Pierre-Olivier Nau, président du Medef 31
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00:00Et le premier qui va réagir, c'est le patron des patrons en Haute-Garonne. Bonjour Pierre-Olivier Nauf.
00:03Bonjour, merci beaucoup de m'accueillir.
00:05Vous êtes le président du MEDEF en Haute-Garonne et président du groupe Manatour, spécialisé dans le tourisme et la culture.
00:11J'aimerais d'abord savoir comment vous avez regardé l'Assemblée hier quand la motion de censure a été votée et adoptée.
00:18Dépité, découragé, soulagé, il s'est passé quoi dans la tête de Pierre-Olivier Nauf ?
00:23Je crois qu'il s'est passé à peu près ce qui s'est passé dans la tête de tous les chefs d'entreprise que j'essaie de représenter.
00:28Pour la Haute-Garonne, une bouche bée et un immense point d'interrogation sur l'avenir en fait.
00:34Beaucoup d'incertitudes et donc que va-t-on faire maintenant ?
00:37Nous, chefs d'entreprise, tous ceux que je tâche de représenter, on a besoin de visibilité, on a besoin de lisibilité.
00:46Et hier soir à 20h20, j'ai exactement pensé ça, je n'ai aucune visibilité, je n'ai rien à lire de clair, voilà.
00:54Vous pensiez que le gouvernement allait être renversé si vite et que Michel Baragné serait le premier ministre le plus éphémère de cette Ve République ?
01:02Écoutez, si je regardais froidement ce qui se passait, il semblait qu'assez rapidement, l'Assemblée s'y dirigeait, oui.
01:08Mais j'ai espéré, vous savez, le propre d'un chef d'entreprise, c'est l'optimisme, l'optimisme qui est un moteur.
01:13Et donc j'ai espéré que la raison l'emporte et qu'on allait nous offrir justement une année 2025 visible, lisible.
01:22Je suis désolé d'être en boucle sur ces termes-là, mais c'est ce dont nous avons besoin, chef d'entreprise.
01:27Ne pas avoir de gouvernement pendant plusieurs semaines, sans doute, quelles conséquences cela peut avoir sur les entreprises de notre département ?
01:34Disons que là, pour les semaines qui viennent, on n'a pas les JO pour nous occuper, si vous voulez.
01:38Donc la situation n'est pas la même que cet été.
01:43On ne peut pas parler d'affaires courantes, là maintenant, on a besoin d'un budget clair, on a besoin de décisions politiques fortes.
01:49En l'occurrence en faveur de l'économie et de l'entreprise, et donc du pouvoir d'achat, on a vraiment besoin de cela.
01:55Donc ne pas avoir de capacité à prendre de décisions, donc de budget, c'est grave pour les entreprises et pour l'économie.
02:01Et c'est quoi ? Juste une frilosité qui peut freiner les marchés tous secteurs confondus ?
02:05Alors ça va de... En fait l'impact il va être simple, et d'ailleurs on le voit déjà depuis plusieurs semaines.
02:11C'est les entreprises qui n'ont pas de visibilité ne vont pas investir.
02:14Investir ça veut dire acheter une nouvelle machine pour un industriel, ça veut dire recruter,
02:18ça veut dire des négociations annuelles obligatoires qui potentiellement peuvent être compliquées aussi
02:24parce qu'on ne sait pas où on va en fait sur les augmentations de salaires, sur les recrutements, sur les décisions d'exporter ou pas,
02:29d'aller explorer un nouveau marché. Tout ça on ne va le faire que si on est sûr ou à peu près sûr d'un avenir.
02:35Là aujourd'hui les marchés financiers, donc indirectement la capacité des entreprises à emprunter pour investir
02:41vont être gelés ou en tout cas compliqués pour emprunter.
02:47Donc encore une fois on a une forme de pause, la France va être en pause, la France de l'économie d'entreprise risque d'être en pause.
02:54Et si vous êtes chef d'entreprise patron et que vous nous regardez en ce moment sur France 3 Oxtanie ou que vous nous écoutez à la radio,
02:58n'hésitez pas à venir témoigner sur votre inquiétude potentielle au 05 34 43 31 31.
03:05Mais quand même beaucoup d'entreprises sont sans doute soulagées, les allégements de charges des entreprises sur les bas salaires
03:10ne seront finalement pas réduits comme c'était prévu, ça c'est quand même une nouvelle rassurante.
03:15Écoutez, cette question là elle est intéressante parce qu'elle renvoie finalement au budget d'il y a un an.
03:21Et le budget d'il y a un an il était dans une France qui n'était pas la France d'aujourd'hui en fin de compte,
03:26dans un contexte totalement différent. Aujourd'hui on a une France qui a 6,5% de déficit budgétaire par exemple,
03:32on a une France dans une Europe qui est en face d'une Amérique désormais présidée par Trump qui a des visées protectionniques extrêmement fortes contre l'Europe.
03:39Et donc on a deux budgets qui sont incomparables, donc toutes les équations de ce budget d'il y a un an n'ont pas vraiment de sens aujourd'hui.
03:48Encore une fois nous on a besoin de politiques claires et donc d'un budget qui l'incarne et ça on ne sait pas où on va.
03:54Et on a besoin que vous nous parlez des entreprises de chez nous, de la Haute-Garonne,
03:56quels sont les secteurs qui sont déjà fortement impactés par l'instabilité politique qu'on connaît depuis plusieurs mois ?
04:02Alors le secteur qui est le plus impacté aujourd'hui c'est vraiment celui au sens large de l'immobilier et du bâtiment et de la construction en fait.
04:09On n'achète pas ? On achète beaucoup moins ?
04:11Alors on achète beaucoup moins, on va moins emprunter.
04:13Alors il y a eu une petite vague positive à la rentrée en septembre à peu près qui a fait qu'on achetait un petit peu plus,
04:17donc il y a eu une reprise légère et d'ailleurs ce qu'on appelle les frais de notaire ont permis au département de retrouver un petit peu de rentrée fiscale
04:24et puis hop ça replonge aujourd'hui parce que l'incertitude donc baisse des transactions immobilières et baisse des achats.
04:29Par incidence moins de construction, le bâtiment ça c'est vrai pour le logement mais également vrai pour le tertiaire donc les bureaux et également vrai pour les usines.
04:37Pareil du côté travaux publics aujourd'hui, les collectivités territoriales qui sont celles qui commandent le plus de travaux publics.
04:42Il y en a des travaux à Toulouse en ce moment ?
04:43Il y en a beaucoup à Toulouse en ce moment effectivement et sur le département mais malheureusement on s'attend à ce que ça freine.
04:47Pourquoi ? Parce que ces fameuses collectivités ont moins d'entrées, moins de moyens et peuvent moins s'engager sur des projets de travaux.
04:54Donc les entreprises du TP, du travail public souffrent également.
04:57Mais il n'y a pas que ce secteur-là, celui du bâtiment et des travaux publics.
05:01D'autres sujets souffrent énormément, celui de la santé également, celui par exemple de l'événementiel au sens large,
05:07donc les traiteurs, les restaurants, le monde de la production souffre aussi beaucoup.
05:11Et puis l'industrie aussi, l'industrie qui dans notre région a besoin de se mettre en ligne pour pouvoir produire pour Airbus,
05:18donc assumer les cadences qui sont demandées par le donneur d'ordre et l'assembleur Airbus,
05:22aujourd'hui n'ont pas vraiment les moyens d'investir, cherchent partout à avoir le cash pour pouvoir investir et assumer ces cadences-là.
05:27Vous par exemple chez Manatour, vous faites du tourisme, on l'a dit, industriel, culturel,
05:32vous imaginez une baisse de fréquentation et de clients dans les prochaines semaines ? Ça se voit déjà ou pas ?
05:36Alors je ne le vois pas depuis quelques semaines, je constate que les gens achètent moins par exemple la boutique en fin de visite, ça c'est certain.
05:45Chez Aeroscopia ?
05:47Chez Aeroscopia par exemple, je constate qu'on a un restaurant qui est un tout petit peu moins fréquenté également,
05:52donc on sent que la fréquentation est un petit peu freinée indirectement par des gens qui font attention à leurs dépenses du quotidien,
06:00et par ailleurs on risque d'avoir un phénomène qu'on a souvent observé en période d'incertitude,
06:05où les gens restent chez eux, dans leur bulle, au calme et en sécurité en quelque sorte.
06:08Et j'ajoute que les défaillances d'entreprise ont brandi de 23% au second trimestre de cette année par rapport à la même période l'an dernier.
06:14Merci beaucoup Pierre-Olivier.
06:15Et encore je me permets, excusez-moi, c'est qu'à Toulouse on a la chance d'avoir Airbus et donc on a moins de défaillances qu'ailleurs,
06:21c'est un élément intéressant à avoir en tête, et je me permets pour le dire de vous remercier,
06:24vous avez eu le réflexe d'inviter les entreprises et leurs représentants en période d'incertitude,
06:28j'espère que le gouvernement aura le même réflexe, se retourner vers l'économie des entreprises,
06:31parce que c'est là qu'est l'incertitude pour l'avenir.
06:33Merci à vous Président du MEDEF en Haute-Garonne, bonne journée.
06:36Merci beaucoup.