Quelles sanctions pour les harceleurs ? Comment réduire le poids des cartables ? Pourquoi avoir interdit l'abaya ?…
Le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse Gabriel Attal répond à vos questions sur Brut.
Le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse Gabriel Attal répond à vos questions sur Brut.
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00:00Bonjour, je suis Gabriel Attal, ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse,
00:04et je réponds à toutes vos questions pour Brut.
00:06Question de Frise.
00:07Au lieu de vouloir à tout prix augmenter le nombre d'heures de cours des élèves,
00:10ne serait-il pas préférable de s'intéresser à leur santé mentale ?
00:14Évidemment que la question de la santé mentale des jeunes,
00:17elle me préoccupe particulièrement.
00:19Et que ces dernières années, avec évidemment le Covid,
00:22avec le retour de la guerre en Europe, avec les attentats terrorismes,
00:27avec aussi l'éco-anxiété et tout ce qui conduit les jeunes à s'interroger
00:32sur l'avenir de la planète quand ils voient la dégradation de l'environnement en cours,
00:35évidemment que ça pose des questions et surtout que ça appelle des réponses.
00:39C'est pour ça qu'on est en train de mettre en place dans tous les établissements
00:42des référents qu'on forme en secourisme en santé mentale,
00:45c'est-à-dire capables d'identifier quand il y a des élèves qui ont besoin d'aide.
00:49Et on va former les CPE notamment sur ces questions-là.
00:51Deuxième chose, et ça c'est pas suffisamment connu,
00:54on a mis en place des consultations chez le psychologue
00:56entièrement prises en charge, sans reste à charge.
00:58Aujourd'hui, pour y accéder, c'est prescrit par le médecin traitant.
01:01Et là, ce qu'on a décidé de faire, c'est d'assouplir les règles
01:05pour que vous puissiez être orientés vers cette prise en charge de séance chez le psychologue
01:10par les professionnels de santé dans l'école.
01:14Et enfin, c'est le troisième point, il faut augmenter le nombre de médecins scolaires
01:17et d'infirmières scolaires.
01:18H223D, j'ai été harcelé en primaire, on ne m'a pas cru.
01:21Quand est-ce que les profs seront formés pour ce genre de situation ?
01:23Quand est-ce qu'ils vont nous croire ?
01:26L'enjeu de la formation, il est hyper important parce que les profs,
01:29évidemment qu'ils veulent protéger leurs élèves,
01:31mais il faut qu'ils soient suffisamment formés à informer sur ça.
01:34Et c'est pour ça que, là, ces dernières années, on a mis en place le programme Phare.
01:37Ça veut dire que dans toutes les écoles et tous les collèges,
01:40il y a des personnels adultes qui sont formés pour détecter les situations de harcèlement
01:45et à partir de cette rentrée, on le lance maintenant dans les lycées.
01:48Ce n'est pas que des enseignants qui sont formés.
01:50Par exemple, on s'est rendu compte que ça pouvait être utile
01:52de former aussi des gens de la cantine, par exemple.
01:55Parce qu'à la cantine, on voit beaucoup de choses.
01:56On voit si un élève est isolé, mange tout seul et si on l'embête à la cantine.
02:01Donc cette question de la formation, elle est hyper importante
02:03et c'est vraiment en train de se déployer maintenant dans tous les établissements.
02:06Forcément, ça prend un peu de temps, mais enfin, on est en train d'y arriver.
02:08D'abord, l'enjeu, c'est de prévenir.
02:10Prévenir, ça va se faire notamment avec les temps d'apprentissage
02:14dès l'école primaire et dès les premières classes,
02:17de la gestion des émotions, de la tolérance, de l'acceptation de l'autre, du rapport à l'autre.
02:21Ça, je suis sûr que sur le long terme, ça aura un impact.
02:25Deuxième chose, c'est mieux détecter.
02:27Et là, cette semaine, il va se passer quelque chose d'inédit.
02:31C'est que tous les élèves, entre CE2 et terminale,
02:34vont remplir un questionnaire d'auto-évaluation du harcèlement
02:37qu'on a construit avec des psychologues, des psychiatres, des médecins,
02:40des spécialistes de la santé mentale des adolescents, de la violence scolaire,
02:45pour détecter s'ils sont victimes de harcèlement.
02:48Et puis, mieux réagir, notamment en protégeant les élèves harcelés.
02:51Une des premières décisions que j'ai prises quand je suis arrivé au ministère,
02:55c'est de changer la règle pour que ça soit désormais aux harceleurs
02:58de quitter l'établissement et plus aux harcelés.
03:00La réaction, c'est aussi évidemment prendre des sanctions
03:03dans l'établissement contre les harceleurs.
03:06Depuis cette rentrée, désormais, tous les harcèlements par les réseaux sociaux,
03:11les cyberharcèlements, peuvent être sanctionnés dans l'établissement,
03:14même s'ils cyberharcèlent des élèves d'un autre établissement.
03:17Faubourg-Saint-Adam, pourquoi avoir interdit le port de la robe longue
03:20alors qu'elle n'est pas un signe religieux ?
03:23Alors ça, c'est un débat qui a fait beaucoup parler.
03:25Il y a une loi en France, qui est une loi de 2004,
03:28qui dit que la laïcité s'applique à l'école,
03:30et que la laïcité à l'école, ça veut dire qu'on ne peut pas porter à l'école
03:35de vêtements qui manifestent une appartenance religieuse.
03:40À partir de là, ces dernières années, il y a eu un débat sur le fait de savoir
03:43si la baïa, c'était un vêtement qui manifeste une appartenance religieuse.
03:49Il y a des gens qui disaient oui, c'est le cas,
03:51et des gens qui disaient non, ce n'est pas le cas.
03:53Et le juge, c'était au début de l'année, à la rentrée scolaire,
03:57quand j'ai pris la décision, le juge s'est prononcé,
03:59le juge indépendant, le juge administratif, le conseil d'État a dit
04:03oui, la baïa, c'est une tenue qui manifeste ostensiblement une tenue religieuse.
04:08Et donc, c'est la loi de 2004 qui s'applique,
04:11et donc, elle ne peut pas être portée à l'école.
04:13Moi, je n'ai absolument rien contre quelque religion que ce soit.
04:17Je respecte toutes les religions et je respecte tous ceux qui croient,
04:20comme je respecte tous ceux qui ne croient pas.
04:22Simplement, ma responsabilité de ministre, mon rôle,
04:25c'est de respecter la loi et de faire respecter la loi, et c'est ce que j'ai fait.
04:28Est-ce que vous pouvez réduire le nombre de cahiers dans le sac,
04:31car ça fait très mal à supporter ?
04:33Ça aussi, c'est un des premiers chantiers que j'ai lancés
04:35quand j'ai été nommé il y a quelques mois, le poids du cartable.
04:37Le poids du cartable, ça peut bousiller le dos.
04:40Et donc, j'ai dit de manière très claire que je voulais travailler dans les mois qui viennent
04:43pour faire baisser le poids du cartable.
04:44Ça implique de travailler avec les établissements scolaires,
04:47mais aussi avec les collectivités locales.
04:49Parce que, par exemple, un des points pour réduire le poids du cartable,
04:52ça peut être tout simplement de mettre en place des casiers dans l'établissement.
04:56Et ça, c'est les collectivités locales, les départements, les régions qui sont en charge.
04:59Donc, on va travailler ensemble sur le sujet.
05:01Ça peut être aussi d'utiliser plus le numérique.
05:04Ça peut être aussi l'organisation des établissements,
05:06changer moins de classe entre ces cours,
05:09et peut-être que ce soit davantage les enseignants qui changent.
05:14Ça, c'est des choses qu'on doit travailler avec les enseignants,
05:16avec les personnels de direction, avec les collectivités locales,
05:19pour alléger le poids du cartable parce que c'est un enjeu de santé qui est énorme
05:23et ce n'est pas possible d'avoir des élèves qui se baladent avec un cartable qui fait parfois 10 kg.
05:26Question de Chardon et Mimosa.
05:28Qu'allez-vous faire concernant le très gros retard de la France
05:30sur la scolarisation des enfants en situation de handicap ?
05:3323% n'ont pas accès à l'école dû au manque d'aide, de personnel et de moyens.
05:38Ce qu'on a fait depuis 2017, c'est qu'on a créé un nouveau service public.
05:41On a quasiment doublé le nombre d'élèves qui sont accueillis à l'école en situation de handicap.
05:47On a recruté, je crois, 40% d'AESH en plus.
05:50Les AESH, c'est maintenant le deuxième métier de l'éducation nationale.
05:53Ils sont 130 000, elles sont 130 000 parce que c'est le plus souvent des femmes.
05:57Comment est-ce qu'on va faire pour continuer à accueillir davantage d'enfants en situation de handicap ?
06:02Continuer à créer des postes d'AESH,
06:05rendre ces postes aussi plus attractifs parce qu'on sait que c'est des postes qui restent trop précaires.
06:10C'est pour ça que maintenant, on les a beaucoup passés en CDI.
06:12Avant, c'était des contrats précaires, des contrats aidés.
06:13Maintenant, il n'y a plus de la moitié qui sont en CDI.
06:16En cette rentrée, on les a revalorisés de 10 à 13%.
06:18Ça reste des salaires qui sont faibles.
06:20Donc maintenant, il faut jouer sur le temps de travail aussi pour améliorer la rémunération.
06:23Continuer à déployer des dispositifs qu'on appelle des classes ULIS pour accueillir des élèves.
06:28Notamment, on veut qu'il y ait une classe ULIS par collège en 2027
06:33et puis mettre en place un nouveau système où les familles n'ont pas à attendre la notification de la MDPH
06:39pour avoir un accompagnement pour leurs enfants.
06:42Ce qu'on est en train de mettre en place, c'est qu'il y ait dans l'éducation nationale une réponse de premier niveau
06:47sans attendre que la MDPH envoie une notification pour adapter le matériel pédagogique,
06:53pour apporter un accompagnement à des élèves en situation de handicap
06:56parce que sinon, il y a trop de familles qui attendent pendant des mois
06:59d'avoir une notification de la MDPH pour avoir un accompagnement de leurs enfants.
07:03Malik, qu'est-ce que vous allez faire pour qu'on ne soit plus les avant-derniers des pays de l'Union européenne en mathématiques ?
07:08Je ne sais pas si on est les avant-derniers, il y a différents classements, etc.
07:12Mais ce qui est sûr, c'est qu'il faut améliorer le niveau en maths.
07:15Aujourd'hui, on a un élève sur trois qui rentre en sixième sans maîtriser vraiment le calcul.
07:21On a 25% des élèves en troisième qui ont moins de 5 sur 20 en maths au brevet.
07:27Et le 4 sur 20 au brevet en maths, c'est la note la plus donnée.
07:30Et qu'il y a un élève sur deux en seconde qui ne maîtrise pas totalement les fractions.
07:34J'ai lancé un certain nombre de pistes sur le programme à l'école primaire,
07:39sur les manuels scolaires qu'on a à l'école primaire,
07:41sur la question des vacances pour qu'il y ait des stages de réussite plus systématiques
07:45pour des élèves qui ont des retards sur la question des maths,
07:50sur, au collège, pouvoir avoir sur les maths et le français des groupes de compétences.
07:55Ça veut dire, en gros, des classes où des élèves qui ont les mêmes besoins sont dans la même classe.
08:00Parce que ce que disent beaucoup d'enseignants,
08:01c'est que quand il y a des élèves qui ont un niveau très différent dans la classe,
08:04c'est très difficile de faire progresser tout le monde.
08:06Donc ça, c'est des pistes qu'on travaille en ce moment.
08:08Et au début du mois de décembre, j'annoncerai des mesures pour élever le niveau en maths.