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Les jihadistes et leurs alliés ont pris le contrôle de la moitié d'Alep, la deuxième ville de Syrie, où ils ont atteint la citadelle historique, après deux jours d'une offensive éclair contre les forces gouvernementales. Plus d'une dizaine de civils sont morts, et les jihadistes ont également pris le contrôle de l'aéroport d'Alep. Vincent Gelot, directeur pays de l'œuvre d'Orient pour la Syrie et le Liban fait le point : «Sur place, la situation est un cauchemar».

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Transcription
00:00Écoutez, sur place, la population d'Alep est coincée, ne peut plus quitter la ville.
00:08Des dizaines de milliers d'habitants d'Alep ont quitté également la ville cette nuit.
00:15La route principale qui relie la ville de Homs et la ville d'Alep est actuellement coupée.
00:20Donc les gens passent par les routes du désert et notamment la route du désert de Raqqa.
00:25Sur place, la situation est un cauchemar.
00:28Votre reportage parle de libération, mais sur place, des dizaines de milliers de gens sont en train de fuir.
00:35Ces gens voient cela comme une invasion, une occupation.
00:39Ce qui est terrible dans tout ça, c'est que les habitants d'Alep, ceux qui restent sur place,
00:47ne savent pas à quelle sauce ils vont être dévorés.
00:52Je tiens à rappeler que ça fait 13 ans que ce conflit a lieu en Syrie,
00:57que les Syriens vivent dans des conditions absolument atroces.
01:01Un très grand nombre des villes de Syrie sont anéanties, détruites, pas reconstruites, et ce depuis des années.
01:0895% de la population syrienne vit sous le seuil de pauvreté.
01:11Et les habitants d'Alep ont connu un tremblement de terre en début d'année dernière.
01:15Donc c'est une population qui est essoufflée, éreintée, abandonnée,
01:18abandonnée par son régime qui a remis cette ville aux djihadistes qui y sont entrés,
01:24parce que comme votre reportage l'a dit, il n'y a quasiment pas eu de combat,
01:28et qui est abandonnée aussi de la communauté internationale,
01:31parce que la population est aussi sous les sanctions américaines et les sanctions de l'Union européenne.
01:37C'est un peuple qui vit parmi les ruines et qui aujourd'hui est abandonné aux mains des islamistes.
01:43Une population de plusieurs confessions, musulmanes mais aussi chrétiennes.
01:47On va en parler justement, juste cette information qui vient de nous parvenir,
01:50la France qui appelle toutes les parties à protéger les populations civiles à Alep.
01:55Voilà, donc communiqué du Quai d'Orsay il y a quelques minutes,
01:58vous parliez des chrétiens sur place, aujourd'hui ils sont une nouvelle fois clairement menacés.
02:03Ils sont encore nombreux à Alep ?
02:06Alors les chrétiens à Alep sont devenus une minorité.
02:09Pour vous donner quelques chiffres, en 2011 on parlait d'environ 150 000 chrétiens dans la ville d'Alep,
02:15qui était une ville historique avec principalement des Arméniens, des Grecs.
02:19Aujourd'hui il ne serait plus qu'entre 20 000 et 25 000.
02:24Donc on a perdu à peu près plus des trois quarts de la communauté chrétienne d'Alep.
02:31C'était une minorité qui était essoufflée, fatiguée, mais qui tenait bon quand même,
02:36avec un secteur associatif dynamique, des personnes exceptionnelles qui travaillent sur place.
02:41Moi je m'y rentrais régulièrement, et ces dernières années on avait tous travaillé
02:45pour essayer de reconstruire un peu cette ville, avec très peu de financement extérieur,
02:50reconstruire les magasins, les maisons détruites, avant le tremblement de terre, après le tremblement de terre.
02:56Et aujourd'hui, si vous voulez, ces gens prennent un nouveau coup sur la figure.
03:00Et on est très inquiets parce qu'on sait très bien, la minorité chrétienne,
03:04dans ce type de cas, on a eu l'exemple de Mossoul en 2014,
03:08où les chrétiens ont été contraints de fuir en 24 heures la grande ville de Mossoul.
03:12Et les chrétiens qui viennent de la zone dite libre, la zone d'où viennent ces milices djihadistes,
03:17ont également été contraints de fuir la ville au début de la guerre en Syrie.
03:21Donc on est très inquiets, on craint qu'ils soient eux aussi poussés vers la sortie,
03:26ou bien alors qu'ils soient contraints de rester, mais avec des restrictions de liberté,
03:30comme ça a pu être le cas pour les chrétiens qui vivaient sous le califat de l'État islamique à Raqqa.
03:36Et puis je vais vous dire, quoi qu'il arrive, ce coup-là,
03:40on a très peur pour cette minorité dont le processus vital était déjà engagé,
03:46et actuellement c'est son existence même qui est en jeu, et ça c'est inacceptable.

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