"Je suis rentrée, j'ai dit à mon père : 'Voilà, c'est ça que je veux faire : du cinéma.'"
Depuis plus de 20 ans, elle est l'une des rares femmes productrices de cinéma en France. Brut a rencontré Virginie Besson-Silla à l'occasion du festival de Deauville dont Brut est partenaire, où elle présentait le film DogMan.
Depuis plus de 20 ans, elle est l'une des rares femmes productrices de cinéma en France. Brut a rencontré Virginie Besson-Silla à l'occasion du festival de Deauville dont Brut est partenaire, où elle présentait le film DogMan.
Category
🎥
Court métrageTranscription
00:00Je fais plus de 20 ans que je produis des films, je suis passée un peu à tous les
00:13postes, aux ventes étrangères, full technique, donc avec les labos, donc tout était super
00:19parce que j'apprenais tout, mais je savais que c'était pas ça que je voulais faire.
00:22Tout me redéfinissait bien d'aller sur de la prod.
00:24On a dans la tête évidemment des grands noms de producteurs, on a peu dans la tête
00:31des grands noms de productrices.
00:33C'est vrai.
00:34Est-ce que vous, vous avez été confrontée à du sexisme, à peut-être un regard dont
00:39vous avez peut-être moins pris au sérieux ?
00:43Alors comment dire ? Dans le quotidien, dans mon quotidien en tout cas, j'ai jamais eu
00:50de problème parce que ça commençait à la maison déjà avec mes parents, mon père,
00:55ma mère et une femme très forte, j'ai jamais eu ce problème de féminisme, la place de
01:00la femme et tout.
01:01Par contre, c'est vrai que dans le quotidien qu'on voit, c'est drôle, cette place de
01:10la femme, parce que ça fait quand même plus de 20 ans que je produis des films.
01:14C'est vrai que je suis la femme d'eux, mais c'est vrai qu'on me dit jamais que je suis
01:20la productrice d'eux.
01:21Mais bon, ce n'est pas grave, ça ne me perturbe pas.
01:24J'ai d'ailleurs choisi un métier où on est plutôt derrière, je ne veux pas être dans
01:27la lumière, donc ça me va très bien.
01:29Ça fait plus de 20 ans que je produis des films.
01:30J'en ai produit des gros d'ailleurs, j'ai eu des beaux succès.
01:34Je ne suis pas sûre qu'il y ait beaucoup de gens qui savent que je suis productrice.
01:38Jusqu'à la première, je voulais être pilote d'avion.
01:41Mais comme j'étais myope, c'était compliqué.
01:45À l'âge de 17 ans, je me suis dit, je laisse tomber, maintenant il faut choisir.
01:49Ma sœur tournait dans un film en Guyane, un film produit par Ariel Zetoun, avec qui
01:53j'ai eu l'occasion de travailler par la suite.
01:56Je me suis retrouvée en Guyane, dans de la terre rouge, la latérite partout, un film
02:02en costume, avec des projecteurs, des caméras, et c'était magique.
02:07Je suis rentrée, j'ai dit à mon père, c'est ça que je veux faire du cinéma.
02:11Il m'a dit, t'es mignonne ma chérie, tu vas aller faire tes études.
02:14Je suis allée faire mon bachelor en business, après le marketing, la finance et tout, mais
02:20je n'avais qu'une idée, c'est de faire des films.
02:22Et ensuite, quand j'ai commencé à travailler, je suis passée un peu à tous les postes,
02:27aux ventes étrangères, tout le technique, avec les labos.
02:32Tout était super parce que j'apprenais tout, mais je savais que ce n'était pas ça que
02:36je voulais faire, je savais que ce n'était pas du marketing.
02:38À chaque fois, tout me redéfinissait bien d'aller sur de la prod.
02:44Le tout premier, c'est « Yamakasi ».
02:47On avait lu avec Luc des articles sur ces jeunes mecs qui faisaient du parcours,
02:52et qu'on trouvait super intéressant, qu'on a rencontrés.
02:55Et voilà, c'était ma première aventure.
02:58Elle était un peu compliquée en termes de tournage,
03:00c'était compliqué avec le metteur en scène de l'époque, il y a eu plein d'aventures,
03:04mais le résultat était génial.
03:06Et voilà, c'était le premier « Yamakasi », avec un succès d'ailleurs,
03:09donc je me suis dit, c'est génial.
03:11C'était incroyable cette projection, parce qu'on était dans une salle
03:14de plus de 1 500 personnes, et beaucoup de gens du cinéma,
03:19et plein de publics, et puis la fin, c'était émouvant toujours.
03:24Si on revient sur la préparation, comment vous intervenez-vous en tant que productrice ?
03:28J'imagine que vous êtes aussi garante d'un budget.
03:31C'est drôle parce que, c'est grave d'ailleurs, je commence à me dire,
03:35parce que j'oublie toujours de parler de cette notion d'argent et de budget.
03:39En fait, et ce n'est pas parce que je n'en tiens pas compte,
03:42c'est bien sûr, c'est essentiel, et ça c'est ce qu'on fait au tout départ
03:45quand on choisit le sujet du film.
03:48On essaye de se dire, bon, est-ce que c'est plutôt du gros public,
03:52grand public, ou on va être sur quelque chose de plus restreint ?
03:55Quelle est la part de risque ? Et de là, on détermine le budget,
03:58et comment on va financer le film.
04:00Et une fois qu'on a déterminé l'enveloppe, après, c'est plus de mettre l'argent au bon endroit.
04:05Moi, mon rôle, c'est vraiment de bien comprendre ce que le metteur en scène a en tête,
04:11d'évoluer avec lui, et déterminer l'objet qu'on voudra au final,
04:16et faire en sorte que tout du long, tout ce qu'on va y intégrer,
04:21rajouter, même en musique, en couleurs, en tout,
04:25qu'au final, on soit bien toujours sur cette idée de départ.
04:29Tout le film, oui, je gère l'argent et comment on dépense,
04:34mais je suis vraiment 50-50, entre de l'artistique,
04:39je suis avec Luc tout le temps, en l'occurrence, quand il est Luc,
04:43mais avec d'autres metteurs en scène, c'est pareil,
04:46c'est de les accompagner main dans la main, être sûr qu'on fait,
04:49le film qu'on a décidé du départ, c'est celui qu'on aurait à vérifier.