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Tous les matins, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son “Voyage en absurdie”, du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00Place à vous Emmanuelle Ducrot, bonjour Emmanuelle, la violence a franchi un cran en Vendée ces derniers jours autour des
00:07retenues de stockage d'eau, ce qu'on appelle les fameuses bassines.
00:10Les opposants, les anti-bassines, revendiquent maintenant des incendies volontaires. On franchit un cap là.
00:15Oui, dans la nuit de dimanche à lundi à Loi, en Vendée, sept poids lourds et un engin de terrassement ont été
00:20volontairement incendiés sur le parking d'une entreprise de travaux publics. Et peu après,
00:24l'agence France Presse et la Nouvelle République, le quotidien local, ont reçu un email intitulé
00:30« Communiqué de revendication stop méga bassine action Charpentier ».
00:35Charpentier, c'est le nom de l'entreprise victime de l'incendie. Son tort est clairement énoncé à avoir
00:40participé à des chantiers pour favoriser le stockage de l'eau. L'entreprise a donc été punie par les justiciers
00:47autoproclamés anti-bassines. Mais justement, a-t-on une idée de qui sont ces justiciers
00:52autoproclamés et de leurs revendications ?
00:53Alors non. On retrouve dans le texte la rhétorique habituelle des soulèvements de la terre comme l'expression
00:58« désarmement des machines de chantier ». Elle est caractéristique de la mouvance, cette expression. Mais cette mouvance, elle est
01:03protéiforme, elle est gazeuse. Ça tient plus du petit guide subversif
01:07qui s'exprimerait à demi-mot que de la réelle structure. Et c'est bien ça le problème.
01:11Les éléments les plus exaltés y trouvent un terreau pour s'épanouir. Ça fait longtemps que les renseignements
01:18territoriaux préviennent. Ça va déraper. Une enquête sur l'incendie est maintenant ouverte.
01:22On peut noter qu'avec cet incendie, le mode d'action des anti-bassines
01:26change, se durcit.
01:27Oui, les menaces prennent une autre dimension, plus violente et plus large. Les auteurs affirment qu'aucun responsable n'est inatteignable,
01:34que tout acteur qui s'associera au futur chantier de méga-bassines en subira les conséquences.
01:39Ce sont des menaces insupportables dans une démocratie, un chantage. Des groupuscules violents veulent se faire justice eux-mêmes, empêcher
01:46l'exercice légal d'activité au nom d'une pseudo-morale environnementale, et plus sûrement
01:52d'un projet décroissant totalitaire. Tout ça en mettant potentiellement des vies en danger. On ne peut pas tolérer une telle chose.
01:58Alors les anti-bassines, là, clairement, sont dans une sorte de fuite en avant.
02:02Créchaine d'autres violences qui les placent au-delà des limites de l'État de droit.
02:05Oui, la dérive dure depuis des années. D'abord, les opposants aux bassines ont utilisé les voies légales contre les permis des retenus d'eau.
02:11Ça, c'était dans les limites de l'État de droit. Et puis, comme le droit ne leur donnait pas toujours raison, ils s'en sont pris aux
02:16agriculteurs, en leur infligeant des intimidations, des dégradations de leurs installations, du harcèlement. Et puis, ça a été le tour des
02:23hydrogéologues qui travaillent sur les projets. Ils ont été menacés physiquement.
02:27Désormais, la menace violente touche tout acteur qui serait en contact de près ou de loin avec les stockages de l'eau.
02:32C'est sans fin. Et les autorités, comment réagissent-elles ? Alors, jusqu'à une époque récente, il y avait une sorte de
02:37tolérance qui était aussi sociale, puisque tout ça a été fait sous le fauné de la défense de l'environnement. Et puis, les actes ont débordé,
02:44comme à Sainte-Sauline. Des condamnations ont commencé à pleuvoir. En janvier dernier,
02:49trois militants du collectif Bassi de Nonmerci et des Soulèvements de la Terre ont été condamnés à de la prison avec sursis pour l'organisation
02:55des manifestations qui avaient tourné à l'émeute.
02:58L'incendie volontaire, c'est un délit grave. Il est puni de dix ans d'emprisonnement, de 150.000 euros d'amende.
03:03La justice doit maintenant tracer fermement la ligne qui sépare le militant inquiet du fanatique dangereux.
03:09Signature Europe 1, Emmanuel Ducrot. Merci beaucoup, Emmanuel. 8h52.