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Les Mécanos, c’est ce groupe stéphanois qui s’est choisi en 2018 un répertoire inaccoutumé : des « chants populaires et de percussions à molettes ». Chants ouvriers, de travail, rural comme urbain, un répertoire abordé en bleu de travail, comme pour mieux signifier leur engagement. 3 ans après un premier EP, ils éditent ce mois de novembre 2024 leur premier album « Usures ». Un album de luttes actuelles et passées, de mémoires ouvrières, de titres en occitan et en français porteurs de complaintes, de rage et d’espoir. Un chant polyphonique parfaitement huilé qui s’inscrit déjà dans la sono mondiale. Usures était présenté pour un premier concert au FIL, une réalisation de Chantale Joassard

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Transcription
00:00Et bonjour, bonsoir, bienvenue de côté scène, et cette semaine on vous plonge dans le bleu.
00:06Et c'est une scène qui va se jouer d'apparition et disparition, la scène des mécanos, ces
00:20musiciens stéphanois qui depuis 2018 se sont fait les chantres des chants populaires, digues
00:27en bleu de travail, la musique usine un répertoire traditionnel, ces chants ouvriers qui restent
00:32éloignés de nos oreilles. Alors dans ce côté scène avec deux mécanos sur dix, nous évoquerons
00:37cette histoire singulière, très engagée, autour de leur premier album Usure, trois ans après leur
00:43première EP, et sur scène c'est très clair, le chant gronde, danse, allez c'est parti.
00:57Malheureux indigène, effondré la misère.
01:09Malheureux indigène, effondré la misère.
01:21Malheureux indigène, effondré la misère.
01:31Malheureux indigène, effondré la misère.
01:43Et voilà pour le temps et en cinq ans le groupe a changé, on les avait découverts en bleu de travail
01:53et en Marcel, aujourd'hui les nuances sont partout dans la musique, dans la scénographie, ce n'est
02:00plus seulement un costume. Alors on n'efface pas vraiment puisqu'en fait on a le
02:07propos du nouvel album, il est vraiment tourné autour de le milieu ouvrier, mais on va aussi
02:14sur pas mal d'autres sujets, la déforestation, des sujets un peu plus politiques, mais le bleu on a
02:22un peu, c'était surtout une question de scénographie en fait, on s'est un peu échappé
02:27de ce bleu-là de travail, c'était pour varier un peu, mais en réalité dans les faits c'est
02:33clairement encore ce qu'on représente, le milieu ouvrier.
02:39Des comptes ignorés, d'états d'acquiesce, des monnaies, des policiers sourds, vous n'avez pas des sourires à la vidange.
02:45Des sourds, nous pauvres, des sourires, nous pauvres.
02:50Des comptes ignorés, d'états d'acquiesce, des monnaies, des policiers sourds, vous n'avez pas des sourires à la vidange.
02:57Oui, tout dépend de l'angle, mais nous en tout cas on met l'accent, on tient à mettre
03:05l'accent sur la défense des conditions ouvrières et prolétaires au sens large, c'est-à-dire
03:10de la basse classe sociale, c'est évidemment quelque chose qui nous tient à cœur.
03:15...
03:30Alors en chantant en Occitan, vous ne faites pas que des reprises, mais vous plongez aussi
03:35dans l'histoire locale. Comment est-ce que vous avez construit votre répertoire ?
03:40...
03:49Eh bien, il y a un petit peu de tout. Là, dans cet album, tout le monde y a un peu mis sa patte.
03:55Il y a eu des chants que l'on a écrits, que certains d'entre nous ont écrits.
04:02Par exemple ?
04:04Il y a des chansons comme « Tsaske Dzour », ou alors le premier single qu'on a sorti,
04:10« Des Momatis », qui a été écrit par l'un d'entre nous, texte et mélodie.
04:16Les arrangements, on les fait un peu nous tous après, ensemble.
04:20Il y a des textes qu'on a recueillis, qui étaient plus des choses familiales.
04:25Il y a une des chansons qui est un texte d'un des grands-pères du groupe.
04:32D'autres qui sont des collectages, qui sont des chansons un peu de village.
04:37Ce qu'on appelle un collectage, c'est qu'on va enregistrer...
04:41Des témoignages ?
04:42Pas des témoignages, mais c'est un témoignage en chansons, en fait.
04:46C'est un peu ça. Le plus souvent, on va chercher ça chez des personnes âgées,
04:52qui ont cette mémoire-là du trad.
04:56Et voilà, donc il y a un petit peu de tout.
05:01...
05:25Alors, on a envie de savoir comment ça se passe pour vous, le projet des Mécanos.
05:28Comment ce passage de la langue française à la langue occitane,
05:31comment ça infuse dans votre vie de musicien ?
05:35Eh bien, ça agit très certainement, puisque de toute façon,
05:39on a décidé de s'intéresser un peu plus à cette langue, à l'occitan.
05:45Et vous passez du français à l'occitan très facilement.
05:49Oui. Alors en chanson, on n'est pas tous locuteurs, par contre.
05:56Mais certains d'entre nous, du coup, sont allés jusqu'à faire un stage d'occitan
06:00pour approfondir un peu plus la langue, et de toute façon,
06:04et les accents, et les intonations, et le travail des voyelles,
06:08tout ça, pour que ça infuse, comme tu disais, dans le groupe,
06:12et qu'on puisse unifier nos chants, et que ça sonne un petit peu mieux.
06:18Enfin, c'est un travail qu'on a fait, en tout cas.
06:22Oui, de porter cette mémoire, ça a quelque chose d'assez émouvant pour beaucoup dans le groupe.
06:32Et du coup, c'est quel style d'émotion que vous ressentez ?
06:37C'est balèze.
06:39C'est balèze, ça résume pas mal.
06:42C'est une espèce de nostalgie héritée, peut-être qu'on pourrait l'appeler comme ça.
06:48Et de fierté aussi.
06:50Voilà, de fierté, de retourner vers quelque chose que la génération de nos parents, en général, a perdu.
06:57Et vous voulez leur ramener ça.
06:59Exactement.
07:01L'occitan, en plus, il y a une espèce de combat en ce moment en France,
07:06et du coup en Espagne et en Italie,
07:09d'essayer de ramener un petit peu cette langue,
07:13en tout cas, de faire en sorte qu'elle ne meure pas.
07:21La bataille pour une langue, pour des racines, pour une population ondrière aussi.
07:25Mais dans ce premier album, vous ne cherchez pas à tout récolter,
07:28à tout documenter sur ce que serait le champ populaire et le champ de travail.
07:33En un mot, vous ne cherchez pas à être exhaustif.
07:36Évidemment, on n'a pas pour vocation ni pour prétention de faire un travail comme ça.
07:41Mais on a envie de faire un travail comme ça.
07:45On se sert de ça pour exprimer le propos que l'on souhaite.
07:50Alors on reviendra sur les textes, mais musicalement aussi,
07:53vous amenez un ton d'aujourd'hui en injectant dans ces polyphonies une culture hip-hop.
07:59Nous, je crois qu'on pourrait dire que c'est du néo-trade,
08:03c'est-à-dire que nous, on a une culture de la musique,
08:06et on a une culture de la musique,
08:08et on a une culture de la musique,
08:11Nous, je crois qu'on pourrait dire que c'est du néo-trade,
08:14on est un peu dans cette mouvance de tous les groupes actuels qui sont partis de la musique traditionnelle.
08:19Et pour ce qui est des compositions, c'est ça qui a fait un peu la pâte d'Usur,
08:25c'est qu'on amène un peu tous nos compositions,
08:28tout le monde a mis un peu la main à la pâte pour amener un produit brut,
08:33et après on le polie tous ensemble, on le taille,
08:36et voilà, ça donne la petite sculpture qui est Usur.
08:39Quelles sont vos influences vocales ?
08:41Je dois peut-être être riche, mais est-ce qu'on peut évoquer le blues, le gospel ?
08:45Musicalement, comment ça travaille ?
08:47Gospel, je ne pense pas.
08:48Gospel, on n'a pas trop,
08:50mis à part le fait que c'est des voix organisées en chorale avec des cupitres,
08:55évidemment, ça peut faire peut-être penser à ça,
08:58mais pas tant, non.
09:00On s'inspire plutôt d'autres groupes,
09:06comme Baru, qui sont avec nous ce soir,
09:09ou San Salvador.
09:17Chacun dans le groupe, on a tous des origines vraiment différentes dans les styles,
09:22il y en a qui viennent du reggae, du métal,
09:24de la musique trad, un petit peu plus,
09:26du jazz, du chant choral, même un peu plus classique.
09:30Voilà, il y a tout le monde, c'est un joyeux mélange de tout ça.
09:33Comme on compose un peu tous ensemble, ça donne ça.
09:55Vous avez été récompensé par un prix international qui vous a ouvert des portes.
10:00Est-ce que cela fait de votre répertoire un répertoire plus international aujourd'hui ?
10:05Et comment il réagit sur le Canada ou en Espagne ?
10:08Pour la Catalogne, je crois que le public là-bas est particulièrement sensible
10:13au travail de défense de la langue occitane,
10:15puisque le catalan, c'est presque de l'occitan,
10:20ces deux langues sont très proches,
10:22et les catalans et les catalanes sont très au fait de la défense de leur langue,
10:27puisque face à la géante Espagne,
10:30ils se battent un petit peu pour leur indépendance,
10:33donc forcément, ça, ça les touche vraiment beaucoup.
10:43Alors dans cet album Usure et dans votre répertoire,
10:46on retrouve le chant des canuts que vous avez réarrangé.
10:52Vous en prenez aussi la fusillade du brûlé de la Réquimarie, un chant de protestation.
10:56Mais en dehors de cette volonté mémorielle, est-ce qu'il y a un goût d'enfance,
11:01d'éveiller, chanter, à ramener dans le monde d'aujourd'hui ?
11:05À ramener, moi je dirais qu'il est déjà bien là malgré nous,
11:09parce qu'en réalité, on est quand même 10 gamins,
11:13et par rapport à ces hommages-là à nos grands-parents,
11:19ça pour le coup, c'est des gens qui nous soutiennent pour certains depuis qu'on est petits.
11:26C'est pour nous important de rendre hommage aux anciens.
11:31Et vous parlez d'héritage.
11:33Les chants en particulier, non, parce qu'on est allé en chercher d'autres,
11:38mais le fait de chanter, en tout cas, c'est évidemment une transmission.
11:44Il y a certaines de nos familles où ça ne s'est jamais arrêté,
11:47aussi loin qu'on puisse remonter dans nos souvenirs.
11:54Vous parlez aussi de transmettre,
11:56vous animez des temps dans les maisons de retraite pour rencontrer d'autres générations.
12:00Pour vous, il n'y a pas de rupture avec ces temps anciens du patois local ?
12:05Eh bien, s'il y avait eu rupture,
12:08probablement que ce projet n'existerait pas ou serait bien différent,
12:15mais cette non rupture dans certaines des familles a participé à la patte de ce projet-là.
12:23Ça rassemble du monde.
12:26C'est ça, et il y a aussi le fait que certains d'entre nous chantent dans leur famille,
12:31ce genre de chant, depuis qu'ils sont tout gamins.
12:35Les grands-parents les chantaient, leurs parents les chantaient,
12:38eux les chantent maintenant, c'est un héritage qui est hyper beau.
12:41Oui, c'est ça.
12:45On fait quand même une vraie démarche de ramener ça,
12:49de ramener cette langue quasi oubliée,
12:52de ramener les souvenirs de ce qu'étaient les mouvements ouvriers,
12:56surtout qu'autour de Saint-Étienne, c'est quand même...
12:58Ce qui manquait.
12:59Oui, voilà, c'est une énorme page de l'histoire de cette ville,
13:03qui n'est d'ailleurs pas terminée.
13:05Et pour conclure, je vais citer votre présentation à la presse de cet album Usure.
13:09Vous dites que vous avez fait un travail d'artiste,
13:13vous dites que vous avez un répertoire festif, délicat et engagé.
13:18Festif, engagé, on l'a vu.
13:21Mais délicat, c'est le mot sur lequel je m'arrête.
13:23En bleu de travail avec des percussions à molettes, ça va avec ?
13:27Eh bien, quand on nous connaît un petit peu plus,
13:29quand on va un petit peu plus loin que cette apparence d'Ibarbu sur scène,
13:34c'est quelque chose qu'on entend souvent malheureusement.
13:39Oui, délicat, c'est très, très dans le thème du projet,
13:43parce qu'on est très à l'écoute des uns des autres.
13:48C'est un projet où on discute beaucoup et on est dix frères sur scène.
13:53Et après, il y a les frères et sœurs qui nous accompagnent encore.
13:56Et sur scène aussi, on ne fait pas que des chants polyphoniques,
14:01un peu chargés, un peu velus, avec des percs.
14:04On sait faire aussi de la polyphonie plus berceuse.
14:10Ce n'est pas berceuse que je cherchais.
14:12On va jusqu'à la berceuse.
14:26Pour parler de ce premier album Usure,
14:28je dirais que le mot ne résume pas les mécanos,
14:32même s'ils usinent avec finesse des pièces de chants ouvriers.
14:36S'il y a Usure, ce n'est pas du côté du délabrement, au contraire.
15:03Usure, c'est plutôt un passage d'érosion pour polir ce répertoire,
15:09nous le faire entendre, soigner, travailler, perfectionner, raffiner et moins triste.
15:13Usure qui sort fin novembre 2024 avec aussi des solos accompagnés à plusieurs voix.
15:18Bref, des visages sur ces chants ouvriers qui se lèvent en 2024.
15:32Ha Gueye ha
15:42Ha Gueye ha
15:59Il faut absolument aller les écouter sur scènes.
16:01sur scène, vivre dans le public, ce qu'a pu vivre ce premier public du fil pour la
16:07présentation de cet album Usur, et sur ce, on se quitte, à bientôt dans Quotidienne.
16:12Portez-vous bien, bye, et regardez vers le passé, ce n'est pas inintéressant.
16:31C'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est
16:58bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est
17:05bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est
17:06bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est
17:07bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est
17:08bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est bien ça, c'est

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