Morgane Rivoal était portée disparue depuis le 25 novembre et avait été vue pour la dernière fois à Pabu, la commune des Côtes-d'Armor où elle réside avec ses parents. Elle a été retrouvée ce mardi 10 décembre à Coutances, dans la Manche. Le procureur de Saint-Brieuc s’est exprimé afin d’apporter les derniers éléments sur la disparition de l’adolescente.
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00:00Aujourd'hui encore, je veux réellement respecter, et voir être respecté, l'intimité de Morgane Rivoal et de sa famille, qui doivent pouvoir retrouver, progressivement, un peu de sérénité.
00:15Ce point presse que nous souhaitons complet ne sera pas suivi de question, notamment pour cette raison.
00:23Comme vous le savez, Morgane Rivoal, âgée de 13 ans, a quitté son domicile familial de Pabu, lundi 25 novembre 2024, peu après 7 heures du matin.
00:33Une enquête pour disparition inquiétante, engageant des moyens exceptionnels de la Gendarmerie nationale, a été immédiatement engagée sous la direction de mon parquet.
00:44Une semaine après la disparition, lundi 2 décembre 2024, je saisissais le juge d'instruction pour recherche des causes de la disparition de cette mineure.
00:54Ce magistrat confiait les investigations au directeur général de la Gendarmerie nationale, afin de permettre de mobiliser toutes les unités du pays.
01:05La direction de l'enquête était alors assurée par la section de recherche de Rennes, dont le chef, le colonel Martin, est à ma droite.
01:14D'un temps, ce recherche se poursuivait par les militaires de la Gendarmerie, toujours au sein de notre département, le commandant de groupement des Côtes d'Armor, le colonel Privat, étant à ma gauche.
01:26Avant-hier, lundi 9 décembre 2024, une femme âgée de 37 ans, demorant la commune de Val-de-Livène, en Gironde, se présentait à la Gendarmerie de Montandre, en Charente-Maritime,
01:38pour expliquer qu'un jeune individu s'était présenté à son domicile dans la nuit du 7 au 8 décembre 2024, aux alentours de 2h30 du matin.
01:48Cet homme se tenait à l'extérieur du véhicule et une jeune fille se trouvait dans l'habitacle, éclairée par le plafonnier, à l'avant côté passager.
01:57Le jeune homme demandait à parler à son fils âgé de 16 ans, qui dormait.
02:02Sa mère refusait, sachant que le jeune homme semblait souhaiter laisser la jeune fille et repartir seul.
02:09Questionnant ensuite son fils, ce dernier indiquait à sa mère que cet individu était, en effet, une connaissance de Morgane Rivoal et de lui-même.
02:17Recherchant la fiche de disparition, sa mère réalisait que la jeune fille dans la voiture correspondait à Morgane Rivoal.
02:25Elle venait naturellement, mais aussi heureusement, le signaler à la gendarmerie.
02:31En recoupant les informations liées aux réseaux sociaux et au contenu du téléphone du fils de la personne signalante,
02:38les enquêteurs de la section de recherche de Rennes identifiaient cet individu comme étant un homme âgé de 21 ans et demeurant en Ile-et-Vilaine.
02:47S'agissant de cet individu, l'étude de la facture détaillée de sa dernière ligne téléphonique
02:52permettait de faire ressortir des déclenchements dans le département de la Gironde, dans la nuit du 7 au 8 décembre 2024,
03:00et un déclenchement à Pabu, le 25 novembre 2024, à 6h48, c'est-à-dire commune de la disparition et très peu de temps avant celle-ci.
03:12L'individu était localisé à Coutances, dans la Manche, plus exactement au foyer des jeunes travailleurs,
03:18ainsi que son véhicule de marque Citroën type C1, bleu foncé, correspondant aux descriptions de la personne signalante.
03:26Le magistrat instructeur informait hier matin le parquet de ces faits nouveaux.
03:32Par réquisitoire introductif, je l'ai donc immédiatement saisi de l'infraction criminelle d'enlèvement séquestration
03:38non suivie de libération volontaire avant le 7e jour sur mineurs de moins de 15 ans.
03:44Les gendarmes se rendaient dans la chambre occupée par le jeune homme pour y découvrir Morgan Rivoal, saine et sauve.
03:54L'individu recherché était interpellé sur son lieu de travail aussitôt après, sans difficulté, et placé en garde à vue hier à 10h25.
04:04Les gendarmes se rendaient ensuite avec la victime au sein de l'unité d'accueil pédiatrique mineurs en danger de l'hôpital de Saint-Brieux.
04:14Ils constataient que la porte était fermée à clé, et bien que la chambre soit au rez-de-chaussée,
04:18l'adolescente ne pouvait la quitter par la fenêtre en réseau d'un dévers important.
04:24La victime était examinée par un médecin de l'Institut médico-légal de Rennes.
04:29Un examen cutané ne laissait apparaître aucune lésion, tout comme l'examen gynécologique.
04:36Aucune blessure n'était donc matérialisée sur elle.
04:39Des prélèvements ont été réalisés et seront exploités pour déterminer s'il y a eu ou non des relations intimes récentes.
04:47Entendue par deux enquêteurs spécialisés, elle expliquait utiliser beaucoup les réseaux sociaux et converser sur des groupes Snapchat avec des personnes majeures.
04:56Il lui arrivait d'accepter des invitations sans connaître les personnes.
05:01Elle a développé un réseau important sur les réseaux sociaux.
05:06Cette utilisation est d'ailleurs source de fréquentes disputes avec ses parents.
05:12La semaine précédant l'effet, Morgane explique s'être fortement disputée avec des amis du collège.
05:19Elle confirmait qu'une importante altercation avait éclaté avec ses parents qui lui reprochaient son usage excessif des réseaux sociaux et la diffusion de photos de nature à nuire à son image.
05:30Son père cassait volontairement de colère son téléphone portable en le jetant plusieurs fois contre le mur.
05:38Elle prenait alors la décision de partir.
05:42Elle supprimait tous ses comptes sur les réseaux sociaux le dimanche 24 novembre.
05:47À ce stade de l'enquête, je ne souhaite pas entrer dans le détail de ses déclarations concernant son arrivée au foyer des jeunes travailleurs de Coutances, dans la chambre de l'individu qui est actuellement en garde à vue.
05:58Elle va cependant indiquer qu'elle ne pouvait pas en sortir depuis 15 jours.
06:03Les volets restaient fermés pour ne pas qu'elle soit vue.
06:06Il lui avait laissé son lit et indique qu'ils n'ont pas eu de relations intimes.
06:10Elle avait accès à l'ordinateur du garçon lui permettant de se connecter sur Internet.
06:16Morgane aura vocation à être entendue à nouveau de façon complète et détaillée.
06:21Mais elle a tout de même indiqué s'être disputée avec la personne interpellée qui lui aurait porté des coups sur la tête quand elle lui avait reproché de ne pas s'occuper d'elle et quand elle lui avait dit qu'elle avait faim.
06:33La personne gardée à vue a été entendue déjà trois reprises dans le cadre de sa garde à vue prolongée ce matin et actuellement toujours en cours dans notre département.
06:43Son casier judiciaire ne porte trace que d'une condamnation pour un excès de vitesse commis en 2022.
06:50Il devait comparaître ce matin devant le tribunal correctionnel de Beauvais du chef de soustraction de mineurs
06:57s'agissant de faits commis le 8 avril 2024 au préjudice d'une mineure victime de l'Oise âgée de 14 ans à l'époque des faits.
07:05Le tribunal correctionnel de Beauvais n'a pas jugé ce dossier en l'absence du prévenu qui sera à nouveau convoqué devant cette juridiction.
07:13Contrairement à ce qui a pu être indiqué, il n'est pas inscrit au fichier des auteurs d'infractions sexuelles le Figeis.
07:22Lors de sa première audition, il était notamment entendu sur sa personnalité.
07:28Il expliquait être originaire d'Île-et-Vilaine et décrivait un parcours personnel et scolaire complexe,
07:34ayant été lui-même victime de faits qu'il qualifiait de harcèlement.
07:38Il expliquait avoir fait plusieurs tentatives de suicide et avoir été hospitalisé en soins psychiatriques pour cette raison.
07:44Après plusieurs expériences professionnelles encore assez courtes, il travaillait dans une bijouterie de coûtence depuis un mois
07:51et était logé dans le foyer des jeunes travailleurs de la ville.
07:54Il se disait utilisateur des réseaux sociaux et avoir, je cite,
07:58« une vie sociale virtuelle composée de nombreux faux amis », je cite encore.
08:04Il avait lui-même pu souffrir de voir diffuser des photos de lui qui atteignaient son image.
08:10C'est à l'occasion de l'utilisation de ces réseaux, « reality » dans le cas d'espèce,
08:15qu'il avait fait la connaissance d'une mineure de 14 ans qui lui avait demandé de venir la chercher au collège car elle ne se sentait pas bien.
08:22Il était interpellé dans sa compagnie le 8 avril 2024 et était poursuivi, comme je l'indiquais,
08:27pour soustraction de mineure devant le tribunal correctionnel de Beauvais.
08:33Il rencontrait Morgane Rivoal il y a trois mois sur Snapchat dans un groupe nommé « Groupe en or »
08:40composé de majeurs et de mineurs, sachant que Morgane se présentait comme une jeune fille de 14 ans.
08:45Au cours de ses échanges, Morgane avait pu dire qu'elle avait été victime de harcèlement
08:50en faisant part de propos suicidaires et de photos de scarification.
08:54Il indiquait que Morgane la contactait dimanche 24 novembre pour lui dire qu'elle n'allait pas bien.
09:00Elle faisait part de l'altercation avec ses parents et lui demandait de venir la chercher le lendemain.
09:06Elle faisait part d'intentions suicidaires.
09:09Il partait à 5h du matin de chez sa mère pour arriver à Pabu peu après 7h à l'adresse qu'elle lui aurait donnée.
09:22Ils ne s'étaient donc jamais physiquement rencontrés auparavant.
09:26Pensant mutuellement se reconnaître, elle montait dans sa voiture dont elle connaissait le modèle
09:31et elle lui demandait, selon lui toujours, de partir.
09:35Elle lui montrait un sac contenant des vêtements et lui faisait part de sa volonté de rester avec lui.
09:41Stressé par les situations, il décidait de rouler jusqu'à Coutence
09:45et la conduisait dans sa chambre du foyer des jeunes travailleurs, passant a priori par une issue de secours.
09:51Il mettait son ordinateur connecté à sa disposition.
09:56Lors de sa garde à vue, il a affirmé à plusieurs reprises avoir proposé à Morgane de la raccompagner chez elle.
10:03Il disait, toujours selon ses déclarations, ne pas la retenir.
10:07Elle aurait refusé, disant se sentir, je cite, « bien chez lui ».
10:11S'il fermait la porte avec son unique jeu de clé en partant travailler, cette porte pouvait s'ouvrir de l'intérieur.
10:19Il affirmait lui avoir montré comment faire.
10:22Les vérifications faites sur ces portes ce matin permettent de confirmer qu'elles peuvent effectivement s'ouvrir de l'intérieur,
10:29un peu à l'image d'une porte de chambre d'hôtel.
10:33Morgane, je le rappelle, a elle indiqué qu'elle ne pouvait pas, et ne savait pas, déverrouiller la dite porte.
10:40Lors du week-end du 1er au 2 décembre, il rentrait chez sa mère en Ile-et-Vilaine, s'assurant qu'elle avait de quoi se nourrir.
10:47Il expliquait aux enquêteurs ne plus s'être du tout senti en sécurité dans sa compagnie
10:52et, continuellement stressé et angoissé, se reprochait de l'avoir amené chez lui,
10:58tout en estimant qu'il était en faute, pour le citer, et qu'il aurait pu dire non, toujours pour le citer.
11:04Il reconnaissait sa différence d'âge et de corpulence avec Morgane, qui n'avait pas d'argent sur elle, je le rappelle.
11:12Il expliquait aussi qu'il était conscient d'avoir commis des faits de même nature et craindre, disait-il, une nouvelle mesure de garde à vue.
11:20Dans le courant de la semaine dernière, il recevait un message d'un ami commun du groupe précité, donc un ami virtuel, et qui vivait près de Bordeaux.
11:29Il expliquait avoir convenu avec lui de lui conduire Morgane, cette amie lui donnant son adresse.
11:35D'un commun accord avec Morgane, après être sorti discrètement du foyer,
11:40il faisait la route samedi 7 décembre pour arriver chez la mère de cette amie,
11:44qui leur demandait de rebrousser chemin, vu l'heure très tardive de leur arrivée.
11:48Morgane et lui revenaient donc à Coutances dimanche matin.
11:52Ils conduisaient Morgane à sa chambre du foyer pour repartir seule chez sa mère.
11:58La personne gardée à vue a toujours nié avoir eu des relations sexuelles ou intimes avec Morgane, qui, je le rappelle, dit la même chose.
12:07Il indique aussi n'avoir jamais échangé avec elle de photos dénudées de l'un ou de l'autre.
12:15Selon toute vraisemblance, le magistrat instructeur sollicitera la présentation devant elle demain matin de la personne gardée à vue.
12:23Je demanderai alors son placement en détention provisoire par le juge des libertés de la détention,
12:29afin notamment qu'il ne tente de se soustraire à l'action de la justice, qu'il ne fasse pas pression sur la victime, plus jeune que lui, je le rappelle,
12:37ou les témoins de cette enquête, et aussi pour prévenir le risque de réitération de sa part.
12:42Bien que présumé innocent, son implication dans des faits dans un mode opératoire très proche, au printemps dernier, peut en effet inquiéter quant à ce risque de réitération.
12:53Vous serez naturellement informé demain de l'issue de ces débats.
12:58Morgane Rivoal est actuellement hospitalisée. Elle est en sécurité.
13:03J'ai saisi ce matin la cellule de recueil des informations préoccupantes, la CRIP, de la direction enfants et familles du département,
13:11pour réaliser en urgence une évaluation sociale de la situation et permettre à la justice de prendre à l'issue les mesures de protection utiles.
13:22Je tiens ce soir aussi à réellement saluer la mobilisation des gendarmes de notre département, mais également de la section de recherche de Rennes,
13:32sans oublier les unités spécialisées de recherche criminelle et celles qui ont pu parfois lever des doutes,
13:38mais aussi permettre lundi dernier la localisation de Morgane et de la personne qui était avec elle.
13:45L'enquête va se poursuivre sous l'autorité du magistrat instructeur pour permettre la manifestation de la vérité,
13:51c'est-à-dire connaître le déroulement exact des faits et déterminer si Morgane était retenue ou non contre sa volonté.
14:00Cette information judiciaire permettra de préciser les responsabilités pénales de celui ou de ceux qui devront en répondre devant la juridiction de jugement.
14:10Je donne à présent la parole au colonel Privat, commandant le groupement de gendarmerie des Côtes d'Armor, et je vous remercie de votre attention.