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00:008h moins le quart sur France Bleu Men et ici Pays de la Loire, Yann Lestenet, ils ont peut-être
00:09sonné à votre porte.
00:10Les pompiers terminent leur tournée de vente de calendrier, la fin de l'année c'est aussi
00:14l'occasion de dresser le bilan des interventions en Sarthe avec vous, colonel Christophe Frerson,
00:21bonjour.
00:22Bonjour.
00:23Vous êtes directeur du SDIS, le service départemental d'incendie et de secours, le chef des 2600
00:27pompiers de Sarthe.
00:28Comment s'est passée l'année ? Est-ce qu'elle était plus ou moins intense que l'an passé
00:32?
00:33Écoutez, non, ça se stabilise mais c'est toujours à peu près la même chose, on est
00:36entre 32 000 et 34 000 missions par an, en fait on fait une intervention toutes les 15
00:42minutes, à 80% c'est du secours aux personnes, d'urgence ou non urgent, ensuite c'est 8%
00:49d'incendie, 7% d'accident de la route et 5% d'opérations diverses.
00:54Vous venez de le dire, 80% de vos interventions concernent du secours à la personne et parfois
00:59de la bobologie et ça, ça vous énerve, pourquoi ?
01:01Alors, c'est pas que ça nous énerve mais c'est pas le cœur des missions des sapeurs-pompiers.
01:05Les sapeurs-pompiers c'est intervenir pour l'urgence, quand il y a une détresse vitale
01:10avérée, donc hémorragie, perte de conscience, arrêt de ventilatoire, arrêt circulatoire
01:15donc massage cardiaque par exemple et accident de la route.
01:18Et pourquoi autant d'interventions justement de secours à la personne ? Qu'est-ce qui
01:22fait qu'en Sarthe, peut-être plus qu'ailleurs, vous êtes mobilisé, sollicité pour ça ?
01:27Écoutez, la société a évolué et puis il y a une attente de la population qui est
01:31un peu plus forte et c'est peut-être ce qu'il faudrait dire d'abord à la population,
01:34de pas nous appeler pour des choses qui finalement ne sont pas si graves que ça et que chacun
01:38pourrait traiter comme une plaie, une coupure, une foulure, une entorse par exemple.
01:43Vous savez très bien que les médecins généralistes se font rare, que la Sarthe est un désert
01:49médical.
01:50C'est ça aussi qui pèse sur vos missions ?
01:53Oui, effectivement, il y a une problématique de la santé aujourd'hui et ça c'est national.
01:59Mais quoi qu'il en soit, nous on est confronté à la désertification médicale, le département
02:03de la Sarthe est le 97ème en termes de couverture de médecins généralistes.
02:09On est confronté à la fermeture des urgences de proximité.
02:13Finalement, certaines fois, il ne reste plus que le centre hospitalier du Mans ouvert 24
02:17heures sur 24, ce qui veut dire que nos sapeurs-pompiers volontaires sont mobilisés pour transporter
02:22des victimes jusqu'au Mans, avant où ils faisaient une heure d'intervention.
02:25Aujourd'hui, ils font trois heures d'intervention, donc on arrive à la limite d'un système.
02:28Et puis on est confronté au vieillissement de la population, et ça c'est les chiffres
02:31INSEE.
02:32Plus de 30% des plus de 70 ans dans les dix prochaines années et plus de 10% des plus
02:36de 90 ans.
02:37Donc on est confronté à une politique de maintien à domicile de nos anciens, et donc
02:41nos anciens deviennent vulnérables, seuls, et quand ils chutent à domicile en fin de
02:45nuit ou en début de matinée, et bien il n'y a personne d'autre que les pompiers pour
02:48aller faire ce qu'on appelle un relevage.
02:50Mais en fait, c'est quoi ? C'est certaines fois, le matin, ils se sont trompés entre
02:53les toilettes et la douche, on les relève, on les toilette, on les remet au lit, on pince
02:57un bilan où ça mue, et quelquefois il faut les transporter.
02:59Et ça, c'est 4 000 fois par an.
03:01Donc c'est chronophage ?
03:02C'est énorme.
03:03Et est-ce que ça peut mettre en péril le reste de vos missions ? Parce que finalement,
03:06le temps, il n'est pas extensible.
03:07Et nous, on est composé à 80% de sapeurs-pompiers volontaires, ce qui fait qu'ils réalisent
03:1260% des missions.
03:13Ce qui fait que c'est un engagement citoyen, librement consenti, on n'a pas de contraintes
03:18sur un impératif de disponibilité, et quand ça prend trop de temps, quand c'est trop
03:23énergivore, quand c'est trop chronophage, nos sapeurs-pompiers volontaires se désengagent
03:28et ne se mettent plus disponibles, et nous n'avons plus de réponses, et notamment dans
03:31le rural, parce que c'est le modèle de la sécurité civile française qui est organisé
03:34de la sorte.
03:35Ça coûte cher aussi aux pompiers, toutes ces interventions ?
03:38On a estimé le temps d'attente aux urgences augmenter plus le temps et la rallonge kilométrique,
03:46finalement.
03:47Et toute cette sur-sollicitation, pour nous, cette année, ici, en Sarthe, à 875 000 euros.
03:53Donc, on parle de millions en fait.
03:55Chaque année, c'est près d'un million de dépenses supplémentaires, parce que les urgences
03:58de proximité ferment, parce qu'on attend plus longtemps aux urgences, et aux urgences,
04:03on attend avec les ambulanciers privés, qui eux, assurent le transport de malades par
04:06exemple.
04:07Ce qui n'est pas utilisé ailleurs.
04:08Est-ce que, comme toute la société, vous devez faire aussi des économies, reporter
04:12certains projets ?
04:13Cette année, écoutez, on n'a pas fait l'acquisition de 11 engins, c'est-à-dire qu'on s'est concentré
04:19uniquement sur l'achat des ambulances et des camions-engins-pompes qui découpent aussi
04:23les voitures.
04:24Et ça, une ambulance, aujourd'hui, c'est 100 000 euros, un camion de ce type, c'est
04:27350 000, et un bras élévateur pour sauver les gens, c'est 800 000 euros.
04:30Donc, tout de suite, c'est en millions.
04:32Nous, c'est 4 millions d'euros chaque année d'investissement pour renouveler, uniquement
04:36renouveler notre parc et éviter son vieillissement.
04:38Donc, on voit l'impact que ça peut avoir.
04:40Vous parliez des pompiers volontaires, 80% des effectifs, est-ce qu'ils sont faciles à
04:45recruter ou pas ?
04:46On a un plan de développement du volontariat, déjà, on essaye de quitter l'image d'épinal
04:51du sapeur-pompier, grand, beau, fort, musclé, même s'il y en a beaucoup, je plaisante,
04:56mais on essaye de diversifier, c'est le miroir de la population, c'est monsieur et madame
05:00tout le monde, et notamment, on féminise nos effectifs, parce que nous, ici, en Sarthe,
05:03on est à 24%, lorsque la moyenne nationale est à 20%, et vous l'avez cité précédemment,
05:08à un changer, par exemple, c'est près de 40%.
05:09Il n'y a pas de plafond de verre chez nous, hommes et femmes, c'est exactement la même
05:12chose.
05:13Il a fallu faire quelques aménagements, quand même ?
05:14Exactement.
05:15Là aussi, c'est l'argent.
05:16On a entendu les vestiaires, les tenues, est-ce qu'il a fallu changer quelques mentalités,
05:20disons, un petit peu machistes, aussi ?
05:21Oui, mais écoutez, ça fait déjà plus de 20 ans qu'on a féminisé nos effectifs, et
05:25dans les années 75-80, les premières femmes professionnelles sont apparues, et aujourd'hui,
05:29on a des femmes qui assurent l'encadrement, qui sont directrices, qui sont directrices
05:31adjointes.
05:32Je vous le dis, il n'y a pas de plafond de verre, et la rémunération est la même,
05:35hommes ou femmes.
05:36Bon, Christophe Ferson, un dernier mot sur le congrès annuel des pompiers qui va se
05:40tenir au Mans, en début octobre de l'année prochaine, c'est un gros, gros événement.
05:44Est-ce que vous êtes prêt ?
05:45Oui, alors, c'est sûr qu'on est prêt, puis on a mis des équipes en place, de manière
05:50pérenne, qui sont détachées pour cette organisation-là.
05:53J'ai confié ça à un lieutenant-colonel, le lieutenant-colonel Ralu, qui était sous-directeur
05:57des moyens opérationnels, donc il connaît bien le département, c'est lui le coordinateur.
06:00Combien de personnes, pour qu'on prenne l'ampleur de l'événement, combien de personnes accueillies,
06:05quel budget ?
06:06Alors, tout d'abord, nous, c'est à peu près 1 000 bénévoles, ce sera un budget
06:08entre 3 et 4 millions d'euros, avec des leviers financiers qui ont été réalisés par le
06:13Conseil départemental à hauteur de 200 000, par le Mans Métropole à hauteur de 200 000.
06:17Il y a des retombées économiques d'environ 10 millions, et on attend à peu près 80 000
06:21visiteurs.

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