Parlement Hebdo c'est le meilleur de la semaine parlementaire. Cette semaine, Kathia Gilder (LCP) et Alexandre Poussart (Public Sénat) reçoivent Marianne Maximi, députée La France Insoumise du Puy-de-Dôme et Emmanuel Capus, sénateur Les Indépendants de Maine-et-Loire. Au programme : les négociations sur le budget pour 2025 et la pression mise par le RN sur Michel Barnier, ainsi que la proposition de loi LFI pour abroger les retraites, qui n’a pas été adoptée à l’Assemblée nationale. Le Rassemblement national menace Michel Barnier de censure, pour obtenir les mesures qu’il demande dans le budget pour 2025. Lignes rouges auxquelles le Premier ministre commence à répondre. Le 28 novembre, l’Assemblée nationale n’a pas eu le temps d’adopter la proposition de loi de la France insoumise pour abroger la réforme des retraites. Les députés de gauche dénoncent une obstruction de la part des députés du socle commun, qui ont déposé de nombreux amendements. La séance s’est terminée sur une altercation entre un député Modem et un député insoumis. Année de Production :
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00:00♫ Générique de fin ♫
00:09Bonjour à tous, très heureux de vous retrouver pour ce nouveau numéro de Parlement Hebdo,
00:13l'émission qui vous fait vivre les temps forts de la semaine au Parlement.
00:16Et comme chaque semaine, on vous propose un débat entre un député et un sénateur.
00:19Aujourd'hui, Marianne Maximi, bonjour.
00:21Bonjour.
00:22Vous êtes députée de la France Insoumise du Puy-de-Dôme et face à vous, Emmanuel Capu, bonjour.
00:26Bonjour.
00:27Les indépendants du Maine-et-Loire et membres d'Horizon, le parti d'Edouard Philippe.
00:30Et vous débattrez du budget 2025 examiné en ce moment au Sénat.
00:34Les sénateurs ont d'ailleurs rejeté la hausse de la taxe sur l'électricité,
00:37une mesure finalement abandonnée par le Premier ministre Michel Barnier
00:42sous la pression du Rassemblement National qui menace de le censurer.
00:46La réforme des retraites ne sera pas abrogée.
00:48La proposition de loi de la France Insoumise soutenue par le Rassemblement National
00:52n'a pas pu être examinée jusqu'au bout.
00:54Les députés du Socle commun ont déposé des centaines d'amendements
00:56pour empêcher le vote final.
00:58Le débat a été très tendu et une altercation physique a eu lieu
01:02entre un député du Modem et un député insoumis.
01:06Mais d'abord, le budget avec les sénateurs qui rejettent la hausse de la taxe sur l'électricité.
01:11Marion Delpech avec Tam Tranuy.
01:17Le Sénat imprime sa marque sur le budget.
01:20Principale modification, la suppression de la hausse de la taxe sur l'électricité
01:25souhaitée par la Chambre haute et plébiscitée par le Rassemblement National.
01:28Avec cette mesure, le gouvernement prévoyait une recette de 3,4 milliards d'euros
01:33pour compenser la majorité sénatoriale de mettre en place plusieurs mesures d'économie
01:38et une hausse des taxes sur le gaz qui rapporterait 950 millions d'euros aux caisses de l'État.
01:43On propose de l'ordre de 60 euros de plus sur une facture de gaz,
01:48le même ménage sur l'électricité avec ce que vous leur prenez sous réptissement,
01:54c'est entre 2 et 300 euros.
01:56Écoutez, je crois que devant les Français, il n'y a pas photo.
01:59Menacé de censure par le Rassemblement National,
02:02Michel Barnier a finalement renoncé jeudi à cette hausse.
02:05Contre l'avis du gouvernement, la Chambre haute a voté d'une courte majorité
02:09un amendement du groupe communiste.
02:10Celui-ci renforce l'exit tax, un dispositif pour freiner l'exil fiscal.
02:16100 000 emplois menacés, dont la moitié dans l'industrie, c'est de ça qu'on parle.
02:21Je ne rappelle pas le petit boulanger de ceux qui touchent beaucoup d'argent,
02:25versent des dividendes et organisent la fraude fiscale.
02:29Après le scandale sur les pratiques des industriels,
02:31le Sénat a voté la TVA sur l'eau en bouteille.
02:34Cet amendement en augmentant la TVA sur les bouteilles en plastique à 20%
02:38vise à encourager les consommateurs à privilégier l'eau du robinet
02:43et une solution à la fois économique et écologique.
02:46Actuellement fixée à 5,5%, elle passerait à 20%
02:50et pourrait rapporter entre 150 et 300 millions d'euros par an.
02:54Les discussions doivent se poursuivre au Sénat la semaine prochaine
02:57sur le volet dépenses du budget 2025.
03:00Emmanuel Caput, on va commencer par un débat de cette hausse de la taxe sur l'électricité.
03:04Finalement, Michel Barnier, le Premier ministre,
03:05sous la pression du Rassemblement national qui menace de le censurer,
03:08a renoncé à cette hausse de taxes sur l'électricité.
03:12Est-ce qu'il a eu raison de le faire,
03:13même si cela coûte plus de 3 milliards d'euros aux finances publiques dans ce budget ?
03:17Moi, je suis très satisfait parce que c'est une proposition du Sénat.
03:21Je ne sais pas la même lecture que vous.
03:24En tous les cas, côté du Sénat, vu que c'était ce qu'on avait voté.
03:26C'est une proposition de la Commission des finances et de Jean-François Husson.
03:29On l'a adoptée en Commission des finances.
03:31On l'a votée en séance et moi, ça me va très bien.
03:34Pourquoi ?
03:35Parce que depuis le début, ce qu'on dit, nous,
03:37c'est qu'il faut que l'effort porte davantage sur la dépense publique
03:41que sur les impôts et sur les taxes.
03:43Donc là, on baisse, on augmente moins les impôts.
03:46On n'augmente pas les impôts et le prix de la taxe sur l'électricité.
03:50Donc moi, ça me va très bien.
03:51Si en plus, ça satisfait Marine Le Pen, c'est tant mieux.
03:53Mais à la base, ça vient du Sénat.
03:55Alors, cette hausse, cet abandon de la hausse de taxes sur l'électricité,
04:00c'était aussi une demande de votre groupe.
04:01Mais est-ce que Michel Barnier a cédé au Rassemblement national ou à la gauche ?
04:07Alors, c'est aussi une mesure qui a été refusée à l'Assemblée nationale,
04:10que ce soit en commission des finances ou en séance.
04:12Moi, je pense qu'il faut être très prudent avec les annonces de Michel Barnier
04:15parce que je pense qu'il y a une opération de communication.
04:17Et je renvoie d'ailleurs à un article des Échos de vendredi matin
04:20qui démontre en fait qu'il n'y a pas réellement de baisse du tarif d'électricité.
04:23Au contraire, en fait, c'est une façon de communiquer
04:26qui est assez mensongère du côté du gouvernement.
04:29Et en fait, dans l'article des Échos, il démontre que les ménages en moyenne
04:33vont avoir une augmentation de 75 euros par an de leur facture d'électricité.
04:36Donc, je pense qu'il va falloir un peu regarder entre les lignes
04:39par rapport à la communication qui est faite
04:41et qu'en fait, il n'y a pas du tout de renoncement du côté du gouvernement.
04:44Et sur votre question vis-à-vis du Rassemblement national,
04:46nous voyons aujourd'hui que le gouvernement a fait un choix,
04:49celui de plaire au Rassemblement national.
04:51Ce n'est pas nouveau, mais là, dans le budget, c'est très clair,
04:54notamment avec des annonces sur l'AME pour contenter les xénophobes du pays,
04:57ce qui est extrêmement grave.
04:58Justement, le Premier ministre a aussi cédé sur cette question de l'AME,
05:02l'Aide médicale d'État, et il a dit vouloir baisser sensiblement
05:05les crédits des soins médicaux des étrangers en situation irrégulière.
05:10C'est problématique sur le plan politique, sur le plan des valeurs,
05:12cette baisse des crédits de l'Aide médicale d'État annoncée par Michel Barnier ?
05:16– Je crois qu'il ne faut pas faire de démagogie sur ce sujet-là,
05:18et il y a beaucoup de faux débats.
05:21Personne ne va laisser mourir les gens dans les hôpitaux.
05:25Je ne connais aucun médecin qui laissera mourir quelqu'un
05:27et tout le monde sera toujours soigné dans ce pays.
05:30Donc nous, moi, j'étais favorable au maintien de l'AME
05:34et j'ai toujours défendu l'AME. Pourquoi ?
05:37Parce que, de toute façon, quoi qu'il arrive,
05:39les malades sont soignés dans les hôpitaux, donc il faut un budget.
05:42Donc soit on a un budget qui le prévoit, une ligne budgétaire qui le prévoit,
05:47soit c'est les hôpitaux qui prennent sur leur budget à eux.
05:50– Donc qu'est-ce que ça vous inspire ce renoncement de Michel Barnier ?
05:52– En revanche, très clairement, il y a une demande assez forte,
05:56notamment du rapport qui avait été fait par Évin et Stéphanini
06:01sur le fait qu'il faut éviter les abus,
06:03il faut éviter qu'il y ait un panier de soins qui soit trop important,
06:07il faut éviter qu'il y ait des détournements du système,
06:13de la générosité des Français,
06:15et donc il faut avoir un panier de soins restreint
06:17qui permet l'aide d'urgence, l'aide médicale en cas de danger
06:21et qui permet de protéger aussi la population française.
06:25Parce que si on ne soigne pas les étrangers,
06:26il y a des répercussions sur les Français.
06:28– Un panier de soins restreint, vous êtes d'accord avec ce que dit le sénateur ?
06:31– Absolument pas, mais ça c'est quelque chose qui est agité
06:33par la droite et l'extrême droite et qui est grave parce que,
06:36d'une part ça remet en question les compétences des médecins,
06:40parce qu'en fait si des médecins prescrivent, c'est qu'il y a besoin médical,
06:42donc en fait si le panier de soins est composé de ces soins-là,
06:47c'est qu'il y en a besoin et quand les médecins les prescrivent,
06:49c'est que c'est nécessaire, déjà c'est une première chose.
06:51Il y a évidemment un besoin sanitaire,
06:53c'est une bêtise énorme de dire qu'il faut restreindre l'AME
06:56parce que les virus, les microbes, les bactéries n'ont pas de frontière
07:00et donc effectivement c'est une mesure de santé publique.
07:02Et je rappellerai aussi que c'est un quart des bénéficiaires de l'AME
07:06qui sont des enfants, qui ont besoin de soins aussi.
07:10Et sans prendre justement au droit des enfants,
07:12mais c'est tout à fait logique, on le voit bien aujourd'hui,
07:14le gouvernement où il va, vers qui il s'attaque en tout cas,
07:19ce sont vers les plus faibles, les plus vulnérables et ça c'est grave,
07:22mais ça répond aussi à un agenda, je le redis, xénophobe,
07:24qui est dicté par l'extrême droite
07:26et là nous avons un gouvernement qui a choisi de plaire,
07:29de concilier en fait des points programmatiques avec l'extrême droite.
07:32C'est un choix politique et qui clarifie réellement la situation du pays.
07:36Emmanuel Caput, politiquement, Michel Barnier a cédé au RN et à Marine Le Pen
07:41sur ce point de l'aide médicale d'État
07:44que Michel Barnier compte réduire sensiblement en tout cas les crédits ?
07:47Je ne crois pas, encore une fois, je pense que ce qu'il propose
07:49est un peu dans l'esprit de ce qui a été voté l'année dernière au Sénat,
07:54cette aide médicale d'urgence avec en réalité une aide médicale
07:57mais avec un panier de soins qui est plus réduit,
08:00mais en réalité c'est ce qui avait été voté ici par la majorité sénatoriale.
08:04Je précise que moi je m'étais abstenu parce que je pense qu'il faut davantage
08:11faire attention sur ce système-là, pas aller trop loin et de sortir de la démagogie.
08:15Est-ce qu'on assiste à une convergence programmatique
08:17entre le socle commun et le Rassemblement national ?
08:20Non.
08:21Marianne Maximi ?
08:22Bien sûr que oui, mais ce n'est pas quelque chose de nouveau,
08:25c'est quelque chose qu'on voit depuis quelques mois maintenant.
08:27On l'a vu avec la loi Immigration l'année dernière à l'Assemblée nationale
08:30qui a été adoptée avec les idées de l'extrême droite
08:33par les voix de l'extrême droite et ça le socle commun était présent
08:37et ils ont voté ensemble et c'est ce qu'on voit depuis la dissolution
08:41qu'aujourd'hui la droite qui gouverne ce pays,
08:45qu'elle soit macroniste, républicaine,
08:48a décidé de s'allier avec l'extrême droite
08:50pour se maintenir au pouvoir et on voit exactement
08:52ce qui est en train de se passer avec Michel Barnier
08:54qui cède sur des politiques xénophobes.
08:57C'est extrêmement grave ce qui est en train de se passer.
08:58Malgré tout, Marine Le Pen maintient la pression sur Michel Barnier,
09:03comment vous l'interprétez, comment ça va se terminer ?
09:06Ce bras de fer.
09:07Comment ça va se terminer, ça je n'en sais rien.
09:10Vous me posez la question d'une éventuelle censure en réalité.
09:13Une censure ?
09:15Les choses sont extrêmement simples.
09:17Soit Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se mettent d'accord
09:21pour faire tomber le gouvernement avec l'appui des socialistes
09:24et des écologistes et le gouvernement tombera.
09:28Soit les partis de gouvernement, les socialistes, les écologistes
09:32refusent de rentrer dans cette combine pour faire tomber le gouvernement
09:36parce qu'ils se disent qu'on a besoin d'un budget,
09:39parce qu'ils se disent qu'on ne va pas se permettre
09:42au moment où on est en train de vivre une crise politique forte
09:45de rajouter en plus une crise budgétaire et une crise financière,
09:48que les Français ne peuvent pas, ne pas avoir de salaire,
09:53ne pas connaître une crise économique et financière dramatique dès janvier.
09:58Et dans ces cas-là, que ce soit les socialistes,
10:03que ce soit le RN, mais que ce soit aussi LFI,
10:06ils voteront le budget, ou en tous les cas,
10:09ils s'abstiendront sur une motion de censure.
10:11Marianne Maximilien, en cas de censure du gouvernement Barnier,
10:13vous assumerez le fait qu'il n'y ait pas de budget à la fin de l'année,
10:16une éventuelle tempête financière pour la France ?
10:18Je crois que ce n'est pas à nous d'assumer ça.
10:19Qui a mis le pays dans cette situation ?
10:20C'est vous qui allez censurer.
10:22Mais attendez, qui a décidé de la dissolution au mois de juin seul,
10:25de mettre le pays dans cette situation-là ?
10:27Ce n'est pas nous, c'est le Président de la République.
10:29Donc effectivement, nous avons des outils constitutionnels
10:32pour montrer nos désaccords.
10:33Ce gouvernement n'a pas de légitimité démocratique
10:35et on devrait faire quoi ?
10:36Enregistrer le fait qu'il soit là, le fait qu'il gouverne avec l'extrême droite ?
10:40Non, en tout cas, nous, c'est notre rôle, nous l'assumons.
10:44Et la crise financière…
10:45Même s'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée,
10:47il faut quand même un budget à la fin de l'année.
10:48Il faut un budget, mais il n'y aura pas de catastrophe.
10:50On n'est pas aux Etats-Unis, je pense qu'il ne faut pas agiter des peurs,
10:53pas dire qu'il n'y aura pas de salaire, c'est faux.
10:55Ça veut dire qu'il y aura une loi spéciale ?
10:57Il peut y avoir un gouvernement démissionnaire ?
10:59Il y a encore beaucoup de possibilités pour faire en sorte
11:03qu'il n'y ait pas effectivement de difficultés pour les fonctionnaires
11:06pour lever des impôts.
11:07Nous, ce que nous disons, c'est que nous ne sommes pas responsables
11:11Par contre, nous ne sommes pas là pour la cautionner.
11:13Et donc, effectivement, nous allons déposer une motion de censure,
11:16que nous voterons.
11:17Ensuite, le Rassemblement National fera bien ce qu'il voudra,
11:20c'est son choix.
11:21On voit bien qu'aujourd'hui, Michel Barnier
11:23essaye d'apaiser le Rassemblement National.
11:25Il aurait pu faire le choix de discuter avec la gauche.
11:27Ce n'est pas du tout ce qu'il fait.
11:28Et pourtant, la gauche a apporté énormément d'amendements dans le budget.
11:31Nous avons fait un budget qui est compatible avec notre programme.
11:34Et Michel Barnier a fait le choix de se diriger vers l'extrême droite.
11:37Donc, effectivement, nous allons censurer ce gouvernement.
11:39Il va tomber.
11:40Et ensuite, moi, je pense qu'il y a un dernier problème,
11:43c'est que la censure ne sera pas suffisante.
11:44Tant qu'Emmanuel Macron restera président de la République,
11:46nous serons dans cette situation.
11:48Et moi, ce que j'observe, c'est que de plus en plus de gens disent que,
11:51oui, pour débloquer la situation, il faut que le président démissionne.
11:53Et moi, je vous parie que dans pas très longtemps,
11:55ce sera ses alliés qui vont lâcher au fur et à mesure le président de la République
11:59et peut-être Édouard Philippe dans pas longtemps.
12:02– Emmanuel Capu, Marine Le Pen a maintenu la pression,
12:05je la cite, c'était dans le Monde jeudi dernier.
12:07Nous sommes jeudi jusqu'à lundi.
12:09Et là, jusqu'à lundi, pour céder sur les dernières lignes rouges,
12:11c'est une façon de faire ?
12:12Pour vous, c'est acceptable de mettre comme ça le pistolet
12:16sur la tente de Michel Barnier ?
12:18– Le sujet, c'est pas ça.
12:19Le sujet, c'est qu'on a besoin d'un budget.
12:22On ne peut pas rajouter une crise financière et budgétaire
12:25à la crise politique que nous avons.
12:27Et j'entends, on nous dit, il n'y aura pas de shutdown, il n'y aura pas de…
12:30– Mais vous avez peur de ça, un scénario catastrophe ?
12:33– Si on ne veut pas de shutdown, il faut quand même voter une loi
12:36qui permet de reprendre le budget de l'année dernière.
12:38Je ne vois pas comment LFI et le RN pourraient voter
12:41pour le budget de l'année dernière qu'ils ont rejeté l'année dernière.
12:44Il y a un peu de cohérence, très concrètement.
12:46– S'ils ne votent pas, ils bloquent le pays.
12:47– Et s'ils ne le votent pas, si le gouvernement tombe,
12:51on n'aura pas de budget au 31 décembre.
12:54Donc on sera, et non seulement on n'aura pas de budget,
12:57mais en plus, on aura une dégradation de notre notation
13:00par toutes les agences de notation,
13:02qui fait qu'on paie déjà 50 milliards d'intérêts de la dette,
13:05on paiera encore plus.
13:07Et donc, c'est de l'argent en moins pour les Français, bêtement.
13:11Donc il ne faut pas rajouter de désordre à l'instabilité, au désordre.
13:17– Emmanuel Capuça, c'est sur le fond, mais sur la forme,
13:19on a vraiment l'impression qu'Emmanuel Le Pen
13:21dicte à Michel Barnier le budget qui doit être voté.
13:23Ça ne vous gêne pas, cette manière de faire,
13:25avec un Premier ministre, cette manière de parler ?
13:27– Je n'ai pas l'impression que Michel Barnier
13:29soit quelqu'un qui se laisse dicter ses positions.
13:32Il a une position de stabilité, il a ses positions,
13:36et je ne crois pas qu'il se fasse dicter.
13:38Après, il a toujours dit qu'il était ouvert à toutes les opinions,
13:44et je suis d'accord avec vous sur le point qu'effectivement,
13:47il faut aussi écouter les partis de gouvernement,
13:50le Parti socialiste, les écologistes,
13:52mais il faut aussi ne pas rejeter ni mépriser
13:57l'ensemble des représentants de la classe politique française.
13:59– Marie-Anne Maxigny, je vous ai dit que vous n'étiez pas tout à fait d'accord
14:01avec ce que disait Emmanuel Capu.
14:04– Mais non, je ne suis pas d'accord, parce que déjà,
14:05la partie de gouvernement, c'est une drôle de définition que vous avez là.
14:07Je rappellerai que les amendements ont été déposés
14:09au nom du Nouveau Front Populaire, c'était des amendements identiques,
14:12et c'est ceux qui ont été adoptés par l'Assemblée Nationale.
14:14Donc je pense qu'ici, il y a des discussions à avoir,
14:16c'est avec le Nouveau Front Populaire.
14:18Vous nous parlez des marchés financiers.
14:19L'inquiétude des marchés financiers,
14:20elle ne vient pas forcément de la situation politique actuelle,
14:22elle vient par exemple du déficit.
14:24Et ça, c'est quelque chose que vous ne voulez pas régler,
14:28parce que nous, nous avons proposé un budget,
14:30et quand je dis nous, c'est le Nouveau Front Populaire,
14:32qui vient chercher des nouvelles recettes.
14:33– Mais avec beaucoup de nouvelles recettes.
14:35– Avec beaucoup de nouvelles recettes, la situation l'exige.
14:38Je suis désolée, nous refusons le fait d'aller prendre sur les services publics,
14:41donc nous trouvons de nouvelles recettes.
14:42– Et une pression fiscale très forte.
14:43– Une pression fiscale, on parle par exemple de la taxe Zucman.
14:46La taxe Zucman, qui fait peur à la Macronie,
14:49mais je suis désolée, c'est une taxe qui est discutée au sein du G20.
14:52C'est un économiste très sérieux qui vise à s'en prendre
14:54à des très très très grandes fortunes, ou aux grandes multinationales.
14:58Donc on n'est pas dans une surenchère fiscale,
15:01dans une hystérie fiscale ou je ne sais quoi.
15:02– On rappelle la taxe Zucman, c'est 2% sur le patrimoine des milliardaires,
15:05au-dessus d'un milliard.
15:06– Au-dessus d'un milliard, donc je suis désolée,
15:07je crois que ça ne devrait pas inquiéter qui que ce soit dans le pays.
15:10– Deuxième thème de ce débat, on va parler de la proposition de loi
15:13de la France insoumise d'abrogation de la réforme des retraites,
15:16soutenue par une majorité de députés de gauche et du RN.
15:19Mais le vote n'a pas pu avoir lieu dans les temps,
15:22à cause des centaines d'amendements déposés par les députés du Bloc central.
15:26Récit d'une séance extrêmement tendue par Elzinmond Agava.
15:31– Il est minuit, les Insoumis n'ont pas réussi à faire voter
15:38l'abrogation de la réforme des retraites.
15:40– Là on a le spectacle d'une pseudo-majorité socle commun
15:45qui est aux abois, qui est en fin de course et qui ne trouve rien d'autre à faire
15:49que de l'obstruction sur une niche de l'opposition,
15:52sur un texte rejeté par tout le pays.
15:54– Toute la journée, les groupes de gauche ont reproché au socle commun
15:58d'avoir déposé des centaines d'amendements.
16:01– Ça suffit la manière dont vous traitez la démocratie !
16:04– Quand on a été président d'un groupe
16:06où on a déposé des dizaines de milliers d'amendements,
16:09on n'oppose pas aux autres le fait qu'ils aient déposé 800.
16:13– Suspension de séance rappelle au règlement une journée de tension.
16:19– Faites attention, parce que ce sera public
16:21sur le site de l'Assemblée nationale,
16:22il y aura des listes avec vos noms, qui a voté pour, qui a voté contre.
16:25Moi, je serai vous.
16:27Ce débat sur la question de la réforme des retraites mérite mieux
16:30que des menaces, des attaques personnelles, des menaces de listes.
16:33Et moi, je n'ai aucun problème à figurer sur la liste des gens responsables.
16:38– Jusqu'à l'altercation.
16:40Autour de 22h30, pendant une suspension de séance,
16:43le député modem Nicolas Turcotte s'emporte contre des députés de gauche,
16:49des huissiers et des membres de son groupe doivent s'interposer.
16:53– Il peut arriver, et je le regrette, dans mon groupe comme dans tous les groupes
16:56qu'il y ait des manifestations, soit de menaces, soit de violences.
16:59Il faut aussi mesurer ce que c'est que l'attention de recevoir du harcèlement,
17:01y compris à domicile.
17:02Le député en question s'en expliquera le temps venu.
17:06– Son cas sera étudié lors du prochain bureau de l'Assemblée nationale.
17:11– Marianne Maximil, vous étiez en séance lors de cette scène surréaliste.
17:16Un député modem qui menace physiquement ses collègues de gauche,
17:19vous demandez quoi des sanctions ?
17:22– On demande évidemment une sanction, mais la question de la sanction,
17:24ce n'est pas une réponse institutionnelle à l'Assemblée.
17:28Mais ce qui s'est passé hier est assez grave,
17:30mais ce n'est pas que cette altercation et cette violence,
17:32c'est l'ensemble de la journée parlementaire
17:34qui était un triste spectacle pour les Français et les Françaises.
17:37On a eu une minorité et un gouvernement
17:41qui ont participé à une obstruction de justice parlementaire.
17:44– On n'a jamais vu ça, un député qui se lève…
17:48– Je pense que l'histoire de l'Assemblée nationale
17:50est faite de moments de confrontation et de violence.
17:53Je pense que ce n'est pas nouveau.
17:54Moi, ce qui m'intéresse là-dedans, c'est qu'on nous fait beaucoup de leçons,
17:57nous, à la France Insoumise, pour nous expliquer
17:58que nous sommes des gens qui ne se tenons pas bien, qui seraient agressifs.
18:02La démonstration est qu'en fait, la violence vient là,
18:05clairement, du côté d'un député de la majorité.
18:08C'est grave, effectivement, moi, je ne m'analyse pas la violence.
18:11Mais je voudrais juste dire que nous avons été des députés
18:14qui avons travaillé toute la journée dans le calme,
18:16dans le respect de l'Assemblée,
18:18et que le fait d'être dans une situation de tension
18:21qui a été créée par le gouvernement et par les groupes du socle commun
18:25a conduit, effectivement, à cette situation qui est insupportable,
18:28qui est un exemple assez pitoyable de l'institution.
18:32Et donc oui, on demande effectivement une sanction au bureau,
18:34c'est la moindre des choses, mais ça ne doit pas cacher non plus
18:38ce qui s'est passé du matin 9h jusqu'à minuit.
18:40– On va en parler de ce débat sur l'abrogation de la réforme des retraites.
18:43Mais d'abord, Emmanuel Caput, on n'a pas l'habitude de voir
18:45ce type de comportement de la part d'un député du Bloc central.
18:47On a franchi un cap dans la brutalisation de la vie politique ?
18:51– Je vous confirme que c'est quelque chose qu'on n'a pas l'habitude de voir,
18:53encore moins au Sénat, où on a des débats un peu moins passionnés,
18:56enfin tout aussi passionnés, mais moins physiques.
19:00Quoi qu'il arrive, en politique, il n'y a pas la place
19:05pour la violence et pour les menaces.
19:08Donc évidemment, je condamne extrêmement fermement
19:11tout type de menace, tout type de violence,
19:13de quel qu'endroit qu'elle vienne.
19:15– Qu'est-ce que vous pensez de cette stratégie,
19:16notamment venant de la gauche, du Nehmenscheim,
19:19c'est-à-dire de rendre publics les noms des députés du Bloc central
19:22qui sont contre cette abrogation de la réforme des retraites ?
19:25On a entendu Hugo Bernalicis dire
19:26« Attention, vos noms seront publics. »
19:30– Qu'est-ce que je peux vous dire là-dessus ?
19:31Je suis assez d'accord avec Aurore Berger,
19:33qui dit que c'est plutôt une fierté je pense,
19:34d'être sur la liste dressée par LFI.
19:36En revanche, je ne suis pas vraiment certain
19:38que venant de LFI, ça soit quelque chose de positif dans leur esprit.
19:43Donc c'est totalement inacceptable.
19:45– Ça fait partie d'une méthode démocratique de publier les noms ?
19:48– Écoutez, vous allez sur le site de l'Assemblée nationale,
19:50les votes sont publics, nous sommes des personnalités publiques,
19:52nous portons un mandat et la moindre des choses,
19:54c'est la transparence des positions politiques.
19:56Non mais attendez, il faut quand même remettre les choses dans l'ordre.
19:58Allez sur le site de l'Assemblée nationale,
20:00vous avez ce qui s'appelle des scrutins publics
20:01et tous les votes en scrutin public sont publics avec des listes
20:05qui sont publiées par les services même de l'Assemblée nationale.
20:07Ensuite, quant à les interpellations de parlementaires,
20:10c'est quelque chose de très classique,
20:11n'importe quelle association le fait pour un texte de loi.
20:14Nous recevons beaucoup de mails,
20:15nos adresses mail sont publiques là encore,
20:17disponibles sur les sites de l'Assemblée nationale
20:19et c'est aussi le jeu de la démocratie d'être interpellé
20:22par des citoyens, par des collectifs.
20:24Donc je ne vois rien de nouveau là-dedans, rien de grave non plus.
20:26– Sur le fond, vous avez porté le fer
20:28contre la réforme d'Elisabeth Borne jusqu'à midi,
20:31il n'y a pas eu de vote.
20:32Est-ce que, et vous n'avez pas réussi à faire abroger cette réforme,
20:35c'est un échec pour la France insoumise ?
20:37– Ce n'est pas un échec, c'est un échec pour le gouvernement
20:39et pour le socle commun.
20:41C'est un échec pour eux parce qu'ils ont démontré
20:43à quel point ils étaient minoritaires dans l'Assemblée nationale.
20:46C'est d'ailleurs pour ça qu'ils ont fait une obstruction assez ridicule
20:49et assez inédite dans le cadre d'une niche parlementaire
20:51parce que nous avons assumé notre obstruction, oui, en 2023,
20:54mais on n'est pas du tout dans le même contexte.
20:56Nous sommes sur un texte du gouvernement,
20:57imposé par la force face à une opinion publique
21:01et une extrême grande majorité des Français qui y étaient opposés
21:03et dans un cadre où le débat parlementaire aurait pu être allongé
21:06pendant des semaines pour arriver au bout du texte.
21:08Donc l'obstruction, elle n'est pas du tout la même.
21:10– Donc on a le droit de faire de l'obstruction un projet de loi
21:12mais pas une proposition de loi.
21:13– L'obstruction n'est pas nouvelle et c'est une tactique parlementaire
21:15qui d'ailleurs est utilisée par les groupes d'opposition
21:17sur des textes importants, je crois que ça a eu lieu sur le PAX,
21:19je crois que ça a eu lieu sur le mariage pour tous,
21:21donc ne faites pas de procès à la France insoumise,
21:23je crois que c'est aussi vieux que le Parlement existe.
21:25Par contre que le gouvernement, qu'un groupe soi-disant de la majorité
21:28l'a pratique sur une niche parlementaire qui s'arrête à minuit,
21:31je le rappelle c'est une journée par rang où nous avons le droit de fixer l'agenda,
21:34ça c'est inédit et ça c'est extrêmement grave
21:36parce que l'obstruction par des groupes d'opposition c'est une tactique,
21:39l'obstruction par une majorité, ça c'est un déni de démocratie
21:43et ça prouve juste qu'ils sont minoritaires.
21:44Et non ce n'est pas un échec de la France insoumise
21:46parce qu'en tout cas l'amendement qui était important,
21:48c'était celui qui visait à supprimer l'article de cette loi,
21:51le plus important c'était la brogation, a été repoussé,
21:53donc ça démontrait juste qu'il y avait une majorité à l'Assemblée
21:56pour voter contre la réforme de retraite à 2004.
21:58– Il y avait une majorité à l'Assemblée pour voter cette réforme
22:01et pourtant le vote n'a pas eu lieu, il y a bien eu de l'obstruction.
22:05– Il n'y a pas eu d'obstruction, il y a eu une provocation de la France insoumise
22:09en mettant ce texte important dans une niche.
22:15Ils ont passé 15 jours à l'Assemblée nationale sur la réforme des retraites
22:20pour voter deux articles, ils s'étaient arrêtés à l'article 2.
22:23Nous on a mis pareil, 15 jours et on a réussi à voter le texte
22:26péniblement en travaillant jour et nuit.
22:28Donc il y a une provocation évidente et une volonté de mettre le bazar à l'Assemblée
22:33en mettant dans une niche un truc qui mérite des débats
22:37pendant plusieurs semaines au moins.
22:39– Vous aviez bien l'impression que c'était limite.
22:40– Donc il n'y a pas d'obstruction, il y a une provocation sur un texte
22:44qui en plus était extrêmement, la réforme de retraite était extrêmement importante.
22:48– Sur le fond, Marianne Maximi, vu l'état de nos finances publiques,
22:51est-ce que c'est responsable de vouloir revenir à la retraite à 62 ans
22:54et avec 42 annuités ?
22:55– Oui c'est responsable et je crois que d'ailleurs la réforme
22:58qui a été menée par Isabelle Born et qui a été imposée,
23:00parce que moi j'ai entendu beaucoup hier, on a voté, on a voté, c'est faux,
23:03nous n'avons jamais voté nous à l'Assemblée cette réforme, il y a eu un 49-3.
23:06– Mais sur le fond de la réforme.
23:07– Sur le fond de la réforme, cette réforme ne règle rien,
23:09il y a toujours des difficultés économiques et nous ce que nous avons proposé,
23:12c'est plein de financements différents.
23:14Nous avons des recettes pour financer la réforme des retraites.
23:17L'égalité salariale femmes-hommes, si on y arrivait vraiment c'est 5 milliards en plus
23:20mais par contre il n'y a aucune contrainte aujourd'hui dans les entreprises
23:23qui appliquent des salaires qui sont inégaux entre les femmes et les hommes.
23:26Il y a le fait de revenir peut-être sur les exonérations de cotisations patronales,
23:30ça aussi c'est des recettes en plus.
23:32Et ça c'est des choses qu'on pourrait mettre dans un texte de loi
23:34quand nous arriverons au gouvernement, d'ici pas longtemps je l'imagine.
23:37Et donc il y a des recettes qui peuvent exister.
23:39C'est un faux débat, nous l'avons démontré l'année dernière,
23:42enfin il y a deux ans qu'on pouvait faire autrement,
23:44c'est un choix politique qui est grave et qui s'oppose et qui met en difficulté les gens.
23:48– La réponse d'Emmanuel Caput, la retraite à 62 ans c'est possible
23:52mais avec des financements en face, vous êtes d'accord ?
23:54– Bien sûr, la retraite à 62 ans, en fait pour maintenir la retraite,
23:57pour que les gens puissent avoir une retraite,
23:59soit vous augmentez les cotisations, soit vous baissez les retraites,
24:02soit vous augmentez la durée, c'est un choix politique.
24:05Ce que veut la France insoumise c'est qu'on augmente les cotisations
24:07et que ça ne suffira pas et qu'on augmente les impôts
24:10pour que ceux qui sont en retraite aujourd'hui touchent une retraite au même taux
24:13et que ceux qui sont derrière cotisent toute leur vie
24:18et en plus ne touchent pas de retraite.
24:19– Et ce n'est pas une solution viable, c'est une augmentation de la cotisation.
24:21– Pourquoi ? Parce qu'on est déjà le pays qui a le taux d'imposition
24:25le plus élevé de l'OCDE, donc ça n'est pas une solution viable.
24:28– Marie-Anne Maxime, vous proposez par exemple pour financer le système de retraite,
24:32une contribution sur les bénéfices exceptionnels des entreprises pétrolières et gazières,
24:36mais c'est par définition exceptionnel, donc ce n'est pas durable.
24:38– Ça c'était pour gager le texte, parce que là aussi,
24:40ça a été un grand débat hier, on nous a expliqué que ça n'allait pas.
24:43Je rappellerai quand même qu'un texte, il y a l'article 40,
24:45et effectivement… – Pour le gager financièrement.
24:47– Si on veut s'attaquer effectivement aux exonérations de cotisations patronales,
24:51il faut un texte de financement de la sécurité sociale.
24:54C'est ce que je dis, quand on sera au gouvernement,
24:56effectivement ça sera les leviers qu'on activera.
24:59Pour pouvoir déposer ce texte et en débattre jeudi dernier,
25:02il a fallu effectivement mettre des recettes,
25:04qui sont des recettes exceptionnelles, pour permettre de discuter.
25:07On l'a expliqué à maintes reprises,
25:09parce qu'on a dû expliquer quand même le fonctionnement constitutionnel
25:11de l'Assemblée et de notre démocratie,
25:14à des députés qui semblaient découvrir que oui,
25:16quand on n'est pas au gouvernement, on ne peut pas faire un PLFSS.
25:18– Et c'est la fin de ce débat, merci à tous les deux d'y avoir participé,
25:21merci d'avoir suivi cette émission, et à la semaine prochaine.
25:24– On se retrouve très vite, tchao tchao.