L'ÉDITO - JO 2024 : nage en eaux troubles

  • il y a 5 mois
« Je me baignerai dans la Seine », pas certain qu’Anne Hidalgo et le Président de la République puissent tenir leur promesse avant le début des Jeux olympiques.
L’ONG Surfrider Foundation vient de publier les résultats de six mois d’analyses des eaux de la Seine. L’état du fleuve ne permet pas aujourd'hui de s’y baigner.
Dans son ÉDITO, @Michael Tapiro regrette une politique opportuniste de la ville de Paris, qui pour organiser les JO a avancé l’idée que certaines épreuves de natation puissent se dérouler dans la Seine.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Les récentes déclarations du président Emmanuel Macron,
00:03 confirmées par celles de la ministre des Sports Amélie Oudea Castera
00:06 et de la maire de Paris Anne Hidalgo, sont très claires.
00:08 Nous pourrons tous, et le président en premier,
00:10 plonger dans la Seine et nous baigner à l'horizon des Jeux Olympiques Paris 2024
00:13 qui débuteront le 26 juillet prochain.
00:15 Oui, j'ai prévu de me baigner dans la Seine.
00:17 Ah oui, c'est vrai.
00:17 Mais pourquoi faire ?
00:19 Comment en est-on arrivé à vouloir transformer un fleuve pollué et fier de l'être
00:23 en un bassin nautique à ciel ouvert,
00:25 et qui transformerait les quais de la Seine en croisettes balnéaires ?
00:28 Ou plutôt, comment les faits d'annonce, accolés à une politique écologique opportuniste,
00:32 risquent très sérieusement d'attirer le comité d'organisation des Jeux Olympiques Paris 2024
00:37 en eau très trop.
00:38 Au commencement était la promesse.
00:41 Pour obtenir les Jeux, pas de candidature, sans proposition inédite, glamour,
00:44 parfois se grenue, mais très souvent atteinable.
00:46 Après avoir claironné de pouvoir organiser la cérémonie des Jeux en open space
00:51 le long des quais de la Seine avec une jauge de 600 000 personnes,
00:54 abaissée à 300 000 en dernier recours,
00:56 le Cojo a décidé de faire de la Seine une actrice majeure des compétitions olympiques
01:00 en arguant possible d'organiser la partie nautique du triathlon
01:03 et la nage en olive dans le fleuve, entre le pont de l'Alma et le pont Alexandre III.
01:07 Conjouettement à cette promesse, la politique résolument écologique des Knervers de la capitale
01:12 a sauté sur l'occasion de la baignabilité de la Seine,
01:14 annulant imparablement et implicitement l'avis des mauvais coucheurs de Parisiens
01:18 pour lesquels Paris était sale, investi de rare et pollué jusqu'au trognon.
01:22 Sur le papier, quelle idée géniale !
01:24 Mais c'était sans compter l'entrée en Seine des micro-organismes sortant leur tête de l'eau,
01:29 au grand dam de l'effet d'annonce.
01:30 Après une campagne de prélèvement de 6 mois entre septembre 2023 et mars 2024,
01:35 l'ONG Surf Riders Foundation a récemment mis en garde contre l'état alarmant des eaux de la Seine,
01:41 où 13 des 14 mesures effectuées se sont révélées au-dessus des seuils recommandés pour les baignades.
01:47 En bref, les concentrations en bactéries Echerichia coli et enterococque,
01:52 indicateur de contamination fécale, sont largement supérieures au barème fixé notamment
01:56 par les fédérations de natation et de triathlon.
01:58 Et la santé des athlètes devient soudain un enjeu central, dont l'issue n'est évidemment pas négociable.
02:03 Déjà à l'été 2023, en amont des Jeux Olympiques,
02:06 les épreuves test de natation et de triathlon n'ont pu avoir lieu pour les mêmes raisons.
02:11 La promesse sera difficile à tenir, d'autant que le plan B n'a pas été envisagé.
02:16 Et cette promesse a un coût élevé, très élevé même, estimé à 1,4 milliard d'euros,
02:21 dont 700 millions portés par l'Etat.
02:23 Cela fait cher le plan.
02:24 En voulant inscrire la baignabilité de la Seine comme un héritage mémoriel et essentiel des Jeux Olympiques Paris 2024,
02:30 en estimant que, je cite, "cela allait changer la vie de beaucoup de Franciliens",
02:35 dit notre président de la République,
02:36 toutes les parties prenantes qui contribuent à faire que cette compétition organisée dans la ville lumière puisse briller de mille feux,
02:42 ont pris un risque démesuré, au prix duquel nous risquerions d'assister à des compétitions tronquées,
02:47 comme par exemple un triathlon devenu biathlon, sans neige, sans ski, sans fusil, celui-là.
02:51 Pour conclure, la situation est sérieuse mais pas désespérée.
02:54 En revanche, il ne faudrait pas non plus que la Seine devienne une Seine de crime.
02:59 ♪ ♪ ♪

Recommandée