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00:007h-9h, Europe 1 Matin.
00:02L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:06Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour Vincent.
00:08Nous devrions avoir bientôt un Premier Ministre.
00:10Vincent, ce pourrait être aujourd'hui ou demain.
00:13Pensez-vous que nous sommes proches de la sortie de la crise politique ?
00:15Je pense qu'on est surtout proches du ras-le-bol général.
00:18Devant le spectacle répétitif, et disons-le sans aucun intérêt,
00:22auquel on assiste depuis la censure,
00:24les Français sont de plus en plus, et moi avec, frappés d'agueusie politique.
00:28Vous savez ce qu'est l'agueusie, Dimitri ?
00:30A-privatif, gueusique du grec, le goût.
00:32Eh bien, les citoyens n'ont plus de goût pour la chose publique.
00:36Elle n'est pas performante et le tableau qu'elle offre est d'une rare médiocrité.
00:40A ce rythme-là, ce gouvernement d'intérêt général,
00:43que le Président de la République appelle de ses voeux,
00:45provoque déjà un désintérêt général.
00:48Et c'est même l'objectif.
00:50Habiller l'immobilisme par des formules bidons,
00:52comme changement de méthode ou coalition de non-censure.
00:55Emmanuel Macron, comme toujours, veut gagner du temps.
00:57Donc il va choisir le plus petit dénominateur commun
00:59pour appliquer un programme réduit au strict minimum.
01:02Alors logiquement, ces deux exigences,
01:04d'ouvrir les portes de Matignon à une personnalité conciliante,
01:07chargée de diffuser des ondes apaisantes à un pays à bout de nerfs,
01:11quelqu'un qui parle beaucoup et qui fait peu,
01:13un politique chevronné pour un exercice de l'État purement verbal,
01:16ça nous mène directement à François Bayrou.
01:18Vincent, l'Assemblée, elle, reste la même.
01:20Il faudra voter un budget, des lois.
01:22Emmanuel Macron, en cas de pacte de non-censure,
01:24voudrait que le futur Premier ministre s'engage
01:26à ne pas utiliser le 49-3.
01:28Oui, le principe, la nouvelle méthode,
01:30c'est de priver Matignon du 49-3,
01:32l'Assemblée nationale du droit de censure
01:34et l'Elysée de la dissolution.
01:36C'est la politique du pistolet à bouchons.
01:39C'est Roland Garros avec des ballons mousses.
01:41Alors pour le budget, il suffira d'obtenir l'abstention du RN
01:44en lui donnant ce qu'il a demandé à Michel Barnier.
01:47Pour le reste, il faudra trouver des lois consensuelles.
01:50Certains textes devraient faire l'affaire,
01:51comme la lutte contre le narcotrafic ou le projet de loi agricole.
01:54Et on imagine facilement que la pression va être très forte
01:57sur le nouveau Premier ministre pour qu'il réactive
01:59le projet de loi sur la fin de vie.
02:01Vous imaginez le symbole, Dimitri ?
02:03Si le locataire de Matignon cède à ces pressions,
02:05l'euthanasie comme texte ultime d'élu en fin de vie politique,
02:09ce serait l'expression parfaite du nihilisme d'État.
02:12Et si ça marche, Vincent ?
02:13Les Français, après tout, ont besoin de stabilité.
02:15Vous savez, le plus souvent, ceux qui appellent à la stabilité,
02:18ce sont les députés qui craignent une dissolution,
02:20les ministres qui veulent garder leur poste,
02:22le président qui voit le pouvoir lui glisser entre les doigts.
02:25La stabilité, personne n'est contre.
02:27Mais la France peut-elle attendre pendant 30 mois
02:29avant de prendre les décisions qui sont pour elle existentielles ?
02:32Dans cette configuration de non-censure,
02:34d'absence de dissolution jusqu'en 2027,
02:36comment imaginer une loi immigration énergique,
02:38une réforme de l'État ambitieuse,
02:40une remise en cause de la logique d'assistanat
02:42qui empêche notre économie,
02:43un ajustement de la chaîne pénale aux nouvelles menaces sécuritaires ?
02:47Et pour maintenir ce fragile équilibre,
02:49on risque d'assister à tout le contraire,
02:51de la dépense publique pour gagner du temps,
02:53de l'impuissance publique dans les domaines régaliens
02:56pour ne pas heurter la gauche.
02:58Mais à la fin, toute participation active,
03:00c'est-à-dire en entrant au gouvernement,
03:02ou passive, c'est-à-dire en s'engageant à ne pas le censurer,
03:05sera payée au prix fort.
03:07À la fin, les Français vont mettre tous les participants
03:10de la réunion d'hier à l'Élysée dans le même sac,
03:12de Marine Tondelier à Laurent Wauquiez
03:14et de Fabien Roussel à Édouard Philippe.
03:17Pour la droite et pour les socialistes,
03:19le danger à terme est mortel.
03:21Nos gribouilles de la nouvelle méthode
03:23risquent fort d'arriver à l'exact contraire du but recherché.
03:26Ils ont volontairement exclu la France Insoumise
03:28et le Rassemblement National de leur arc républicain.
03:31Et par cette exclusion inutile et coûteuse,
03:33ils ouvrent grand les portes de l'alternance
03:35à Jean-Luc Mélenchon et à Marine Le Pen.

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