Xerfi Canal a reçu Richard Amalvy, professeur à l’école des hautes études internationales et politiques (HEIP, Paris), ancien Dirigeant de plusieurs fondations et ONG nationales et internationales, pour parler de la transition climatique.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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00:00Richard Amalvy, vous êtes professeur à l'École des hautes études internationales
00:15et politiques, c'est l'H.E.I.P. à Paris, et vous êtes surtout, j'ai envie de dire,
00:22ancien dirigeant de plusieurs fondations ONG, nationales, internationales, donc vous avez
00:28vraiment un regard ample sur un sujet qui vous tient à cœur, à savoir la transition
00:33climatique.
00:34Et vous nous dites, un petit papier que j'ai vu passer sur LinkedIn, mais voilà, ça c'est
00:40vous, et je vous ai bien reconnu, un papier à la fin, on a Anna Arendt, on a Bertrand
00:45de Jouvenel, on a Guy Rocher, donc un papier très argumenté, vous nous dites la transition
00:51climatique sera culturelle ou ne sera pas.
00:54Alors pourquoi elle sera culturelle ou elle ne sera pas ?
00:57Ça part d'un constat, je suis à l'ACOP 27 à Chamelchir, je décide d'aller gravir
01:03le Sinai de nuit avec un ami, puis quelques personnes qui visiblement venaient aussi de
01:08l'ACOP et allaient revenir à l'ACOP, et au petit matin, j'ai découvert que le
01:13mont Sinai, qui est une montagne sacrée pour au moins trois religions, est couverte de
01:17pollution.
01:18Et donc ça m'a mis dans une très grande colère, et on repartait vers Chamelchir où
01:24allait se terminer l'ACOP, et je me disais mais là, il y a vraiment un sérieux problème,
01:28parce qu'on est en train de débattre de choses extrêmement importantes pour l'avenir
01:31de la planète, et en réalité, ce qui est fondamental, c'est que l'être humain
01:36comprenne qu'il faut qu'il change ses comportements.
01:38Donc pourquoi une transition écologique ou climatique accompagnée par une transition
01:44culturelle ? Parce que d'abord, ça va prendre du temps, et ça veut dire qu'il
01:48faut passer par un changement des habitudes et des praxis, tant au niveau individuel
01:53que collectif.
01:54Évidemment, la grande tension, c'est entre le développement économique d'un côté,
01:59la préservation de l'environnement de l'autre.
02:01Donc on a envie de vous dire tout de suite, est-ce que tout ça n'est pas un peu utopique
02:07de penser que finalement, on peut réussir cette révolution culturelle ?
02:10Si on prend conscience que ce que l'on appelle l'action anthropique ou l'anthropisation
02:17de nous, alors on va se dire, parce que finalement, depuis que l'homophobe existe,
02:24il y a toujours eu une action anthropique, donc l'homme a toujours agi sur l'environnement.
02:29On peut changer nos comportements, on peut changer nos regards.
02:32Donc en faisant quoi ? En atténuant notre impact, en adaptant notre impact ou en réhabilitant.
02:41Par exemple, si je suis élu dans une collectivité territoriale, regarder la carte
02:47d'une ville et se dire comment je peux réhabiliter des espaces par des actions,
02:53par exemple, de sobriété foncière.
02:54Bien sûr, c'est un des points déterminants dans votre discours, notamment une grande
02:58défense de la ruralité, c'est-à-dire de repenser vraiment une autre manière d'habiter
03:04le territoire.
03:05Et là, j'ai envie d'interpeller l'ancien dirigeant de ONG aussi, c'est-à-dire que
03:10ce qu'on va vous dire, c'est peut-être Afrique, Chine, Inde.
03:15Qu'est-ce qu'on pèse nous par rapport à ça ? Qu'est-ce qu'on peut faire ?
03:21Ça, on l'a vu dans les débats à la COP sur la question de l'anonymisation des pertes
03:27et des dommages.
03:28Et tout le discours qu'il y a eu à la fin de la COP 27 et finalement à la COP 28 à
03:34Dubaï, avec des pays comme la Chine qui sont à la fois pays en voie de développement,
03:40mais quand même pays industrialisés, et c'est pareil pour l'Inde.
03:43En ce qui concerne l'Afrique, c'est extrêmement intéressant.
03:45J'ai travaillé pas mal ces dernières années sur la question de la préservation du bassin
03:50du Congo.
03:51Ça m'a rappelé des débats que nous avions quand je travaillais à l'OCDE il y a dix
03:54ans.
03:55Comment fabriquer aujourd'hui une croissance verte ? Est-ce qu'il est possible d'imaginer
04:00une croissance verte ? Est-ce qu'il est possible d'imaginer un autre modèle de
04:03développement ?
04:04Alors, ça crée des contraintes et en réalité, on le sait très bien, quand on travaille
04:09en prospective, puisque ce qui m'intéresse aussi, c'est tout le travail de prospective.
04:12C'est pour ça que je fais appel d'ailleurs à Bertrand de Jouvenel, quels sont les futuribles
04:17qui se présentent à nous pour se dire, dans 20 ans, si on réussit cette transition climatique
04:22par une transition culturelle, c'est-à-dire le changement de nos habitudes et de nos praxis,
04:27alors on aura peut-être trouvé une autre forme de développement.
04:31Et ce qui est intéressant, c'est de voir ce qui se passe aujourd'hui dans certains
04:34pays africains, où on repense, par exemple, les circuits courts, où on se dit, mais après
04:41tout, pourquoi faire simplement de l'extraction primaire pour envoyer la matière première
04:46en Chine ou ailleurs ? Il faut refabriquer une autre façon d'industrialiser aujourd'hui.
04:51Évidemment.
04:52La transition climatique sera culturelle ou ne sera pas ? Merci Richard Amalvide.
04:58Merci Jean-Philippe.