Emmanuel Macron a récemment réitéré sa promesse : il se baignera dans la Seine.
Mais alors, comment rendre ce fleuve de la capitale baignable pour les JO ? Ça passe par un impressionnant dispositif, qui se cache parfois jusqu'à 30 mètres sous les rues parisiennes. Notre journaliste Florian Thomas est allé le visiter pour mieux comprendre.
Mais alors, comment rendre ce fleuve de la capitale baignable pour les JO ? Ça passe par un impressionnant dispositif, qui se cache parfois jusqu'à 30 mètres sous les rues parisiennes. Notre journaliste Florian Thomas est allé le visiter pour mieux comprendre.
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00:00Par là-bas, on passe sous la Seine, on est sous le lit de la Seine.
00:05Il faut bien s'imaginer qu'ici, il peut y avoir un peu comme un tsunami de flotte
00:09qui débarque à un moment ou à un autre, sans trop d'ailleurs le savoir.
00:13Le personnel qui descend doit être formé et surtout avoir fait un protocole de préparation
00:17avec la supervision centrale.
00:19Attention, tac.
00:20Donc là, on arrive à l'extrémité de l'intercepteur, un peu son embouchure si on veut,
00:24où le flux d'eau très important, d'eau usée et pluviale, s'écoulera dans le bassin.
00:30Aujourd'hui, pour Brut, je me trouve dans les infrastructures qui vont permettre
00:33de rendre la Seine baignable pour les Jeux Olympiques de Paris 2024
00:36et pour le grand public à partir de 2025.
00:39Le bassin dans lequel je me trouve ici va être rempli d'ici quelques semaines
00:42par 50 000 mètres cubes d'eau.
00:44Ça fait environ 20 piscines olympiques.
00:46Là, c'est inside-inside.
00:49Personne n'est venu.
00:53Vas-y.
00:54L'objectif, clairement, c'est d'améliorer la qualité d'eau de Seine,
00:57puisque la Seine va être la Seine, c'est le cas de le dire,
01:01de la cérémonie d'ouverture des Jeux, des épreuves de paratriathlon,
01:05de triathlon et de natation marathon.
01:07Tout ce qui est mis en œuvre, ça change le fonctionnement du réseau d'assainissement
01:11pour la suite aussi.
01:11Les Franciliens pourront se baigner dans la Seine, dans la Marne,
01:14dans différents sites de baignade.
01:16L'ouverture au grand public de la baignade en milieu naturel,
01:19dans des sites encadrés, est prévue pour l'été 2025.
01:23Là-bas, tu peux voir l'arche du déversoir d'orage de la rive gauche.
01:27Si on a des pluies qui font déborder ce réseau d'égouts,
01:30pour pas qu'ils débordent dans la ville,
01:32c'est la Seine qui servait beaucoup de soupapes de sécurité.
01:35Aujourd'hui, on a réduit d'un facteur 10
01:37et ce qu'on cherche à faire, c'est réduire encore.
01:41Bonjour Nourdine.
01:43Ça va ?
01:44T'as faim ?
01:45Ça va ?
01:46L'héritage de la baignade en Seine, quelque part, se joue un peu ici,
01:49parce qu'il y a un grand puits qui est réalisé,
01:52qui va jusqu'à 25-30 mètres sous nos pieds.
01:54Donc là, on descend dans les accès au puits Vallubert.
01:58Derrière ce panneau temporaire, il y a la vanne de régulation
02:01et donc c'est par là que les eaux d'orage arriveront
02:05et vont faire cette chute de 25 mètres environ,
02:09jusqu'au fond du puits pour rejoindre l'intercepteur.
02:13Alors, c'est pas de l'eau de Seine qui va couler là,
02:15c'est de l'eau du réseau d'égouts avec beaucoup d'eau pluviale
02:18et de l'eau usée.
02:19Donc c'est vraiment des eaux chargées, des eaux pas propres,
02:22qui vont être détournées pour pas rentrer dans la Seine, justement.
02:29Ah, c'est bon.
02:30Il y a encore quelques années, on avait vraiment des facteurs de pollution
02:32qui étaient très pluriels, entre les eaux usées,
02:35des habitants ou de l'industrie, etc.
02:37Maintenant, on a un état écologique de l'eau de Seine qui s'est tellement amélioré
02:41que ce qui nous reste pour atteindre les critères sanitaires de baignabilité,
02:44c'est de réduire la concentration bactériologique
02:48de certaines bactéries fécales.
02:50Et ces bactéries, elles arrivent lors des épisodes pluvieux.
02:52Pour pas que les égouts ne débordent, on les rejette dans la Seine.
02:55Et là, au lieu de les rejeter dans la Seine, on les rejette dans ce bassin.
02:59L'ensemble des deux interceptions, Tournaire et Vallubert,
03:01permettent d'acheminer les eaux gravitairement jusqu'au bassin Océrix.
03:06On est vraiment dans une pièce importante du dispositif en termes d'ingénierie.
03:10Là, on fait 2,5 mètres de diamètre, 600 mètres de long entre 20 et 30 mètres de profondeur,
03:14mais on n'est pas au milieu des champs.
03:15Passage à proximité du RER C, passage à proximité du métro ligne 10,
03:20on a le viaduc de la ligne 5, bref, on est dans le tissu urbain parisien.
03:24On a la nappe phréatique qui est derrière.
03:26Derrière la paroi, il y a plus d'un bar de pression de poussée.
03:30Dans quelques jours, l'ouvrage va rentrer en service.
03:33On ne sera plus isolé du réseau d'assainissement.
03:35Donc clairement, être ici, c'est danger de mort hyper élevé
03:38sans avoir préparé son intervention.
03:40Et d'ailleurs, c'est des interventions qui sont très rares,
03:42même par le personnel aguerri du service de l'assainissement.
03:47Donc là, en fonctionnement, on aura plusieurs mètres cubes secondes
03:49d'eau usée et pluviale qui vont arriver et se déverser dans le volume bassin.
03:55Donc il faut bien imaginer que dans quelques temps, il n'y aura plus cette échelle
03:58parce que c'est par là que les eaux usées et pluviales vont arriver
04:01avec des débits très importants.
04:02Là, l'ouvrage, en fait, il est encore très propre.
04:05Dans pas très longtemps, il sera un ouvrage insalubre comme un ouvrage d'assainissement.
04:09Et du coup, tout a été pensé dans des détails assez fins de réalisation
04:14pour que l'ouvrage ait une capacité d'autocurage assez bonne.
04:18C'est-à-dire qu'il faut que tous les déchets,
04:20et d'ailleurs, au passage, les déchets dans les réseaux d'assainissement,
04:23ce n'est pas fait pour, vos toilettes, vos éviers, etc.
04:26ne sont pas des poubelles.
04:27Et donc, on retrouve malheureusement des quantités phénoménales de déchets,
04:31de macro-déchets solides dans les eaux usées.
04:34Et donc, pour que les eaux s'écoulent et les déchets s'écoulent au maximum,
04:37plein de détails de réalisation.
04:38Tous les bords des ouvrages, etc. sont biseautés
04:41pour que ces déchets s'évacuent au maximum.
04:44Ce qu'il faut bien imaginer, c'est que tous les volumes d'eau
04:46qui vont transiter dans l'ouvrage,
04:48ils auront été évités en rejet direct à la Seine.
04:51Donc, c'est un côté outil anti-pollution pour la Seine
04:54parce qu'il faut bien imaginer que ces eaux, elles sont chargées de bactéries,
04:59de bactéries fécales des habitants de la population.
05:02Et quand les égouts ne sont plus saturés parce que la pluie est terminée,
05:06on pompe, on vide l'ouvrage et on le met dans le réseau d'assainissement.
05:10Ça s'écoule jusqu'en station d'épuration.
05:12Là, c'est dépollué et donc les bactéries sont traitées
05:15avant au rejet milieu naturel à l'aval de Paris dans les stations d'épuration.
05:19Donc là, on est dans la partie pompage.
05:21Et c'est ce dispositif avec trois pompes et trois colonnes de refoulement
05:25qui va pomper les eaux sur l'espace de 24 heures
05:28pour vider l'ouvrage et le rendre de nouveau disponible
05:31en cas d'événement pluvieux qui revient rapidement.
05:34Le bassin Austerlitz, ce n'est pas l'ouvrage qui rend la Seine-Méniale.
05:36C'est un des ouvrages, une des actions d'un plan d'action très collectif.
05:41C'est éminemment collectif pour une raison simple.
05:43C'est que la Seine, elle est parisienne, mais pas que.
05:46Et donc, avant d'arriver dans Paris,
05:47elle a traversé un certain nombre de communes, etc.
05:49Si la Seine ne rentre pas dans Paris propre, on ne risque pas de...
05:54Parce que ce qu'il faut bien noter, c'est qu'on ne dépollue pas l'eau de Seine.
05:57On fait en sorte de ne pas rejeter de la pollution dans la Seine.
06:01C'est la partie olympique du projet.
06:03Il faut monter les dix étages.
06:10Donc là, on est sur la dalle supérieure de l'ouvrage,
06:12c'est-à-dire le chapeau.
06:14Et donc, on est en phase de réalisation des travaux d'étanchéité.
06:17Et in fine, c'est un espace vert d'un peu plus d'un hectare qui sera réalisé.
06:20Le chantier démarrera après les Jeux olympiques
06:22pour dissimuler entièrement l'ouvrage d'assainissement.
06:26Alors, c'est un chantier qui a duré 42 mois
06:29et qui avait trois sites d'intervention en travaux.
06:32Ce volet du plan d'action, le bassin Austerlitz, c'est 90 millions d'euros
06:36sur un plan d'action baignade, total de 1,4 milliard d'euros.
06:401,4 milliard qui a été financé uniquement pour les JO ?
06:44C'est un plan d'action qui, de toute façon, se déroule
06:46de manière indépendante des Jeux olympiques
06:48puisque l'objectif baignade, l'objectif restauration de l'état écologique du milieu naturel
06:52était un objectif partagé par tous les acteurs de l'eau et de l'assainissement du bassin francilien.
06:57C'est une dépense qui aurait été engagée, quoi qu'il arrive, quelque part.
07:00Il y a plusieurs nageurs qui vont discuter les JO
07:02qui ont émis certaines craintes quant à la pollution de la Seine.
07:05Est-ce que vous, vous serez prêts à répondre aux critères sanitaires ?
07:08On a rehaussé, rendu beaucoup plus robuste l'ensemble des systèmes d'assainissement
07:13pour maintenir baignable la Seine sur beaucoup plus de circonstances.
07:17Maintenant, si orage très important, on ne tient pas.
07:20Donc, garantir la Seine baignable pour une saison estivale de baignable,
07:25on est serein à 100% sur le plan.
07:27Ensuite, sur la gestion d'un jour J, ça relève d'une gestion événementielle.
07:32Mais c'est exactement comme, tant qu'il n'y avait pas le toit du Roland-Garros,
07:36s'il y avait un orage, on ne fait pas la finale à 16h.
07:39C'est le même sujet.
07:40Et qu'est-ce qu'on fait si les portes-pluies arrivent juste avant les épreuves de natation des JO ?
07:45Est-ce qu'il y a un plan B ?
07:47Alors ça, moi je ne réponds pas parce que c'est le volet...
07:52Je ne suis pas compétent, en fait.
07:53Le côté événementiel de la chose, plan B, pas plan B, etc.,
07:55ça c'est un plan d'action qui relève de l'événementiel
08:00et pas de la gestion d'un réseau d'assainissement.
08:02Mais alors, qu'est-ce qu'on fait s'il y a des portes-pluies avant les épreuves des JO ?
08:06Dans une interview publiée par l'ASP, le 13 mars,
08:10le préfet d'Île-de-France, Marc Guillaume, a maintenu qu'il n'y avait pas de plan B.
08:13Si les seuils de contamination sont dépassés,
08:16il faudra simplement décaler les épreuves de quelques jours.