57Je pense que, si on se réfère à son histoire
00:16:00et au fait qu'il a été le premier
00:16:02à demander à ce que des hommes de droite,
00:16:05du centre et de gauche travaillent ensemble,
00:16:07en tout cas, sous la Ve République,
00:16:09il y a une certaine cohérence à le voir arriver aujourd'hui
00:16:13où, si l'on veut gouverner en évitant une motion de censure,
00:16:16il faut, de manière évidente, justement,
00:16:19arriver à, non pas forcément coaliser,
00:16:21mais, en tout cas, obtenir une forme de neutralité,
00:16:24de passivité, on va dire,
00:16:25du côté, notamment, des socialistes.
00:16:28En cela, on le sait,
00:16:30il est assez proche de Bernard Cazeneuve
00:16:33et c'est quelqu'un qui a toujours parlé aux socialistes.
00:16:37J'attends aussi l'attention sur le fait
00:16:40qu'on le confond souvent avec Emmanuel Macron,
00:16:43mais, en réalité, ce qui s'est passé en 2017,
00:16:46c'est qu'Emmanuel Macron, en quelque sorte,
00:16:48il a, comment dire ça, siphonné le projet de Bayrou
00:16:52qui a toujours été de faire travailler ensemble
00:16:56des gens d'identités politiques différentes,
00:16:58et sans que chacun perde leurs identités,
00:17:00en essayant de les faire converger.
00:17:03C'est peut-être, comment dirais-je, utopique,
00:17:05mais ce n'est pas ce qui s'est réalisé avec Emmanuel Macron,
00:17:08qui, au contraire, a aspiré tout le monde derrière lui.
00:17:11Je vous redonne la parole dans quelques secondes,
00:17:14mais priorité aux réactions politiques,
00:17:16on va retrouver Quentin François Bayrou,
00:17:19le centriste, nommé à Matignon,
00:17:21et on va avoir la première réaction du président
00:17:23du groupe centriste au Sénat, Rémi Marseille.
00:17:26Bonjour, Rémi Marseille,
00:17:27nous sommes en direct en salle des conférences.
00:17:30La fumée blanche est sortie de l'Elysée,
00:17:32ce sera donc François Bayrou pour Matignon.
00:17:35Qu'est-ce que ça vous inspire ?
00:17:36Écoutez, en tant que président du groupe Union centriste,
00:17:42je me réjouis qu'un authentique centriste
00:17:46soit nommé à Matignon.
00:17:47Vous avez trois modèles dans votre groupe, ici, au UCC ?
00:17:51Oui, plus que ça.
00:17:52Le modème fait partie intégrante de mon groupe,
00:17:56mais au-delà de l'amitié personnelle,
00:18:00de l'histoire personnelle avec François Bayrou,
00:18:06au sein de l'UDF, puis du Nouveau Centre,
00:18:10etc., depuis des années,
00:18:12effectivement, il y a une confiance,
00:18:15parce que je sais l'expérience qui est la sienne,
00:18:19chacun la connaît,
00:18:20je pense qu'il est à même de pouvoir parler
00:18:23avec toutes sortes de forces politiques,
00:18:25et c'est le besoin qu'a le pays.
00:18:27Et donc, nous serons à ses côtés pour travailler,
00:18:31et j'espère que l'action de rassemblement,
00:18:34qui devra être la sienne, se forgera rapidement,
00:18:37parce qu'il va falloir aller vite.
00:18:39Que dire de la façon dont il a été nommé ?
00:18:41Ce long feuilleton qu'on a eu,
00:18:44l'attente de sa nomination,
00:18:46le fait qu'il soit convoqué ce matin, qu'il reparte,
00:18:48et que les rumeurs aillent dans tous les sens,
00:18:50qu'est-ce que ça vous a évoqué, cette matinée ?
00:18:52– Écoutez, il y a eu visiblement une longue maturation,
00:18:55il y a eu vraisemblablement des discussions,
00:18:57on en saura certainement plus dans les heures qui viennent,
00:19:00ça a été beaucoup de suspense,
00:19:03on en connaîtra certainement les conditions,
00:19:04maintenant, il faut se tourner vers l'avenir.
00:19:07Il y a cette nomination,
00:19:08personnellement je m'en réjouis et je serai à ses côtés,
00:19:11il va falloir rassembler avec le Bloc central,
00:19:15nos collègues et amis républicains,
00:19:17et puis discuter également avec la gauche,
00:19:19parce que si on veut trouver la stabilité,
00:19:22c'est ce qui a été fait à l'Élysée mardi après-midi,
00:19:24il faut un trépied,
00:19:25et il va falloir trouver des compromis pour avancer,
00:19:28si on ne veut pas être dépendant du Rassemblement national.
00:19:31– Priorité à gauche,
00:19:32c'est ce que vous voudrez adresser comme message aujourd'hui à François Bayrou,
00:19:34on apprend à l'instant que Jean-Luc Bardella ne censurera pas a priori,
00:19:38c'est ce qu'il vient de dire à l'instant,
00:19:39mais vous dites, c'est bien vers la gauche qu'il faut maintenant se tourner ?
00:19:42– D'abord, il faut, j'allais dire, renforcer et affirmer
00:19:47ce qu'on appelle le socle commun, le Bloc central,
00:19:50parce qu'il est fait de l'ancienne majorité et des républicains,
00:19:55donc il faut veiller à ce que ce socle commun tienne bon et soit renforcé,
00:20:01ensuite il faut lui donner un contenu politique,
00:20:03un comité de pilotage, il faut faire de la politique,
00:20:06c'est peut-être ce qui a manqué à Michel Barnier,
00:20:08c'est de s'impliquer politiquement,
00:20:10et puis il faut se tourner vers ceux de la gauche qui ont tendu la main
00:20:15pour essayer de trouver des compromis.
00:20:17– Et sur quelle feuille de route, sur quel projet,
00:20:19est-ce que vous, vous lui conseillez d'aller, sur quelles mesures fortes,
00:20:22quelques textes symboliques mais puissants qu'il peut porter dans cette coalition ?
00:20:27– Je n'ai pas de conseils à lui donner, on aura certainement des conversations,
00:20:30tout le monde voit bien qu'il y a le problème toujours du pouvoir d'achat,
00:20:36des agriculteurs avec le problème du Mercosur,
00:20:40il y a le problème de la sécurité et des problèmes d'immigration
00:20:43qui taraudent beaucoup de nos concitoyens,
00:20:47puis il va falloir s'atteler à faire un budget,
00:20:49là on a une roue de secours qui s'appelle la loi spéciale,
00:20:51ça ne va pas tenir très longtemps, on voit bien la difficulté,
00:20:54donc il va falloir s'atteler à faire un budget
00:20:56pour que dès février-mars, voire avril, on puisse refaire PLFSS et PLF.
00:21:01– Merci Hervé Massa, un grand jour pour les centristes ?
00:21:04– Un jour, important.
00:21:05– Merci en tout cas pour cette réaction,
00:21:07en direct à notre micro, la première, Oriane, ici en salle de conférence.
00:21:10– Et Quentin, évidemment, on en attend d'autres à votre micro,
00:21:12on vous retrouve dans quelques secondes.
00:21:15Émilie, on entendait Hervé Massa, il disait, c'est un trépied,
00:21:18et la priorité, ça va être de discuter avec la gauche.
00:21:21François Bayrou, il peut être celui qui réussit à garder ce trépied ?
00:21:25– Je pense que l'atout, c'est en effet,
00:21:27parce qu'il a toujours parlé à la gauche, et à l'extrême droite aussi,
00:21:31il a été plutôt posé vis-à-vis de l'extrême droite,
00:21:35mais moi ce qui me vient en tête, c'est le mot social,
00:21:37est-ce qu'on est enfin prêt à avancer là-dessus ?
00:21:41Parce qu'on sait que le modem aussi a toujours défendu
00:21:43ce qui était passé en commission des finances sur le budget,
00:21:46les impôts contre les plus fortunés,
00:21:49pour dégager un peu d'argent du pouvoir d'achat
00:21:52pour les classes moyennes et les plus pauvres.
00:21:54Et ça, ça peut être un levier intéressant qui peut séduire la gauche,
00:21:57mais ça veut dire une inflexion, ça veut dire d'arriver
00:22:01à vraiment infléchir la politique qui est menée jusqu'à maintenant
00:22:04par Emmanuel Macron, et si c'était le cas, là,
00:22:06ça donnerait une nouveauté et quelque chose qui pourrait être porteur.
00:22:10Parce qu'après, quand même, moi je trouve que c'est quand même
00:22:13une personnalité qui est quand même très marquée par Macron
00:22:17parce qu'il l'a soutenue fortement depuis 2017
00:22:20et qu'il était toujours dans les tuyaux, qu'il était toujours là.
00:22:23C'est une personnalité qui, ces derniers temps,
00:22:25n'a pas brillé par son travail au commissariat de haut plan.
00:22:30Je ne sais pas si vous avez lu des rapports,
00:22:32mais c'était quand même un peu maigre.
00:22:33Alors peut-être que ce n'était pas sa priorité
00:22:35et qu'il est en effet très politique,
00:22:37et pour cette fonction qu'il va occuper de Premier ministre,
00:22:41c'est ultra nécessaire maintenant.
00:22:43Moi, je dirais, les atouts, c'est la partie sociale.
00:22:45C'est vraiment cette partie sociale.
00:22:47Si elle arrive à s'épanouir, ça peut vraiment faire quelque chose de bien.
00:22:50Et marcher avec la gauche, du coup.
00:22:52François Bayrou, ça a été à la fois un allié dès 2017,
00:22:55mais ça a été un allié critique aussi.
00:22:57On l'a beaucoup…
00:22:58Il est bon dans la tête des gens, ce n'est pas forcément…
00:23:00Mais on l'a entendu, si on revient, par exemple,
00:23:02lorsqu'il a refusé de rentrer dans le gouvernement de Gabriel Attal,
00:23:07alors on sait qu'il n'avait pas obtenu
00:23:09ni ce super ministère des Territoires,
00:23:11ni l'éducation nationale, comme il le souhaitait.
00:23:14Mais c'était au-delà de l'équation personnelle.
00:23:17Il avait eu des phrases assez fortes
00:23:19contre le côté hyper techno, hyper parisien,
00:23:23insuffisamment connecté au territoire du gouvernement de l'époque.
00:23:28Donc c'est quelqu'un qui a quand même toujours eu
00:23:30une forme de liberté de parole,
00:23:33qui s'explique à la fois par son parcours politique,
00:23:35par le fait qu'il n'était pas dans le gouvernement,
00:23:38il avait quand même un statut un petit peu à part,
00:23:40comme haut-commissariat haut-plan.
00:23:42Et puis je pense que c'est aussi un marqueur
00:23:45de sa façon de fonctionner politiquement,
00:23:48parce qu'allié de Sarkozy,
00:23:49ce qui ne l'a pas empêché d'être extrêmement critique
00:23:51envers Nicolas Sarkozy, puis ennemi de Nicolas Sarkozy.
00:23:54Ensuite, il est allé, on l'a dit,
00:23:56plus du côté de Ségolène Royal, de François Hollande.
00:23:59Donc ça fait qu'il s'est fait à la fois des amitiés dans certains camps
00:24:02et beaucoup d'inimitiés, on le sait aussi,
00:24:05dans d'autres.
00:24:06Donc le parcours de François Bayrou,
00:24:08ce n'est pas évident.
00:24:09Alors on a dit, c'est intéressant,
00:24:12ce qu'il va devoir faire, c'est avoir un poids politique,
00:24:15une carte que Michel Barnier n'a pas suffisamment jouée jusque-là.
00:24:19On le sait, toutes les réunions du mardi,
00:24:22avec toutes les forces qui étaient autour de la table,
00:24:24Michel Barnier a été plutôt spectateur,
00:24:27a laissé Gabriel Attahal, Laurent Wauquiez
00:24:30ne pas être d'accord les uns avec les autres.
00:24:31Ça a explosé un petit peu publiquement.
00:24:33Là, il va falloir avoir sans doute
00:24:35de nombreux désaccords de façon discrète
00:24:38et puis réussir à avoir une parole commune
00:24:41qu'il va apporter également comme Premier ministre.
00:24:43C'est ça, l'enjeu, Jean-Grég,
00:24:45parce que c'est vrai que depuis Edouard Philippe,
00:24:47Emmanuel Macron, il a toujours eu des Premiers ministres
00:24:49qui étaient loyaux.
00:24:50Est-ce que là, avec François Bayrou,
00:24:53il prend le risque d'avoir un Premier ministre difficile à gérer ?
00:24:55Oui, c'est peut-être d'ailleurs ce qui explique
00:24:58les difficultés à négocier de ce matin et des jours précédents,
00:25:01parce que ça fait plusieurs jours qu'ils discutent.
00:25:04Il me semble que François Bayrou n'est sûrement pas disposé
00:25:07à être un Premier ministre collaborateur,
00:25:09comme on le disait du temps de Nicolas Sarkozy.
00:25:12C'est quelqu'un qui a une identité politique,
00:25:15une identité politique, j'allais dire historique,
00:25:17qui est celle du christianisme social,
00:25:19c'est-à-dire un socle idéologique
00:25:22qui n'est pas celui d'Emmanuel Macron.
00:25:24Attention, ça n'est pas du tout le même socle idéologique.
00:25:27Alors, ils ont convergé à un moment,
00:25:30mais comme l'a dit Trump, toujours dans la critique.
00:25:33Par exemple, il était contre la manière
00:25:35dont s'est effectuée la réforme des retraites,
00:25:38il a été contre la dissolution,
00:25:40qui sont quand même des marqueurs de ce qui a été fait.
00:25:43Sur le budget, on va y revenir,
00:25:45il n'a pas toujours voté dans le sens de...
00:25:47Il a aussi eu un mérite, mais ça, ça peut être, j'allais dire,
00:25:51contre-intuitif par rapport à l'Alliance à gauche,
00:25:54c'est que ça fait 15 ans qu'il dénonce les dérives budgétaires,
00:25:58l'endettement de la France.
00:26:00Donc ça, ça peut le rapprocher des Républicains, par exemple,
00:26:05mais ça peut aussi l'éloigner des socialistes.
00:26:08Mais en même temps, il y a cette fibre sociale
00:26:10qui peut le rapprocher des socialistes.
00:26:12On va voir comment réagissent les socialistes.
00:26:15Bonjour, Patrick Caner. Merci d'être avec nous,
00:26:18président du groupe socialiste ici au Sénat.
00:26:20Comment réagissez-vous à ce choix d'Emmanuel Macron, François Bayrou ?
00:26:24Vous savez, Emmanuel Macron,
00:26:27qui, pour moi, est un roi nu aujourd'hui
00:26:31et un roi qui a une forme de mépris pour son peuple.
00:26:33Emmanuel Macron a perdu deux élections successivement,
00:26:36a nommé Michel Barnier, qui a échoué bien tristement
00:26:40en ayant la censure et le déshonneur
00:26:42par des accords recherchés avec le Rassemblement national,
00:26:46le Rassemblement national qui est toujours là, bien sûr,
00:26:49aux aguets pour faire tomber éventuellement
00:26:51le futur gouvernement de M. Bayrou.
00:26:53Mais je lui adresse mes félicitations républicaines.
00:26:56Je crois qu'il faut aussi garder ce sens de la République.
00:27:01Et nous, notre question sera, bien sûr,
00:27:04d'être reçue le plus rapidement possible par M. Bayrou,
00:27:07lui expliquer, comme nous l'avons fait avec Emmanuel Macron
00:27:10et avant avec Michel Barnier, quelles sont nos volontés pour le pays.
00:27:14Ce que je sais, ce dont je suis certain,
00:27:16c'est qu'il ne pourra pas y avoir de stabilité dans la continuité.
00:27:20C'est impossible.
00:27:21Ca veut dire, Patrick Caner,
00:27:23que les socialistes iront discuter avec François Bayrou ?
00:27:26Bien sûr, nous l'avons toujours dit,
00:27:29mais nous ne participerons pas à son gouvernement.
00:27:31Cela est très clair.
00:27:32Nous n'avions qu'un seul objectif, participer à un gouvernement
00:27:35piloté par un homme ou une femme de gauche.
00:27:38Ce n'est pas le cas, jusqu'à nouvel ordre,
00:27:40mais néanmoins, ce que nous souhaitons,
00:27:42c'est que le pays avance.
00:27:43Le pays est bloqué depuis six mois.
00:27:45Depuis six mois, depuis la dissolution,
00:27:48acte que j'avais qualifié à l'époque, de mémoire,
00:27:51un acte vengeur d'un président vexé.
00:27:55Donc, voilà, il faut maintenant en sortir.
00:27:58Nous souhaitons de la stabilité dans le pays,
00:28:00mais avec un changement de cap,
00:28:01puisque nous voyons bien que la politique qui a été menée
00:28:05nous a menés dans le mur.
00:28:06Et les grands résultats économiques qui étaient annoncés
00:28:09sont en train de tomber les uns après les autres.
00:28:11Donc oui, il faut changer de cap.
00:28:13Il faut... Nous irons le voir, monsieur François Bayrou,
00:28:16avec nos idées sur le pouvoir d'achat,
00:28:18nos idées sur la loi retraite,
00:28:20nos idées sur aussi, bien sûr, la justice fiscale,
00:28:24qui finalement engendre tout le reste.
00:28:26Et je n'ai pas oublié que le BODEM avait avec nous
00:28:30porté les amendements qui finalement ont été liquidés
00:28:33tant à l'Assemblée qu'au Sénat, surtout au Sénat, d'ailleurs,
00:28:36pour que la justice fiscale soit une préoccupation importante.
00:28:41Donc voilà, nous jugerons sur les actes,
00:28:42donc il n'y aura pas de censure automatique et a priori.
00:28:46Par contre, un accord de non-censure,
00:28:49quand vous reprenez l'expression, il y a le mot accord.
00:28:51Mais ça veut dire que quels que soient les accords que vous trouviez,
00:28:55si jamais vous vous mettez d'accord sur quelques mesures,
00:28:58il n'y aura pas de socialistes au gouvernement, ça, c'est acté ?
00:29:01C'est acté.
00:29:02Nous l'avons décidé à l'unanimité du Parti socialiste.
00:29:06Ne pas participer à un gouvernement,
00:29:08ça ne veut pas dire pour autant que nous allons systématiquement cogner.
00:29:11Permettez-moi l'expression un peu directe.
00:29:13Quand M. Darmanin, qui n'est pas un ami politique,
00:29:16il est socialiste, propose une loi intéressante
00:29:18pour le financement de la police nationale et ses moyens,
00:29:22les socialistes au Sénat et à l'Assemblée ont voté.
00:29:25Elle a l'optimisme pour reprendre son expression littérale.
00:29:28– Et sur la censure, parce que Mathilde Panot,
00:29:32la présidente du groupe La France insoumise à l'Assemblée nationale,
00:29:35dit que La France insoumise votera la censure,
00:29:37les socialistes ne suivront pas ?
00:29:39– Tout dépendra de l'entretien que nous aurons très rapidement,
00:29:44et je l'espère avant la composition du gouvernement,
00:29:46parce que la composition du gouvernement sera un élément important pour notre choix.
00:29:51Ce que je vous dis à l'instant signifie très simplement
00:29:54que nous voulons d'abord débattre, nous voulons d'abord tester M. Beyrou
00:29:59pour savoir s'il fera bouger les lignes,
00:30:01et nous n'avons aucune envie de censurer pour censurer,
00:30:04ça n'a aucun sens, nous sommes un parti de gouvernement,
00:30:07nous sommes une formation qui a une histoire dans ce pays
00:30:10et qui souhaitait gouverner après la censure.
00:30:14Voilà, l'occasion ne nous sera pas donnée, nous le regrettons,
00:30:17mais nous avons des années à passer encore avec Emmanuel Macron
00:30:22qui a manifesté son désir de rester pendant 30 mois,
00:30:25mais pour rester pendant 30 mois, il faut vraiment beaucoup,
00:30:29beaucoup je dirais, envoyer de gages, envoyer de signes
00:30:31à l'opposition républicaine que nous sommes,
00:30:34et qui justifie pleinement que nous soyons exigeants,
00:30:38nous ne sommes pas exigeants de manière corporatiste,
00:30:40nous sommes exigeants pour les Français,
00:30:42qui aujourd'hui sont dans un total désarroi
00:30:47et une forme presque de désespérance par rapport à l'avenir.
00:30:50Eh bien, il faut redonner du sens et débloquer ce pays
00:30:53qui, encore une fois, n'a pas bougé depuis 6 mois
00:30:56depuis la dissolution,
00:30:58et je renvoie à sa responsabilité, M. Macron.
00:31:01– Merci Patrick Cannaire, merci beaucoup
00:31:03de nous avoir accordé votre première réaction,
00:31:05président du groupe socialiste, ici au Sénat.
00:31:07Un mot, Émilie, sur ce que vient de dire Patrick Cannaire.
00:31:10Alors, les socialistes, ils ne vont pas au gouvernement,
00:31:11mais ils vont discuter,
00:31:13et eux, ils n'annoncent pas la censure dès maintenant.
00:31:15– On a l'impression d'entendre le RN, en fait,
00:31:17le PS va jouer le RN version gouvernement Barnier,
00:31:20c'est-à-dire, on reste dans l'opposition,
00:31:22on est constructif, on ne censure pas a priori,
00:31:26on attend de voir ce qu'il y a et on attend un changement,
00:31:29une inflexion, donc un cap qui puisse changer.
00:31:33Donc, c'est évidemment pensé pour les futures élections,
00:31:37on voit bien que le PS se garde d'être trop lié
00:31:41à ce nouvel gouvernement qui va se mettre en place
00:31:43au risque de décevoir leur électorat
00:31:45et de garder des forces en cas d'échec pour les élections qui arrivent.
00:31:50Donc, c'est un calcul qui n'est pas idiot.
00:31:52Après, il va falloir voir, et je comprends très bien
00:31:54le positionnement de dire, ce qui est au cœur maintenant,
00:31:57maintenant qu'on sait qui c'est, c'est qu'est-ce qu'il va faire ?
00:32:00C'est quoi ? Est-ce que c'est la continuité à peu de choses près
00:32:03de ce qui s'est passé jusqu'à maintenant depuis 2017
00:32:06ou est-ce que, véritablement, François Bayrou,
00:32:08avec son côté positif, sa fibre sociale
00:32:12et tous les amendements qu'ils avaient proposés
00:32:14au côté de Modem, est-ce qu'il est prêt
00:32:16et est-ce qu'il est capable d'engager un véritable virage
00:32:20qui serait plus social, qui aurait deux avantages,
00:32:22c'est de convaincre le PS de ne pas censurer,
00:32:24donc, a posteriori, pour ne pas être dans les mêmes handicaps
00:32:28qu'avec le RN, et ça pourrait aussi permettre de parler
00:32:32à une partie de cet électorat du RN qui est mis de côté
00:32:35dans tout ce qui se passe à l'heure actuelle,
00:32:37parce qu'on sait que, dans l'électorat,
00:32:39il y a aussi cette question du pouvoir d'achat
00:32:42qui est passée quand même bien en haut de la pile,
00:32:44même s'il y a toujours l'immigration et la sécurité.
00:32:46Donc, on comprend le positionnement du PS
00:32:48qui, quelque part, a retrouvé, là, ces dernières semaines,
00:32:52un peu de vent en poupe, quelque part.
00:32:54Ils ont retrouvé un positionnement qu'ils n'avaient plus
00:32:57puisqu'ils étaient complètement dilués
00:32:59dans ce nouveau front populaire
00:33:01qui était emmené par l'extrême-gauche.
00:33:02On n'a pas encore les réactions de Mélenchon,
00:33:04mais ça va être intéressant aussi de voir ça.
00:33:06– Oui, on a déjà celle de Mathilde Pannot,
00:33:07ça donne quand même quelques indications.
00:33:10Un mot, Tam, et après on va voir Marie Lebec,
00:33:12la députée Renaissance.
00:33:13– Oui, eh bien, ce qui va être intéressant,
00:33:17effectivement, maintenant, c'est sur quoi
00:33:18on va pouvoir se mettre d'accord, parce qu'on a compris très bien
00:33:22qu'il y avait un certain nombre de lignes rouges.
00:33:24Par exemple, on voit très mal comment Bruno Retailleau
00:33:28pourrait faire, dans ce contexte-là,
00:33:30le projet de loi immigration tel qu'il l'imaginait,
00:33:32mais on commence à sentir ce que listait un peu Hervé Marseille
00:33:35tout à l'heure, le pouvoir d'achat, les agriculteurs, la sécurité,
00:33:39et puis bon, quand même, on va commencer par le plus gros
00:33:42des morceaux, c'est le budget.
00:33:43Le budget, on n'a pas l'équation directe
00:33:47qui va permettre de faire adopter ce budget,
00:33:51mais bon, c'est vrai que tout à l'heure,
00:33:53on a vu un certain nombre de socialistes,
00:33:56de députés socialistes qui nous disaient,
00:33:58quand on commençait à sentir que ça pouvait être François Bayrou,
00:34:01je les questionnais, et ils nous disaient
00:34:03qu'on pense qu'on peut leur parler,
00:34:05qu'on a l'habitude de parler avec le MoDem.
00:34:07Je pense que vraiment, au niveau de l'Assemblée nationale,
00:34:10les liens ne sont pas du tout coupés.
00:34:11Il y a une vraie possibilité de se parler
00:34:13entre socialistes et MoDem.
00:34:15On a compris qu'il y avait des ADN de fond,
00:34:18et puis il y a évidemment ce qu'a dit également Emmanuel Macron,
00:34:22ce qu'il a sous-entendu cette semaine,
00:34:24si ça se passe bien, et franchement,
00:34:25si on arrive à faire passer le budget,
00:34:27ce serait quand même assez miraculeux,
00:34:29eh bien si ça se passe bien, il ne dissoudra pas.
00:34:31Et donc, s'il ne dissout pas,
00:34:33on sait qu'il y a une partie de la cordelette
00:34:36qu'il y a entre LFI et le Parti socialiste
00:34:39qui s'effrite un petit peu plus.
00:34:41Donc, on sent qu'il y a des bougées,
00:34:43et que François Bayrou,
00:34:45cette figure-là a été nommée aussi pour cela.
00:34:49Marie Lebec, bonjour.
00:34:51Merci beaucoup d'être avec nous.
00:34:53Vous êtes députée Renaissance des Yvelines.
00:34:56C'est donc François Bayrou qui a été choisi par Emmanuel Macron,
00:34:59un allié historique du chef de l'État.
00:35:02Elle est où, la rupture ?
00:35:05Je ne sais pas de savoir s'il y a une...
00:35:08Enfin, je comprends votre question,
00:35:09mais je crois que le positionnement,
00:35:11le choix dans le Premier ministre
00:35:13que cherchait le président de la République,
00:35:15c'était avant tout quelqu'un capable de parler
00:35:17à la fois à la droite et à la fois à la gauche,
00:35:20une figure barycentrique,
00:35:22capable d'entraîner justement ceux qui veulent agir
00:35:26dans l'intérêt du pays et des Français.
00:35:28Et je crois que François Bayrou, il a ces qualités-là.
00:35:31Ça fait très longtemps qu'il est dans la vie politique française.
00:35:34Il en connaît bien les ressorts et les rouages.
00:35:36Et je crois que c'est une qualité particulièrement utile
00:35:39dans un moment où l'Assemblée peut être parfois...
00:35:43Il est parfois difficile de faire coïncider
00:35:45des intérêts très différents à l'Assemblée nationale.
00:35:49Du coup, il est issu du socle commun.
00:35:51Est-ce que Renaissance soutiendra François Bayrou sans condition
00:35:55ou est-ce qu'il y aura des conditions à votre soutien ?
00:35:59Je voudrais dire que ça fait 7 ans qu'on travaille main dans la main
00:36:02avec le Modem.
00:36:03Les relations de travail, elles sont de qualité,
00:36:05elles sont saines.
00:36:06On a parfois eu des désaccords,
00:36:08mais on a toujours su se réunir dans l'intérêt du pays.
00:36:13Bien sûr, et d'ailleurs, c'est François Bayrou qui a été choisi,
00:36:16mais on avait dit notre volonté ces dernières semaines
00:36:21de travailler avec le Premier ministre
00:36:23qui serait choisi par le président de la République.
00:36:28C'est très important.
00:36:29Je constate que, depuis la censure,
00:36:31il y a beaucoup d'inquiétude de la part de nos concitoyens.
00:36:34En tout cas, c'est les remontées qu'on a dans nos circonscriptions.
00:36:37Et donc, le groupe, sous la tutelle de Gabriel Attal,
00:36:41sous la présidence de Gabriel Attal,
00:36:42avait d'ores et déjà fait valoir
00:36:44qu'on se mettrait au service du futur Premier ministre.
00:36:48Mais du coup, ce sera un soutien...
00:36:50On a compris, vous irez évidemment discuter,
00:36:52vous serez au service, mais ce sera un soutien sans condition
00:36:54parce qu'on l'a vu, même sur le budget,
00:36:55il y avait des divergences entre votre groupe,
00:36:57Ensemble pour la République, et le MoDem.
00:37:00Oui, ça a pu arriver, parfois, qu'on ait des divergences,
00:37:03mais c'était pour ça aussi que je vous ai dit,
00:37:05c'était très important.
00:37:07Ça fait sept ans qu'on travaille ensemble avec le MoDem.
00:37:09Vous savez, apprendre à travailler ensemble,
00:37:10ça demande du temps.
00:37:11Aujourd'hui, je crois qu'on a bâti une relation de confiance,
00:37:14une relation solide où chacun respecte parfois les différences.
00:37:18Et après, je vous rappelle que le chef de l'Etat,
00:37:21Emmanuel Macron, avait dit qu'un cycle de discussion
00:37:25devrait s'engager sous la tutelle du futur Premier ministre
00:37:29pour réunir, encore une fois, les partis de bonne volonté
00:37:32qui ont envie d'être dans cette logique
00:37:35un peu de participation au gouvernement,
00:37:36soit de pacte de non-censure.
00:37:39Et il faut peut-être laisser le temps à François Bayrou.
00:37:42Aussi, j'imagine qu'il va s'exprimer tout à l'heure
00:37:44dans le cadre de sa passation,
00:37:45donner un peu les grandes étapes de ce qu'il souhaite faire,
00:37:49les axes principaux,
00:37:50et à la suite de ça, on pourra se positionner.
00:37:53Il n'est pas pour nous question de dire au préalable
00:37:57que nous avons des lignes rouges, etc.
00:37:59Encore une fois, on fait partie du même pacte politique
00:38:02qui avance aux côtés du chef de l'Etat depuis sept ans.
00:38:05Et si parfois, il y a pu avoir des divergences,
00:38:08elles ont toujours trouvé une voie d'apaisement.
00:38:11Vous étiez ministre des Relations avec le Parlement
00:38:13jusqu'à il y a encore peu de temps.
00:38:14Marie Lebec, est-ce que désormais, François Bayrou
00:38:16doit discuter avec tous les groupes parlementaires,
00:38:19c'est-à-dire aussi le Rassemblement national,
00:38:21qui a dit qu'il ne censurait pas a posteriori ?
00:38:24Je crois qu'il y a deux choses différentes.
00:38:26Il y a discuter, encore une fois, chaque parti politique
00:38:28qui est élu a une part de légitimité à l'Assemblée nationale.
00:38:31Après, le sujet, c'est de savoir si on veut travailler
00:38:34avec que ce soit le Rassemblement national ou la France insoumise.
00:38:38Moi, je considère que s'ils ont toute leur place
00:38:40dans nos hémicycles,
00:38:41pour autant, ce sont des adversaires politiques.
00:38:44Et donc, encore une fois, ça ne veut pas dire
00:38:48que dans le cadre de discussions, par exemple,
00:38:51de préparation de la discussion politique générale,
00:38:53il ne faut pas les voir.
00:38:54Mais je crois aussi qu'il faut qu'on soit clairs sur nos valeurs,
00:38:56sur ce que nous voulons incarner
00:38:57et tenter de continuer à convaincre sur les biens fondés
00:39:00de ce que sont nos convictions, nos valeurs, notre projet,
00:39:04et qui embarquera aussi ceux dont on sait
00:39:06que même si parfois, on peut avoir des désaccords politiques,
00:39:08nous partageons à minima un socle commun de valeurs.
00:39:13Merci, Marie Lebec.
00:39:14Merci beaucoup d'avoir réagi sur notre antenne.
00:39:18Jean Garrigue, on l'entend, évidemment,
00:39:21le soutien, comme dit Marie Lebec,
00:39:22ça fait sept ans qu'ils travaillent ensemble,
00:39:25mais sur la suite, comment il va faire
00:39:26et qu'est-ce qu'il doit faire François Bayrou ?
00:39:28Selon l'entourage d'Emmanuel Macron,
00:39:30on l'apprend à l'instant via l'AFP,
00:39:31François Bayrou doit dialoguer avec les partis
00:39:34OR, RN et LSI pour trouver les conditions
00:39:36de la stabilité et de l'action.
00:39:38Alors déjà, ce qui est important, c'est le dialogue.
00:39:40Ça, c'est une première chose.
00:39:41Cela dit, Michel Barnier l'avait pratiqué.
00:39:44Ce dialogue doit-il être élargi
00:39:48à l'ensemble de ceux qui composent l'Assemblée ?
00:39:51Je le pense.
00:39:52Je le pense.
00:39:53Il n'empêche qu'au terme d'un dialogue,
00:39:55il y a des décisions à prendre et que ces décisions
00:39:58seront prises avec des alliés, des soutiens,
00:40:01ou en tout cas, des gens qui seront susceptibles
00:40:04de ne pas censurer.
00:40:05Et c'est là qu'effectivement, on peut imaginer
00:40:08que le socle commun qu'avait réussi à réunir
00:40:12Michel Barnier pourra s'étendre,
00:40:14c'est ce qu'on a quand même cru comprendre
00:40:16dans les propos de M. Cannaire,
00:40:19pourrait s'étendre sur un certain nombre de points,
00:40:22sur un certain nombre d'axes, aux socialistes.
00:40:24Je rappelle quand même que dans la période 2022-2024,
00:40:28qui est une période difficile,
00:40:29il y avait une majorité qui était relative,
00:40:31je crois que 60 % des projets du gouvernement
00:40:34ont été, malgré tout, votés, sans recours au 49-3
00:40:37ni autre objet du parlementarisme rationalisé.
00:40:42Donc, ça veut dire que des majorités sont possibles
00:40:45sur un certain nombre de textes
00:40:47et je pense aussi qu'au-delà de ces thèses
00:40:52qui relèveraient peut-être d'une sorte de gestion du quotidien,
00:40:56il peut y avoir aussi, et il faudra qu'il y ait,
00:40:59de la part de François Bayrou,
00:41:02une évolution sur un certain nombre de points,
00:41:05y compris peut-être par rapport à ce qu'est aujourd'hui
00:41:08une pomme de discorde majeure,
00:41:09qui est cette fameuse réforme des retraites.
00:41:11Je pense qu'il conviendrait pour lui d'essayer d'évoluer là-dessus.
00:41:16On verra de quelle nature sera cette évolution,
00:41:19mais il me semble qu'effectivement,
00:41:21notamment sur les enjeux sociaux,
00:41:24peut-être sur les enjeux fiscaux aussi,
00:41:26il peut y avoir avec François Bayrou des évolutions,
00:41:30d'autant plus que la situation est telle,
00:41:32l'aggravation de la situation est telle
00:41:34qu'y compris les revendications du groupe Renaissance,
00:41:38enfin des macronistes, auront moins de poids aujourd'hui.
00:41:42Je veux dire que ce tabou qui était le leur
00:41:44sur la fiscalité, sur les hauts revenus,
00:41:47peut-être qu'avec François Bayrou, et dans la situation actuelle,
00:41:50il peut y avoir là aussi une évolution.
00:41:53Je crois qu'il faut attendre beaucoup de ces négociations
00:41:56parce qu'y compris, je le répète, mécaniquement,
00:42:00l'aggravation de la situation par rapport au marché, etc.,
00:42:04fait qu'on est obligés d'aller vers plus de conciliation.
00:42:08Vous pensez que François Bayrou, vous qui le connaissez bien,
00:42:11il acceptera, du coup, d'exclure le RN du Dialogue,
00:42:14alors que si Jordan Bardella le dit qu'il ne censure pas a priori,
00:42:18c'est bien parce qu'il juge que François Bayrou
00:42:21peut discuter avec lui.
00:42:22La cohérence de François Bayrou,
00:42:24qui, dans le passé, souvenez-vous, au nom de la République
00:42:28et de la démocratie, avait parrainé la candidature de Marine Le Pen,
00:42:32qui a été assez indulgent
00:42:33à propos du procès des assistants parlementaires,
00:42:36son tempérament et sa logique politique,
00:42:39parce que c'est ça qui est important,
00:42:41le prédispose à discuter aussi avec le RN.
00:42:44Maintenant, je pense que, de toute manière,
00:42:46il y aura des lignes rouges qui ne seront pas franchies,
00:42:50et de toute façon, comme on l'a dit tout à l'heure en off
00:42:53sur ce plateau, il serait difficile d'avoir la certitude
00:42:56de la non-censure du RN.
00:42:58Donc, c'est un... On peut discuter,
00:43:00mais le partenariat, très clairement,
00:43:03aujourd'hui, me semble-t-il, il doit aller vers les socialistes.
00:43:06Emine.
00:43:07Oui, je me disais qu'on est quand même...
00:43:10Parce que là, on dit plein de choses qui sont porteuses,
00:43:13où on se dit, peut-être qu'il peut réussir,
00:43:15parce qu'il a cette fibre sociale pour embarquer le PS,
00:43:19qui ne viendrait pas au gouvernement,
00:43:21mais qui ne censurerait pas.
00:43:23Mais quand même, on est dans le même cas
00:43:25qu'avec Michel Barnier, avec une personnalité
00:43:28qui représente très peu au niveau de l'Assemblée nationale,
00:43:31et je reviens juste, je refais le film à l'envers,
00:43:34au niveau des résultats des élections législatives.
00:43:37On risque encore d'être dans...
00:43:39Là, j'éloigne par rapport à la politique,
00:43:41et je retourne sur la population française et les électeurs.
00:43:45On est encore une fois dans une décision
00:43:47qui est complètement aux antipodes
00:43:49des résultats des élections législatives,
00:43:52où certains, le NFP, considèrent qu'ils ont gagné,
00:43:55et ils n'ont toujours pas de représentants,
00:43:57complètement gauche.
00:43:59L'URN, qui est exclue, là, des discussions,
00:44:01alors que le Front républicain
00:44:03même avec le Front républicain,
00:44:05ils ont eu quand même 126 députés.
00:44:07Donc on est encore dans quelque chose qui peut aussi,
00:44:10parce que là, on se l'explique par rapport
00:44:13à la majorité qui pourrait constituer,
00:44:15mais le message aux électeurs, c'est de dire,
00:44:18encore une fois, on tape à côté,
00:44:20parce qu'on considère que c'est une personnalité
00:44:22qui peut plus créer une majorité,
00:44:24mais ça ne correspond pas du tout au résultat,
00:44:27à ce qui a été exprimé dans les URN,
00:44:29même si c'est un peu difficile à interpréter.
00:44:32C'est difficile à interpréter,
00:44:34mais chacun a son interprétation
00:44:36et peut être déçu de cette nomination.
00:44:38Ce qu'il faut noter aussi,
00:44:40c'est que quand on regarde ça sur le long terme,
00:44:43c'est le premier Premier ministre centriste
00:44:46sous la Ve République.
00:44:47Oui, c'est vrai.
00:44:48Certes, il y a eu Raymond Barr,
00:44:50qui, bon, pouvait plus ou moins appartenir à la même famille,
00:44:54mais c'est la première fois qu'un centriste
00:44:56est à l'hôtel Matignon.
00:44:58Au fond, le dernier Premier ministre centriste,
00:45:01c'était Pierre Flimelin, sous la IVe République,
00:45:04et qui était là au moment de la transition
00:45:06entre la IVe et la Ve République.
00:45:08Donc c'est une chose tout de même importante
00:45:11que ce courant de pensée,
00:45:13qui représente de manière constante
00:45:15quelque chose dans la Ve République,
00:45:17puisse occuper Matignon.
00:45:19Alors, le projet centriste
00:45:21n'est pas central,
00:45:22parce que très souvent, on disait,
00:45:24voilà, il y a un espace central avec Macron,
00:45:27ni de droite, ni de gauche,
00:45:29mais au fond, peut-être que la victoire
00:45:31d'un centriste à Matignon
00:45:33signe le fait que l'espace central, au fond,
00:45:35a énormément de mal à exister.
00:45:37Et qu'on se tourne, une fois de plus,
00:45:40vers des valeurs sûres de la Ve République.
00:45:43Regardez, il y a quelques mois,
00:45:45Emmanuel Macron, après de très longues hésitations,
00:45:48encore plus longues qu'aujourd'hui,
00:45:50se tourne vers LR et un homme de 73 ans.
00:45:53Là, il se tourne vers un héritier de la démocratie,
00:45:56Là, il se tourne vers un héritier de la démocratie chrétienne...
00:46:00-"Et un homme de 73 ans."
00:46:02Rires
00:46:03-"Il est de 51."
00:46:04-"Je crois qu'ils ont le même âge."
00:46:06-"Il est de 51, donc 73 ans."
00:46:08Donc, il y a là quelque chose...
00:46:10-"Le retour de l'ancien monde."
00:46:12-"Il y a là quelque chose, en tout cas,
00:46:15qui signe l'échec de ce que les macroniens
00:46:17aimaient bien appeler la nouvelle politique,
00:46:20qui était censée ringardiser complètement
00:46:23ce qu'ils appellent la vieille politique.
00:46:25Là, il y a une revanche de la vieille politique.
00:46:28-"Elle ne dure pas longtemps,
00:46:30parce que Barnier a duré trois mois."
00:46:32-"Le plus âgé ne dure pas, mais quand même."
00:46:35Le problème, c'est qu'en effet,
00:46:37cette faiblesse...
00:46:40J'ai peur qu'elle devienne la faiblesse congénitale
00:46:43de tous les gouvernements que nous allons connaître.
00:46:46Parce que, au fond, ça n'avait marché qu'une fois,
00:46:49la motion de censure, 1962,
00:46:51ça a marché une deuxième fois contre Michel Barnier,
00:46:54et quelque chose, les députés,
00:46:56qu'ils soient de gauche, de droite ou ailleurs,
00:46:59ils ont pris le goût de faire tomber un gouvernement.
00:47:02Et maintenant, ce goût, ils vont l'utiliser.
00:47:06Ils vont certainement l'utiliser.
00:47:08Quand vous écoutez attentivement M. Cannaire,
00:47:11en effet, on a l'impression, parfois,
00:47:13que la corde socialiste peut soutenir le pan du béirou.
00:47:17Et que ce qui s'est passé...
00:47:19Et que ce qui s'est passé il y a quelques jours
00:47:23peut très bien se passer dans deux mois,
00:47:26dans trois mois, sauf si le tempérament
00:47:30de compromis centriste fait des miracles.
00:47:34Je ne dis pas fait des merveilles, fait des miracles.
00:47:37Parce que ce sera bien un miracle,
00:47:39si tout ce petit monde de l'arc républicain
00:47:42était tout à fait d'accord pour dire non au RN.
00:47:44C'est ça, la politique négative.
00:47:46Une fois que vous avez dit non au RN, vous dites oui à quoi ?
00:47:49Un front républicain ne fait pas un programme.
00:47:52Et là, il n'y a aucun programme.
00:47:54Il va falloir qu'il en accouche par les négociations
00:47:58qu'il va commencer dès aujourd'hui.
00:48:00J'ai une autre hypothèse, un peu moins positive,
00:48:04c'est que c'est comme si on purgeait ce fantasme
00:48:08de ni gauche ni droite et qu'on allait jusqu'au bout.
00:48:11C'est l'un des premiers initiateurs
00:48:13de ce dépassement du clivage gauche-droite.
00:48:15Macron a échoué, globalement.
00:48:17On en voit un centriste
00:48:19parce que c'est son projet de base,
00:48:21finalement, originel.
00:48:22Et moi, j'ai l'impression plutôt...
00:48:24Sauf si, vraiment, il y a une décision prise
00:48:27sur un axe plus social qui marquerait une rupture.
00:48:31Mais si on reste dans quelque chose de mi-chèvre, mi-chou,
00:48:34ni gauche, ni droite, j'ai peur qu'on se prenne le mur
00:48:37pour attendre ce qu'attendraient
00:48:39beaucoup de populations, même européennes,
00:48:42et même, si on voit, transatlantiques,
00:48:44des gens qui sont, à l'opposé,
00:48:46complètement radicaux sur des positions très fermées,
00:48:50de protectionnisme, d'immigration,
00:48:52on ferme les frontières et tout.
00:48:54J'ai peur que ce soit la suite,
00:48:56qu'on finisse cette période ni gauche ni droite
00:48:58qui n'a pas donné grand-chose comme résultat,
00:49:01qu'on aille jusqu'au bout et qu'on se prenne le mur
00:49:04de gens beaucoup plus radicaux,
00:49:05qui seraient quasiment souhaités par la population
00:49:08en disant qu'on met de l'ordre, on prend un axe précis
00:49:11et on y va tous ensemble.
00:49:13C'est pas mon choix, c'est pas mon rêve,
00:49:15mais parfois, j'ai l'impression qu'on arrive à ça.
00:49:18Je suis moins d'accord avec cette hypothèse catastrophiste,
00:49:21parce que j'ai l'impression, malgré tout,
00:49:24que ce qui se dégage de l'opinion publique...
00:49:26L'opinion publique, elle nous a dit...
00:49:28Moi, je suis satisfait de... Je suis pour une motion de censure,
00:49:32mais vous observerez que ceux qui étaient favorables
00:49:35à la motion de censure après qu'elle ait été votée
00:49:38étaient beaucoup moins nombreux que ceux qui étaient avant.
00:49:41Deuxièmement, je suis persuadé que cette motion de censure
00:49:44était moins une sanction à Michel Barnier
00:49:47qu'à Emmanuel Macron.
00:49:48C'était une manière de faire payer à Emmanuel Macron
00:49:51la dissolution et tout le reste.
00:49:53Je pense qu'il y a une attente, aussi, dans le pays,
00:49:56précisément, d'une forme de stabilité.
00:49:58Et si, justement, quelqu'un comme...
00:50:02Un centriste comme François Bayrou
00:50:04arrive à donner ce sentiment
00:50:06qu'il peut y avoir une forme de stabilité,
00:50:09alors c'est peut-être le meilleur moyen, justement,
00:50:12d'empêcher la montée des extrêmes populistes
00:50:15qui n'attendent que ça, que l'échec, effectivement,
00:50:18pour s'avancer vers la présidentielle de 2027
00:50:21et le duel attendu Mélenchon-Marine Le Pen.
00:50:25On va poursuivre les réactions politiques
00:50:27à ce choix du Premier ministre.
00:50:29Bonjour, Gaétan Dussosser.
00:50:31Merci d'être avec nous, député Rassemblement national des Vosges.
00:50:35Que pensez-vous de ce choix de François Bayrou ?
00:50:38La première chose que l'on peut dire sur la nomination de Bayrou,
00:50:42c'est tout simplement que ça confirme le poids et l'importance
00:50:46du Rassemblement national
00:50:48dans la prise de décision et dans la vie politique française.
00:50:51Nous avions demandé à ce que l'on ait un Premier ministre
00:50:54qui respecte pas seulement notre groupe et nos parlementaires,
00:50:57mais les 11 millions d'électeurs français que nous représentons,
00:51:00qui prennent en considération le poids du RN.
00:51:03Premier groupe à l'Assemblée nationale,
00:51:05première délégation au Parlement européen,
00:51:0811 millions d'électeurs aux élections législatives,
00:51:10plus de 100 000 adhérents à jour de cotisation.
00:51:13On ne peut faire sans le Rassemblement national.
00:51:15A priori, c'est ce que semble indiquer
00:51:18la nomination de François Bayrou,
00:51:20même si, évidemment, on restera vigilant,
00:51:22puisque Bayrou n'a pas reçu comme mandat, pour le coup,
00:51:25de poursuivre la politique d'Emmanuel Macron.
00:51:28S'il voulait faire ainsi, en réalité,
00:51:30il n'aurait pas la majorité suffisante à l'Assemblée nationale.
00:51:33L'entourage d'Emmanuel Macron dit que François Bayrou doit dialoguer
00:51:38avec les partis hors Rassemblement national et hors LFI.
00:51:42Comment vous réagissez à ça ?
00:51:44Ce que j'attends de voir, c'est ce qu'en dira le nouveau Premier ministre.
00:51:47Vous savez, le commentaire du commentaire,
00:51:50les bruits de couloirs et les rumeurs,
00:51:52j'y attache avec Marine Le Pen, très peu d'importance.
00:51:55Nous, nous mettons en garde à nouveau le Premier ministre,
00:51:58comme nous l'avions fait à l'époque avec Michel Barnier.
00:52:01Il n'y a pas une seule politique,
00:52:02il n'y a pas un vote qui peut passer sans le Rassemblement national
00:52:06et sans le premier groupe de l'Assemblée nationale.
00:52:09Il faut évidemment qu'il tienne compte des exigences qui sont les nôtres.
00:52:13D'abord, d'entendre la volonté de changement et de rupture
00:52:16avec la politique d'Emmanuel Macron exprimée par les Français
00:52:19lors des dernières élections législatives,
00:52:21et ensuite, de se mettre dès aujourd'hui au travail
00:52:24pour qu'on puisse retravailler et donner un budget à la France,
00:52:27mais un budget qui ne soit pas comme celui de son prédécesseur,
00:52:30qui visait à faire porter les efforts toujours sur les mêmes,
00:52:33les familles, les automobilistes, ceux qui travaillent,
00:52:36nos agriculteurs, les entreprises.
00:52:38Il faut qu'on ait de bon sens dans les choix budgétaires.
00:52:41– Juste cette déclaration, elle arrive après que Jordan Bardella a dit
00:52:46qu'il n'y aura pas de censure a priori.
00:52:49Est-ce que le fait que dans la foulée, l'entourage d'Emmanuel Macron
00:52:52dise qu'on ne discutera pas avec le Rassemblement national,
00:52:56est-ce que ça peut vous faire changer d'avis sur une censure a priori ?
00:53:00– On a un peu l'habitude, de la part d'Emmanuel Macron,
00:53:03de savoir que jamais, jamais, jamais, même au pied du mur,
00:53:06il ne changera jamais ni de politique,
00:53:09ni de comportement à l'égard des électeurs du Rassemblement national,
00:53:12et évidemment, moi je m'en offusque, parce qu'il est le chef de l'État,
00:53:15il est le garant des institutions,
00:53:17il est le représentant de la France dans son intégralité,
00:53:22et il ne peut pas comme cela,
00:53:23exclure du champ politique des millions de Français.
00:53:26Nos électeurs ne sont pas des sous-citoyens,
00:53:28ils doivent être respectés et entendus
00:53:30pour le mandat qu'ils nous ont donné et pour leurs revendications.
00:53:33Maintenant, pour François Bayrou, une non-censure a priori,
00:53:36si vous me le permettez, ce n'est pas non plus un chèque en blanc,
00:53:39et nous l'avions montré, nous l'avions démontré d'ailleurs avec Michel Barnier,
00:53:42nos exigences, elles sont simples, elles sont connues depuis la fin de l'été,
00:53:46elles n'ont pas changé, nous sommes constants,
00:53:48on ne joue pas, on ne fait pas un double jeu avec le gouvernement,
00:53:51quel qu'il soit, s'il tient rigueur de nos revendications
00:53:54et de la volonté de changement et de rupture avec la politique d'Emmanuel Macron,
00:53:57eh bien il pourra être maintenu à son poste,
00:53:59s'il n'en tient pas rigueur, il tombera sous le coup de la censure.
00:54:02– Merci beaucoup, merci Gaëtan Bichosset d'avoir été avec nous,
00:54:05on poursuit les réactions politiques,
00:54:07on va voir les réactions politiques du côté des Républicains,
00:54:11avec Quentin Calmet, Quentin, vous êtes avec la sénatrice LR, Christine Lavarde.
00:54:15– Exactement, Rienne, bonjour Christine Lavarde.
00:54:18– Bonjour.
00:54:18– Merci de nous avoir rejoints ici en direct en salle des conférences,
00:54:22la passation de pouvoir qui devrait avoir lieu à 17h
00:54:24entre Michel Barnier et François Bayrou,
00:54:28une réaction à cette information et la nomination de François Bayrou à Matignon ?
00:54:32– Enfin, nous avons un Premier ministre, il aura quand même fallu plus d'une semaine,
00:54:37alors qu'initialement la nomination devait être faite très rapidement,
00:54:42c'est un nom qui circulait quand même depuis le début.
00:54:46– Pas une surprise quoi.
00:54:47– C'est pas une surprise, c'est-à-dire que c'est pas un nom tiré du chapeau,
00:54:50inconnu, qui faisait partie vraiment des outsiders, qu'on pouvait jouer gagnant.
00:54:57– Alors, est-ce que sa position politique, lui qui se revendique du centre du centre,
00:55:01est-ce qu'elle vous convient, est-ce que les LR pourraient toper ?
00:55:05Par exemple, est-ce que vous pourriez entrer au gouvernement Bayrou ?
00:55:08– Alors, déjà je ne peux pas avoir un avis pour les LR dans leur globalité,
00:55:14moi je peux vous dire qu'à titre personnel, de toute façon,
00:55:17un, il fallait d'urgence un nouveau Premier ministre,
00:55:21ensuite je pense que dans la configuration actuelle,
00:55:23et au regard de tous les défis qui attendent notre pays,
00:55:27chaque parti politique, chaque famille politique,
00:55:31doit déjà prendre conscience de l'urgence d'aujourd'hui,
00:55:34avant de penser aux prochaines échéances 2027 pour ne pas la citer,
00:55:39et que là, il est temps que chacun mette un peu d'eau dans son vin,
00:55:43et finalement, accepte des choses qui n'est pas forcément dans son ADN propre,
00:55:48et de manière à trouver un consensus,
00:55:50pour qu'on arrive au moins à avoir un budget voté en tant que tel,
00:55:53parce que la loi spéciale, elle va permettre de fonctionner,
00:55:55mais ce n'est pas un budget, et donc ça, ça appelle en fait,
00:55:58pas des renoncements, mais au moins d'accepter d'aller un peu en dehors
00:56:04de ce qui est sa ligne politique, pour trouver un consensus national.
00:56:08– Bruno Retailleau, qui était votre chef de file, ici au groupe LR au Sénat,
00:56:12qui a bien imprimé sa marque avec le gouvernement Barnier,
00:56:15est-ce qu'il peut rester et être compatible avec une ligne François Bayrou, selon vous ?
00:56:19– De toute façon, aujourd'hui, je pense qu'aucun Premier ministre
00:56:23n'a vraiment la capacité de pouvoir mener une politique qui serait la sienne,
00:56:29puisqu'on voit bien que de toute façon,
00:56:30il existe toujours l'épée de Damoclès de la censure,
00:56:33dès lors que deux groupes, à savoir le Rassemble national et le NFP,
00:56:39décident de censurer.
00:56:41Donc aujourd'hui, on voit, et c'était aussi un peu l'idée de savoir
00:56:44si on devait faire ou pas un gouvernement de coalition,
00:56:46je ne suis pas sûre que ce soit forcément la bonne chose à faire,
00:56:50mais il faut, et après, aujourd'hui, on voit bien que Bruno Retailleau
00:56:54a dit qu'il était prêt à continuer sa mission.
00:56:57En ce moment, il travaille sur un sujet qui est largement transpartisan,
00:57:03puisqu'il émane d'une commission, le narcotrafic,
00:57:07et là, je ne vois personne qui s'oppose à ce qu'on prenne enfin
00:57:10des mesures un peu répressives pour lutter contre ce fléau.
00:57:14– Donc vous, vous êtes plutôt conciliante avec la ligne Bayrou,
00:57:17mais on sait que dans votre groupe LR, il y en a d'autres qui, aujourd'hui,
00:57:21sont peut-être moins contents de cette nomination, vous nous le dites.
00:57:23– Disons que moi, j'ai pris ma carte dans un parti politique
00:57:27à l'époque où l'UDF n'existait plus,
00:57:29mais naturellement, au sein de la famille UMP,
00:57:31moi, j'appartenais plutôt à ce courant de l'UDF.
00:57:35Donc, je suis effectivement certainement plus proche de la politique
00:57:40telle que François Bayrou a pu la définir par le passé
00:57:42que certains de mes collègues qui viendraient du RPR ou autres,
00:57:47mais après, je sais qu'on va, enfin, je ne suis pas d'accord
00:57:49avec toutes les propositions qu'il a pu faire dans le passé.
00:57:55Et après, voilà, aujourd'hui, ce qui est certain,
00:57:56c'est que demain, on ne pourra ni mettre en place une politique 100% libérale,
00:58:01ni mettre en place une politique qui repose par uniquement
00:58:05des hausses de fiscalité pour financer encore plus de dépenses.
00:58:09Donc, on voit bien que ni le programme du Nouveau Front Populaire,
00:58:12ni un programme à la Milley, pour ne pas le citer,
00:58:15peuvent trouver sa place parce que sinon,
00:58:17automatiquement, le gouvernement sera censuré.
00:58:21– Et une dernière question très rapide,
00:58:22quelle doit être la prochaine étape pour François Bayrou ?
00:58:26Qu'est-ce qu'il doit faire, très concrètement ?
00:58:27Il doit faire rassembler tout le monde autour de la table à Matignon,
00:58:31qu'est-ce que vous lui demandez, qu'est-ce que vous lui conseillerez ?
00:58:34– Je pense qu'aujourd'hui, vraiment,
00:58:36là, on va voter la loi spéciale la semaine prochaine,
00:58:38alors il va peut-être y avoir des soubresauts entre certains
00:58:41qui veulent faire fi de l'avis du Conseil d'État et aller déposer…
00:58:45– Avec d'ailleurs un gouvernement démissionnaire
00:58:46et un Premier ministre nommé, ça va être particulier comme moment.
00:58:49– Après, le Premier ministre peut toujours porter le texte,
00:58:52j'ai compris qu'il souhaitait que Laurent Saint-Martin reste,
00:58:55alors après, est-ce que Laurent Saint-Martin peut rester
00:58:57dans le même poste ministériel ou autre ?
00:58:59En tout cas, il a montré sa compétence dans les débats parlementaires,
00:59:03mais la vraie échéance, c'est de construire un budget,
00:59:06et effectivement, si jamais on veut y arriver,
00:59:09en tout cas, je pense qu'il va falloir écouter chacun des groupes politiques
00:59:14pour savoir les lignes rouges,
00:59:17et ensuite, voir ce qu'on peut glisser entre ces lignes rouges,
00:59:20et puis peut-être dire à certains que la ligne rouge,
00:59:22elle peut peut-être devenir orange,
00:59:24parce que sinon, on n'y arrivera pas.
00:59:25– Eh bien, merci, merci pour cette réaction en direct
00:59:27du micro de Public Sénat, Oriane Stavoux.
00:59:29– Merci, merci Quentin pour toutes ces réactions,
00:59:32on sera dans quelques secondes avec Léon Desfontaines,
00:59:34le porte-parole du Parti Communiste,
00:59:35mais Tam, on vient d'entendre les réactions des Républicains,
00:59:38la réaction du Rassemblement National,
00:59:41juste avant, il y a des demandes de dialogue,
00:59:43c'est-à-dire que tout commence maintenant pour François Bayrou.
00:59:46– Oui, tout commence pour François Bayrou qui, on le comprend,
00:59:51les uns et les autres sont déjà en train de demander des gages,
00:59:56on voit qu'il y a aussi ceux qui, à l'inverse,
00:59:59disent à, par exemple, Marine Tondelier,
01:00:01qui a dit à François Bayrou, eh bien, si vous voulez compter sur nous,
01:00:05eh bien, on ne veut plus de Bruno Retailleau,
01:00:08alors qu'on avait entendu des partisans de François Bayrou
01:00:10dire plutôt, comme Hervé Marseille, dire,
01:00:12on a absolument besoin d'un Bruno Retailleau
01:00:14qui a beaucoup marqué le régalien et qui est la seule figure qui a émergé,
01:00:18on voit déjà, en fait, en gros, l'équation très compliquée
01:00:21face à laquelle se trouve François Bayrou,
01:00:25les négociations qui doivent commencer vont être extrêmement difficiles,
01:00:30et puis, il y a plusieurs questions que je me pose sur François Bayrou,
01:00:33c'est comment ce compagnon de route depuis 2017,
01:00:36qui a quand même soutenu la politique du gouvernement jusqu'ici,
01:00:40bon gré, mal gré, va-t-il réellement réussir à entièrement changer la méthode ?
01:00:45Parce que c'est quand même cela qu'appelle la situation politique,
01:00:49c'est quand même à cela qu'appelait déjà la dissolution
01:00:54et le scrutin de l'été dernier,
01:00:57et là-dessus, honnêtement, on n'a pas encore réellement la solution.
01:01:01Par rapport au Rassemblement national,
01:01:03on a entendu le Rassemblement national dire,
01:01:06oui, pas de censure a priori, bien sûr,
01:01:08rappelons que c'est exactement ce qu'ils avaient dit pour Michel Barnier,
01:01:11on avait dit que Michel Barnier n'avait été nommé là
01:01:14que parce qu'il n'y avait pas de censure a priori du Rassemblement national,
01:01:17c'était sur ce motif que Xavier Bertrand, à l'époque,
01:01:20avait été écarté sur ce poste,
01:01:24et Michel Barnier, sur la dernière séquence budgétaire,
01:01:28n'avait cessé de donner des gages au Rassemblement national
01:01:30sur le prix d'électricité, sur le déremboursement des médicaments,
01:01:33et on sait que le Rassemblement national demandait encore
01:01:36la désindexation des retraites,
01:01:39donc revenir sur la désindexation partielle des retraites.
01:01:42Donc ce que l'on voit, c'est qu'en fait, il n'y a pas que le fond,
01:01:45il y a vraiment la politique, comment on va réussir à parler.
01:01:48Le Rassemblement national, certainement, ne s'est pas senti suffisamment traité,
01:01:51mais ce n'est pas seulement les sujets de fond,
01:01:54donc il va falloir réussir réellement à parler à tout le monde.
01:01:56Et juste, je vous donne la parole, Émilie,
01:01:58mais la passation de pouvoir, on le précise,
01:02:00puisqu'on vient de l'apprendre, la passation de pouvoir
01:02:02entre Michel Barnier et François Bayrou,
01:02:03elle aura donc lieu à 17h à Matignon.
01:02:06On parlait du Rassemblement national,
01:02:08alors on a Jordane Bardet à qui on va peut-être écouter.
01:02:11D'ailleurs, Jordane Bardet, avant de vous faire réagir,
01:02:14on écoute sa réaction à la nomination de François Bayrou.
01:02:17Nous avons été très clairs, il n'y aura pas de censure a priori.
01:02:22Notre censure a priori aura été engagée
01:02:25à l'encontre d'une personnalité issue de la gauche
01:02:28et issue de l'extrême gauche, et nous avions parfaitement indiqué
01:02:31que nous étions prêts à ne pas censurer a priori
01:02:33une personnalité ou un profil qui serait issue de la droite et du centre,
01:02:36si tant est qu'ils entendent le message des urnes
01:02:40et le message des électeurs.
01:02:42Je représente avec Marine Le Pen une formation politique
01:02:45qui a recueilli 11 millions de voix
01:02:46et qui a le premier groupe à l'Assemblée nationale.
01:02:48Et donc, nous nous souhaitons pouvoir faire connaître
01:02:51très rapidement à la fois nos lignes rouges
01:02:55et les inquiétudes qui sont celles des millions d'électeurs
01:02:57qui ont voté pour nous.
01:02:58On entend le président du Rassemblement national,
01:03:00pas de censure a priori,
01:03:01si tant est qu'il entende nos lignes rouges.
01:03:04Quand, dans la foulée, on a l'entourage d'Emmanuel Macron
01:03:06qui dit que François Bayrou ne doit pas dialoguer
01:03:08avec le Rassemblement national,
01:03:09est-ce qu'il ne lui complique pas d'entrer la tâche ?
01:03:11Oui, forcément. Après, c'est le discours.
01:03:13C'était déjà le discours du RN pour Michel Barnier.
01:03:16Donc, globalement, ça n'a pas changé.
01:03:18Et la fiabilité vis-à-vis du Rassemblement national,
01:03:20elle est toujours très, très faible.
01:03:23Ce qu'il y a, c'est que là, Emmanuel Macron a décidé
01:03:26de mettre le RN hors jeu pour ses négociations.
01:03:29Ça veut dire que François Bayrou ne peut compter que sur la gauche.
01:03:33Et c'est pour ça que le PS revient au devant de la scène
01:03:36et compte comme un poids d'arbitre
01:03:38que prenait auparavant le RN.
01:03:40Donc, il va falloir qu'il donne des signaux très forts.
01:03:43Stabilité, ça ne veut pas dire continuité, en fait.
01:03:46Il faut qu'il donne des concessions, cette fois-ci,
01:03:49davantage à la gauche, qui, en plus, par là-même,
01:03:52peuvent répondre à une partie des électeurs du RN
01:03:54qui sont sensibles à cette fibre sociale.
01:03:57Mais il faut absolument qu'il avance.
01:03:59La continuité, ça serait terrible.
01:04:02Michel Barnier, il a essayé de rompre ça
01:04:04avec une façon de dialoguer différente,
01:04:06une méthode un peu différente, qu'on a vue,
01:04:08qui a bien démarré, mais qui n'a pas été suffisante.
01:04:11Maintenant, au-delà du dialogue,
01:04:12il faut vraiment que François Bayrou arrive à rompre
01:04:15avec ce qui s'est passé auparavant
01:04:17et arrive à convaincre la gauche.
01:04:19Comme ça, le RN est hors jeu, même s'il censurait.
01:04:21Ça ne serait pas indispensable pour gagner la mise, quand même.
01:04:25C'est vraiment là qu'il est lié.
01:04:27Peut-être que François Bayrou, qui arrive maintenant au Graal,
01:04:30c'était un peu son souhait,
01:04:31on sait qu'il le souhaitait depuis longtemps, cette fonction.
01:04:35Est-ce qu'il va être suffisamment politique
01:04:38et suffisamment indépendant vis-à-vis d'Emmanuel Macron
01:04:41pour véritablement marquer cette rupture qui serait plus sociale ?
01:04:44Ça, c'est à savoir, mais là, il embarquerait la gauche.
01:04:47Reste la question, et vous l'avez dit, de Bruno Retailleau,
01:04:49des sujets d'immigration et de sécurité,
01:04:51parce qu'on sait que la gauche n'est pas très claire là-dessus,
01:04:53alors que c'est quelque chose qui est partagé
01:04:55par quasiment tous les Français et les Françaises,
01:04:56qu'il faut quand même agir là-dessus.
01:04:58Michel Barnier avait dit que ça serait plutôt une loi immigration
01:05:01pour transposer ce qui se passe en Europe,
01:05:03donc le pacte asile-immigration.
01:05:05Bruno Retailleau était très fort en déclaration,
01:05:08en promesses assez radicales, on ne sait pas ce qu'il aurait fait,
01:05:10puisqu'il n'a pas eu le temps de mettre en œuvre ce qu'il décidait,
01:05:14mais là, ça va être un gros souci,
01:05:15parce que ça peut décevoir tout le monde, en fait,
01:05:18et là, il va falloir voir s'il veut avancer là-dessus.
01:05:20Après, la solution, c'est peut-être de dire
01:05:22qu'il y a d'autres gentiers avant l'immigration qui sont nécessaires,
01:05:25il y a une loi qui a été votée il y a peu,
01:05:27sur le social, il y a de quoi faire.
01:05:28Oui, alors on dit la gauche,
01:05:30mais là, on le voit déjà dans les premières réactions,
01:05:32on a le Parti socialiste qui dit
01:05:34« nous, pour le moment, on ne parle pas de censure,
01:05:36on va aller dialoguer, on verra bien après »,
01:05:38on a Marine Tendelier qui dit « pas de censure,
01:05:40mais à condition qu'il y ait un changement de cap
01:05:42et qu'il n'y ait plus Bruno Retailleau »,
01:05:44et on a LFI qui dit « censure ».
01:05:46Bon, ce n'est pas la gauche qui doit convaincre, c'est les gauches.
01:05:48Oui, c'est les gauches.
01:05:49On peut imaginer que ce qu'on est en train de voir,
01:05:52c'est quand même 50 nuances de gauche
01:05:54qui vont finir par ne pas s'entendre,
01:05:56puisque, effectivement, ce n'est pas du tout les mêmes lignes
01:05:59de LFI jusqu'aux socialistes,
01:06:01en passant par les communistes et les écologistes.
01:06:04La question étant de savoir si les écologistes
01:06:07vont plutôt se ranger du côté de la France insoumise
01:06:09qui dit déjà « censure »,
01:06:11ou est-ce qu'ils vont un petit peu attendre pour voir
01:06:14et être un petit peu plus sur la ligne des socialistes
01:06:17qu'en tant que communistes.
01:06:19On a senti déjà qu'il y avait des possibilités d'ouverture.
01:06:22On a eu notamment les propos de Fabien Roussel.
01:06:24Après, il a parlé d'une espèce de gel,
01:06:26mais plus d'abrogation sur la réforme des retraites.
01:06:29Il était d'accord pour une grande conférence sociale.
01:06:32On sent quand même qu'il y a une partie de la gauche,
01:06:34et puis on le savait d'ailleurs,
01:06:36même au moment du vote de la motion de censure,
01:06:38elle n'était pas assumée de la même façon,
01:06:41de façon publique et de façon…
01:06:44Voilà, quand on allait discuter ensuite
01:06:47avec les différents parlementaires,
01:06:48on sait qu'au Sénat, par exemple,
01:06:50un certain nombre de socialistes étaient quand même assez gênés
01:06:54de la situation dans laquelle nous plonge cette motion de censure.
01:06:57Voilà, en disant que c'était quand même un parti responsable
01:07:02et qu'ils n'assumaient pas à 100%
01:07:04ce que l'on voit quand même qui est en train de se dessiner.
01:07:06Ce moment où on est obligé d'adopter un projet de loi
01:07:10qui ne va naître qu'un pisalet,
01:07:12et pendant ce temps-là, on voit la situation économique
01:07:14qui est de plus en plus compliquée,
01:07:16le déficit qui risque de s'aggraver.
01:07:18On voit les agriculteurs qui commencent
01:07:20à mûrer certaines permanences
01:07:22parce qu'ils attendaient des aides.
01:07:24Ils ne font qu'attendre le projet de loi d'orientation agricole
01:07:27de dissolution en motion de censure.
01:07:29Donc, on voit quand même que, globalement,
01:07:31la situation en France reste extrêmement tendue.
01:07:35Les Français sont quand même de plus en plus lassés.
01:07:37Moi, je pense que ça peut être comme ça aussi,
01:07:39le point fondamental qui fait que les politiques
01:07:42vont devoir changer de façon fermée.
01:07:43On va peut-être avoir les mêmes qui vont faire différemment
01:07:46parce que la situation en France n'est plus la même.
01:07:48On va voir les réactions, justement, puisqu'on parlait de la gauche.
01:07:50On va voir la réaction du Parti communiste.
01:07:52On est avec Léon Desfontaines. Bonjour.
01:07:53Merci beaucoup d'être avec nous, Léon Desfontaines,
01:07:56le porte-parole du Parti communiste.
01:07:59Léon Desfontaines, on a vu, il y a différentes réactions à gauche,
01:08:02différentes nuances de gauche.
01:08:04Comment réagit le Parti communiste
01:08:06à cette nomination de François Bayrou ?
01:08:09Tout d'abord, la nomination d'un Premier ministre macroniste,
01:08:12macroniste de la première heure, d'ailleurs, François Bayrou.
01:08:14Et je pense, une insulte à la démocratie,
01:08:17une insulte aux Français qui se sont quand même
01:08:19massivement exprimés lors des dernières élections législatives
01:08:22pour dire qu'ils voulaient un changement de politique
01:08:24et donc renommer une des personnalités politiques
01:08:28qui a l'origine de l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir
01:08:31et de la politique d'Emmanuel Macron.
01:08:33Et je pense, une insulte à la démocratie.
01:08:36Maintenant, il s'agit de traiter avec ce que nous avons.
01:08:40Si François Bayrou ne parle pas de la réforme des retraites,
01:08:44s'il refuse d'indexer les pensions de retraite
01:08:46et les salaires sur l'inflation,
01:08:48s'il refuse de mener un réel plan pour l'industrie,
01:08:51alors nous le disons, nous avons la censure à portée de main.
01:08:54Il n'y a pas de censure a priori.
01:08:56En revanche, nous attendons un réel changement de politique
01:08:59et donc nous jugerons sur pièce,
01:09:01notamment lors du discours de politique générale de M. Bayrou.
01:09:03Mais ça veut dire que vous, vous irez discuter avec François Bayrou ?
01:09:07C'est-à-dire qu'on va discuter comme on a discuté
01:09:09avec Emmanuel Macron jusqu'alors.
01:09:11Nous avons mis des lignes rouges.
01:09:13Nous les représenterons au nouveau Premier ministre.
01:09:16S'il refuse de les prendre en compte,
01:09:18alors il n'y aura pas d'autre choix que de censurer
01:09:20car les mêmes causes auront les mêmes effets.
01:09:23Tout simplement, si M. Bayrou s'inscrit dans la lignée de M. Barnier
01:09:27et des anciens Premiers ministres,
01:09:29alors tout simplement, il y aura une censure
01:09:31et nous ne permettrons pas de répondre à la crise politique que nous connaissons.
01:09:35Juste un mot quand même, parce que j'entends beaucoup de macronistes,
01:09:39la droite qui dit qu'il faut mettre de l'eau dans son vin,
01:09:41il faut faire des compromis, etc.
01:09:42Aujourd'hui, il y a deux seules forces politiques
01:09:44qui refusent de faire des compromis.
01:09:45On a compris la France insoumise qui est sur le programme,
01:09:47avec le programme tout programme,
01:09:49mais la réalité, c'est que le camp présidentiel d'Emmanuel Macron
01:09:51est également sur le programme, avec le programme tout programme.
01:09:54Et donc moi, ce que je demande et ce sur quoi je m'interroge,
01:09:56notamment quand Macroniste et à M. Bayrou,
01:09:58qui est maintenant le représentant,
01:10:00le représentant, enfin qui est le représentant,
01:10:03le Premier ministre de la France,
01:10:06est-ce qu'il sera prêt à faire des compromis,
01:10:08notamment avec la gauche,
01:10:09et notamment remettre en cause la réforme des retraites ?
01:10:11Qu'est-ce qu'il va dire sur la réforme des retraites ?
01:10:13S'il n'y touche pas, nous, c'est sûr, ça sera censure automatique.
01:10:16Juste un mot, parce que là, on entend que vous demandez
01:10:18à François Bayrou des concessions sur le fond.
01:10:21Est-ce que vous demandez aussi des concessions sur le casting ?
01:10:24Est-ce que vous dites, comme le disent les écologistes,
01:10:26si Bruno Rotaïo reste à l'intérieur, on censura ?
01:10:30Non, moi, encore une fois, je juge sur pièce et sur la politique
01:10:34que le gouvernement va mettre en œuvre.
01:10:35Bien évidemment, s'il y a des ministres du Rassemblement national,
01:10:38mais je pense que ça ne sera pas le cas avec M. Bayrou,
01:10:40nous censurons, il est hors de question
01:10:42de travailler avec l'extrême droite.
01:10:44En revanche, nous jugerons maintenant sur la politique
01:10:46qu'il souhaite mettre en œuvre.
01:10:48Et c'est cela qui nous guidera à la censure.
01:10:50Non, je pense qu'il faut sortir au maximum des débats sur le casting
01:10:53pour en arriver sur le projet politique.
01:10:55Finalement, c'est d'ailleurs, je pense,
01:10:57les attentes qu'ont les Françaises et les Français.
01:11:00Ils veulent un gouvernement qui puisse enfin répondre à leurs attentes.
01:11:03Leurs attentes, elles sont multiples.
01:11:04Bien sûr, la question du pouvoir d'achat, la question de la retraite
01:11:07et la question qui est en train de monter puissance vitesse grand V
01:11:11avec la question des délocalisations,
01:11:13des plans sociaux qui se démultiplient.
01:11:15Et on aura besoin d'un gouvernement qui puisse agir en la matière.
01:11:18Et d'ailleurs, encore une fois,
01:11:19M. Bayrou, il était haut-commissaire au plan.
01:11:23Il devait notamment travailler à la réindustrialisation de la France.
01:11:26Son bilan est globalement négatif.
01:11:28Donc, visiblement, en tant qu'haut-commissaire au plan,
01:11:30le seul plan pour lequel M. Bayrou a œuvré,
01:11:32c'est visiblement sa carrière personnelle.
01:11:35Et j'espère que ce ne sera pas le cas lorsqu'il arrivera à Matignon
01:11:38et qu'il puisse enfin s'atteler au sujet qui préoccupe les Français.
01:11:42Un dernier mot, Léon Desfontaines, comment vous réagissez au fait
01:11:44que selon l'entourage d'Emmanuel Macron,
01:11:45il est demandé à François Bayrou de dialoguer avec tous les partis,
01:11:48sauf l'URN et sauf la France insoumise ?
01:11:52Je pense que la réalité, c'est que nous sommes dans un cas de figure
01:11:55où il faudra discuter avec l'ensemble des forces politiques.
01:11:59Et il faudra notamment discuter avec, je pense, la France insoumise
01:12:03et regarder quelles sont leurs lignes rouges
01:12:04et voir si on peut trouver des consensus.
01:12:07Si demain, M. Bayrou remet en cause la réforme des retraites,
01:12:12s'il propose de la suspense,
01:12:13s'il propose d'organiser une conférence sociale,
01:12:15il faudra débattre avec l'ensemble des parlementaires.
01:12:18Ce qu'on dit surtout, c'est qu'il faut un changement de méthode.
01:12:20Et ce changement de méthode passe par une consultation,
01:12:23par une remise au centre du débat politique
01:12:26et des projets de loi de la place du gouvernement.
01:12:30Partis politiques, y compris l'URN ?
01:12:31Il faut renouer le dialogue avec l'URN ?
01:12:34Qui est le premier groupe parlementaire à l'Assemblée ?
01:12:39Je ne crois pas que M. Barnier ait rompu le dialogue
01:12:40avec le Rassemblement national.
01:12:41D'ailleurs, on le déplore.
01:12:43Et aujourd'hui, si justement le président de la République
01:12:45ne veut pas mettre le gouvernement dans les mains du RN,
01:12:48il faudra qu'il se tourne vers la gauche de l'hémicycle.
01:12:51C'est indéniable.
01:12:52Je crains que, malheureusement, ça ne soit pas le cas avec M. Bayrou.
01:12:55Merci, Léon Desfontaines.
01:12:56Merci beaucoup d'avoir été avec nous,
01:12:57porte-parole du Parti communiste, Émilie.
01:12:59On sent beaucoup de modération dans ce qui est dit,
01:13:02pour le moment, à gauche, même s'il y a des critiques,
01:13:04mais on sent quand même des possibilités,
01:13:07j'allais dire, de dessiner des lignes,
01:13:09si vraiment il y a une inflexion,
01:13:10il y a une possibilité pour François Bayrou de s'émanciper,
01:13:13en gros, de la ligne de Macron depuis 2017.
01:13:16Mais il y a juste un point qui est embêtant,
01:13:18parce qu'on sent que ce n'est pas loin.
01:13:21Parce que je pensais, par rapport à ce que disait Léon Desfontaines,
01:13:24il y a aussi des caractéristiques de François Bayrou
01:13:26sur la décentralisation, sur l'agriculture évidemment,
01:13:29fils d'exploitant agricole et lui-même,
01:13:32sur les territoires.
01:13:33Il y a un autre son de cloche, quand même,
01:13:35qui peut aussi s'accorder avec les violons du Parti communiste
01:13:38ou d'autres partis de gauche.
01:13:39Mais le problème, c'est que le budget va brouiller toutes les pistes.
01:13:43C'est ça qui est embêtant.
01:13:44C'est que, quel que soit le discours de politique générale
01:13:46et les belles envolées qu'il va nous faire,
01:13:49il va falloir décider très rapidement,
01:13:50et ça, ça risque de bloquer les discussions
01:13:54et d'empêcher cette espèce de ligne qu'on pourrait imaginer,
01:13:58qui puisse être dessinée.
01:13:59La dernière minute.
01:14:00Sachant que François Bayrou, certes,
01:14:03le modem avait porté des amendements,
01:14:05avait pu voter avec la gauche des choses,
01:14:07sur la taxation des super-profits,
01:14:10sur les super-riches, etc.
01:14:14Mais François Bayrou, c'est aussi le premier homme
01:14:17qui a versé sur la dette.
01:14:19Donc, qui va-t-il être ?
01:14:21Va-t-il être plutôt du côté de ces rangs
01:14:23qui ont pu parler à la gauche
01:14:25ou du côté de ceux qui vont être sur une politique
01:14:28que, certainement, la gauche va taxer d'austéritaire ?
01:14:31Telle est la question et tel est, peut-être, déjà,
01:14:34le moment où on pourrait s'arrêter
01:14:36ce très court mandat de Premier ministre.
01:14:39Bon, il a à peine commencé, on ne va pas déjà prévoir sa fin.
01:14:42On va laisser un petit peu de suspense pour cette fin d'année.
01:14:46Ça sera pour le début de l'année prochaine.
01:14:48Merci beaucoup. Merci, Sam, merci, Milly.
01:14:50Merci d'avoir été avec nous.
01:14:52C'est donc François Bayrou qui a été choisi par Emmanuel Macron
01:14:55pour succéder à Michel Barnier à Matignon,
01:14:57la passation de pouvoir.
01:14:58Elle aura lieu à 17h.
01:15:00Merci à tous de nous avoir suivis.
01:15:01Merci à toutes les équipes qui ont permis cette édition spéciale.
01:15:04Très bonne journée sur les chaînes parlementaires.