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00:00La situation à Alep, d'abord, on va faire un point. La ville d'Alep est passée sous le contrôle de rebelles armés face à la vaste offensive lancée sur cette cité du nord-ouest du pays.
00:08Mercredi, l'armée syrienne s'est retirée, comptant, dit-elle, dans ses rangs plusieurs dizaines de morts.
00:15On va tenter de comprendre ce qui se passe dans cette deuxième grande ville du pays avec vous, Wassim Nasser.
00:19Merci, Wassim, d'être parmi nous, journaliste à la rédaction de France 24, spécialiste de ces mouvements djihadistes et islamistes.
00:25D'abord, peut-être un premier état des lieux. Qui attaque ? Qui sont ces hommes ?
00:29En fait, c'est une coalition menée par HTS, donc Haïa Tahrir al-Sham, qui est partie de la zone de l'Idle-libre.
00:35C'est une coalition très large. Donc il y a des rebelles islamistes d'HTS, d'autres groupes, mais il y a aussi des rebelles,
00:41juste des rebelles syriens qui étaient tous entassés dans cette zone de l'Idle-libre depuis des années.
00:46On va voir sur une carte comment ça évolue depuis mercredi. Donc toutes les zones en bleu sont les zones perdues par l'armée syrienne,
00:55ces milices supplétives, mais aussi les milices chiites du Hezbollah et autres qui étaient positionnées dans cette zone.
01:01Et au début, on a vu plusieurs villages être pris. Khan al-Assal, al-Saraqib qu'on voit. Là, on a mis les plus importants.
01:08Et le trois quarts de la ville d'Alep qui a été prise parce qu'une partie reste quand même sous le contrôle des factions kurdes.
01:14Et on voit aussi dans la zone de Tadef. Donc c'est une autre zone depuis laquelle les rebelles de l'armée nationale syrienne ont aussi fait une offensive ce matin.
01:24On va voir dans des vidéos aussi, les dernières vidéos qui ne sont pas venues. Donc on a une vidéo de la place principale d'Alep.
01:31Donc hier soir, ce sont les premières images qu'on a pu voir de l'entrée effective des rebelles dans la ville d'Alep.
01:38Cette même place a été frappée par l'agression syrienne il y a quelques minutes maintenant. Il y a eu des morts.
01:45On a aussi la première vidéo ce matin de la citadelle d'Alep. On voit les rebelles rentrer dans la citadelle aux abords de la citadelle,
01:53ont pu rentrer dans la citadelle. On a aussi les images de la statue de Bassel Assad, le défunt fils de Rafael Assad, en train d'être déboulonnée.
02:01On va la voir aussi. Ça, c'est dans ce qu'on appelle le nouveau Alep. Donc la ville nouvelle Alep, ce n'est pas la vieille ville alors que la citadelle est dans la vieille ville.
02:09Mais surtout, ce qu'on a pu voir ce matin, ce sont les villes qui ont été délaissées ou reprises par le régime depuis 2015-2016 et abandonnées par leurs habitants.
02:18On va voir les images de Sarakib. C'est un noeud routier qui a été pris. Et on constate, en fait, ce sont des villes sans habitants, des villes fantômes.
02:27Et pourquoi c'est important ? Parce que celui qui filme est un déplacé originaire de Sarakib.
02:32Donc parmi les combattants, une bonne partie des combattants, ce sont des combattants syriens qui reviennent chez eux.
02:37On a aussi une vidéo de Maharat Norman.
02:39Certains disaient de partir à bord de bus et revenir sur des chars.
02:42Absolument. Il y a même HTS qui a fait des appels aux civils à ne pas rentrer très vite parce que ça reste miné, etc.
02:49On a des images aussi de Maharat Norman. Donc c'est une autre ville très importante, berceau de la rébellion syrienne.
02:55C'est une des villes où ça a manifesté dès 2011 et qui est délaissée comme ça en l'état depuis des années. Pourquoi ?
03:01Parce que les habitants, on voit la route est faite mais il n'y a plus rien dedans, les habitants ont quitté la ville.
03:05Là, par contre, c'est Tadev dont on parlait. Donc là, c'est la première fois qu'on a les images de l'armée nationale syrienne appuyée par les Turcs.
03:12Donc dans la zone de contrôle turc qui sort de cette zone pour la première fois et qui attaque la localité de Tadev contre l'armée syrienne.
03:19Autre fait important, on a les images du YPG kurde à l'aéroport d'Alep.
03:24Et pourquoi c'est important ? Parce que l'armée s'est retirée de l'aéroport, s'est retirée des autres quartiers et ils ont donné les clés, on va dire, aux factions kurdes
03:32qui étaient toujours dans la ville d'Alep sous contrôle du régime en bon entendre depuis des années dans des quartiers comme Cheikh Maksoud, Achrafieh, etc.
03:38Donc la grande question aujourd'hui, est-ce que HTS et les factions kurdes vont s'affronter ou pas ?
03:44Est-ce qu'ils vont s'entendre ou pas ? On sait qu'il y a des canons de discussion entre eux depuis des années mais tout ça est en train de se dérouler, en tout cas, sous nos yeux maintenant.
03:51Et comment est-ce qu'on explique que cette offensive, elle se soit tenue aussi rapidement, elle était claire et sans grande résistance de l'armée syrienne finalement ?
03:58Absolument, donc c'est une offensive qui a été préparée depuis longue date. Quelques facteurs nouveaux et importants, on va les voir.
04:04On a vu des premières frappes de drones utilisées par HTS contre l'armée syrienne et les milices supplétives.
04:11On a les images de cela et on voit que c'est des drones à réacteurs, c'est pas des drones à hélices.
04:16Donc développés en interne par HTS depuis des années.
04:20On voit aussi les petits drones qu'on a l'habitude de voir en Syrie depuis plus de dix ans, les petits drones modifiés qui jettent des petits obus.
04:28Là, contre un char T-72 de l'armée syrienne et contre les soldats.
04:33Et on a vu dévoiler aussi HTS ses capacités en drones.
04:36Et là, on a une vidéo de HTS qui dévoile ses capacités en drones et on voit qu'ils sont arrivés à un niveau de technicité, on va dire, assez important dans ce registre.
04:47Je ne sais pas si on pourra voir cette vidéo. Et là, voilà.
04:51Donc plusieurs types de drones, en rappelant quand même que toute cette technologie de drones modifiés artisanaux a émané de la Syrie en 2014,
04:59bien avant que ça n'arrive en Ukraine ou ailleurs.
05:01Donc là, c'est une démonstration de force pour la première fois qu'ils ont cette capacité.
05:05Donc effet surprise des drones.
05:07On peut aussi voir une des attaques contre une base à Sarrakech.
05:11C'est l'usine d'huile de Sarrakech qui était une base de l'armée.
05:15Et on voit, par exemple, même le véhicule là, le blindage, tout ça, c'est développé en interne par HTS.
05:20Donc ils ont fait un build-up de force pendant des années pour pouvoir arriver à ce résultat.
05:24On voit que leurs soldats sont beaucoup plus professionnels, entre guillemets, entraînés,
05:28que ce qu'on a pu voir avant dans le registre, on va dire, de la rébellion syrienne.
05:35Aussi, facteur important, très important, c'est que le chef Joulani de HTS,
05:40que j'ai rencontré il y a un peu plus d'un an, a fait des appels répétés à ses soldats
05:45de respecter les civils, de ne pas attaquer les civils, de ne pas rentrer dans leur maison.
05:50Il a fait des appels à la défection à l'armée syrienne.
05:54Mais aussi et surtout, celui qui a le dossier des minorités, que j'avais aussi rencontré,
05:58a fait un appel explicite aux chrétiens et aux autres minorités en leur disant
06:02on va rester chez vous, on ne va pas s'attaquer à vous, vous pouvez rester et vivre en liberté, etc.
06:06Comme ce qu'on fait déjà à Idlib. Parce que quand j'étais à Idlib aussi,
06:09j'ai pu visiter des villages chrétiens, où les chrétiens étaient encore là,
06:12ils arrivaient encore à réparer leurs églises et à vivre à minima,
06:16dans une situation qui est forcément à minima, mais qui n'était pas persécutée
06:23ou tuée par le groupe dominant qui est HTS.
06:26Alors ils peuvent être accueillis comme des libérateurs, ces hommes,
06:29par les populations civiles encore sur place ou les déplacés ?
06:32Encore une fois, les villages délaissés, c'est des gens qui rentrent chez eux.
06:37On a bien vu dans les images, les images étaient complètement délaissées.
06:40Dans la ville d'Alep, il n'y a pas eu de résistance populaire à l'entrée des combattants d'HTS.
06:44On les a vu rentrer dans les mosquées, appeler les gens à rester chez eux,
06:47on ne peut pas tout montrer, faire des appels depuis les mosquées, etc.
06:50Il n'y a pas eu d'affrontements dans la ville, ça c'est un fait.
06:53Mais il faut retourner aux sources de cette opération. Pourquoi elle a démarré ?
06:58On va voir des images des bombardements de l'aviation russe du 23 novembre à Ariha.
07:03Voilà, donc bien avant le début de l'opération.
07:05Et là, on rentre dans la complexité des clips où surtout ces déplacés dont on parlait
07:09appelaient HTS à faire quelque chose pour faire cesser les bombardements russes
07:13et syriens avec drones, etc. répétitifs et dont personne ne parlait
07:17parce que malheureusement le nombre de morts n'était pas assez élevé.
07:21Et je vais vous montrer des images que j'ai filmées moi-même à Atme.
07:24C'est un très grand camp de réfugiés, le voilà.
07:26Plus d'un million de personnes et de déplacés syriens.
07:29Donc ce sont des syriens de la zone d'Alep, des Faubourg d'Idlib, de toute la Syrie
07:33qui sont entassés à la frontière turque.
07:35Les montagnes c'est la frontière turque.
07:37Et donc tous ces gens-là faisaient pression sur HTS et les factions rebelles
07:40pour rentrer chez eux.
07:42Autre facteur important, on dit que les russes n'ont rien fait.
07:44Si, les russes frappent, les russes ont perdu des hommes.
07:46On a une image d'un mec, d'un opérateur des forces spéciales russes, opérateur de drones, qui est mort.
07:51On ne va pas montrer son cadavre, mais ça c'est son véhicule.
07:54On a des bombardements russes déjà encore ce matin, les voilà, à Idlib.
07:59Mais le facteur nouveau c'est que les russes sont occupés en Ukraine.
08:02Les russes au lieu d'avoir 35 avions en Syrie comme en 2015, ils en ont 10.
08:06Ils n'ont pas assez de munitions.
08:08Et autre facteur très important, et là la boucle sera bouclée,
08:11c'est que les iraniens qui tenaient ces fronts avec le Hezbollah
08:14sont très affaiblis par les frappes israéliennes.
08:17Israël a frappé encore aujourd'hui.
08:19Donc tous ces facteurs-là, le fait que les iraniens soient frappés comme ça très durement par les israéliens,
08:24ont créé une fenêtre d'opportunité pour HTS et pour les rebelles.
08:28On va voir d'ailleurs une vidéo d'entrée dans une base du Hezbollah à Alep.
08:33On va voir sur les images, le premier truc qu'ils font,
08:35ils déchirent les portraits de Karsev Soleimani, chef de la force Quds,
08:40qui a ouvert les portes d'Alep au régime en 2015-2016.
08:43Donc, et voilà, on revient dans une situation aujourd'hui où les rebelles ont le dessus,
08:48mais on ne sait pas comment ça va évoluer.
08:50C'est ça, d'un moment, est-ce que ça rebat les cartes de ce qui se passe en Syrie ?
08:53La prise de Alep peut rebattre les cartes,
08:55mais les équilibres des forces en présence sont toujours très importants.
08:59On va avoir des Kurdes, des Américains, les Russes ne sont pas partis,
09:02donc on verra comment ça va évoluer.
09:04Surtout qu'Assad ne s'est pas encore prononcé.
09:06Oui, silencieux.
09:07Voilà, alors qu'il était en Russie au début de l'offensive.
09:10Merci beaucoup, Wassim.
09:11Merci pour toutes ces explications.
09:13Vous pouvez suivre le fil de Wassim Nasr sur les réseaux sociaux
09:16pour plus d'explications et en temps réel.
09:18Merci infiniment.

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