Les rebelles, menés par des islamistes radicaux, ont annoncé être entrés dimanche 8 décembre dans la capitale Damas après une offensive fulgurante en Syrie, faisant fuir selon eux le "tyran" Bachar al-Assad et mettant fin à cinq décennies de règne du parti Baas.
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00:00Je l'observe comme un très grand soulagement, c'est-à-dire les très nombreux Syriens que je connais,
00:05soit en Syrie, soit à l'extérieur, ont attendu ce moment pendant très longtemps.
00:12L'époque que j'ai vécue entre 1998 et 2002 à Damas, c'était la fin du règne, si je puis dire,
00:23de Hafez al-Assad et le tout début de Bashar al-Assad, on appelait ça le printemps de Damas.
00:29On a voulu y croire pendant un certain temps, mais il s'est très vite avéré,
00:33et dans mes discussions avec lui, j'avais toujours eu beaucoup de doutes sur sa volonté réelle
00:39de mettre en œuvre des réformes, ne serait-ce que des réformes économiques,
00:43des réformes qui permettraient à tous les chaînes d'entreprise d'avoir un accès au crédit, au marché, etc.
00:50Donc tout ceci s'est très mal passé depuis 2011, c'est une répression sans nom qui a pris place,
00:58tout ça est bien documenté, donc je n'y reviens pas.
01:01Mais aujourd'hui, ce qui incite à la prudence, c'est que le chef de la rébellion, Al Jolani,
01:09s'est refait une image en seulement quelques années ou quelques mois.
01:15Son interview il y a deux jours sur CNN et tout ce qu'il a dit depuis lors,
01:19c'est pratiquement le langage le plus parfait, le plus polissé qu'on puisse imaginer
01:25de la part d'un homme qui a un passé bien plus terrible que ce qu'il dit.
01:30Alors s'il fait ce qu'il vient de dire depuis deux jours, c'est-à-dire respecter la diversité de la société syrienne
01:38du point de vue ethnique, du point de vue religieux, la tolérance envers tous ces groupes qui composent la mosaïque syrienne,
01:45ce sera en principe très bien.
01:48Reste à voir si un, il va le faire vraiment, et deux, si les autres composantes de la société syrienne
01:55qui ont chacune souffert à leur façon, plus les alaouites qui étaient eux-mêmes au pouvoir,
02:01vont vouloir participer à une forme de gouvernance collégiale.
02:07On n'en sait rien à ce stade. Donc personnellement, je reste très prudent sur ce plan-là.
02:14Il y a certes des différences énormes avec la Libye de Kadhafi ou avec l'Irak, comme ça a été dit précédemment,
02:19mais malgré tout, il y a un tel ressentiment envers le régime Assad
02:26que je ne sais pas très bien comment ça peut se passer dans les semaines qui viennent.