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La Syrie s’engage dans une transition après la chute de Bacher al-Assad. A Damas, un nouvel homme fort émerge : Abou Mohammed al-Joulani, leader de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC). Cet ancien cadre d’Al-Qaeda, en quête de respectabilité, tente de transformer son image de djihadiste en leader nationaliste. Mais son passé et son administration controversée dans la région d’Idlib soulèvent des interrogations. Par ailleurs, certains redoutent que ce nouveau bouleversement ouvre la porte à un chaos encore plus grand, comme lors de l'avènement de Daech en 2014.

La chute du clan Assad redessine aussi les équilibres géopolitiques. L’Iran et la Russie, alliés de longue date du régime, sont affaiblis, tandis que la Turquie et Israël se réjouissent de voir leurs rivaux perdre du terrain. Mais pour les Syriens eux-mêmes, la fin de cinq décennies de règne autoritaire sera-t-elle synonyme de liberté ou d’une nouvelle forme de répression ?

Enfin les milliers de détenus encore emprisonnés en Syrie posent une question cruciale : que deviendront ces prisonniers politiques et djihadistes dans ce nouvel équilibre ? Alors que des vidéos montrent des libérations dans des lieux emblématiques comme Sednaya, le sort des quelque 12 000 djihadistes détenus dans les prisons kurdes, dont 130 Français, reste incertain. Pour comprendre les enjeux de cet événement historique et ses répercussions potentielles, découvrez notre analyse dans cette vidéo, disponible sur notre site et nos réseaux sociaux.

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Transcription
00:00Une nouvelle page s'ouvre en Syrie après la chute de Bachar al-Assad. On répond dans cette vidéo aux quatre questions qui se posent maintenant.
00:07La première, qui est le nouvel homme fort de la Syrie ?
00:11Celui que vous voyez sur ces images prendre un bain de foule dans Damas, c'est Abu Mohamed al-Djoulani et c'est le leader du groupe HTC,
00:18Hayat Tahrir al-Sham, une ancienne branche d'Al-Qaïda. C'est un islamiste en quête de respectabilité sur la scène internationale
00:24mais qui a pourtant un CV bien rempli dans le milieu djihadiste.
00:30En 2003, al-Djoulani rejoint Al-Qaïda en Irak pour lutter contre l'intervention américaine.
00:34Là-bas, il sera capturé et il va passer cinq ans dans une prison en Irak, tenue par les Américains.
00:41En 2011, il rentre en Syrie. On est au début de la révolution syrienne et Bachar al-Assad engage une répression sanglante contre sa propre population.
00:49Al-Djoulani fonde alors le front Al-Nostra et c'est ici que son parcours djihadiste commence à se singulariser.
00:55Au milieu des années 2010, il refuse de prêter allégeance à l'état islamique et place plutôt sa confiance dans Ayman al-Zawairi, le chef d'Al-Qaïda.
01:04Mais un an plus tard, il rompt ses liens avec Al-Qaïda. Pourquoi ? Pour des divergences de vues.
01:09En fait, là où la plupart des groupes djihadistes veulent une dimension internationale à leur cause,
01:14al-Djoulani dit, pour résumer, mon ennemi ce n'est pas l'Occident, c'est Bachar al-Assad
01:18et mon objectif ce n'est pas le califat à l'échelle de l'Islam, c'est l'Islam.
01:22C'est en quelque sorte un djihadiste nationaliste et qui tente depuis quelques années d'adoucir son image.
01:28Il ne porte plus le turban blanc, il se montre désormais en tenue militaire.
01:32Il a aussi édulcoré son vocabulaire très conservateur pour apparaître plus modéré.
01:36Il a désormais 42 ans et il aspire à être adoubé par la communauté islamique.
01:41Il est donc un djihadiste qui a fait de l'islam ce qu'il a voulu, c'est-à-dire qu'il n'est pas un djihadiste qui a fait de l'islam ce qu'il a voulu.
01:48Deuxième question, va-t-on vers un nouveau Daesh en Syrie ?
01:51Les scènes de liesse dans de nombreuses villes en Syrie annonce-t-elle une libéralisation politique du pays ? Ce n'est pas certain.
01:57Alors une bonne façon d'anticiper ce que pourrait devenir la Syrie, c'est de se rappeler comment le groupe HTC
02:03administrait déjà la province sous son contrôle depuis 2019 dans la province d'Idlib.
02:07Une région donc où la charia est appliquée et où les rebelles ont été accusés il y a quelques mois.
02:12Mais, et c'est là où ça devient intéressant, HTC comporte des singularités qui la distinguent des autres gouvernances islamistes dans le monde.
02:20Pour faire une comparaison qui n'est pas vraiment bonne, mais on va la faire quand même, c'est des talibans très soft.
02:25Par exemple, quand j'y étais, on a vu, on voit les femmes conduire, les femmes vont à l'université, il y a mixte de talibans.
02:31C'est-à-dire qu'il y a des talibans très soft, c'est-à-dire qu'il y a des talibans très soft, c'est-à-dire qu'il y a des talibans très soft.
02:36Par exemple, quand j'y étais, on a vu, on voit les femmes conduire, les femmes vont à l'université, il y a mixité dans les parcs, il y a mixité dans les malls, il y a des malls.
02:45La question est maintenant de savoir si Hayat Tarih al-Sham entendra régner sur la Syrie en appliquant les mêmes principes que dans son fief de la région d'Idlib,
02:53et si l'effondrement du régime Assad ne provoquera pas un chaos qui profitera demain à des groupes islamistes encore plus radicaux.
03:00Parce que c'est exactement ce qui s'était passé en Irak et en Syrie avec le groupe Etat Islamique.
03:05Troisième question, qui sont les perdants et les gagnants de la chute de Bachar al-Assad ?
03:09Le régime de Bachar al-Assad était sous assistance respiratoire depuis plusieurs années grâce à ses deux parrains, l'Iran et la Russie.
03:17Ce sont les deux grands perdants de ce bouleversement, et surtout l'Iran, qui enchaîne les revers depuis plusieurs mois.
03:23Avec la défaite militaire du Hamas dans la bande de Gaza que la République Islamique soutenait,
03:27avec aussi et surtout l'enchaînement des coups portés par Israël à l'encontre du Hezbollah, son bras armé au Liban.
03:34La perte potentielle de son influence en Syrie marque aujourd'hui un nouveau recul d'ampleur sur la scène régionale pour Téhéran.
03:41Pour Vladimir Poutine, qui offre, rappelons-le, l'asile à Bachar al-Assad, c'est surtout un aveu d'impuissance tant la Russie est mobilisée sur le front ukrainien.
03:50A noter aussi que deux bases russes se trouvent en territoire syrien, sous la menace potentielle des rebelles, une à Tartus et une autre proche de Latakia.
03:58La Turquie d'Erdogan s'est à l'inverse félicité de la chute du clan Assad qui lui offre deux opportunités majeures.
04:05D'une part renvoyer en Syrie les millions de réfugiés qui sont encore sur son territoire,
04:10et d'autre part infliger un nouveau coup aux Kurdes, les ennemis de toujours du président turc qui occupe le nord-est du pays.
04:17Benjamin Netanyahou s'est également réjoui dans une allocution, tout ce qui affaiblit l'Iran et ses soutiens est bon à prendre pour le premier ministre israélien.
04:29Reste à savoir si les Syriens eux-mêmes seront les gagnants de la fin de l'ère Assad, de 50 ans d'autoritarisme,
04:35mais il est encore trop tôt pour en être certain.
04:38Et quatrième et dernière question, que vont devenir les milliers de détenus emprisonnés en Syrie ?
04:49Alors il faut déjà distinguer deux types de détenus en Syrie.
04:52Il y a d'abord les prisonniers politiques, qui étaient considérés comme des détenus de la guerre.
04:56Il y a d'abord les prisonniers politiques, qui étaient considérés par le clan Assad comme des ennemis du régime.
05:01Ces derniers jours, des vidéos ont circulé sur les réseaux,
05:04on y voit des prisonniers libérés de la prison de Sednaya, surnommée l'abattoir humain,
05:08et connu comme étant la plus emblématique de la répression du régime syrien.
05:12D'après l'ONU, les prisons de Bachar el-Assad détenaient encore en 2019 128 000 personnes,
05:17parmi lesquelles on retrouvait toujours selon l'ONU des médecins, des humanitaires, des défenseurs des droits de l'homme,
05:23des activistes, des journalistes, et notamment des femmes et des enfants.
05:27Mais en Syrie, il y a aussi de nombreux détenus djihadistes,
05:30ce qui pose bien évidemment la question de notre sécurité.
05:33Ils sont majoritairement détenus dans les zones tenues par les Kurdes,
05:37dans des conditions de sécurité assez précaires.
05:40Les estimations oscillent entre 10 et 12 000 personnes, d'une cinquantaine de nationalités différentes,
05:46et parmi ces détenus, environ 130 Français.
05:49La recomposition politique en Syrie aura-t-elle un impact sur les équilibres territoriaux ?
05:55Et si oui, quel sort sera réservé à ces milliers de prisonniers ?
05:59C'est une question suivie de près par les occidentaux aujourd'hui.
06:02Si vous avez aimé cette vidéo, n'hésitez pas à nous le dire dans les commentaires,
06:05et à vous abonner sur notre chaîne.
06:07A bientôt sur L'Express.

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