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Un canular à la télé italienne, l'enterrement de Philippe Gildas, sa dépression… Pour Brut, Antoine de Caunes revient sur 3 de ses histoires persos.

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Transcription
00:00Je vois effectivement le type qui pointe un flingue sur l'autre clown et qui tire.
00:06Et le clown s'effondre et il se tourne vers moi.
00:09Et là, je me retrouve au milieu d'une station service en pleine nuit,
00:12en Italie, en plein hiver, avec un type qui va me faire la peau
00:15comme il vient de faire la peau de l'autre clown.
00:17Et puis j'attends la balle, j'attends la balle, j'attends la balle et la balle ne vient pas.
00:20Il y avait des prank clowns, des types qui se déguisaient en clowns
00:34et qui surprenaient les gens la nuit dans des coins un peu isolés
00:38et qui leur foutaient la frayeur de leur vie.
00:40Et je suis allé faire un sujet, moi, en Italie sur eux pour l'émission
00:44de l'époque qui s'appelait l'émission d'Antoine.
00:46Et on est tombé sur de jeunes Italiens et on décide de monter un canular ensemble.
00:53Et donc, je devais me déguiser à mon tour en clown.
00:55On tournait ça sur une station service déserte en plein milieu de la nuit
01:00dans la campagne italienne.
01:01Donc, on attend, on attend, on attend.
01:02Il fait froid, une petite pluie et puis arrive finalement sur une moto
01:10un type qui vient faire le plein d'essence, qui retire son casque intégral,
01:14qui le pose sur la pompe.
01:15Et donc, je surgis en clown devant lui avec une tronçonneuse à la main
01:20que j'essaye vainement de faire démarrer.
01:22Le type part en courant dans la direction opposée.
01:25Et là, il y a un deuxième clown qui surgit de l'ombre sur son chemin
01:29avec une masse qui traînait par terre.
01:33Il faisait des étincelles tellement elle était lourde.
01:35Le type repanique et repart.
01:37Et là, le premier clown se met à hurler.
01:41He's got a gun.
01:42Je suis convaincu que je vais mourir.
01:43Je me dis quand même que comme je suis sur une station service,
01:45il va pas me tirer dessus.
01:46C'est pas possible, c'est trop dangereux.
01:47J'ai vu dans les films.
01:48Tout explose quand on vous tire dessus dans une station service.
01:51J'ai un moment de panique, je lâche la tronçonneuse.
01:53Je fais demi tour sur moi même et je pars en courant.
01:58Et puis j'entends des voix qui me disent OK, cut, cut, cut, cut.
02:02Je me retourne et là, je tombe sur toute l'équipe hilar des Italiens
02:08qui, en fait, avait monté le canular uniquement pour me choper, moi.
02:11Et là, j'ai ressenti pour la première fois de ma vie,
02:14la cruauté de l'exercice.
02:16C'est tellement drôle.
02:18Vous m'avez vraiment eu, les gars.
02:19J'avais qu'une envie, c'était de les égorger un à un.
02:26Notre filou bien-aimé disparaît.
02:27Quelques jours avant son enterrement, José m'appelle en me demandant
02:30ce qui se passe, comment, qu'est-ce qui est organisé, où on se retrouve, etc.
02:33On avait rendez-vous au crématorium du père Lachaise et je ne sais pas pourquoi.
02:37Une fois de plus, mue par cette inspiration diabolique,
02:41je ne vois pas d'autres sources.
02:43Je ne sais pas pourquoi je lui dis, écoute,
02:46je suis, je sais que ça ferait plaisir à Maryse qu'on vienne tous en blanc,
02:51habillé en blanc. Et José dit OK, bon, OK, je viendrai en blanc.
02:55Évidemment, il est venu en blanc.
02:58Il a été accueilli, mais comme une star hollywoodienne.
03:00Il y avait un mur de photographe qui était là.
03:02Et c'était Eddie Barclay qui arrivait, quoi, à voir un infirmier
03:05d'hôpital psychiatrique avec Madame, les deux en blanc, les deux seuls en blanc,
03:09évidemment. Et ça a été très drôle.
03:12C'est à dire que d'abord, ça a fait rire Maryse,
03:15ce qui était quand même le principal mérite de l'histoire.
03:20Et en revanche, il m'en a voulu beaucoup, beaucoup.
03:24Et je pense qu'il m'en veut encore.
03:30C'est à dire qu'il y a ce qu'on appelle des hauts et des bas.
03:32Il y a des moments de grâce où tout roule, où tout tourne,
03:36où tout a l'air facile, où on est dans une dynamique,
03:39où on vous pousse, on vous encourage.
03:41Et puis, des moments où ça casse.
03:43Alors, ça peut être l'échec d'un film.
03:46Ça peut être une émission qui s'arrête brutalement.
03:50Donc, il y avait tout ça dans l'arrêt du Grand Journal.
03:52Il y avait, oui, le fait qu'on arrêtait physiquement, concrètement le Grand Journal.
03:55On cessait la production.
03:56J'avais perdu mes deux parents aussi dans l'année qui venait de s'écouler,
04:00à six mois d'intervalle.
04:01Pour dire la chose simplement, j'ai sombré dans une bonne vieille dépression des familles.
04:05Et j'ai tenu à en parler, en fait, dans le livre,
04:07non pas pour m'apitoyer sur mon sort ou pour émouvoir le lecteur,
04:13mais parce que je trouve ça important de banaliser ce genre de situation.
04:17C'est un mal tellement répandu, tellement courant
04:21et tellement compréhensible par la plupart des mortels.
04:26Mais en même temps, quelque chose dont on ne parle pas
04:28parce que ça reste toujours considéré comme une maladie,
04:31comme une faiblesse, comme je ne sais pas.
04:34Donc, ça m'a semblé important, au contraire, de parler simplement.

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