L'enseignement à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) sera mis en place dès janvier 2025. L'EVARS est obligatoire depuis 2001 mais seulement 15% des établissements arrivent à le mettre en place.
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00:00C'est Votre Vie Psycho avec Johanna Rosenblum. Salut Johanna.
00:03Ce matin, tu voulais nous parler d'un acronyme qui fait couler beaucoup d'encre depuis plusieurs jours, E-V-A-R-S, EVARS.
00:10Exactement, l'EVARS, c'est l'enseignement à la vie affective, relationnelle et sexuelle.
00:15Il y a une nouvelle formule de l'EVARS qui est en train d'être travaillée, qui sera validée cours en décembre,
00:20qui est censée être mise en place dès janvier 2025 à l'école.
00:24Je rappelle quand même que l'EVARS, c'est obligatoire depuis 2001, mais seulement 15% des établissements réussissent à mettre cet enseignement en place.
00:33C'est obligatoire, trois séances par an, de la maternelle à la terminale. Autant vous dire que ce n'est pas du tout fait.
00:39Pourquoi ? D'abord pour des raisons souvent pratiques, il faut trouver du temps, il faut trouver une classe et un enseignant
00:45qui accepte de faire ces cours d'éducation à la vie affective et sexuelle.
00:50Mais surtout, c'est un contenu qui fait couler beaucoup d'encre et qui est accusé, pêle-mêle, de propager les théories de genre,
00:58les idéologies transgenres, les idéologies woke. Tout ça fait peur aux parents, donc c'est important de pouvoir en parler et de remettre les choses au clair ce matin.
01:07Mais allons sur le concret. Qu'est-ce qui fait peur dans ce programme ?
01:10Ce qui fait peur dans ce programme et ce qui fait peur à beaucoup de parents, d'associations et de politiques aussi,
01:15c'est que beaucoup d'adultes pensent qu'informer, c'est inciter. Mais on ne devient pas transgenre en parlant de transidentité
01:22et on n'incite pas à avoir des relations sexuelles en parlant de contraception. C'est complètement faux.
01:28En revanche, si on ne fait pas de prévention contre les violences sexuelles et sexistes, on n'apprend pas aux enfants le consentement,
01:34on n'apprend pas aux enfants et aux adolescents à dire non, on ne dénonce pas les violences des images à caractère pornographique
01:40et on n'apprend pas que le corps nous appartient et que certaines choses sont interdites.
01:44Et ça c'est important parce qu'on est quand même dans un pays où il y a 160 000 enfants par an qui sont victimes de violences sexuelles,
01:50un tiers des jeunes qui arrivent en sixième au collège en ayant déjà vu des films pornographiques
01:55et 17% des adolescents qui pensent qu'ils peuvent attraper ou contracter le virus du sida en embrassant une personne séropositive
02:03ou en buvant dans le même verre qu'elle.
02:04Donc il y a vraiment du travail. En quoi consistera cet enseignement à la vie affective, relationnelle et sexuelle ?
02:09Alors déjà pour assurer cet enseignement, il sera adapté à chaque âge de développement.
02:14On ne va pas parler de la même manière à un enfant en maternelle qu'à un adolescent au lycée.
02:18Donc en maternelle, on apprendra à nommer les parties du corps, à parler des émotions, à parler de notions d'hygiène
02:25et progressivement, on va apprendre à découvrir ces sens et les premières bases de l'égalité entre les hommes et les femmes.
02:32À l'école primaire, on va parler de l'évolution du corps à l'âge adolescent, des relations humaines en général
02:39mais l'objectif pour les enfants de l'école primaire, ce sera quand même de travailler le vivre ensemble,
02:45la notion de consentement, d'intimité et le fait d'interdire certaines choses par rapport au corps.
02:51Il y a une chose qui m'avait étonnée quand ma fille était en primaire et qu'elle avait eu cet enseignement,
02:55c'est qu'ils séparent les filles des garçons. Il y a deux groupes différents.
02:58Oui et ce n'est pas si bête que ça parce que ça peut libérer la parole.
03:01Les garçons et les filles n'ont pas tout à fait la même maturité.
03:04C'est là où des garçons peuvent ricaner un peu sur certaines questions concernant la sexualité.
03:09Les filles, elles, sont plus intéressées, posent plus de questions, lèvent plus la main volontairement.
03:14Donc selon les âges, ça peut être assez intéressant de séparer.
03:17Si les trois séances par an sont faites, pourquoi pas en accorder une pour les filles et une autre pour les garçons, séparées.
03:24Ensuite, au collège, je reviens au programme de l'Evars, il va y avoir une sensibilisation au développement de la personnalité,
03:30de l'affirmation de soi, encore du consentement et du non,
03:34et de la construction des relations égalitaires dans le respect de soi et des autres.
03:39Et quand on arrive à l'âge du lycée, c'est-à-dire on est en présence d'adolescents, de jeunes adultes,
03:44on va défaire les stéréotypes masculins, féminins et les élèves seront amenés à étudier l'intimité à l'ère des réseaux sociaux,
03:52la notion de désir, le consentement encore et encore, les questions de contraception et bien sûr les violences sexistes et sexuelles.
04:00Ça c'est au lycée. Tout ça pour vous dire que tout ce que vous entendez sur ce sujet qui va aborder des idéologies
04:10qui pourront être néfastes pour les enfants, qui pourront remettre en cause leur intimité,
04:16qui pourront les inciter à avoir des comportements pas attendus par les parents, c'est complètement faux.
04:23Le but de l'Evars, c'est quand même de faire de la prévention, d'enseigner et d'avoir un relais pour les parents.
04:28D'un mot, il y a une exploitation politicienne de Saint-Mathieu.
04:30Il y a une instrumentalisation politique très claire de ce sujet par une partie de la droite très conservatrice, de l'extrême droite
04:36et puis dans le sillage, vous vous souvenez de la manif pour tous, toutes ces associations de défense des valeurs familiales
04:43qui considèrent que l'Evars est le début de la décadence et que c'est un indicateur de notre société qui se décompose.
04:51Je voudrais très bien expliquer que c'est en fait tout à fait le contraire.
04:54Marc ?
04:55Non mais les enseignants vont être formés ou ce sont des personnalités extérieures qui viennent dans les classes ?
05:01Parce que c'était l'une des difficultés.
05:03Faute d'enseignants disponibles et formés.
05:05Exactement, alors il y a des enseignants qui vont se porter volontaires, souvent c'est le professeur de sciences, de SVT
05:11ou un enseignant qui peut être sensibilisé et voilà.
05:15C'est bizarre que ce soit des enseignants de sciences ou de SVT, ça pourrait être n'importe quel enseignant.
05:20C'est un enseignant qui se sent à l'aise avec le sujet, qui est volontaire et on pourra aussi faire appel à des associations locales
05:27qui pourront, à la demande des établissements, venir parler de certains sujets et faire de la prévention.