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[#InstantSanté] Le Dr Raissa Okouyi Ndong nous parle des progrès et défis à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le VIH

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00:00Bienvenue dans Instance Santé sur GMT TV. À l'approche de la journée mondiale de lutte
00:07contre le VIH-SIDA, nous accueillons le Dr Raïssa Oukouine dont directeur du programme national de
00:13lutte contre les IST et le VIH-SIDA. Ensemble, nous ferons le point sur les avancées, les défis
00:20et les stratégies pour réduire l'impact du VIH au Gabon avec un focus sur la stigmatisation,
00:27l'accès aux soins et l'objectif 95-95-95 pour 2030. Un échange riche vous attend,
00:35restez avec nous. Bonjour Madame Raïssa. Bonjour. Alors merci d'avoir accepté notre
00:42invitation sur Gabon Media Time. C'est moi qui vous remercie. D'entrée de jeu,
00:47le monde célèbre le 1er décembre la journée mondiale de lutte contre le VIH-SIDA. Après
00:54quatre décennies de lutte acharnée contre cette pandémie, quel progrès majeur peut-on
00:59retenir et quel défi reste à relever ? Alors il faut dire que par rapport au progrès,
01:06aujourd'hui on connaît un peu mieux la maladie. Quand on a commencé dans les années 86,
01:15même jusqu'à l'an 2000, on ne connaissait pas bien la maladie, comment on la contractait,
01:22mais quelle était la physiopathologie du virus. Maintenant au fur et à mesure que les recherches
01:30se sont poursuivies, aujourd'hui on arrive à comprendre le fonctionnement du virus au niveau
01:36de la cellule du corps humain, la cellule CD4. On a réussi à comprendre que si on baisse le taux
01:48de microbes dans le sang, donc la charge virale, la personne aura une meilleure vie parce qu'elle
01:55pourra fabriquer en plus ces CD4 et donc avoir une restauration de l'immunité. Donc par rapport
02:02aux avancées, je pense qu'on a fait un pas. Du côté des traitements aussi, les traitements se
02:09sont améliorés au fur et à mesure que le temps est passé. Parce qu'il faut dire que dans les
02:13années 2000, les patients prenaient près de 15 comprimés par jour et c'était lourd avec des
02:20protocoles à plusieurs effets secondaires. Aujourd'hui, on a une molécule phalque qui
02:26est arrivée, c'est l'odolutégravire qui fait partie de la famille des antiaintégrases. C'est
02:32une famille très puissante parce qu'elle diminue rapidement la charge virale, qui est la quantité
02:38de microbes dans le sang, rapidement mais durablement. Et on commence à comprendre
02:42aujourd'hui justement qu'avec cette charge virale indétectable, on peut vivre plus longtemps avec
02:48le VIH sida. Au Gabon, le VIH sida rime souvent avec stigmatisation et sérophobie. Quelles sont
02:56les actions mises en place pour déconstruire ces préjugés et améliorer l'acceptation sociale des
03:02personnes vivant avec le VIH sida ? Alors malheureusement pour nous, le VIH sida demeure
03:08tabou parce que vous voyez que les modes de contamination pour le VIH sida, c'est le mode
03:13sexuel. Vous savez que le sexe en Afrique reste un sujet tabou. Malgré tout, ce ne sont pas des
03:18questions qu'on aborde souvent dans les familles, dans les maisons. Et il faut dire que le VIH sida,
03:23aussi, les premiers modes de contamination, c'étaient les personnels, les travailleurs du
03:30sexe ou alors les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes. Mais le VIH est
03:35partie de ces couches, de ces populations clés pour se retrouver dans la population en général.
03:40Donc malheureusement, les idées sont restées ainsi et aujourd'hui, on continue à penser que si vous
03:47avez contracté le VIH, c'est que vous faites partie de ces catégories-là, donc les personnes à
03:52mauvaise vie. Alors que malheureusement pour nous aujourd'hui, le VIH, c'est pas forcément avoir
04:01eu un mauvais comportement parce que comme je l'ai dit, le VIH se trouve dans la population
04:05en général. Les enfants qui sont nés avec le VIH dans les années 2000, ils ont aujourd'hui 24 ans,
04:11donc ils n'ont connu que le VIH, ils n'ont pas péché pour l'avoir. Donc normalement, on ne devrait
04:17pas pouvoir les stigmatiser ni les discriminer. On a des couples parfaits où le VIH est rentré
04:24dans la maison par la femme ou par le mari, normalement on ne devrait pas. Alors nous,
04:29qu'est-ce qu'on fait ? On a ce qu'on appelle les groupes de parole où on réussit à réunir des
04:36malades. Aujourd'hui, la plupart du temps, on consulte avec les parents aussi et on essaye
04:41d'informer les parents sur le fait de ne pas rejeter les malades, de ne pas les stigmatiser,
04:48le fait de pouvoir les accepter parce qu'on a compris finalement que ce qui tue la plupart des
04:53malades du VIH, c'est la stigmatisation. La stigmatisation par les autres mais aussi une
04:58auto-stigmatisation que les malades eux-mêmes se font et ça fait qu'on a du mal aujourd'hui à
05:06pouvoir, je veux dire, éradiquer le VIH. Là-dessus également, il y a ces techniques-là puisqu'on a
05:11compris comment foncer le virus. On a compris qu'avec un traitement bien pris, vous baissez
05:16votre charge virale, vous avez l'embonpoint, vous reprenez votre poids, donc vous êtes confondus
05:21dans la population générale. Le SIDA aujourd'hui, ce n'est plus l'image justement de ces patients
05:27amigris dans les hôpitaux et qui vont mourir. Aujourd'hui, le VIH-SIDA, c'est des personnes en
05:34embonpoint bien portant et qui travaillent. Ça aussi, ça aide à démystifier le VIH-SIDA. Nous
05:41avons aussi plusieurs associations de personnes qui vivent avec le VIH qui témoignent à vigeance
05:45de couvert pour pouvoir justement inciter les personnes malades à prendre leur traitement,
05:51à ne pas se sentir rejetées. On remarque toujours en rapport avec le VIH-SIDA que les campagnes de
05:59sensibilisation au VIH dans les médias, très visibles il y a quelques années, se font de plus
06:05en plus rares aujourd'hui. Qu'est-ce qui explique cette diminution et quelles solutions sont
06:10envisagées pour renforcer justement l'éducation de la population ? Il faut dire quand même que le
06:17VIH a connu plusieurs phases dans son financement. Nous avons connu il y a plusieurs années l'appui
06:26du Fonds mondial qui est un organisme international qui appuie différents pays dans la lutte contre
06:32les maladies. Malheureusement pour nous, nous l'avons perdu pendant plusieurs années. Il faut
06:39dire aussi qu'à une époque, l'ex-première dame, la défunte première dame, Madame Edith
06:47Lissibongo-Onimba, s'était vraiment impliquée et donc tout part de financement. Vous savez,
06:54quand on parle médias, on parle aussi financement. Faire passer une bande télévisée, faire une
07:00annonce, ce n'est pas gratuit. Les finances ayant baissé par rapport à la lutte contre le VIH,
07:05le programme s'est plutôt concentré à soigner les malades. Il n'en demeure pas moins que les
07:12informations sont données. Dieu merci aujourd'hui avec tout ce qui est médias sociaux, les
07:19informations essaient de passer. C'est peut-être un peu difficile dans les grands médias, mais
07:24justement nous profitons de ces opportunités comme ce soir pour pouvoir justement faire passer
07:30le message sur le VIH-SIDA. Nous sommes toujours disposés à pouvoir en parler, mais malheureusement
07:36les financements qui nous permettraient d'arriver à faire une diffusion à large échelle ne suivent
07:42pas. Alors chaque année justement les rapports signalent que les malades disparus dans la
07:48nature sont susceptibles de cesser les traitements. Existe-t-il un mécanisme pour assurer le suivi de
07:55ces personnes et prévenir les risques pour elles et leur entourage ? Alors il faut dire que la
08:02question, on les appelle les perdus de vue, les patients qui cessent leur traitement. C'est une
08:07question aujourd'hui, c'est par rapport à l'Afrique et même le monde. Les perdus de vue ne sont
08:15pas un problème unique au Gabon. Dans tous les pays, il y a forcément des perdus de vue, c'est à
08:21dire que le VIH-SIDA, c'est une maladie au long cours, c'est une maladie chronique. Lorsque vous êtes
08:26positif, le VIH, vous le serez toute la vie. Et les Africains n'ont pas la culture de la maladie
08:34chronique. Et il faut dire aussi qu'avec la durée de la maladie, les patients s'essoufflent.
08:41Ce n'est pas pour justifier le fait qu'ils ne viennent plus prendre leur traitement, mais on
08:46arrive à comprendre ce qui les pousse. À une certaine période de la vie aussi, il faut comprendre que si
08:52vous avez été marié et que vous aviez votre époux comme soutien, vous le perdez. Parfois, vous êtes
08:57découragé, vous vous dites je vais partir, surtout lorsque vous savez que cette personne est décédée
09:02de VIH. Donc il faut dire que la vie avec le VIH, c'est tout un parcours. C'est tout un parcours où, oui,
09:07le personnel médical devrait être là, mais aussi les associations de personnes qui vivent avec le
09:12VIH. Les parents aussi doivent être là pour pouvoir toujours encourager les malades, parce qu'on sait
09:18aujourd'hui que grâce au traitement antiretroviral, on peut vivre longtemps. Mais il faut dire que le
09:22phénomène des perdues de vue, c'est un phénomène dynamique. C'est-à-dire qu'il y en a qui sortent
09:27et qui rentrent au fur et à mesure. Il y en a qui sont perdus de vue pendant un certain temps, mais
09:31qui reviennent. Donc on ne reste pas perdus de vue, je veux dire à vie. Parce que lorsque nous faisons
09:37des statistiques, on a bien sûr des patients perdus de vue pour quelques années et ils reviennent.
09:42Alors les patients peuvent aussi être perdus de vue d'un centre à l'autre. Lorsqu'ils sont déclarés
09:47perdus de vue, par exemple, je veux dire comme ça, à Koulamoutou ou à Franceville, ce sont les
09:53patients qui sont parfois suivis au niveau d'OIM ou bien de Makoku. Donc ce que nous essayons
10:00de faire justement, c'est de pouvoir corréler les patients de sorte de pouvoir les suivre. Et
10:06nous veillons à ce que lorsqu'un patient veut se déplacer d'une structure qui est inégalite de
10:12transfert ou lorsqu'il y a un nouveau patient qui fréquente par exemple une structure de l'intérieur
10:19du pays, que la structure signale à la structure d'origine que le patient est désormais dans sa
10:25structure pour diminuer le nombre de perdus de vue. Mais bien entendu, il faut savoir que les
10:30perdus de vue, ce n'est pas une bonne chose. Un patient perdu de vue, c'est un patient perdu de
10:35vie. Parce que lorsque vous arrêtez vos traitements, il faut être sûr que vous allez vous acheminer
10:41inéluctablement vers la mort. Ça, il n'y a rien à dire. Mais s'agissant de ces perdus de vue là,
10:46justement, qui reviennent après dans le circuit, comment est-ce que ça se passe ? Est-ce qu'ils
10:50sont soumis à une bactérie d'examen ? Est-ce qu'automatiquement, comment ça se passe ? Oui,
10:55alors vous êtes perdu de vue, bien évidemment. Lorsque vous revenez, il faut bien qu'on vous
11:00fasse un certain nombre d'examens pour savoir à quel stade du déficit immunitaire ou de charge
11:06virale vous vous retrouvez. Sinon, ça ne va pas être facile de pouvoir vous analyser dans le
11:13suivi. C'est-à-dire qu'on a des examens phares en matière de VIH, il y a le bilan normal, oui,
11:19mais l'examen de CD4, c'est un examen qui nous permet justement de voir quel est le dégré de
11:27déficit immunitaire du patient. Parce qu'on sait que lorsque le virus pénètre dans l'organisme,
11:32il va tout faire pour baisser la cellule CD4. Donc, le but du traitement, c'est baisser la charge
11:39virale et augmenter les CD4. Lorsque vous arrêtez votre traitement, inéluctablement, vous allez
11:45baisser vos CD4 et augmenter votre charge virale. Lorsque vous arrêtez le traitement, il faut qu'à
11:50un moment donné qu'on sache à quel stade vous arrivez, et en fonction du stade, il y a des
11:54différents protocoles de traitement. Il faut savoir aussi que le traitement aujourd'hui n'éradique pas
12:02le virus. Il empêche le virus de se multiplier. Lorsque vous arrêtez le traitement, la boucle
12:08reprend. Donc, si vous abandonnez un traitement, il est question de savoir si l'ancien traitement
12:13pourrait encore agir ou s'il ne pourrait pas agir. Mais si on vous remet automatiquement sous
12:18traitement sans pouvoir jauger, parfois on ne vous récupère pas. Donc, c'est pour ça que lorsque
12:24vous revenez, il faut dire aussi que les patients perdus de vue qui reviennent sont plus ou
12:28moins souvent en très mauvais état. Donc, avant de remettre au traitement, vous devez vous assurer que
12:32ces organes vont bien, notamment le foie, le rein, vérifier si tout va bien avant de remettre les
12:38traitements parce qu'il faut dire que ce sont des médicaments, ils ne sont pas sans risque. Donc, il
12:43faut qu'on fasse cette bactérie d'examen. Et quand les patients reviennent, en général, ils ont
12:48une anémie sévère, il faut peut-être transfuser. Il y a beaucoup de choses qui les poussent à
12:52revenir. Il y a des infections opportunistes, il faut pouvoir baliser le terrain, notamment la
12:59tuberculose. Donc, il faut baliser le terrain avant d'introduire un traitement antiretroviral. Si vous
13:03ne le faites pas, c'est qu'en fait vous contribuez justement au départ de ce malade-là.
13:08Merci docteur Aïssa Okouinan. Désolée d'avoir écorché votre nom pour ces éclaircissements jusqu'à
13:18présent déjà qui sont très importants pour la population. Nous allons marquer une courte
13:22pause publicitaire, mais restez avec nous car à notre retour, nous discuterons des défis liés
13:28au suivi des personnes vivant avec le VIH et leur accès aux soins. Merci de rester avec nous.
14:38Nous sommes de retour dans Instant Santé avec le docteur Aïssa Okouinan, directeur du Programme
14:55National de lutte contre les IST et le VIH-SIDA. Avant la pause, nous avons abordé les défis liés
15:02à la stigmatisation et à la sensibilisation. Maintenant, intéressons-nous à un autre aspect
15:08crucial, le suivi des patients et l'accès aux soins. Docteur, parlons de ces enjeux. Le Gabon
15:14dispose-t-il d'un nombre suffisant de centres de traitement ambulatoire, notamment dans les zones
15:20rurales, pour prendre en charge 51 000 personnes séropositives répertoriées en 2023 ?
15:27C'est une grande question. C'est là tout le débat et toutes les discussions, tous les efforts sur
15:35lesquels nous nous basons aujourd'hui. Vous savez qu'il y a un arrêté qui a été pris justement par le
15:43ministre de la Santé de l'époque pour implémenter la prise en charge du VIH jadis réservé aux CTA dans
15:50toutes les structures sanitaires. Donc aujourd'hui, la prise en charge du VIH ne se fait plus que dans
15:54les CTA, parce qu'on n'avait uniquement que 10 CTA et donc on a dû ouvrir d'autres structures. Nous
16:00avons aujourd'hui cinq ans de structures qui prennent en charge les personnes qui vivent avec
16:03le VIH. Ce sont des structures ordinaires, des CHU, des CHR, que ce soit en province ou au niveau des
16:09livroiries, les centres de santé. Parce que la maladie à VIH, ce n'est plus une maladie difficile,
16:14ce n'est pas une maladie de spécialité. Tout le monde peut traiter le VIH aujourd'hui et justement,
16:20les structures ont adhéré. Alors il faut dire que sur les 51 000 personnes qui vivent avec le VIH,
16:29c'est un nombre de personnes assignées à une séroprévalence. La séroprévalence du VIH au
16:40Gabon est de 3,6 %. On pense qu'il y a 51 000 personnes qui vivent avec le VIH, mais en réalité,
16:49on doit les rechercher. Il faut les dépister. C'est pour ça que nous lançons toutes ces campagnes
16:54de dépistage. Aujourd'hui, on n'a pu dépister que près de 37 000. C'est pour ça qu'on est
17:00à autour de 76 % de dépistage. Donc il y a encore des personnes à retrouver qui sont séropositives,
17:11mais qui s'ignorent en fait. C'est pour ça qu'on appelle la population à venir se faire dépister.
17:16Quand même on n'a aucun signe de maladie, parce que justement le VIH, lorsqu'il pénètre dans le corps,
17:21il peut faire entre 2 et 10 ans dans le corps sans se manifester. Mais si la personne elle-même ne va
17:28pas faire le test de dépistage, on ne pourra jamais savoir qu'elle est malade. Mais qu'est-ce
17:31qui peut emmener le VIH à se manifester alors qu'il peut faire 2 à 10 ans sans se manifester ?
17:38Alors c'est le temps. Inhélitablement, lorsque vous contractez le VIH, la fin c'est le sida maladie.
17:47Donc vous avez contracté le VIH, vous pouvez être séropositif pendant un certain nombre d'années.
17:52Alors après ça dépend de comment vous vivez. Est-ce que vous avez une vie stable ? Est-ce que
17:57vous avez une vie saine ? Est-ce que vous pratiquez du sport ? Est-ce que vous mangez équilibré ? Si
18:05vous n'avez pas trop de stress, vous pouvez vivre un certain nombre d'années avec votre virus sans
18:12qu'il ne se déclare. Alors comme je disais, inéluctablement, le sida va arriver. Ça peut
18:18arriver après deux ans si vous buvez de l'alcool, vous fumez du tabac, vous n'avez pas bonne vie. Au
18:24bout de deux ans, vous pouvez vous retrouver malade du sida. Comme vous pouvez avoir une vie
18:30équilibrée et le sida va se déclarer au bout d'une dizaine d'années. Comme je disais, inéluctablement,
18:37vous allez faire le sida maladie. Maintenant, les efforts que nous pouvons faire, c'est si vous
18:42faites dépister, très vite on met le traitement, vous n'atteindrez jamais le stade de sida maladie.
18:47Le stade de sida maladie, on va le rappeler, je suis séropositif, c'est vrai, mais dès que je
18:52commence à faire des fièvres qui partent, qui viennent, je commence à faire de la diarrhée,
18:57qui part, qui vient, j'émigris. Les gens ont constaté que je ne fais pas bien. Je suis plus ou
19:05moins fatigué souvent. Ce sont les signes cardinaux du sida maladie. Mais avant d'atteindre le sida
19:11maladie, en général, le virus nous envoie des signaux. Quelques années avant le sida maladie,
19:16le virus nous envoie des signaux, des petits signes qui devraient nous faire réfléchir à nous faire
19:21dépister. Ça peut être des problèmes de peau, un abcès qui part, qui vient. Ça peut être un
19:26pitiériasis versicolore qu'on appelle la darte. Ça peut être des abcès. Ça peut être un zona. Ça
19:33peut être même une tuberculose. Ça peut être autre chose. Mais le plus souvent, nous-mêmes,
19:38on n'y pense pas. Et nous avons formé justement plusieurs prestataires de santé pour qu'à ces
19:44signes-là, les prestataires puissent demander le test de dépistage. Les prestataires de santé
19:49font le travail. Ils demandent le test de dépistage, mais les patients refusent de faire.
19:54Parfois les patients font, mais ils n'acceptent pas le résultat du test qu'on leur donne. Parfois
20:00ils ont le résultat, mais ils refusent de prendre le médicament antiretroviral. C'est ce qui amène
20:04encore les décès liés au VIH. Mais la personne qui a fait son test, le plus tôt possible en
20:09main-sous-traitement, en général, on vit très longtemps. Nous avons des témoignages. D'ici là,
20:15vous allez voir, nous avons des témoignages des personnes qui vivent avec le VIH au Gabon depuis
20:191986. 38 ans pour maman Justine. C'est le numéro 1 du CTA de Libreville. Elle vit encore. Donc,
20:25vous comprenez que ce genre de personnes, ce sont des personnes qui devraient pouvoir et qui
20:30aujourd'hui encouragent les malades et qui disent si vous écoutez les conseils des médecins, si vous
20:35prenez bien vos traitements, en général, ça se passe bien. A contrario, beaucoup de malades ne
20:42sont pas soutenus par la famille. Ils vivent beaucoup de frustrations. Ils ont des problèmes
20:47financiers, des problèmes professionnels. Ils sont de partout acculés et ils décident comme ça
20:57d'arrêter. Parfois, on arrête le traitement à l'occasion d'une rencontre. Lorsque vous rencontrez
21:02quelqu'un que vous sentez qu'avec cette personne, vous pouvez faire chemin, vous avez du mal à
21:06aborder la question VIH. Il faudrait que cette question soit plus ou moins, revienne que ce
21:14soit du côté de la personne qui vit avec le VIH, que ce soit du côté des partenaires, proposer
21:19le test de dépistage, parler du VIH pour que la personne puisse s'ouvrir. Et souvent, lorsqu'on
21:25parle de son VIH, les personnes en face, la population qui est plutôt séro-ignorante mais
21:32qui se dit séro-négative, commence à stigmatiser ou dit non, je ne peux pas continuer dans cette
21:38relation. Mais moi, je pense qu'autant continuer avec une personne dont on connaît le statut et
21:43qui peut nous sécuriser, plutôt que de continuer des relations avec des personnes dont on ignore le
21:48statut. Et aujourd'hui, malheureusement, les positifs d'aujourd'hui, c'était les négatifs d'hier qui
21:53n'ont pas accepté ou qui n'ont pas compris le message. Et les contaminations se poursuivent,
22:00malheureusement. En 2023, nous continuons, le Gabon comptait 51 000 personnes vivant avec le
22:06VIH-Sida sur une population de plus de 2 millions d'habitants. Malgré les efforts déployés,
22:12comment expliquer ? Vous, ce chiffre est élevé et quelles stratégies nouvelles pourraient inverser
22:18la tendance ? Alors oui, le Gabon est une épidémie de VIH, une épidémie généralisée. Il est en zone
22:28de forte épidémie avec sa séroprévalence de 3,6 %. Vous avez dit 51 000 personnes vivant avec le
22:34VIH. Qu'est-ce que nous pouvons faire ? C'est continuer les séances de sensibilisation. Justement,
22:39je voudrais profiter de cette enteigne pour appeler les médias à nous aider à diffuser le message.
22:47Ce n'est pas tort de dire que nous avons édité, nous avons tout ce qui est message, tout est déjà
22:52ficellé depuis plusieurs années. Et le message, les gens aussi connaissent le message. Il ne faut
22:57pas qu'on se leurre. Les gens ont le message. L'abstinence, la fidélité et la préservation,
23:01je suis désolée de le dire, du haut de mes 50 ans, je sais que moi je l'ai connue, j'avais peut-être
23:07une quinzaine d'années. Aujourd'hui, ça fait 35 ans qu'on parle du VIH. Les gens savent qu'il
23:12faut l'abstinence, la fidélité, le préservatif, les objets piquants, coupants, souillés par du sang,
23:16la maman donne à l'enfant. Mais malheureusement, personne ne le fait. Alors là, ce n'est pas
23:21tellement les médias, seulement l'annonce, passer des messages. Mais c'est aussi que chaque famille
23:26doit être sensibilisée. Le père de famille doit pouvoir parler à son enfant. Ça devrait même être
23:31instigé au niveau du gouvernement, au niveau du chef de l'État. Dans chaque famille,
23:37les parents doivent être responsables de leurs enfants ou des personnes qui sont sous leur
23:42tutelle. De sorte que si c'est bien mené, que ce soit un combat national, je pense qu'on pourrait
23:49peut-être essayer de baisser la tendance. Autre chose aussi aujourd'hui pour baisser le nombre de
23:54personnes qui vivent avec le VIH, les nouveaux protocoles de traitement. Le traitement que nous
23:59avons aujourd'hui, il baisse la charge virale. Nous restons vraiment là-dessus. Lorsqu'un patient
24:03a une charge virale très basse, il ne contamine pas. Donc c'est un avantage. C'est pour ça que nous
24:10appelons les malades à prendre le traitement. Lorsque vous avez une charge virale indéfectable,
24:14vous pouvez continuer votre relation parce que vous allez se pousser dans les gens en peur.
24:19C'est contracter la maladie. Peut-être que vous qui êtes malade, vous avez contracté la maladie,
24:26mais vous réussissez à vivre cette maladie. Le partenaire ne peut peut-être pas supporter.
24:31Donc les malades du VIH doivent préserver la vie des autres. Il faudrait aussi qu'il y ait
24:37justement des instructions sur le fait que les malades ont le devoir de préserver la vie des
24:44autres. Parce que la vie de l'autre, c'est la vie de qui ? C'est la vie, aujourd'hui tout le monde
24:49se connaît. Tout le monde est forcément parent. Vous préservez la vie de votre partenaire,
24:55préservez la vie de votre propre enfant, préservez la vie de votre neveu, votre nièce,
25:00votre petit-fils, votre petite-fille. Les malades devraient veiller à cela. Et pour préserver la
25:05vie de l'autre, c'est bien prendre son traitement. Lorsque vous avez bien pris votre traitement,
25:09vous ne le transmettez pas. Là-dessus, nous, les personnels de santé, vraiment nous nous battons.
25:15Nous nous battons pour que les malades puissent avoir leur traitement. Aujourd'hui,
25:18le gamin a stocké de médicaments depuis près d'un an et nous avons le devoir en tant que
25:23prestataires de santé, et c'est ce que nous faisons, de remettre aux malades des traitements,
25:27au minimum trois mois, si ce n'est six mois, voire neuf mois de traitement pour que le suivi du
25:35malade puisse être allégé, qu'il ne se sente pas prisonnier de venir à l'hôpital tous les jours.
25:41Si un malade peut venir deux fois l'année à l'hôpital ou une fois l'année à l'hôpital,
25:45il se sentirait encore mieux. Mais ce que nous demandons aussi, c'est que les associations,
25:51les personnes qui vivent avec le VIH, nous aident, nous aident à mieux relayer le message,
25:55nous aident sur le terrain, parce que le personnel de santé seul ne peut pas faire le travail.
26:01Aujourd'hui, il y a la direction générale de la santé communautaire au niveau du ministère de la
26:05santé, et c'est pour ça aussi avec les agents de santé communautaire qui pourront nous aider
26:10justement à relayer le message sur le terrain. Nous allons aborder l'objectif 95-95-95. Alors,
26:19en 2020, les Nations Unies ont fixé l'objectif, je reprends 95-95-95, pour mettre fin à l'épidémie
26:27de VIH d'ici 2030. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste et où en est le Gabon dans
26:35cette démarche ? Alors, donc 95-95-95, c'est un slogan. Et vous savez qu'il faut bien qu'on se
26:46donne des objectifs, voilà, pour que nous soyons motivés. Donc 95, le premier 95, c'est en termes
26:55de dépistage. Donc tous les pays ont adhéré à ce triptyque. Premier 95, c'est le dépistage. Deuxième
27:0295, c'est le traitement. Troisième 95, c'est la charge virale. Qu'est-ce que ça veut dire ? Le
27:09premier 95 veut dire que 95% des personnes supposées vivre avec le VIH devraient connaître
27:16leur statut sérologique. On a dit que la séroprévalence au Gabon, c'est 3,6%. 51 000 personnes
27:24vivent avec le VIH. On fait 95% des 51 000 personnes pour savoir quel est le nombre de personnes qui
27:30devraient connaître son statut sérologique. Malheureusement, pour le premier 95, le Gabon est
27:36à 76%. Donc il y a un gap que nous devons combler en termes de dépistage. Ça veut dire quoi ? C'est
27:43dépister à tout vent. C'est qu'il y a le dépistage volontaire qui amène un client volontairement à se
27:51diriger vers une structure sanitaire, mais il y a le dépistage initié par le prestataire. C'est le
27:56prestataire de santé qui dit je vais vous dépister pour quelque raison que ce soit. Vous voyez un
28:01patient qui a un zona, un patient qui a une fièvre au long cours, un patient qui a une diarrhée. Bref,
28:06le prestataire de santé peut initier le dépistage. Il y a aussi le dépistage familial. Autour de
28:13tous les cas de VIH, on devrait pouvoir faire un dépistage comme on faisait pour la COVID. Dès
28:18qu'il y a un cas de VIH dans la famille, on dépiste toute la famille, on dépiste tout le monde. Ça
28:22va, si je peux le dire, lancer le filet là où vous avez la probabilité d'avoir beaucoup plus
28:28de poissons. Donc on devrait pouvoir faire un dépistage des familles de toutes nos personnes
28:34qui vivent avec le VIH pour pouvoir retrouver les 51 000 personnes. La communauté a dit 100%
28:41c'est fort, essayons 95%. Nous sommes à 76%, nous nous battons, mais il faut dire que sur la
28:46question du dépistage, autant le Gabon a acheté les médicaments antiretroviraux, il y en a pour
28:54un an, autant nous n'avons pas de tests de dépistage. Il y a un manque crucial de financement
28:59lié à la mise à disposition des tests de dépistage du VIH dans les structures sanitaires. Donc là
29:05aussi c'est un gros problème pour essayer d'atteindre le premier 95%. Pour le deuxième 95%,
29:12c'est que 95% des personnes qui connaissent leur statut psychologique devraient pouvoir être mis
29:20sous traitement antiretroviral. Il faut dire que depuis 2015, le Gabon a adhéré à la stratégie
29:25du tester et traiter pour réduire justement le temps mis entre la découverte du statut
29:30psychologique et la mise sous traitement, comme c'était fait dans les années antérieures. Donc
29:34aujourd'hui, qu'est-ce que nous faisons ? On vous dépiste. Le traitement antiretroviral doit être mis
29:38en route le jour même. Bien entendu, il y a des conditions, discuter avec le patient, voir s'il
29:44adhère et s'il est capable ou s'il veut prendre le traitement, faire contribuer les psychologues et
29:49toute l'équipe médicale pour que le patient puisse adhérer à la mise sous traitement,
29:54mais continuer avec l'observance du traitement. Donc pour le deuxième 95%, là aussi nous sommes
30:01à 77% de traitement. Les traitements sont là, ils sont disponibles, mais il faut justement que les
30:09malades fassent cette démarche. Mais il faut aussi que les prestataires de santé puissent offrir le
30:14traitement à tous les malades. C'est pour ça que dans le tester et traiter, le bilan préthérapeutique
30:19n'est plus imposé. On n'impose plus le bilan préthérapeutique avant la mise sous traitement.
30:26Bien évidemment, il y a des catégories de patients. Les patients qui sont mal en point, là il faut
30:31absolument un bilan, parce qu'avant de mettre sous traitement, il faudrait vérifier que les
30:36organes peuvent supporter le traitement. Mais les patients qui vont bien, on les met sous traitement
30:40tout de suite. Ce sont les patients du stade 1 ou 2 de l'OMS. Après ça, c'est tout un autre coup.
30:45Ça c'était pour le deuxième 95%, donc que 95% des personnes qui connaissent leur
30:54statut sérologique soient mis sous traitement antiretroviral. Le troisième 95%, oui les
30:59personnes sont mises sous traitement, mais il faut qu'ils aient une charge virale indétectable. C'est-à-dire
31:04que la charge virale, c'est elle qui mesure l'efficacité du traitement. C'est elle qui va
31:09nous permettre de dire que cette personne va bien, elle ne contamine plus, elle peut vivre longtemps.
31:14Donc il faudrait que 95% des personnes qui sont mises sous traitement antiretroviral aient cette
31:19charge virale indétectable. Malheureusement au Gabon, ça c'est le pilier le plus faible de
31:26nos trois 95%. Pour cela, nous sommes seulement, je veux dire, à 34% de couverture, 34% de charge
31:35virale réalisée. Et malheureusement, l'ONU-CIDA nous dit que pour commencer à compter notre troisième
31:4195%, il faut qu'on atteigne au moins 50% de couverture. Nous avons 29.000, près de 30.000
31:48malades sous traitement, 29.800 patients sous traitement. Pour qu'on commence à compter les
31:53charges virales, il faut au moins qu'on ait 15.000 malades qui aient réalisé leur charge virale. Or,
31:59l'année dernière, en 2023, seulement 7.000 malades ont réalisé leur charge virale. Alors ce qu'à
32:05troisième 95%, on ne peut pas compter parce qu'il n'y a que 34% de personnes qui ont réalisé. La
32:10charge virale aujourd'hui, c'est quoi ? C'est 50.000 francs CFA la charge virale. Elle n'est
32:15pas prise en charge par la CNAM-GS. Malheureusement, certains labos ne prennent pas parce qu'il faut
32:23dire que le remboursement n'est pas immédiat et donc les laboratoires n'ont pas peur de faire
32:28faillite. Beaucoup ne prennent pas la charge virale à la CNAM-GS. Lorsque vous la payez cash, elle va
32:35jusqu'à 50.000 dans certains labos, 30.000 dans d'autres labos, mais ça reste une assez grande
32:41somme pour un gabonais lambda. Même pour ceux qui ont de l'argent, c'est difficilement accessible.
32:48C'est pour ça que nous avons la difficulté aujourd'hui de pouvoir dire que les 29.800
32:55patients qui sont sous traitement sont bien traités. Nous avons ce mal. Alors à l'occasion
33:00des journées comme celle-ci, nous pouvons offrir près de, cette fois-ci c'est 500 charges virales,
33:06à des patients, des patients on va dire démunis qui ne peuvent pas se les offrir, en laissant les
33:12patients qui peuvent payer leur charge virale la réaliser. Mais la charge virale c'est une réalisation
33:18l'année. Donc c'est aussi que les patients doivent donner du leur pour pouvoir penser que c'est un
33:26examen qui est important pour eux-mêmes, pour qu'ils se disent si j'ai ma charge virale indéfectable,
33:31non seulement je ne contamine pas mon partenaire, mais si je suis une femme enceinte, je ne vais pas
33:35donner le virus à mon bébé. C'est une bonne nouvelle parce que si vous savez que votre bébé ne
33:40n'est pas malade, vous ne stressez pas, vous êtes à l'aise. Et si vous êtes en couple sérodiscordance,
33:47c'est que votre mari n'est pas malade, parce qu'il y a beaucoup de couples comme ça où le mari n'est
33:52pas atteint et que la femme est atteinte, avec une charge virale indéfectable, vous n'allez pas
33:56contaminer votre mari ou votre femme. Donc ça donne encore plus d'espoir. Donc les malades doivent
34:03comprendre que réaliser la charge virale c'est quelque chose de très important. Mais je voudrais
34:07s'il vous plaît profiter de votre antenne pour demander aux bonnes volontés, c'est-à-dire que
34:16quelqu'un peut nous offrir des charges virales pour 1000 patients. Il y a des gens qui ont de
34:20l'argent ici au Gabon, qui cherchent peut-être à qui donner cet argent, pourquoi pas à la lutte
34:26contre le VIH, pour les questions des charges virales, pour aider les patients démunis,
34:29parce que vraiment c'est le gros du problème dans cette lutte contre le VIH. Et donc on pense
34:38justement que si on réussissait à atteindre 95, 95, 95, 15 % à l'an 2030, on ne parlera plus du
34:48VIH. Ça veut dire que les malades qui ont une charge virale indéfectable vont vivre longtemps
34:53et les nouvelles infections vont diminuer parce qu'ils ne vont pas pouvoir contaminer puisqu'ils
34:57ont une charge virale indéfectable. Et donc moins de contamination, moins de nouvelles infections,
35:03les patients qui vivent avec le VIH vivront plus longtemps et donc on ne parlera plus du VIH-SIDA
35:09à l'horizon 2030. Vraiment je vous remercie pour cette question parce que ça aide les patients à
35:16comprendre leur maladie, ça les encourage aussi et ça donne de l'espoir. Vraiment merci pour cette
35:24question. Alors merci Docteur Aïssa Oukouindon pour cet éclairage sur les avancées et défis de la lutte
35:30contre le VIH-SIDA au Gabon. Votre intervention rappelle l'importance de la sensibilisation,
35:36du dépistage et surtout de l'accès aux soins pour tous, essentiel pour atteindre l'objectif 95, 95, 95 d'ici à 2030.
35:48Nous invitons donc tous nos téléspectateurs à s'engager activement dans cette lutte et à rester
35:55informés. Merci de nous avoir suivis sur Instance Santé. A très bientôt sur GMT TV. Au revoir.

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