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00:00Il est très exactement 8h15, une colonne de tracteurs se dirige vers le Parlement européen Strasbourg.
00:06Grosse manifestation à venir, alors on vous interroge là-dessus ce matin.
00:10Les agriculteurs doivent-ils durcir le mouvement ?
00:13Comprenez-vous leur revendication ?
00:14Dites-le franchement ici en nous appelant dès maintenant au 03 84 22 82 82.
00:19Et on en parle avec l'invité d'ici matin, Flora.
00:22Bonjour Christophe Grudelaire.
00:25Christophe Grudelaire, est-ce que vous m'entendez ?
00:28Oui.
00:29Ah bonjour, bonjour, on ne vous entendait pas.
00:31Christophe Grudelaire, vous êtes eurodéputé modem du territoire de Belfort.
00:35Les agriculteurs notamment du Nord-Franche-Comté se mobilisent devant le Parlement où vous siégez.
00:41Est-ce que vous comprenez ce nouvel épisode déjà de leur mobilisation ?
00:45Je rappelle notamment contre l'accord de libre-échange avec le Mercosur, les pays d'Amérique du Sud.
00:51Écoutez, je comprends tout à fait leur mobilisation et venir au Parlement européen c'est une excellente chose
00:56puisque c'est ici que se trouve l'Europe des peuples.
00:59Nous avons été élus par les peuples européens au suffrage universel direct
01:03donc c'est logique quand on est une partie du peuple européen
01:07de venir devant le Parlement pour dire un peu ce qu'on ressent
01:11et les inquiétudes qui sont les nôtres et qui sont d'ailleurs des inquiétudes collectives.
01:15Ils veulent vous rencontrer, comment est-ce que vous envisagez vous cet échange avec les agriculteurs ?
01:21Écoutez, on va voir effectivement l'opportunité de ce qui va se passer ce matin devant le Parlement.
01:27Donc effectivement, en les rencontrant, je le rappellerai que nous sommes fermement opposés
01:34à l'accord du Mercosur tel qu'il se présente actuellement
01:38qui est quand même le sujet de préoccupation le plus immédiat.
01:41L'accord sur le Mercosur c'est un accord de libre-échange avec 5 pays d'Amérique du Sud
01:49et qui peut avoir des conséquences assez dramatiques pour l'élevage en particulier.
01:53Donc on se mobilise contre. Au niveau national, le gouvernement se mobilise également contre.
01:59Donc plus il y aura de pression qui sera faite sur la Commission.
02:04La Commission européenne, je vous rappelle que c'est un peu le gouvernement
02:07qui n'a pas la possibilité de voter les textes mais qui a la possibilité de les écrire et de les proposer en bloc.
02:14Donc il faut qu'on puisse agir sur la Commission en ce moment
02:18et donc c'est très utile que les agriculteurs viennent se faire entendre.
02:21Mais au niveau national, est-ce que le gouvernement français en fait assez selon vous, Christophe Grudler,
02:25pour apaiser les tensions en ce moment ?
02:28Je pense que le gouvernement en fait même beaucoup et il a raison.
02:33Le débat que Michel Barnier avait organisé à l'Assemblée nationale, c'est un fantastique porte-voix
02:39pour que la France puisse avoir des alliés au niveau européen,
02:42pour qu'on comprenne bien au niveau de la Commission qu'on ne laissera pas faire n'importe quoi
02:47dans le cadre de cet accord agricole.
02:50Et plus les choses seront faites, mieux ça sera.
02:53Et moi j'ai plutôt l'impression qu'aujourd'hui il y a une unanimité de la classe politique en France
02:58qui est contre le Mercosur et puis à tout niveau il y a une mobilisation dans ce sens-là.
03:05Et je précise que la présidente du Parlement européen a estimé ce week-end dans un entretien à la Tribune
03:10que ce vent de panique qui souffle sur le secteur agricole était légitime.
03:15Christophe Grudler, nos auditeurs ont la parole tous les matins sur France Bleue.
03:19On reçoit Philippe de Chaux. Bonjour Philippe.
03:22Bonjour à vous, bonjour à Monsieur Grudler et puis à tous les auditeurs.
03:26Est-ce que vous comprenez, vous Philippe, ce nouvel épisode de la mobilisation des agriculteurs ?
03:32Est-ce qu'il devrait même encore durcir le mouvement ? Quel est votre avis, vous Philippe ?
03:36Mais en fait moi je pense que les agriculteurs ils ont raison de se battre
03:40parce qu'en fait il n'y a pas qu'aujourd'hui qu'il y a des problèmes.
03:44Ils n'arrivent pas à se payer un loyer en fin de mois, ils appliquent des consignes de l'Europe
03:49pour pouvoir avoir des aides.
03:51Je ne sais pas, ça peut être du fourrage imposé, du fourrage de prairie,
03:56ça peut être des céréales d'une certaine qualité.
04:01Ils ont des chartes à respecter, qu'ils respectent et qui font que nous on a une viande de qualité,
04:06on a du lait de qualité, on a une production de qualité qui est réalisée par nos agriculteurs
04:11et également les agriculteurs européens qui respectent également des chartes.
04:15Donc ils défendent en fait notre nourriture de demain.
04:20Et c'est normal qu'ils soient inquiets parce que si on apporte des aliments
04:27qui n'ont pas les mêmes contrôles, qui n'ont pas les mêmes qualités,
04:32il y a déjà des règles qui sont en cours, de toute façon ce n'est pas nouveau.
04:36Tout ce qui est retravaillé, il n'y a pas forcément une traçabilité dessus.
04:42Le beefsteak du boucher, il sera toujours le beefsteak du boucher,
04:46ça peut être l'agriculteur du coin, il y aura une traçabilité.
04:50Ce que vous avez à l'intermarché également, il y a une traçabilité,
04:53mais pas dans tout ce qui est transformé par exemple.
04:55Merci Philippe pour votre témoignage ce matin sur France Bleu.
05:00Christophe Grudelaire, je vous reprends, je rappelle que vous êtes eurodéputé,
05:03modem du territoire de Belfort.
05:05Je rebondis sur ce qu'a dit Philippe, Philippe a parlé des normes européennes.
05:09Est-ce qu'elles sont trop contraignantes aujourd'hui, ces normes européennes,
05:13pour les agriculteurs ?
05:15Les normes européennes, c'est ce qui permet d'avoir une viande de qualité
05:19dans votre assiette aujourd'hui.
05:21Le problème justement avec le Mercosur, c'est le contraire.
05:23C'est qu'il n'y a pas une compétition équitable et que ce qu'on impose
05:27à nos agriculteurs pour qu'il y ait de la qualité dans l'assiette pour les gens,
05:31ce n'est pas imposé par le Mercosur.
05:33En fait, on va accroître le coût de production de nos agriculteurs en Europe
05:38en leur disant, attention, on veut de l'herbe, on ne veut pas d'hormones, etc.
05:42et on va laisser rentrer sur le marché européen, et en France notamment,
05:46de la viande qui ne correspondrait pas aux standards,
05:50qui ne seraient pas traçables.
05:52Il n'y a pas besoin d'avoir les produits transformés pour ça.
05:54Dès la viande primaire, si j'ose dire, il n'y a pas de traçabilité,
05:59parce qu'au Brésil, ils n'ont pas ces techniques-là qui sont généralisées.
06:04D'ailleurs, il n'y a pas besoin d'attendre l'accord du Mercosur.
06:07Déjà aujourd'hui, il y a de la viande brésilienne qui rentre en Europe,
06:11qui est taxée, mais qui rentre en Europe,
06:13et on s'est aperçu qu'elle n'était pas traçable.
06:16Donc, on a arrêté la filière d'importation de viande du Brésil
06:21parce qu'on ne savait pas d'où ça venait,
06:23on ne savait pas s'il y avait des hormones de croissance, des antibiotiques,
06:25des choses que nous ne voulons pas pour les citoyens européens.
06:28Antoine nous appelle cette fois de grand charmant. Bonjour Antoine.
06:31Oui, bonjour.
06:32Rapidement, allez, en une petite minute,
06:35votre réaction sur cette mobilisation des agriculteurs, Antoine.
06:38Je suis pas tout à fait d'accord avec eux, ils ont raison.
06:42Ils défendent leur bistec, comme on dit,
06:44et j'ai entendu Monsieur le député parler,
06:46mais je suis pas tout à fait d'accord avec lui,
06:49ce qu'il se passe actuellement, c'est qu'on fait beaucoup de promesses,
06:51et on ne tient pas à ces promesses.
06:53C'est-à-dire qu'on leur dit, il va y avoir ça,
06:55en réalité, quand ils se sont battus il y a quelques mois,
06:58qu'est-ce qu'ils ont au bout ? Rien du tout.
07:00Rien du tout !
07:01C'est-à-dire, pour moi, et pour ces pauvres gens, c'est que du blabla.
07:04On ne fait que du blabla. On n'est pas réaliste.
07:07On endort les gens.
07:09Merci Antoine.
07:10Christophe Grullière, très vite, on est pris par le temps malheureusement,
07:13que du blabla, ça vous fait réagir, j'imagine, d'entendre ça ?
07:17Bien sûr, je pense qu'il ne faut surtout pas faire dans le simplisme exacerbé.
07:22Il y a eu des centaines de millions d'euros qui ont été donnés par le gouvernement français
07:27pour répondre à la crise agricole cette année 2024.
07:31Alors, évidemment, ce n'est jamais suffisant,
07:34c'est extrêmement difficile aujourd'hui pour le monde agricole,
07:38mais on ne peut pas dire que rien n'a été fait.
07:40Un maximum de choses ont déjà été faites,
07:42et on peut encore faire davantage.
07:44Un super maximum doit être tout à fait envisageable,
07:47et dans ce cas-là, c'est un combat commun qu'il faut mener contre le Mercosur,
07:51parce que c'est un peu la France contre le reste de l'Europe dans cette affaire-là,
07:55et plus la France sera unie pour défendre,
07:59pour empêcher le Mercosur d'être présent en l'état,
08:02mieux ça sera pour tout le monde.
08:04Parce qu'on pourrait avoir des alliés en Pologne, des alliés en Italie,
08:07des alliés en Autriche, dans d'autres pays,
08:09qui ne souhaitent pas qu'une viande de moeste qualité soit sur le marché européen.
08:14Et puis, une fois que ces choses-là seront bien équilibrées,
08:18ce sera beaucoup plus facile pour nos produits français et européens
08:24de trouver leur place dans les assiettes,
08:26d'être vendus à bon prix,
08:27et de garantir des revenus pour nos agriculteurs.
08:30Merci Christophe Grudelaire d'être intervenu sur France Bleu.
08:33Je rappelle que vous êtes heureux député modem du territoire de Belfort,
08:35et que les agriculteurs se dirigent vers le Parlement aujourd'hui.
08:38Bonne journée, merci.

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