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00:00PUNCHLINE, 18h-19h, Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
00:0918h37 de retour dans PUNCHLINE sur CNews et sur Europe 1.
00:13On a le plaisir d'accueillir Camille Pascal, écrivain.
00:15Bonsoir Camille Pascal, auteure de La Reine du Labyrinthe,
00:18un best-seller chez Robert Laffont, absolument passionnant.
00:22On y reviendra tout à l'heure.
00:23Mais d'abord, un mot de ce qui se passe en Syrie.
00:25On a les yeux rivés sur ce qui se passe à Damas.
00:27L'effondrement de ce régime sanguinaire de Bachar Al-Assad, 50 ans de règne.
00:32Et là, incrédulité totale devant ceux, les nouveaux maîtres de la Syrie
00:36qui se présentent comme des djihadistes modérés.
00:38Ça existe ça, les djihadistes modérés, Camille Pascal ?
00:41Je ne sais pas. Moi, je ne suis pas un spécialiste du Proche et du Moyen-Orient.
00:44Donc, je n'ai pas un avis sur tout.
00:47Simplement, ce que je trouve inquiétant là...
00:51Bon, le régime de Bachar Al-Assad était un régime dictatorial, sanguinaire.
00:56On l'a dit, on l'a répété.
00:58Ces scènes de Liès, où l'on voit les statues arrachées, etc.
01:04On les a vues, on les a revues, on les a revues en Irak.
01:07Donc, qu'est-ce qu'il y a après ?
01:10C'est plus embêtant.
01:11Moi, mon souci, c'est évidemment le sort des chrétiens d'Orient.
01:14La communauté des chrétiens d'Orient est évidemment très forte en Syrie.
01:18Ils tiennent une partie de l'économie, enfin de ce qu'il en reste.
01:21Et surtout, ils peuvent être l'objet de représailles
01:24au-delà, évidemment, de la guerre et du djihad
01:28qui peut être décrété contre eux.
01:30Ils ont toujours soutenu le régime bahassiste
01:34parce que ce régime les protégeait.
01:37Donc, il y a belle lurette qu'il n'y a plus de juifs en Syrie.
01:42Parce qu'on ne sait pas pourquoi.
01:45Et donc, on va avoir une deuxième vague d'épuration ethnique.
01:50C'est ma grande crainte.
01:53C'est une terre, évidemment, musulmane.
01:58Enfin, qui est une ancienne terre chrétienne.
02:01Je le rappelais tout à l'heure, hors antenne,
02:03que la tête de Saint-Jean-Baptiste est normalement conservée
02:07dans un des piliers de la mosquée des Omeyades.
02:10De Damas.
02:11Dans la mosquée des Omeyades de Damas.
02:13La relique de la tête de Saint-Jean-Baptiste.
02:16La relique de la tête qui avait été demandée
02:18et qui a été offerte par Hérode.
02:21Il y en a quatre.
02:23On pourra toujours se rabattre sur celles qui sont à Munich, Amiens ou Rome.
02:28Mais c'est très symbolique.
02:30Et cette tête de Saint-Jean-Baptiste,
02:33le président Bachar el-Assad y a souvent fait allusion.
02:37Notamment en Occident.
02:38En disant, vous voyez, nous nous protégeons.
02:40Nous protégeons les chrétiens d'Orient.
02:42Notamment les chrétiens d'Orient.
02:43Et chaque fois que je vais dans la...
02:45Il se présentait comme un laïc.
02:47Le laïcisme, c'est quand même de la laïcité version Moyen-Oriental.
02:53Donc voilà, je ne sais pas.
02:55Je suis un peu inquiet parce que bientôt,
02:58il n'y aura plus de chrétiens, je le crains, en Orient.
03:00Laetitia Guénard ?
03:01Leur valeur économique, justement, probablement protège,
03:04dans un premier temps en tout cas, les chrétiens en Syrie.
03:07Parce que justement, ce sont des commerçants.
03:09Ils ne participaient pas à l'effort de guerre.
03:10Donc il n'y a pas de raison, a priori, de voir des représailles.
03:14Et en plus, ils ont besoin d'eux pour construire.
03:16Enfin, disons, pour ne pas affaiblir encore le pays.
03:18Donc dans un premier temps.
03:19Et d'ailleurs, encore une fois, je pense que ça fait partie
03:21de la petite to-do list.
03:22Enfin, de la petite checklist que Giuliani a remplie
03:25pour donner des gages aux Occidentaux,
03:27à commencer par les États-Unis,
03:29dans le fait de ne pas toucher non plus...
03:31La plus grande question, ça sera sur les Kurdes.
03:33Parce qu'effectivement, c'est en plus le plan de la Turquie, justement.
03:36Et les Kurdes, qui je le rappelle aussi,
03:38contrôlent les camps de djihadistes.
03:41Notamment français.
03:42Notamment français.
03:43Donc là, il y a un gros point d'interrogation.
03:46Et je pense que c'est là que se porteront d'abord les premiers coups.
03:49Peut-être aussi sur les Alaouites,
03:51qui étaient, évidemment, la communauté chiite de Bachar el-Assad.
03:54Et puis, on évoquait le sort des réfugiés syriens en Europe.
03:57Là, c'est l'Angleterre, à l'instant, qui suspend temporairement
04:00l'examen des demandes d'asile de ressortissants syriens.
04:03On voit que c'est une espèce de vague
04:05qui fait que tous les pays européens disent à ces réfugiés syriens
04:08de rentrer chez vous.
04:09Or, on ne sait pas pour quelles raisons
04:11ils sont venus sur notre pays, le Woudragnel.
04:13C'est ce qu'on disait il y a quelques instants.
04:15Ça dépend des cas.
04:16Vous avez des gens qui ont quitté la Syrie
04:18parce qu'ils fuyaient Bachar el-Assad.
04:20Et puis, comme c'est un pays qui n'était plus administré
04:22dans son intégralité par Bachar el-Assad,
04:24il y en a aussi qui sont demandeurs d'asile
04:25parce qu'ils fuyaient Daesh.
04:26Il y a des Kurdes.
04:27Il y a une complexité de dossiers.
04:29Mais là, tous les pays européens font la même chose.
04:31On ne peut pas dire de manière uniforme
04:32qu'on ferme la porte à tous les dossiers.
04:34C'est peut-être la fin du Proche et du Moyen-Orient
04:38tel que les puissances coloniales l'ont dessiné au début du XXe siècle.
04:42C'est-à-dire ?
04:43Redéfinition des frontières ?
04:44Tout le monde connaît l'anecdote de Clemenceau
04:46prenant un crayon rouge pour dire
04:48« Le Liban, voilà, ça sera ça. »
04:50Et tout le monde a dit « Ça sera ça, très bien. »
04:52Et ça a été pareil.
04:53C'est-à-dire que c'étaient des royaumes.
04:56Et à part le Maroc,
04:58qui a eu toujours une identité nationale forte,
05:01tout ça, c'est quand même l'explosion de l'Empire ottoman.
05:04Et l'Empire ottoman, il tenait quoi ?
05:06Il tenait parce que le sultan, au fond,
05:09gérait toutes ses communautés, y compris chrétiennes.
05:12Et que là, on a voulu quelque chose de rationnel à l'occidentale
05:16en dessinant des frontières qui n'en sont pas en réalité.
05:19Alors là, la Syrie, c'est le pompon sur le keffier.
05:23Donc voilà.
05:25Peut-être qu'historiquement, ce qui se passe là,
05:28c'est le détricotage d'un héritage séculaire.
05:31Vous pouvez aller plus loin, jusqu'à l'Afrique,
05:34et notamment l'Afrique noire,
05:35puisque effectivement, le découpage a été un découpage colonial.
05:40Et là, on voit bien la conjugaison entre l'islamisation,
05:44la radicalisation d'un côté,
05:46plus conjuguée aux idéologies décoloniales.
05:50Ce que ça peut donner,
05:51puisqu'on ne parle plus trop de Boko Haram aujourd'hui
05:54et de cette islamisation de l'Afrique dure,
05:56c'est la décolonisation qui a permis aussi
05:59à cette idéologie extrêmement dure de rentrer en Afrique noire.
06:04C'est la fin de la fiction laïque dans cette partie du monde.
06:08Cette fiction laïque, elle est terminée.
06:10C'est-à-dire qu'avec le Parti Basse, c'est ce qu'on appelait le bassisme,
06:13qui était théorisé par un chrétien orthodoxe,
06:15qui était Michel Aflac, c'est terminé.
06:17C'est-à-dire que c'est terminé.
06:18Et évidemment, cette fin de cette fiction
06:20qui était la laïcité dans cette partie du monde,
06:22je pense que ça ne peut se retourner que contre les chrétiens.
06:25Que contre les chrétiens d'Orient.
06:26Contre les Assyro-Coldéens, Nestoriens,
06:28chrétiens orthodoxes et autres.
06:30Et chrétiens latins.
06:32Et ce que j'attends, avec curiosité, c'est de voir,
06:35non pas évidemment sur les exactions,
06:37parce qu'ils vont être extrêmement prudents, ça a été rappelé,
06:40mais je suis sûr qu'il y a un certain nombre de monuments
06:44qui risquent d'être détruits assez vite et assez rapidement,
06:48car c'est la première chose d'ailleurs que Daech a faite.
06:51Nous serons vigiles.
06:52Camille Pascal, un mot de la situation politique nationale.
06:55Nous n'avons toujours pas de Premier ministre.
06:56Cinq jours après la motion de censure contre Michel Barnier,
06:58mais que se passe-t-il ?
07:00Le Président prend son temps, consulte.
07:03Est-ce que vous pensez qu'il va arriver à une forme de consensus
07:06avec les formations politiques vite centrales ?
07:09Le consensus, ça sera au prochain Premier ministre
07:12ou la première ministre de le trouver.
07:15C'est étroit, on ne va pas répéter des choses.
07:18Je ne suis pas commentateur de la vie politique,
07:20mais c'est un consensus étroit,
07:21puisque c'est un consensus à l'intérieur de l'arc central,
07:24un peu débordant sur la droite
07:26avec ce qui reste d'une famille dont j'ai eu, à un moment donné,
07:31la troisième carte.
07:33Ça, c'était il y a longtemps.
07:35Les LR ?
07:37Ou quatre, je ne sais plus.
07:39Il faudrait que je la retrouve.
07:40Je l'ai perdue depuis 2016.
07:42Mais l'LR aussi, d'ailleurs, c'est un peu perdu depuis 2016.
07:46Ça, c'est autre chose.
07:47C'est maintenant de l'histoire politique.
07:49Mais bon, il faut trouver un...
07:52Mais ça ne suffit pas, et on le voit bien.
07:54C'est une équation compliquée.
07:56Je pense qu'il faut un vrai, grand et bon négociateur.
08:00Vous nous avez sorti Michel Barnier exactement sur ces critères-là.
08:04Un vrai, grand, bon négociateur.
08:07En tout cas, il n'a pas été au rendez-vous.
08:13Ça s'est fait.
08:15Louis de Ragnette, on peut avoir un nom d'ici la fin de la semaine ?
08:18On peut espérer ou pas ?
08:20On l'espérait tous,
08:21parce qu'en fait, cette attente est objectivement mauvaise pour tout le monde.
08:24Mais avec Emmanuel Macron, vous savez,
08:26maintenant, il faut apprendre à être très, très patient.
08:28Si je peux me permettre, pardon,
08:30par rapport à ce qui avait été dit sur ce plateau.
08:32Là, quand même, il y a des délais.
08:35C'est-à-dire que la loi de finances devait être...
08:39Le budget devait être voté le 21 décembre.
08:41Le Parlement dispose de 70 jours.
08:44Bon, ça ne sera pas le cas.
08:47Donc, on peut déposer une loi exceptionnelle
08:50avant autour du 15,
08:53et qui est prête.
08:55En tout cas, je pense que le Conseil constitutionnel
08:58n'irait pas abolir une loi,
09:00parce qu'elle aura dépassé 5 jours,
09:01et pour faire s'effondrer...
09:03Mais à partir du 31 décembre, il faut que...
09:07Le gouvernement, là, il peut le faire.
09:09Il n'y a pas, je veux dire, le gouvernement...
09:11Eh bien, je ne sais pas.
09:13Eh bien, écoutez, moi...
09:15Un gouvernement démissionnaire ne peut pas...
09:17Voilà, je pense que la vacance empêche...
09:19Non, un budget démissionnaire ne peut agir que...
09:21Non, non, les lois...
09:22Attendez, pas tous en même temps.
09:24De toute façon, dans ces cas-là,
09:25il y a toujours 3, 4 ou 5 avis de consulat.
09:29On avance.
09:30Donc, le fait est que je ne pense pas
09:33que ça puisse durer au-delà du 1er janvier.
09:35Et le RN a déclaré d'abord être prêt
09:37à voter pour ce budget spécial.
09:39Oui, alors qu'il n'est pas reçu à l'Élysée.
09:41Bon, encore une autre question.
09:44C'est ça, oui.
09:45Comme François Hollande.
09:46Camille Pascal, vous êtes férue d'histoire, ce livre.
09:48La Reine du Labyrinthe est merveilleux.
09:50Un tout petit mot, quand même,
09:51de ce qui s'est passé ce week-end
09:52avec l'inauguration de Notre-Dame de Paris,
09:55avec une toute petite séquence
09:57que je remets pour le plaisir
09:58pour nos auditeurs et téléspectateurs.
09:59L'archevêque de Paris qui donne 3 coups
10:02avec sa crosse sur les portes d'entrée
10:04de la cathédrale
10:06pour accueillir les fidèles.
10:08Écoutez.
10:10Notre-Dame.
10:13Mère très aimante.
10:17Ouvre tes portes pour nous aider à chercher
10:22l'amour et la vérité, la justice et la paix.
10:39Camille Pascal, c'était un moment exceptionnel.
10:41C'était exceptionnel.
10:42Et puis, s'il vous plaît,
10:43il ne faudra pas venir m'expliquer
10:44que la France n'est pas une terre chrétienne.
10:47Parce que c'est assez fascinant.
10:49Les images sont fascinantes.
10:50Vous avez l'archevêque de Paris
10:53qui demande de façon symbolique
10:57à Notre-Dame d'ouvrir ses portes.
11:00Pour qui ?
11:01Pour le maire de Paris,
11:02président de la République et sa femme.
11:04Écoutez, voilà.
11:05Et qui attendent de rentrer.
11:07Et ce n'est pas leur mariage.
11:08Donc, il y a...
11:12Peut-être politique.
11:13Mais voilà.
11:14Donc, il y a là un moment.
11:16Et il y a eu 7 ou 8 millions de téléspectateurs.
11:19Donc, je trouve que c'est de la continuité.
11:21Au-delà de la fierté d'avoir reconstruit en 5 ans Notre-Dame,
11:23ce qui était une gageur.
11:24Je crois qu'on peut le mettre au crédit
11:25du président de la République.
11:26Absolument. 200 %.
11:27Et des 4 familles qui ont assumé à elles seules
11:2970 % du dédon.
11:32On les oublie un peu, je trouve.
11:34En tout cas, voilà.
11:35Le symbole était incroyable.
11:38À la fois une force médiévale,
11:40cette porte qui doit dater du XIIIe ou du XIVe siècle.
11:43Les habits liturgiques,
11:45les vêtements liturgiques qui ont été très commentés.
11:48Mais moi, ça ne me pose pas de problème.
11:50Moi non plus.
11:51Moi, je croyais que pour l'avant, on était en violet.
11:53Parce que j'ai dû faire du catéchisme il y a trop longtemps.
11:56Et donc...
11:57Mais là, voilà.
11:58C'est l'arrière-fond qui est fascinant.
12:00Oui, mais il y a aussi quand même toute la mise en scène.
12:03Il y a ce retour de l'histoire,
12:05de la grande histoire française.
12:06C'est la liturgie.
12:07Oui, c'est la liturgie.
12:08La liturgie, elle est ancienne.
12:09Et les 3 cours, rappelons-le, la Trinité.
12:11Bien oui.
12:12Et le savoir-faire français.
12:14Tout le compagnonnage.
12:15Y compris dans le Castelbajac.
12:18Comme pour la cérémonie d'ouverture.
12:20Les chasubles.
12:21D'ailleurs, les chasubles.
12:22Les cérémonies d'ouverture des Jeux Olympiques.
12:24Ce savoir-faire qui est partout, y compris dans la haute couture.
12:26J'ai préféré ça que les Jeux Olympiques.
12:29Dans la haute couture.
12:30Ça m'étonne.
12:31Ça m'étonne.
12:32Vraiment, je suis étonnée.
12:33Mais ça dit aussi beaucoup le goût des Français pour leur histoire.
12:37Votre livre, il est merveilleux, La Reine du Labyrinthe.
12:39Il raconte l'affaire, en gros, du collier de la Reine.
12:41C'est un best-seller, je le disais, chez Robert Laffont.
12:43Mais c'est ça, au fond.
12:44On ne demande qu'à redécouvrir notre histoire nationale.
12:47C'est ce que j'essaie de faire dans mes livres.
12:49Alors, il y a un livre que j'ai écrit il y a maintenant longtemps,
12:52qui s'intitule, alors c'est un peu une provocation,
12:56qui reprenait une phrase d'un pape,
12:59qui était « Dieu choisit la France ».
13:01Pour essayer de montrer comment, en fait, Rome...
13:03Enfin, plus exactement, comment la France est une invention politique et théologique
13:07de l'Église de Rome depuis le début du Vème siècle.
13:10Et que c'est pour ça que nous sommes, au fond, insupportables au reste du monde.
13:17C'est parce que nous avons un sentiment d'élection.
13:19C'est que nous avons été désignés, à un moment donné,
13:21les Francs devaient être le peuple hébreu de la Nouvelle Alliance,
13:24c'est-à-dire du Nouveau Testament,
13:25comme les Hébreux avaient été le peuple élu de l'Ancien Testament.
13:28Donc, cette histoire, aujourd'hui, plus personne ne la raconte et ne veut la raconter.
13:32En réalité, son héritage est là,
13:34puisque toute la question de la laïcité...
13:38Enfin, tout le discours républicain n'est qu'une laïcisation de cet esprit missionnaire.
13:44Quand vous dites « France, terre des droits de l'homme »,
13:47c'est France, nouvelle terre promise.
13:49Quand vous dites « Mission universelle de la France »,
13:52c'est la mission divine de la France.
13:53Donc, c'est pour ça que d'ailleurs, il y a une querelle,
13:55une guerre de religion, en réalité,
13:57entre le discours laïc républicain et le discours catholique,
14:00mais en fait, c'est la même racine.
14:02Et c'est donc ce sentiment d'élection et de construction.
14:05Ce qui est très intéressant avec Notre-Dame,
14:07c'est que nous, nous en faisons un monument national,
14:11en plus avec l'incendie,
14:13mais en fait, c'est une cathédrale mineure.
14:15Ce que personne ne veut dire, mais c'est une cathédrale mineure.
14:18Jusqu'en 1623, elle n'est le siège que d'un évêché,
14:23et elle est suffrageante de la cathédrale de Sens,
14:25c'est-à-dire qu'elle est soumise à la cathédrale de Sens.
14:27J'en rappelle que jamais les évêques puis archevêques de Notre-Dame
14:32n'ont assisté au couronnement du roi de France.
14:34Donc, c'est une cathédrale qui a pris une dimension énorme
14:39parce qu'au fond, elle tient elle-même dans sa racine
14:43le conflit, j'allais dire,
14:45entre une France laïque et une France religieuse.
14:48Pourquoi ?
14:49Parce que dès 1302,
14:52elle est le siège de l'opposition au pape.
14:55C'est le symbole du gallicanisme,
14:57c'est-à-dire d'une église française
15:00qui s'oppose à la volonté hégémonique du pape.
15:03Et pourquoi 1302 ?
15:05Parce que là encore, c'est passionnant,
15:08parce que la première fois que le pays a existé en tant que nation,
15:13la première fois qu'il a été représenté souverainement,
15:16pas uniquement par le roi, mais par des représentants,
15:19ce sont les premiers états généraux, 1302, convoqués par Philippe le Bel,
15:23à l'intérieur de Notre-Dame.
15:25Pourquoi ?
15:26Pour obtenir du peuple.
15:27Et alors là, il y avait le clergé, la noblesse et le tiers état.
15:31Le soutien contre qui ?
15:32Contre Boniface VIII, le pape qui considérait
15:35qu'il était le seul à pouvoir disposer des couronnes et des royaumes.
15:39Et ces mêmes états généraux vont, comment dire,
15:45considérer que le pape doit être mis en accusation
15:48pour avoir eu l'idée, éventuellement, d'excommunier Philippe le Bel.
15:53Donc, ça a recommencé en 1804,
15:57quand Napoléon Ier est allé chercher le pape Picet
16:00pour l'obliger à le couronner,
16:02et l'humilier au point d'ailleurs qu'il lui arrache la couronne des mains
16:05et qu'il la pose lui-même sur sa tête avant de couronner Joséphine.
16:09Alors, Picet avait pris une crise
16:11parce qu'il s'était rendu compte qu'ils n'étaient pas mariés.
16:13Bon, passons.
16:14Donc, il a fallu les marier en urgence.
16:15Mais religieusement, j'entends.
16:18Donc, c'est aussi un symbole du fait que cette France
16:23qui a été fille aînée de l'Église
16:25est tellement devenue habitée par cette situation privilégiée
16:31qu'elle en est venue à contester l'autorité pontificale.
16:34Est-ce pour cela que le pape ne vient pas ?
16:36Il n'est pas venu.
16:37Il viendra ce week-end encore, Camille Pascal.
16:40Mais parce que chaque fois qu'on avait vu venir un papa de Notre-Dame,
16:43c'était pour l'humilier.
16:45Je rappelle qu'après les états généraux de 1302,
16:51on envoie Guillaume de Nogaret chercher Boniface VIII à Agnani.
16:55Il est tiré de son lit.
16:57Je ne plaisante pas.
16:58Il est tiré de son lit et il est giflé devant le représentant du roi de France
17:03par un colonnat.
17:04Et Guillaume de Nogaret jette à ses pieds la convocation pour être jugé à Lyon.
17:09Il en est mort, Boniface VIII.
17:11De chagrin et de désespoir.
17:13Donc, pardon, j'ai trop parlé.
17:15C'est passionnant, Camille Pascal.
17:16L'histoire, la confrontation, vous dites insupportable,
17:19mais insupportable pour Rome.
17:20C'est vrai que la confrontation entre le pouvoir,
17:23la royauté française et puis après ensuite l'empereur
17:26et puis maintenant la monarchie républicaine,
17:28on va dire ça comme ça.
17:29Et Rome, elle a toujours été, effectivement.
17:32Charlemagne a pris la couronnée.
17:34C'est couronné ?
17:36Le pape, pour montrer que c'est lui qui le couronnait,
17:38la couronnée de force, par surprise, etc.
17:43Et le couronnement qui avait lieu contre les bons services de Charlemagne.
17:47Après, il y a eu même le concile de Trente.
17:49Le concile de Trente, c'était une réplique au concile de Pise
17:53qui avait été convoqué par Louis XII, je crois.
17:56Et justement, le pape voulait montrer qu'en fait...
17:59Non, mais montrer.
18:00Et ça, ça a permis jusqu'à aujourd'hui, effectivement.
18:04Alors pourquoi le pape n'était pas là ?
18:05Vous êtes intéressants.
18:06Probablement qu'il est plus dans la pastorale
18:09et les gens l'intéressent plus que les pierres.
18:11Mais il m'a été dit quand même de source vaticaine,
18:14c'est vrai qu'il n'a pas une grande passion pour la France.
18:17Non, pas pour la France.
18:18Pour Paris et pour Emmanuel Macron.
18:20Pour le président de la République, oui.
18:21Il n'a pas une grande sympathie pour le président de la République.
18:23Il ne cite pas le texte lu.
18:26Il ne cite pas le président de la République.
18:29C'est un coup de crosse.
18:32Eric, vous voulez dire un petit mot avant la fin de l'émission ?
18:34Sur le coup de crosse ?
18:35Non, sur ce que vous voulez.
18:36Non, non, non. J'ai trouvé ça passionnant.
18:38Par exemple, qu'il est question d'un cardinal
18:40et pas de n'importe quel cardinal
18:41dans le livre sur le collier de la reine.
18:42Eh oui, lequel ?
18:43Je voulais juste...
18:44Allez-y, Eric.
18:45Je vous donne la part de Camille Pascal.
18:46Un petit sourire dans ce monde des réunitions,
18:49c'est que quand j'ai vu les trois coups portés
18:50avec cette nouvelle crosse, sans doute aussi dessinée par...
18:54Peut-être M. de Castelbajac.
18:55Oui.
18:56J'ai l'impression que vous allez dire une ânerie.
18:58Je sens que vous allez dire une ânerie.
18:59Je savais qu'il allait nous faire ça.
19:00Ça m'a un peu, mais bon.
19:01Le cardinal dans votre livre, Camille ?
19:03Le cardinal, le malheureux, c'est un homme qui est...
19:07Vous savez, c'est un grand courtisan, d'abord.
19:09C'est un grand libertin, c'est un grand courtisan,
19:11mais il est cardinal, il est archevêque de Strasbourg,
19:14il est recteur de la Sorbonne,
19:16il est membre de l'Académie française,
19:17il est directeur de l'hôpital des 15-20,
19:21et surtout, il est grand aumônier de France,
19:23c'est-à-dire la charge la plus haute.
19:25Et la reine ne lui adresse plus la parole depuis dix ans.
19:27Et il n'y a rien de pire, vous savez,
19:29je les ai un peu connus, un peu fréquentés,
19:31pour un courtisan que d'être en disgrâce.
19:33Donc il a avalé toutes les couleuvres qu'on a bien voulu lui présenter.
19:36Je vois pas de quoi vous parlez.
19:37Et il s'en est dégusté.
19:38Merci Camille Pascal, la reine du labyrinthe,
19:40la vérité sur l'affaire du collier aux éditions Robert Laffont.
19:43Merci à tous, c'était une édition passionnante sur CNews
19:45et sur Europe 1 de Punchline.
19:47Tout de suite sur Europe 1,
19:48Pierre De Villeneuve pour Europe 1 Soir,
19:49et Christine Kelly pour Facein l'Info.
19:51Bonne soirée à vous sur nos deux antennes.
19:52A demain !