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00:007h46 sur France Bleu Roussillon, c'est ce soir à Perpignan un max de bruit contre le SIDA,
00:07un grand concert gratuit contre le VIH, ça se passe à la Casa Musicale.
00:11Ce concert Simon pour rappeler que le virus du SIDA est toujours présent
00:15et qu'il ne faut surtout pas baisser la garde. On en parle avec votre invitée Simon Colbert.
00:19Bonjour Docteur Marie Médus, vous êtes médecin au service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de Perpignan.
00:25Est-ce qu'en France, aujourd'hui en 2024, on continue de mourir du SIDA ?
00:30Oui, après ce n'est pas la majorité, les gens meurent plus d'autres choses.
00:33Aujourd'hui, être porteur du VIH, c'est une maladie chronique
00:38et les gens qui sont traités ont une espérance de vie normale comme celle de quelqu'un qui n'est pas infecté par le VIH.
00:44Les gens ne meurent plus beaucoup du SIDA, proprement dit, et c'est tant mieux.
00:49Il y a donc eu de véritables progrès, il faut rappeler que dans les années 80,
00:52le SIDA a vraiment fait des ravages notamment, des vrais progrès mais pas de vaccins.
00:57Ça c'est une question qui se pose sans doute beaucoup de nos auditeurs.
01:00Comment est-ce qu'on a pu trouver un vaccin contre le COVID en quelques mois
01:02et comment en 40 ans on n'a toujours pas de vaccin contre le SIDA ?
01:05C'est très compliqué de faire un vaccin contre le virus du SIDA.
01:08C'est un virus, d'abord il en existe plein de différents.
01:11Il y a différents virus du SIDA ?
01:13Oui, et plein de groupes différents, un arbre génétique très divers,
01:17et puis il est tout le temps en train de muter, donc c'est super difficile de faire un vaccin.
01:23C'est pas faute d'avoir essayé, c'est pas faute de moyens,
01:25parce qu'il y a une mobilisation mondiale contre le SIDA.
01:27Oui, oui, tout à fait.
01:28Il y a un espoir d'en trouver un jour un vaccin ?
01:30Oui, oui, on n'y est pas encore, mais oui, bien sûr, oui.
01:33Combien de malades du SIDA sont actuellement suivis chez vous à l'hôpital de Perpignan
01:37et qu'est-ce que ça veut dire « suivi » pour un malade du SIDA ?
01:40Alors, nous on suit à peu près 1100 personnes à l'année.
01:44Être suivi, ça veut dire une prise de sang
01:49pour faire un état des lieux de comment vont leurs défenses immunitaires,
01:53vérifier que la charge urale soit indétectable, un examen clinique,
01:57et puis voilà, c'est deux fois par an, en moyenne, pour la plupart quand ils sont bien,
02:02ou ça peut être une fois par an aussi, en alternance avec leur médecin traitant.
02:06Et en quoi il consiste ce traitement ?
02:08Alors c'est une trithérapie, trois molécules différentes,
02:12mais en général regroupées dans un seul comprimé,
02:16donc c'est une facilité de prise pour y penser,
02:20et puis avec une tolérance qui est bien meilleure que ce qu'on avait à disposition au début des trithérapies en 1996.
02:27On ne meurt plus du SIDA, c'est ce que vous nous avez dit au début,
02:30mais c'est un traitement qui est quand même lourd et qui peut notamment avoir des effets secondaires parfois.
02:34Alors oui, il peut y avoir des effets secondaires,
02:37mais c'est beaucoup moindre que ce qu'il y avait au début,
02:40ce qui permet la facilité de la prise.
02:43Mais certaines personnes ont des effets secondaires effectivement.
02:46Et puis alors le SIDA évidemment c'est tout un tas de troubles d'ordre psychologique aussi,
02:50il y a l'annonce de la maladie, ça c'est toujours aussi difficile en revanche pour les malades ?
02:54C'est toujours aussi difficile et ça peut l'être plus selon les personnes,
02:58et surtout c'est un énorme tabou, enfin tout ce qui touche à la sexualité c'est extrêmement tabou,
03:05en pratique tout le monde connaît des personnes qui sont séropos autour d'eux,
03:11mais elles ne le disent pas parce que c'est un peu une maladie invisible, c'est indicible.
03:18Les malades se cachent ?
03:19Ah oui, ils se cachent.
03:20Même en 2024 ?
03:21Oui, c'est pour ça qu'on me demande encore, mais ça existe encore le VIH ?
03:25Mais oui, bien sûr.
03:26Le nombre de nouvelles contaminations justement, combien il y en a dans les Pyrénées-Orientales ?
03:30Est-ce que vous avez un ordre d'idées ?
03:32Alors nous on en a 21, parce que j'ai regardé,
03:3621 découvertes à la date d'aujourd'hui depuis le 1er janvier 2024.
03:42D'accord, c'est un chiffre qui a tendance à augmenter, à baisser ?
03:45Non, c'est relativement stable.
03:48Par rapport à d'autres départements, on est dans la moyenne ?
03:51Oui.
03:52Est-ce que ce chiffre-là, si on n'arrive pas à le faire baisser,
03:55c'est parce qu'on manque toujours, en tout cas certaines générations continuent de manquer d'informations ?
04:00Alors je pense que les générations des 40-60 ans sont informées,
04:07mais c'est quelque chose d'enfoui et de lointain.
04:11Alors pour les jeunes, c'est vrai que je pense qu'il y a un manque d'éducation à l'école,
04:17ça fait partie du programme scolaire, mais c'est pas fait.
04:20Moi je me souviens très bien au collège, le prof de bio qui sortait une banane
04:24et qui mettait le préservatif dessus, ça c'est pas fait aujourd'hui ?
04:27Non.
04:29Alors après ça dépend des professeurs, mais souvent c'est quelque chose de pas fait.
04:35C'est plutôt les associations finalement qui interviennent à la demande de certaines écoles
04:43pour faire de la prévention, mais l'éducation.
04:478h au mois d'ici sur France Bleu, aussi on est dans Ici Matin,
04:50journée mondiale de lutte contre le sida ce dimanche, on en parle ce matin avec vous,
04:54Simon Colbeck et notre invité Marie Médius, médecin au service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de Perpignan.
05:00Autre chiffre que j'aimerais connaître, même si là évidemment ce ne sera forcément qu'une estimation,
05:04c'est le nombre de personnes qui ont le virus sans le savoir. Est-ce qu'on a une idée ?
05:08Alors en France on estime qu'il existe à peu près 11 000 personnes qui sont porteurs du VIH et qui le savent pas.
05:16Et c'est ça qui fait qu'il y a toujours des nouvelles contaminations.
05:20Quand on sait qu'on peut être porteur du VIH en moyenne 7 à 8 années sans le savoir sauf en faisant une sérologie,
05:31sans être malade, ça veut dire que ça fait toutes ces années de transmission du VIH,
05:36et c'est ça qui fait les nouvelles contaminations.
05:39C'est quoi les symptômes qui apparaissent au bout de 5-7 ans ?
05:42C'est ce qui caractérise le stade sida, donc des infections qu'on appelle opportunistes qui sont graves.
05:48C'est la pneumocystose, une infection respiratoire grave, la toxoplasme cérébrale, ce sont des abscès, etc.
05:56C'est des maladies graves.
05:57Comment on fait pour les toucher ces personnes qui sont malades mais qui ne le savent pas ?
06:00Comment on fait pour les inciter à se dépister ? C'est ça la salle de combat.
06:04Il y a plein de choses qui sont mises en place depuis plusieurs années.
06:09C'est la facilité d'accès au dépistage, c'est dans les centres de dépistage gratuits.
06:16Aujourd'hui, c'est facile de se dépister ?
06:18C'est facile de dépister, oui. Mais encore faut-il se lancer.
06:22Depuis deux ans, c'est possible d'aller dans un laboratoire d'analyse médicale et demander une sérologie VIH sans ordonnance.
06:29Et c'est gratuit ?
06:30Et c'est gratuit. Ils ont rajouté le dépistage des IST, hépatite B, syphilis, gonocoque, chlamydia, dans les labos aussi.
06:40C'est forcément une prise de sang ?
06:41C'est une prise de sang et après ça peut être des prélèvements au niveau vaginal et au niveau urinaire.
06:48Merci beaucoup. Concert ce soir, un max de vrais Contrôle Sida, c'est la Casa musicale à Perpignan.
06:54A partir de 19h, l'entrée est gratuite. Dimanche, c'est le Sida Action, la journée mondiale de lutte contre le Sida.
07:01D'ailleurs, le Téléthon démarre ce soir, Sida Action dimanche.
07:04Est-ce que ce n'est pas dommage ce calendrier ? Est-ce qu'il n'y a pas une concurrence entre les bonnes causes finalement ?
07:09Je ne pense pas. Chaque année, c'est la même chose. La journée mondiale contre le Sida, c'est le 1er décembre.
07:15Est-ce qu'il ne faudrait pas décaler le Téléthon d'un week-end ? Ce ne serait pas plus simple en termes de lisibilité, en termes de communication ?
07:21Je n'ai pas l'impression que ça se télescope.
07:23D'accord. Merci beaucoup, tant mieux.
07:26En tout cas, vous êtes le Dr Marie Médus et vous travaillez à l'hôpital de Perpignan, service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital.
07:34Très bonne journée à vous. Merci d'être venue.
07:36Merci.
07:37Et réécoutez notre invitée sur l'application ici, ICI. Dans un instant, on vous emmène au marché.
07:43Mais tout de suite, la pluie arrive. Oui, pas uniquement en chanson. Dans un week-end ensoleillé, c'est Luano, ici matin sur France Bleu Roussillon.
08:07Quand tu me regardes, je baisse un peu la garde. Mais la pluie coule encore à mesure que nos cœurs se détendent.

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